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"Faut-il croire aux prophéties politiques ?" de René d'Orfeuille (1883)

9 Décembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées, #Christianisme

Notre époque étant très friande de prophéties si l'on en croit les vidéos sur le Net, il peut être intéressant, pour le volet catholique monarchiste de cette thématique, de se reporter à l'ouvrage du comte René d'Orfeuille (après tout n'avais-je pas du bien récemment dans un de mes livres et il y a deux ans sur ce blog du livre du chevalier Roger Gougenot des Mousseaux, "La Magie, ses agents, ses vérités, ses mensonges", Plon, Paris, 1854 contre la sorcellerie ?) de 1883 "Faut-il croire aux prophéties politiques ?"

Ouvrage prudent d'un homme qui précise en p. II de son introduction : "Mettant le pied sur le terrain périlleux de la Mystique divine et diabolique, nous nous souviendrons que nous sommes avant tout catholique et nous désirons ne pas prononcer une syllabe en contradiction avec l'enseignement de la Sainte Eglise Romaine. Nous espérons y arriver, car nos idées sont aussi celles d'un érudit, savant théologien, que sa modestie nous empêche de nommer, mais qui est notre maître et dont les enseignements nous ont depuis longtemps guidés dans celte périlleuse étude" (on ne saura pas qui est ce maître).

On dit peu de choses sur le Net du comte René d'Orfeuille, à part qu'il était monarchiste et licencié en droit. En 1866 il était questeur adjoint à titre officieux société des antiquaires de l'Ouest à Poitiers, puis il en est vice-secrétaire l'année suivante. Fonctions qu'il abandonne en 1868 en devenant attaché au cabinet de M. ie Préfet de Loir-et-Cher. Il décède en 1913 à Paris et la revue souligne que "son nom n'avait cessé d'être réputé en Poitou pour l'amour traditionnel de l'érudition qu'il tenait de ses ancêtres." Il a écrit un livre sur le Pèlerinage de Lucerne (en Suisse). On repère de lui aussi un hommage à deux cléricaux dans la Semaine religieuse du diocèse d'Alby de novembre 1873 et un article sur le traitement du clergé dans les Annales catholiques de 1876.

Le but de son ouvrage est de faire le bilan raisonné des prophéties qui se sont abattues sur la France après la défaite de Sedan.

Il croit à la prophétie de St Rémi rapportée par Hinemar et Flodoard promettant à la France de devenir le nouvel Empire romain, malgré les critiques de Saint Avît archevêque de Vienne contre cette prophétie. Pour d'Orfeuille, la promesse s'est transmise légitimement des Mérovingiens aux Carolingiens et aux Capétiens. La France fût châtiée pour l'impiété de Philippe le Bel avec la guerre de Cent ans mais sauvée par Jeanne d'Arc. Charles VII est puni d'avoir édité la Pragmatique (premier pas vers le gallicanisme) en se laissant mourir de faim devant la révolte de son fils. Charles VIII entre à Rome malgré les droits du pape et meurt sans postérité. "Louis XII convoque le conciliabule de Pise et il règne seul de sa branché. Les trois fils d'Henri II, soutien du protestantisme, disparaissent sans héritiers. Henri IV périt assassiné après avoir, accordé à. l'erreur les droits de la vérité, et, quand les traités de Westphalie ont sanctionné toutes les injustices, viennent les malheurs de la Fronde".

"Louis XIV humilia le pour voir pontifical et fil décréter par des évêques lâches et servîtes la déclaration de 1682, source de l'hérésie gallicane, et sa triste vieillesse fut suivie d'une longue minorité, comme si Dieu avait voulu que la France affaiblie ne put abaisser l'Eglise davantage. Puis est venu la Révolution, c'est-à-dire le grand châtiment (...). Les Parlements qui avaient persécuté les Jésuites remplirent la charrette du bourreau sauf les deux qui les avaient pris sous leur protection, le Parlement de Besançon et le Conseil de Colmar. Enfin les rois qui s'étaient dits indépendants de l'Eglise, ont entendu le peuple se déclarer souverain. Depuis, les usurpateurs ont été punis, l'un dans les neiges de la campagne de Russie, après avoir dit que le pape ne ferait pas tomber les armes des mains de ses soldats ; le second est monté en fiacre chassé par l'émeute qui l'avait élevé ; le troisième a eu Sedan, et nos désastres ont commencé le jour où nos soldats abandonnaient Rome et Pie IX."

Il croit aussi aux visions de Ste Hildegarde, reconnues par le Concile de Trèves, et estime qu'elles ne peuvent être que toutes angéliques ou toutes sataniques car l'ange qui l'inspirait n'aurait pas manqué d'avertir l'abbesse de Rupesberg (p. 14) si elle était trompée. Les prédictions de la Sainte qui comprennent des temps heureux pour l'Eglise puis une invasion par les barbares sont rapprochées d'une remarque de M. Le Play dans Constitution essentielle de l'humanité (p. 259) sur le fait qu'un jour les Chinois envahiront Paris. Puis, une fois les barbares évincés, la justice règnera à nouveau, Juifs et hérétiques se convertiront et Jésus reviendra (p. 20). "Sainte Hildegarde parlait de l'Église d'Allemagne, son pays, et il est évident que jusqu'ici ses prédictions se sont accomplies. Les désordres du clergé ont en effet été punis par la guerre entre les Guelfes et les Gibelins; le relèvement des études théologiques dans l'Eglise a eu lieu au xiir* siècle, âge des Thomas et des Bonaventue. Au triomphe incomplet de cette époque succédèrent d'abord la révolte du pouvoir civil, puis celle de Jean Huss et de Wiclef, celle enfin du protestantisme spoliateur. Le Concile de Trente n'a pas ramené à l'idéal les églises d'Allemagne et il faut, avant l'ère de prospérité, que les chapitres de Trêves et de Cologne se soient retrempés dans la pauvreté et la persécution." " Ste Hildegarde n'a pas dit dans combien de temps on reverrait le rétablissement du Saint Empire, époque, nous osons le croire, où s'accomplira dans son entier la prophétie do saint Rémi promettant aux rois de Franco l'empire du monde s'ils savent s'en rendre dignes. Alors les Juifs rentreront dans le giron de l'Eglise, et, malgré nous, nous nous souvenons et d'Ezéchiel montrant Jérusalem renaissante et du Livre des Macchabées qui, dans la description de l'alliance de la république juive et des Romains, annonce peut-être en une figure une réalité du testament nouveau. "

Joachim de Flore que l'auteur accuse d'avoir inventé la quaternité à la place de la trinité et d'avoir été mis à l'index ne retient pas son attention (pour lui le grand monarque était un Hohenstaufen), pas plus que "l'ermite italien Jean Kalta sorte de médium ou de démoniaque" (p. 22) - on ne voit pas à qui il fait référence. En revanche les prédictions de Ste Marguerite de Cortone, Ste Brigitte et Catherine de Sienne lui paraissent véritables et concordantes à la différence de celle de Nostradamus (fondées sur l'astrologie et donc condamnées par les conciles de Bordeaux et de Tours). René d'Orfeuille reste prudent sur Savonarole, trouve que Catherine Raconigni s'est trompée en ne voyant pas de concile complet avant le Grand Pape, alors que le concile de Trente a eu lieu, ce qui, à ses yeux, discrédite les autres prédictions. Il voit dans les prophéties de Saint Malachie une distorsion par Arnold de Wyon (16e s) et le dominicain Chicon auxquelles on fait dire à peu près ce qu'on veut (p. 27). Le Liber Mirabilis, vieille compilation de la fin du 16e s, comportait déjà des erreurs sur le début du 16e s. La prophétie de St Césaire qui en fait partie fut l'oeuvre d'un faussaire qu'on utilisa à tort en 1793 pour faire croire à l'évasion de Louis XVII.

Les prophéties de Ste Thérèse d'Avila qui annoncent des jours heureux pour les dominicains, et Ste Marguerite-Marie Alacoque pour la victoire du Sacré Coeur sont validées par d'Orfeuille. Celle de Barthélémy Holzhauser qui faisait naître l'Antéchrist vers 1855 après le triomphe de l'Eglise lui paraît controuvée. Pour Marie d'Agréda il rappelle juste qu'elle est à l'Index.

D'Orfeuille critique ceux qui ont identifié Napoléon dans la prophétie d'Orval, qui remonterait XIIe s (il la décortique sur plusieurs pages, démontrant les erreurs sur toute la lecture du 19e siècle). Il disqualifie aussi le Père Nectou, Hélène Wallraff qu'il juge diabolique. Celle du P. Martinelli, jésuite italien du 17e s, lui paraît juste douteuse. Celle du frère Hermann de Lehnin lui parait avoir été forgée vers 1750 puisqu'elle concorde jusqu'à cette époque et se trompe sur Frédéric II de Prusse (p. 48).

Comme beaucoup de ses contemporains, d'Orfeuille doit examiner le cas d'Anna-Maria Taïgi, morte en odeur de sainteté en 1837 et dont la cause en béatification fut introduite en 1863, qui vit des tribulations (des ténèbres épaisses qui entoureraient le monde), mais aussi le retour des hérétiques vers l'Eglise. Au même moment sAdrien Peladan dans un ouvrage sur le même sujet "Dernier mot des prophéties" rappelait (p. 110 de ce livre) qu'elle avait prédit la conversion de la Russie, de l'Angleterre et de la Chine... Les catholiques contemporains d'Orfeuille lui étaient reconnaissant d'avoir annoncé que le pape perdrait ses Etats et que le Saint Siège "serait réduit à vivre des aumônes du monde entier mais que d'ailleurs elles ne manqueraient pas" (p. 53).

Elisabeth Canori-Mora, née à Rome en 1774, annonça aussi le triomphe de l'Eglise comme Hildegarde. Le minime Bernard-Marie Clausi, la mère Steier en 1843, le franciscain Hyacinthe Coma ont vu des fléaux nombreux. En 1804 Mlle de Leyrette avait annoncé la Restauration, et le retour de Bonaparte avant un an (p. 68), Marie de Jésus du couvent des Oiseaux à Paris reçut le rappel du voeu divin de consécration de la France au Sacré Coeur. Parmi les stigmatisées, d'Orfeuille condamne les visions d'AC Emmerich sur Ephèse, et soeur Bertine de St Omer et Louise Lateau lui paraissent être les jouets du diable.

On ne peut citer ici tous les voyants catholiques que d'Orfeuille examine. A partir de la page 104 il instruit aussi le procès du spiritisme, du mormonisme, et de la secte de Vintras, puis termine par une analyse interessénate (p. 111) du secret de La Salette.

Le livre s'achève sur cet acte de foi "Pour, nous, et comme conclusion de nos éludes, trois faits sont absolument certains :1° La Maison de France remontera sur le trône de saint Louis. Nous,aussi nous avons la foi ; nous aussi, nous ne doutons pas du triomphe définitif du droit monarchique cl national. 2° Un prince de celle famille des lys consacrera notre pays au Sacré-Coeur, selon la volonté formelle de Jésus-Christ. 3° C'est après cet acte que s'accomplira dans son entier la prophétie de Reims."

A cent ans d'écart, ce livre nous paraît faire écho à "Ascendances davidiques des rois de France" du Marquis de la Franquerie qui, dans les années 1980, mobilisait diverses prophéties sur le rétablissement des Bourbons en France, dont des lettres du Padre Pio de 1972 à un religieux de ses amis à propos du testament de la duchesse d'Angoulême et du rôle à venir de la monarchie française pour écraser les démons dans le monde. Pour ce volet plus contemporain des prophéties monarchistes, on pourra se reporter à cette page de blog qui paraît assez synthétique.

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Quand Jean de Léry se comparait au prophète Elie

9 Décembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Anthropologie du corps

Je trouve plaisant ce passage du navigateur protestant Jean de Léry extrait du chapitre XVI de son Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil (1580) où, devant le culte que les amérindiens vouent aux maracas, il se compare et égratigne au passage les superstitions catholiques parisiennes. Il aurait pu s'appuyer aussi sur Ez 28:13 (voir la vidéo ici en minute 54, même si beaucoup de propos de ce conférencier sont souvent très contestables).

"Pour retourner à nos Caraïbes, ils furent non seulement ce jour-là bien receus de tous les autres sauvages, qui les traitterent magnifiquement des meilleures viandes qu’ils peurent trouver, sans selon leur coustume, oublier de les faire boire et caouiner d’autant : mais aussi mes deux compagnons François et moy qui, comme j’ay dit, nous estions inopinément trouvez à ceste confrairie des Bacchanales, à cause de cela, fismes bonne chere avec nos Moussacats, c’est à dire, bons peres de famille qui donnent à manger aux passans. Et au surplus de tout ce que dessus, apres que ces jours solennels (esquels, comme j’ay dit, toutes les singeries que vous avez entendues se font de trois en trois ou de quatre en quatre ans entre nos Toüoupinambaoults) sont passez et mesmes quelques-fois auparavant, les Caraïbes allans particulierement de village en village, font accoustrer des plus belles plumasseries qui se puissent trouver, en chacune famille trois ou quatre, ou selon qu’ils s’advisent plus ou moins, de ces hochets ou grosses sonnettes qu’ils nomment Maracas : lesquelles ainsi parées fichans le plus grand bout du baston qui est à travers dans terre, et les arrangeans tout le long et au milieu des maisons, ils commandent puis apres qu’on leur baille à boire et à manger. De façon que ces affronteurs faisans accroire aux autres povres idiots, que ces fruicts et especes de courges, ainsi creusez, parez et dediez, mangent et boivent la nuict : chasque chef d’hostel adjoustant foy à cela, ne faut point de mettre aupres des siens, non seulement de la farine avec de la chair et du poisson, mais aussi de leur bruvage dit Caouin. Voire les laissans ordinairement ainsi plantez en terre quinze jours ou trois semaines, tousjours servis de mesme, ils ont apres cest ensorcelement une opinion si estrange de ces Maracas, (lesquels ils ont presques tousjours en la main) que leur attribuant quelque saincteté, ils disent que souventesfois, en les sonnans un esprit parle à eux. Tellement qu’en estans ainsi embabouynez, si nous autres passans parmi leurs maisons et longues loges, voiyons quelques bonnes viandes presentées à ces Maracas : si nous les prenions et mangions (comme nous avons souvent fait) nos Ameriquains estimans que cela nous causeroit quelque malheur, n’en estoyent pas moins offensez que sont les supersticieux et successeurs des prestres de Baal, de voir prendre les offrandes qu’on porte à leurs marmosets, desquelles cependant au deshonneur de Dieu, ils se nourrissent grassement et oysivement avec leurs putains et bastards. Qui plus est, si prenans de là occasion de leur remonstrer leurs erreurs, nous leur disions que les Caraibes, leur faisant accroire que les Maracas mangeoyent et beuvoyent ne les trompoyent pas seulement en cela, mais aussi que ce n’estoit pas eux, comme ils se vantoyent faussement, qui faisoyent croistre leurs fruicts et leurs grosses racines, ains le Dieu en qui nous croyons et que nous leur annoncions : cela derechef estoit autant en leur endroit, que de parler par deça contre le Pape, ou de dire à Paris que la chasse de saincte Genevieve ne fait pas pleuvoir. Aussi ces pippeurs de Caraïbes, ne nous haissans pas moins que les faux prophetes de Jezabel (craignans perdre leurs gras morceaux) faisoyent le vray serviteur de Dieu Elie, lequel semblablement descouvroit leurs abus : commençans à se cacher de nous, craignoyent mesme de venir ou de coucher és villages où ils sçavoyent que nous estions."

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Un mot de présentation - qui suis-je ?

7 Décembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Présentation

Pour satisfaire au goût de notre société pour les étiquettes et les CV, deux mots sur Christophe Colera, l'auteur de ce blog.

Né à Pau en 1970, à quelques kilomètres de la frontière pyrénéenne, je suis à cheval sur plusieurs cultures et plusieurs mondes : le Béarn et l'Aragon (mon père était de cette région, ma mère jurançonnaise), les traditions rurales et la modernité urbaine (après mon exil à Paris), le monde ouvrier et la bourgeoisie (l'investissement scolaire m'a sorti du premier pour me plonger dans le second), la praxis et la theoria (ancien élève de l'ENA après un diplôme de l'IEP de Paris je cultive une double activité professionnelle), la philosophie et les sciences sociales (docteur en sociologie, titulaire d'une maîtrise de philo -,  j'ai publié dans les deux domaines). Après quelques lustres de recherche en anthropologie du corps, quelques passages dans les médias pour mon livre sur la nudité, quelques égarements, me voici redevenu chrétien depuis 2015.

 

 
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Quelques notes sur l'eschatologie protestante contemporaine

23 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées

L'eschatologie protestante sur le Net est souvent le fruit de vulgarisateurs pas forcément très habiles, comme Pierre Gilbert que nous avons récemment cité, eux-mêmes se fondant sur des ouvrages destiné grand public. Cela ne rend pas cette prédication pour autant fausse, le christianisme n'étant pas par essence associé à des dispositions philosophiques (il s'agit "simplement" d'une affaire d'élection - voir l'élection des apôtres). Je voudrais revenir sur cette eschatologie en prenant juste en note cu dessous quelques aspects des enseignements de Jean-Marie M.A Chevrier (par exemple son enseignement sur l'enlèvement de l'Eglise à partir de la prédication paulinienne 1 Thessalonicien 4), un ancien catholique, sur l'Apocalypse et sur le rôle de l'Eglise catholique dans la venue de l'Antéchrist (pour m'en tenir à ce seul aspect de l'Apocalypse). Je prends juste quelques notes cursives dans l'idée de redécortiquer cet enseignement plus tard.

Jean-Marie M.A Chevrier explique l'enlèvement de l'Eglise (corps mystique de Jésus qui ne correspond à aucune réalité humaine identifiable, plus précisément, il concerne l'Epouse en son sein) : elle aura lieu au son de la dernière trompette au moment de la résurrection des morts. Le retour de Jésus aura lieu après l'apostasie et l'apparition de l'Antéchrist qui s’assoit dans le 3e temple (2 Thessalonicien 2). Celui-ci signera d'abord un traité de paix entre Israël et ses ennemis après la bataille de Gog et Magog (Ezech 39,1, Apoc 20,7), vers la fin de la première partie de la grande tribulation (3 ans et demi sur les deux parties de cette tribulation). Dans la seconde moitié de la seconde tribulation Israël est châtié et Christ pose, à la fin, son pied sur le Mont des Oliviers et commence le Millénium avec l'Epouse et les croyants non enlevés qui auront persévéré dans la foi malgré la persécution par l'Antéchrist qui les décapite, ainsi que 144 000 Juifs marqués par le sceau de Dieu. Les noces de l'Agneau, mariage de Christ avec son Epouse aura lieu sur Terre (et non pas pendant le châtiment de son peuple dans la Tribulation). L'Epouse enlevée, et les cinq vierges folles restées fidèles pendant la Tribulation ainsi qu'Israël converti (Ephésien 2,14).

Pour mémoire la guerre de Gog et Magog qui est souvent vue maintenant comme une coalition de nations arabes et de l'Iran sous la direction de la Russie. Dans l'Univers en 1912 l'architecte Ragatien Le Mail voyait en Gog et Magog les nations musulmanes au vu de l'arrivée massive des Juifs en Palestine depuis janvier 1910. Pour Grotius (17e s) c'étaient les Perses, pour Me Gossuin au 13e s, l'Inde, pour St Ambroise, les Goths.

Dans ce dispositif, l'Eglise catholique ne semble pas devoir compter d'élus. Selon la vision de l'histoire de JM Chevrier, cette Eglise (dans laquelle certaines sources de Chevrier voient la grande prostituée d'Apocalypse 17) est discréditée par les meurtres de l'Inquisition à laquelle a succédé la  Congrégation pour la doctrine de la foi qui a pour préfet depuis le 1er juillet 2017 le jésuite espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer. Le conférencier rappelle que Samuel Morse, inventeur du code, en 1835 dénonça dans Foreign Conspiracies against the liberties of the United States une mission religieuse pour renverser la république américaine. Les jésuites ont le soleil comme symbole, et dirigeraient le téléscope "Lucifer" en Arizona depuis 2010 sur une montagne sacrée indienne (c'est aussi un jésuite formé en Arizona qui dirige l'observatoire du Vatican). Les jésuites selon JM Chevrier seraient liés à des mafias, et aux Rothschild. Ils seraient derrière de nombreuses guerres. Chevrier renvoie à Jules Marcel Nicole dans son Précis d'Histoire de l'Eglise,et à Eric Jon Phelps ("Vatican assassins") sur la création des Illuminés de Bavière par Adam Weishaupt un jésuite (Eric Jon Phelps est un homme tout de même un peu excessif, sur son site il explique sans rire que les trois plus grands Jésuites du Vatican, dont le pape Francis, dirigent les plus armées des plus grands pays du monde - sic). En 1754 c'est le collège des jésuites de Clermont qui aurait écrit le rite écossais. Alberto Rivera aurait révélé que le général jésuite de l'époque était communiste et franc maçon. Le pape Jean XXIII et Jean-Paul II auraient été francs maçons.Chevrier renvoie aussi à Schnoebelen. "Skull and bones", société secrète de l'université de Yale fondée en 1833 dont les Bush firent partie, aurait aussi quelque chose à voir avec tout cela. "Le nouveau gouvernement mondial verra sa réalisation en Europe après la chute des Etats-Unis" prophétise JM Chevrier. L'empire romain catholique avec ses deux branches Rome et Constantinople de l'empire romain renaîtront avec l'empire ottoman (Daniel 2,37) avec l'intégration de la Turquie à l'Union européenne (Apoc 17,6).

Il est vrai que la vision catholique est de plus en plus hostile à l'idée qu'un jugement séparera les bénis des maudits que ce soit au stade de l'enlèvement (auquel le catholicisme ne croit pas) au stade du jugement dernier. Sur KTO TV cette semaine Mme Thabut expliquait (comme beaucoup de prêtres) que dans Mathieu 25:31-46 quand Jésus dit : "il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche", il s'agirait en fait de trier le bon grain de l'ivraie dans le coeur de chacun d'entre nous... Les protestants lui répliqueraient sans doute :  Et dans Matthieu 24:41 " Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée." s'agit-il aussi d'un tri "à l'intérieur" de chaque individu ? En outre certaines prophéties catholiques sur la fin des temps semblent assez différentes de celle de la Bible (voir celle de La Salette).

On reviendra sur tous ces sujets.

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Goldorak et le 5e commandement

23 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

L'auteur de Goldorak, qui déplaisait beaucoup aux adultes dans les années 1980, et dont la sensibilité est empreinte d'obsession sexuelle et de sorcellerie, déclare dans Le Monde "« “Goldorak” offrait aux enfants la possibilité d’être plus forts que leurs parents ». "Les enfants se sont mis immédiatement dans la peau d’Actarus, comme s’ils allaient eux aussi pouvoir déployer une force incroyable. Goldorak leur offrait la possibilité d’être plus forts que leurs parents. Les enfants rêvent tous de devenir adulte le plus rapidement possible. Soudainement, un robot leur permettait de sauter plusieurs étapes."
 

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Sur la valorisation du démoniaque dans la culture populaire

22 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Les tubes des années 1980, #Christianisme, #Médiums

Toute l'imagerie diabolique est très valorisée dans la culture du divertissement de masse.

Dans l'émission "On n’est pas couché" diffusée sur France 2 le 18 novembre dernier, le chroniqueur Yann Moix, qui a « adoré » l'album "French Touch" dont la chanteuse et épouse d'un ancien président de la République Carla Bruni était venue faire la promotion, a rendu hommage à l’artiste en se disant  « étonné » qu’elle n’ait pas livré une version revisitée de Sympathy for the Devil des Rollings Stones [elle a en revanche repris Miss You] et d’ajouter : « car pour moi, vous êtes le diable ». "Face à la mine interloquée de Carla Bruni, il a embrayé : « C’est un compliment. » " précise le journal 20 minutes du 20 novembre dernier à ce sujet, en ajoutant que la chanteuse a beaucoup apprécié le compliment.

Il y a un mois, le chroniqueur Guy Carlier dont les interventions à la radio sont principalement fondées sur la complaisance narcissique - voir son texte sur la maladie de Bernard Tapie principalement destiné à rendre hommage à la culture de gosse de banlieue qu'il partage avec lui - évoquait, après une blague censée mêler salacité et autodérision dans la veine des goûts de l'intelligentsia urbaine contemporaine, sa crainte du vieillissement en avouant qu'il assistait régulièrement aux concerts des Stones.

Dans "Season of the witch" Peter Bebergal, qui est pourtant un admirateur de la "spiritualité" de la pop music des dernières années détaillait les pratiques occultistes des Rolling Stones dans les années 60 (pratiques qui en principe créent des liens indissolubles). En 2016 au Brésil les Stones affichaient aussi des pentagrammes et un Baphomet dans leur concert.

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"Le christianisme aux trois premiers siècles" de Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872)

21 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Notes de lecture

Je lisais ce matin "Le christianisme aux trois premiers siècles" du pasteur suisse protestant Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872). Le début du livre est très tributaire de l'historiographie de son époque, et partage les mêmes simplifications du regard catholique : à la fin de la République romaine le polythéisme était usé jusqu'à la corde, la philosophie trop élitiste et sans prise sur la vie même des penseurs (voir Sénèque) ne pouvait lui offrir d'alternative, bien qu'elle eut donné quelques notions d'élévation morale. Il se détache du catholicisme après avoir parlé de la grandeur des apôtres. Pour lui le christianisme sombre avec les pères de l'Eglise quand il cherche à devenir religion d'Etat, c'est-à-dire, religion à rompre le rapport individuel de la conscience à Dieu.

D'autres ouvrages protestants recensés ici. Pour lui la persécution des martyrs est l'essence du paganisme (et c'est pourquoi le catholicisme eut tort de se faire persécuteur - d'Aubigné a aussi écrit de belles pages sur le supplice d'Hamilton en Ecosse -dans Ecosse, Suisse,Genève ch V, et sur le côté persécuteur du catholicisme "à la française" à Londres sous Charles Ier). En ce qui concerne les hérésies, pour lui Simon le Magicien est un précurseur des nicolaïtes condamnés par l'Apocalypse, mais il voit aussi des ferments d'hérésie aussi dans l'ascétisme dans l'épître aux Colossiens de Paul. pour d'Aubigné les ébionites sont une hérésie judaïsante et le gnosticisme une hérésie orientalisante, un "dualisme par émanation" qui postule une démiurge mauvaise émanation de Dieu et auteur de la matière renversé par un Christ immatériel (un "Eon"). Les premiers pères apostoliques (Clément Romain, Ignace, Polycarpe, Barnabas, Hermas, Papias) sont des auteurs naïfs. L'école philosophique d'Alexandrie et du Maghreb ne viendra que plus tard. déjà Clément d'Alexandrie reparle de "mériter par la charité" et oublie la doctrine paulinienne de la grâce. Ignace après lui est dans la soif sacrificielle très différente du langage de Paul (Clément d'Alexandrie et Cyprien condamnent cet empressement en expliquant qu'un chrétien qui choisit le martyr se précipite sans attendre que Dieu l'y appelle) et défend une soumission aux évêques. Polycarpe cite plus le Nouveau testament, mais lui aussi abandonne la justification par la foi. Hermas introduit la pénitence organisé et la casuistique. La tradition commence à supplanter la parole (p. 120).

Dans les persécutions antichrétiennes il y a la violence, le dénigrement gratuit. Et puis cette opposition de l'école platonicienne d'Alexandrie. Certains platoniciens comme Justin et Clément sont devenus chrétiens, mais l'école d'Alexandrie les détesta, parce qu'elle était proche d'eux, comme les jansénistes détestèrent les protestants parce qu'ils leur ressemblaient. Celse avec son Discours Véritable vers 150 est de ceux là. Attaquant la religion avec des arguments confus et absurdes, il essaie de faire voir dans le paganisme quelque chose de sublime et de pur, dissimulant les histoires scabreuses des dieux et les pratiques douteuses. Hélas le XVIIIe siècle allait les réhabiliter, par exemple Voltaire faisant l'apologie de l'empereur qu'ils façonnèrent : Julien (p. 185). Lucien est plus sceptique sur les vertus du paganisme, meilleur connaisseur du christianisme, mais sa raillerie des martyrs semble empêtré dans la maladresse. "c'est une coutume diabolique de faire de l'antiquité un argument en faveur du mensonge ; les voleurs et les adultères pourraient aussi se targuer de leur antiquité" (Augustin, Questions sur l'Anc. et le Nouv. testament) Les païens sont sur l'oreiller de paresse qui les décharge du devoir d'examen devant lequel les pères de l'Eglise mettent les chrétiens en les exhortant à lire les textes (par exemple Chrysostome ou Cyprien p. 198). Les pères qui raillent les décrets du Sénat portant les empereurs au Ciel sont aux antipodes du l'éloge des saints divinisés dans le Génie du christianisme de Châteaubriand. Minutius Félix refuse les images. Pour Origène les temples sont nos corps, où chacun oeuvre comme un Phidias. Point de temple dans la Jérusalem céleste (Apoc 21:22).

Le christianisme d'Orient était intellectuel comme celui d'Occident était pratique, comme au 19e siècle la dualité entre l'Allemagne et l'Angleterre (p. 214). Origène qui avait le tort d'être trop ascétique se distingua par son goût de l'Ecriture (il corrigea beaucoup la Bible altérée) et son assistance aux martyrs. Il fut excommunié pour sa croyance en une vie antérieure dans le ciel (et une vie postérieure dans d'autres dimensions, toutes marquées par la chute). Au IIIe siècle se développe le catholicisme en lieu et place de l'évangélisme. Ce n'est pas encore le papisme. Face aux hérésies, les formes et les lois (l'adoration des lieux et des hiérarchies) supplantent l'esprit. Cyprien de Carthage est à la fois un chrétien léger et un prêtre ascétique lourd (traditionaliste, sacramentaliste. Dans l'église aussi il y a la démocratie (le presbytérisme), l'aristocratie (l'épiscopat) et la monarchie (la papauté). A l'époque de Cyprien, ce fut la lutte entre les deux premières formes, avant que le procurateur romain ne lui coupe la tête.

Le livre de d'Aubigné est très subtil et agréable à lire et je le recommande aux internautes oisifs.

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La Virgini pariturae à Chartres

13 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

J'écoutais sur You Tube récemment le début d'une conférence d'une catholique devenue historienne sur le tard, Mme Marion Sigault, donc des accents hélas ne sont pas toujours très harmonieux à l'oreille, et qui évoquait les mentions de la "vierge mère" en Gaule avant même l'ère chrétienne, ce qui me rappelait des remarques d'Epiphane de Salamine sur le culte de Vierge dans le paganisme proche-oriental.

Ce soir je lisais des annotations précises sur la dévotion à cette Vierge pré-chrétienne à Chartres sous la plume de l'abbé Bulteau dans son Manuel du pèlerin à ND de Chartres (Domina carnotensis) en 1855 : "D'après la tradition constante de l'église de Chartres, l'emplacement actuel de la cathédrale était, cent ans avant l'ère chrétienne, un lieu consacré à la Vierge Mère. Là se trouvait un bocage sacré et une grotte où les Druides, prêtres des anciens Gaulois, élevèrent une statue avec cette célèbre inscription : Virgini pariturae, à la Vierge qui doit enfanter ; ils attendaient de cette Vierge le salut moral et intellectuel du genre humain". La Vierge de Chartres est ainsi au nombre de ces signes avant-coureurs du christianisme comme la prophétie prêtée à Virgile  dans son discours Pollio et dans ses Buccoliques sur la venue du Sauveur.

Bulteau rappelle que le rabbin Drach converti au christianisme fit un inventaire de ces présences des vierges mères avant l'heure, que l'on trouve aussi dans Esaïe VII,9. En ce qui concerne les vierges druidiques, il y en eut dans beaucoup d'endroits dit le P. Bulteau qui ne voit d'ailleurs pas de difficulté à voir aussi dans le culte des druides pour Isis (après la romanisation) un prolongement de l'attente du culte marial (même si Isis n'a rien d'une vierge).

Charles VII en 1452 accorde ses lettres de pardon données à Loches "en pitié et en faveur de ladite église de Chartres, laquelle est la plus ancienne église de son royaume fondée par prophétie en honneur de la glorieuse Vierge Marie avant l'incarnation de nostre Seigneur Jésus-Christ".

Le P. Bulteau n'hésite pas à décrire un St Savinien et un St Potentien envoyés à Sens par St Pierre découvrir le culte druidique à la vierge mère et leur annoncer que cette vierge existait désormais. Mais Potentien est un martyr du IIIe siècle... L'abbé Bulteau reproduit en fait l'en-tête du Cartulaire de l'église ND de Chartres qui est de 1389.

Une légende allait perdurer selon laquelle la statue druidique de cette vierge (une vierge noire) avait été conservée sous le nom de "Notre Dame sous Terre" jusqu'en 1793. Elle était placée dans une crypte et eut beaucoup de succès, au XIIe siècle notamment lorsque le "feu sacré", cette maladie mystérieuse, gagna beaucoup de Français (vers 1130). " La crypte, œuvre de Fulbert, où se trouvait la statue druidique, note Bulteau, avait treize chapelles; la plus remarquable était celle de Notre-Dame sous-terre ; elle se trouvait sous le latéral gauche du chœur, à la hauteur de la chapelle actuelle de la Vierge noire du Pilier. Les rois et les princes, hôtes assidus de la sainte grotte, se plurent à l'embellir par les présents de leur généreuse piété. " AJM Hamon onze ans plus tard allait détailler le rapport des différents rois de France à ND de Chartres.

Oui, mais voilà. Aucune référence à cette Virgini pariturae avant 1389... Comment en trouver des traces plus anciennes ?

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