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"Une souris verte" : lecture alchimique/lecture nazaréenne
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Il existe au moins deux versions de la comptine "Une souris verte" que chantent nos enfants depuis le XVIIIe siècle. L'une est alchimique (démoniaque, d'un point de vue chrétien), l'autre biblique (divine) explicitement conçue pour neutraliser les effets pervers de l'occultisme actuel sur les âmes jeunes.
Commençons par la version alchimique, présentée notamment par Patrick Burensteinas et reprise sur You Tube par l'auteur du Blog Mysteria (cf ci dessous) en octobre 2018.
En alchimie le vert est la connaissance des choses cachées. "Une souris verte", c'est "le vert vous sourit" (dans la "langue des oiseaux") . La première phrase signifie donc : "il y a une chose cachée, ça se situe à tes pieds".
"Je l'attrape par la queue" : attrape la pierre (dans les cuisines il y avait des maîtres queue, qui aiguisaient les couteaux avec une queue de rat, en pierre, donc la queue c'est une pierre).
"Je la montre à ces messieurs" : regarde la nature et apprends d'elle (car messieurs, ce sont mes cieux, c'est à dire le divin naturel)
"Ces messieurs me disent" : la nature te dit
Trempez la dans l'huile, trempez la dans l'eau : travaille sur tes émotions, élève ton esprit l'huile est un soufre, visqueux, et l'eau un mercure, donc l'une symbolise les émotions, l'autre l'esprit)
"Ca fera un escargot tout chaud" : tu trouveras la pierre philosophale. Une escarre c'est une brûlure. Gal veut dire pierre, comme dans galet. La pierre brûlée est la pierre des philosophes quête ultime des alchimistes.
Qu'en disent les nazaréens (qui veulent restaurer le christianisme hébraïque des apôtres - en fait ils récusent même l'expression christianisme) ? L'enseignant Ezra de Nevilot Olam précise qu'il cherche à contrer là le "conditionnement" par les alchimistes et par les francs-maçons (notamment leurs jeux de mot sur le "colimaçon bâtisseur" qui est souvent avancé par eux).
La souris du point de vue de la Torah n'est pas un rongeur, mais un ruminant, comme tout animal qui remange plusieurs fois sa nourriture, or la souris mange ses excréments. Elle symbolise les gens dans le monde : les gens pas sauvés. Elle est dite verte, qui est la couleur associée à la mort, à ce qui pourrit, comme le cavalier vert pâle de l'Apocalypse. Elle est verte dans une herbe verte, donc complètement indiscernable, spirituellement perdue dans un monde qui va vers sa mort.
En hébreu la nature se dit en hébreu talmudique "teva' " ou hateva si l'on en croit le site judaïsme.sdv.fr (les nazaréen rejetant le talmud il est bizarre qu'ils aient recours à ce terme, mais bon...) dont la racine est "tb" qui dans diverses langues sémitiques fonde le verbe qui renvoie à l'idée de se noyer (Exode 15:4), s'enfoncer (I Samuel 17: 49).
La souris est l'incroyant mort dans cette eau du monde. D'où le sens de la tevila ou t'vilah (immersion au mikveh dans l'Ancien testament, baptême d'eau chez les chrétiens), qui symbolise la sortie de l'eau (Colossiens 2:12), c'est pourquoi Yeshoua/Jésus dit que les apôtres doivent être des pêcheurs d'hommes (Matth 4:19) parce que l'homme doit être sorti de l'océan où il meurt : noyé dans la nature, il devient surnaturel en en sortant. C'est pourquoi Jésus marche sur l'eau tandis que Pierre coule lorsqu'il ne croit pas. La souris court parce qu'elle est perdue, elle n'a pas le temps d'écouter. C'est pourquoi la voix de Dieu s'entend dans le désert où on ne court pas.
"Je l'attrape par la queue" est symbole de la conversion, de la techouva, תשובה (metanoia en grec). techouva signifie qu'on se retourne (שׁוּב (shuv). La souris est retournée avec la tête en bas. L'évangélisateur (insiré par l'Esprit) qui attrapé par la queue, va la montrer à ces messieurs : le Beit Din ( בית דין) tribunal religieux (Deutéronome 16:18) qui évalue la sincérité du repentir et de la conversion.
Le Beit Din dit à l'évangélisateur de la tremper dans l'huile et dans l'eau. Normalement c'est l'inverse, on commence par l'eau sauf dans Actes 10 où le centurion Corneille reçoit le baptême de l'esprit avant celui de l'eau. L'huile est le baptême de l'esprit, après la tevila d'eau qui correspond à la repentance.
Ezra reprend ensuite escarre-gal comme l'alchimiste, et lui donne le sens de pierre blessée (qui est plus rigoureux que pierre brûlée chez l'alchimiste car une escarre est une blessure et non une brûlure). Cela renvoie à Nombres 10:11 : "Puis Moïse leva la main et frappa deux fois le rocher avec sa verge. Il sortit de l'eau en abondance. L'assemblée - kehilla קהילה - but, et le bétail aussi." "Ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ" (1 Cor 10:4). L'escargot ressemble à une pierre, et il laisse de la bave derrière lui, qui est de l'eau et d'ailleurs la bave de l'escargot redonne vie aux cellules, elle les regénère. L'escargot ne court plus, il est posé. Et il est chaud comme du pain frais est chaud. Il est tout nouveau, comme le pain de vie qui descend du ciel. Le rocher est comme le pain (le pain hébraïque avait la forme d'un rocher).
L'interprétation de l'enseignant nazaréen porte aussi sur la strophe suivante que n'examinait pas l'alchimiste : elle est dans un tiroir obscur qui est la nuit spirituelle, la tentation, la confrontation aux Ténèbres, comme Jésus au désert pour tester la teshouva. Elle a chaud dans le chapeau : ça c'est le test physique par les persécutions. Les trois petites crottes dans la culotte ne sont plus mangées, la souris ne mange plus ses excréments comme au début. Trois crottes parce qu'il y a une triple sanctification "esprit-âme-corps" (1 Thessalonicien 5:23). Ezra remarque aussi que la spirale de la coquille de l'escargot est aussi celle de la galaxie ("pierre de l'axe", pierre de fondation du Temple dans Psaume 118:22 qui est Jésus rejeté par les francs-maçons bâtisseurs).
Encore un mot sur le texte de Saint Augustin et les nécrophanies
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Je repense à ce texte de Saint Augustin que je citais la semaine dernière.
Je veux bien adhérer à sa conclusions : qu'il ne faut pas chercher à savoir (encore que je peine à comprendre pourquoi il ne donne pas de raison à cet impératif, qu'il semble avoir découvert sur le tard). Mais tant qu'à ne point savoir, je dois au moins me défaire de la fausse connaissance que je traînais au cours des dernières années sous la foi de ce que disait un personnage à maints égards très suspect : Allan Rich. En écoutant ses enseignements, je m'étais mis en tête que les esprits des morts qui apparaissent aux spirites sont des "esprits familiers" "obh". Et ils étaient connotés négativement pour nous égarer. Mais cela semble trop simpliste.
L'âme du père de mon amie ivoirienne ne lui a rien fait faire de blâmable, ni du point de vue musulman qui était sa religion, ni du point de vue chrétien, quand il lui a enseigné où se trouvait sa tombe et comment lui rendre des honneurs mortuaires. Cela n'a détourné mon amie d'aucune bonne action, ni d'aucune bonne croyance (elles est au contraire devenue plus religieuse après cela), et elle n'est pas du tout devenue "accro" au spiritisme : elle ne s'est pas du tout tournée vers cela une fois qu'elle s'est acquittée de ce devoir. Elle a repris une existence de labeur vertueuse orientée vers la vie et l'avenir.
C'est exactement le même cas de figure que lorsque St Augustin évoque les morts sans sépulture qui apparaissent pour en obtenir une. Il n'y a tellement rien de blâmable à cela (et notez que cela n'a rien à voir avec la nécromancie), que même l'évêque d'Hippone en vient à la conclusion que l'apparition du mort dans ce cas peut être une "intervention d'un ange"... Mais si c'est un ange, pourquoi l'ange se dissimule-t-il sous les traits du défunt plutôt que d'annoncer directement la couleur sous son identité véritable ou même sous les traits d'un inconnu ?
Le Goff signale que le Moyen Age allait en venir à l'idée que le mort bénéficiait d'autorisations spéciales de sortie du purgatoire pour délivrer ce genre de message. On sent bien qu'il y a là quelque chose de mystérieux, qui peut faire signe éventuellement à une "démultiplication du mort" (entre la part qui reste sous la sentence du jugement et celle qui rôde encore près des vivants).
Notez que ce n'est pas plus simple à concevoir que, pour les vivants, cette notion du "double éthérique" que pointe aussi Augustin à propos des manifestations des vivants à d'autres vivants...
Tout cela renvoie aussi à cette complexité des expériences de mort imminente, toutes très diverses, entre ceux qui se retrouvent aux portes de l'Enfer comme le prof d'histoire de l'art accidenté à Paris dans les années 1980 ou la colombienne frappée par le foudre Gloria Polo (pour la plus grande joie pédagogique de l'Eglise), et ceux qui, entourés de leurs chers disparus, ont l'impression qu'il n'y a pas d'enfer du tout.
J'entendais tantôt le témoignage de René Volken, qui raconte comment son épouse récemment défunte lui a "préparé" une relation avec une autre femme peu de temps après sa mort, en le lui disant dans une expérience de mort imminente, tout en provoquant aussi quelque chose chez l'autre femme au moment de l'EMI. Là pour le coup on peut se demander si ce n'est pas un esprit mauvais ou un démon qui arrange ce genre de combinaison qui n'a pas vraiment l'aval de la morale chrétienne. Mais si je cite ici cette histoire, c'est parce qu'elle réunit en elle les deux dimensions du texte d'Augustin : celle de l'apparition du mort au vivant (encore que le vivant ne soit plus trop vivant puisqu'on se trouve en situation d'EMI), et celle de la manifestation d'un vivant à un autre vivant : puisque juste après que sa femme morte lui eut parlé, il "voit" la nouvelle femme (vivante) censée prendre la relève qui lui pose la main sur le front, et lui même apparaît à la femme qui se trouve en vacances à l'étranger...
La position de Saint Augustin sur les "apparitions des morts"
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J'ai évoqué dans mon livre sur les médiums le cas de cette amie ivoirienne que le fantôme de son père défunt guida jusqu'à sa tombe dont elle ignorait la localisation en 2015.
Je tombe ce soir sur ce que Saint Augustin disait de ce phénomène dans la seconde partie du "De cura pro mortuis gerenda" (telle que traduite par Jacques Le Goff dans "La naissance du Purgatoire" - Gallimard, 1981 p. 111) :
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"On raconte certaines apparitions qui me paraissent annexer un problème non négligeable à cette discussion. On dit que certains morts se sont montrés, soit pendant le sommeil, soit de toute autre manière, à des personnes vivantes. Ces personnes ignoraient l'endroit où leur cadavre gisait sans sépulture. Ils le leur ont indiqué et les ont priés de leur procurer la tombe qui leur manquait. Répondre que ces visions sont fausses, c'est paraître contredire avec impudence les témoignages écrits d'auteurs chrétiens et la conviction des gens qui affirment en avoir eues."
La thèse de St Augustin est que ce ne sont pas les morts eux-mêmes qui apparaissent. "Je serais porté à croire, au sujet de ces apparitions, à une intervention des anges qui, avec la permission ou sur l'ordre de Dieu, font savoir au rêveur que tels morts sont à ensevelir et cela à l'insu des morts eux-mêmes".
Il évoque à ce sujet une anecdote : "Etant à Milan, j'ai entendu raconter qu'un créancier, pour se faire rembourser une dette, se présenta avec la reconnaissance signée par le débiteur qui venait de mourir au fils de ce dernier. Or la dette avait été payée. Mais le fils l'ignorait et il entra dans une grande tristesse, s'étonnant que son père, qui avait fait pourtant son testament, ne lui en eût rien dit à sa mort.
Mais voilà que dans son extrême anxiété il voit son père lui apparaître en songe et lui indiquer l'endroit où se trouve le reçu qui avait annulé la reconnaissance. Il le trouve, le montre au créancier et non seulement repousse sa réclamation menteuse, mais rentre en possession de la pièce qui n'avait pas été rendue à son père au moment du remboursement. Voilà donc un fait où l'âme du défunt peut passer pour s'être mise en peine de son fils et être venue à lui pendant son sommeil pour lui apprendre ce qu'il ignorait et le tirer de sa grande inquiétude."
Il rapproche ce point de la question de l'apparition des vivants à d'autres vivants (et qui pose celle du "double éthérique", me semble-t-il) : "A peu près vers l'époque où on nous raconta ce fait, ajoute-t-il, et quand j'étais encore établi à Milan, il arriva à Eulogius, professeur d'éloquence à Carthage, mon disciple en cet art, comme il me l'a rappelé, l'événement suivant dont il me fit lui-même le récit, à mon retour en Afrique. Son cours portant sur les ouvrages de rhétorique de Cicéron, il préparait sa leçon pour le lendemain ; il tomba sur un passage obscur qu'il n'arriva pas à comprendre. Préoccupé, il eut toutes les peines du monde à s'endormir. Or voilà que je lui apparus pendant son sommeil et lui expliquai les phrases qui avaient résisté à son intelligence. Ce n'était pas moi, bien sûr, mais, à mon insu, mon image. J'étais alors bien loin, de l'autre côté de la mer, occupé à un autre travail ou faisant un autre rêve et n'avais cure le moins du monde de ses soucis.
Comment ces deux faits se sont-ils produits ? Je l'ignore".
Saint Augustin ajoute avec beaucoup de prudence : "Si quelqu'un m'avait répondu par hasard par ces mots de l'Ecriture : 'Ne cherche point ce qui est trop haut pour toi, ne scrute pas ce qui est trop fort pour toi, contente toi de méditer sans cesse les commandements du Seigneur' (Ecclésiaste, III, 22), j'aurais accueilli ce conseil avec reconnaissance. Ce n'est pas, en effet, un mince avantage, quand il s'agit de points obscurs et incertains qui échappent à notre compréhension, d'avoir tout au moins la claire certitude qu'il ne faut pas les étudier et, quand on veut s'instruire dans la pensée de savoir quelque chose d'utile, qu'il n'est pas nuisible d'ignorer."
Etrange que Saint Augustin évoque la possibilité du "hasard" dans les enseignements qu'il pouvait recevoir à ce sujet...
Médiumnité et christianisme : la filiation de Saint Cyriaque
Dans le sillage de mon livre sur les médiums, je continue de m'interroger sur le rapport entre médiumnité et christianisme. J'ai déjà souligné certaines contradictions comme le fait que Sylvie Simon ait entendu la mystique Marthe Robin reconnaître la présence d'extraterrestres près de sa maison, ou que le Padre Pio avait encouragé Mademoiselle Bouvier à persévérer dans sa vocation de spirite.
J'en ai "parlé" par mail à un exorciste d'évêché dont je tairai le nom : on peut faire dire ce qu'on veut aux mystiques morts m'a-t-il répondu en substance. Accuser à la légère quelqu'un de mensonge même sous forme de sous-entendu est un péché grave dont ce prêtre devrait se repentir s'il ne veut pas que cela ne gâche son activité d'exorciste (au passage cela ne grandit pas à mes yeux cette profession et conforte l'idée que certains exorcistes d'évêché chassent peut-être des démons à l'aide d'autres démons !).
J'ai été à nouveau troublé la semaine dernière de constater que feu le père Mathieu, capucin exorciste franc-comtois, dans une vidéo mise en ligne sur YouTube en 2017 (cf ci dessous), tout en disant le plus grand mal des magnétiseurs, reconnaissait avoir réalisé certains de ses exorcisme avec la Soeur de Boujailles décédée en 2015 et connue pour avoir été une guérisseuse et magnétiseuse toute sa vie. Désireux d'apprendre à faire la part du sacré et du diabolique dans ces affaires après mes expériences "bizarres" que j'ai vécues entre les mains des magnétiseurs en 2015, j'en ai interrogé un qui a connu la soeur de Boujailles.
Il m'a aimablement répondu ce matin. Il observe que "la religion catholique est très fermée concernant toutes ces pratiques divinatoires, guérisseurs... tous ces courants new age y mettant une odeur de soufre, (...) il n'empêche que dans ma pratique, j'ai déjà été consulté par des prêtres, soeurs... qui de ce fait ont une approche plus sereine..." J'avoue que l'argument en soi ne plaide pas pour la validité de la pratique car j'ai aussi un cousin qui a vu un prêtre dans une soirée échangiste, ce qui ne rend pas l'échangisme spirituellement licite pour autant.
Concernant la soeur de Boujailles il ajoute plus spécifiquement : "Le Père Matthieu connaissait parfaitement la pratique de la soeur de Boujailles, à savoir l'utilisation du pendule, les points énergétiques qu'elle pratiquait ainsi que le magnétisme, l'utilisation des plantes ainsi que le reboutement. Sa congrégation (les soeurs de la Sainte Famille à Besançon) connaissait également son activité. Sa "prescience" et son intuition, ses flashs faisaient également partie de son quotidien."
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Pour creuser la question, ce magnétiseur m'a orienté vers le ministère charismatique du Père Michele Bianco en Italie, recteur du Sanctuaire de Torre Le Nocelle à Avellino en Campanie où l'on conserve le sang de l'anachorète palestinien originaire de Corinthe saint Cyriaque à qui le prêtre, avec l'aide d'un spécialiste des civilisations indo-européennes et la journaliste Patrizia Cattaneo ont consacré un livre paru en français en 2017 aux éditions du Parvis.
Peut-être un sujet à creuser...
Mon nouveau livre : Les Nephilim

Vient de paraître chez L'Harmattan
Christophe Colera : Les Nephilim, une lecture biblique de l'histoire des Géants
Parmi les thèmes surnaturels bibliques marginalisés par la théologie académique figure celui des Nephilim, êtres hybrides issus de l'union narrée par le Livre de la Genèse entre les mystérieux « Fils de Dieu » et les femmes humaines. Selon certaines traditions ce sont des Géants, et leurs pères étaient des Anges déchus. L'ufologie et les réseaux sociaux, dans les milieux chrétiens, notamment aux États-Unis, confèrent à cette thématique un regain d'intérêt dans une optique apocalyptique. Cet ouvrage présente les thèses actuelles de ces chrétiens, ainsi que la manière dont ils projettent cette croyance dans leur lecture du monde contemporain, et en cherchent des preuves dans des domaines comme la possession psychique, la voyance, ou les énigmes archéologiques.
Vous pouvez le commander chez l'Editeur, sur Amazon, ou chez un libraire.
Cité dans "Elle"

Cité ce jour dans l'article "Pourquoi l’utilisation de la nudité comme geste d’émancipation continue de diviser les féministes ?" de Marine Revol dans le magazine "Elle" en ligne ici.
Sainte Marie au Mont Carmel

La présence angélique de Marie (qui donne lieu à bien des spéculations New Age) est très prégnante dans la tradition mystique du Carmel dont j'avais déjà dit un mot il y a cinq ans lors d'une de mes passages à Lisieux. Comme l'a expliqué Kilian Healy (1912-2003), prieur général de l'Ordre des Carmes, dans "Elie, Prophète de Dieu" (Editions Parole et Silence, 2006), il faut partir du verset de la Bible dans 1 Rois 18:44 quand le prophète Elie sur le mont Carmel face aux prêtres de Baal fait tomber la pluie sur la terre sainte asséchée (et infestée par le paganisme) : " la septième fois, il dit: Voici un petit nuage qui s'élève de la mer, et qui est comme la paume de la main d'un homme. Elie dit: Monte, et dis à Achab: Attelle et descends, afin que la pluie ne t'arrête pas." "Dans le nuage, écrit le prieur général p. 130, suivant la tradition, Elie vit la figure de Marie immaculée, Mère du Dieu incarné". Un blason de l'ordre du carmel, le plus ancien connu, qui figure sur ses Constitutions de 1499, sur une vie de Saint Albert publiée la même année, et sur des missels des années ultérieures se présente comme un ovale soutenu par des anges et traversé par une ligne horizontale. Au dessous un triangle figurant le mont Carmel, au dessus la Vierge à l'enfant auréolée de 12 étoiles, le croissant sous ses pieds, avec la mention "luna sub pedibus eius". Deux bannières indiquent qu'Elie et Elisée, chefs du Carmel, conduisent à Marie "mater et decor Carmeli" (mère et splendeur du Carmel). Ce blason officiel allait être abandonné remplacé pendant la Contre-Réforme qui allait élider complètement l'image de Marie.
Jean-Baptiste Étienne Pascal (1789-1859). dans un ouvrage sur l'art chrétien, explique que le 16 juillet est la fête de Notre Dame du Carmel qui remit un scapulaire brun foncé à Simon Stock, général des Carmes le 16 juillet 1251. Un article de 1930 décrit une icône libanaise d'Harissa montrant une "Notre Dame du Mont-Carmel" "portant l'habit carmélitain" qui sort de la mer (ce qui évoque un peu Isis et Vénus) pour féconder la terre. Elle s'élève dans les airs pour féconder la Terre, un scapulaire à la main...
ND du Mont Carmel a joué un rôle important dans l'histoire de notre pays. En 1252, on vit saint Louis, gravir le mont en Palestine pour offrir à Marie le tribut de sa royale piété à la suite d'un voeu après avoir réchappé de peu à une tempête en mer. Il voulut,à son retour de France, emmener avec lui une colonie de religieux du Carmel pour l'établir dans son royaume. Il en revêtit le scapulaire. Cette montagne devint ainsi le berceau de ces couvents de Carmes qui se propagèrent au sein de l'Europe. La dernière apparition de Marie à Lourdes (la dix-huitième) fut un 16 juillet.
Voyez aussi RP Amédée de Damas (1821-1903), Voyage en Orient, 1883 p. 229 et suiv
Le bienheureux Simon, issu de l'illustre famille des barons de Stock, naquit au château d'Hestefort, dont son père était gouverneur, dans le comté de Kent, s'il faut en croire certains chroniqueurs; il fut, selon d'autres historiens, le fils d'un pauvre paysan de la Grande Bretaghe; mais, quelle que soit son origine, il se fit remarquer par les témoignages non équivoques d'une vertu précoce.
A peine âgé de douze ans, il se retira dans une vaste forêt où il n'eut pour logement que le tronc d'un vieux chêne dont la cavité lui offrit un asile. 11 y dressa un oratoire, l'orna d'un crucifix, d'une image de Marie, d'un psautier de David; et il y retraça, dans sa vie toutes les" austérités des anciens solitaires. L'eau du rocher était sa boisson, des herbes et des racines sa nourriture.
Il y avait vingt ans qu'il menait la vie d'un reclus, lorsque deux seigneurs anglais, revenant de la TerreSainte, amenèrent avec eux quelques Religieux du mont Carmel. Le bienheureux Simon fut extrêmement touché de la piété des nouveaux Religieux et de leur dévotion à la Reine du ciel, et il les pria de l'admettre dans leur société. Il fit sa profession vers l'année 1213. Ensuite il partit pour l'Orient, resta six ans dans la Palestine, et, ayant mérité d'être nommé supérieur général de son ordre, il revint en Occident pour l'y affermir et l'y développer d'avantage. Invité à passer en France, il s'embarqua pour Bordeaux où il mourut le 16 juillet 1265.
Or, il était au moment d'expirer lorsque la Reine du ciel lui apparut, environnée d'une multitude d'esprits célestes, tenant en main cet objet béni connu sous le nom de scapulaire du mont Carmel, et lui adressa ces paroles : « Reçois, mon fils, ce scapulaire de ton Ordre, comme le signe distinctif de ma confrérie et la marque d'un privilège glorieux. Celui qui mourra, pieusement revêtu de cet habit, sera préservé des flammes éternelles. C'est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls, le gage d'une protection ppôciale, jusqu'à la fin des siècles ».
Pour mieux confirmer sa promesse, la sainte Vierge voulut bien ensuite apparaître au pape Jean XXII et lui en raconter les détails. Vingt-deux souverains Pontifes reconnurent successivement la vérité du fait et approuvèrent la dévotion par des jugements solennels.
Depuis lors, la Vierge du Carmel eut ses chevaliers comme le Saint-Sépulcre avait les siens. On porta l'habit de Notre-Dame,comme on avait porté la Croix rouge. La croisade de Marie se perpétua même au-delà de celle de la Palestine, et le dix-neuvième siècle compte parmi les chrétiens un grand nombre de chevaliers du Scapulaire.
Mais pourquoi demander au passé les marques de la prédilection de la sainte Vierge pour le Carmel ?
Aujourd'hui encore, elle se plaît à être honorée sur la sainte montagne; et la preuve en est dans ce couvent magnifique, dont les proportions grandioses attirent mes regards. Son existence est une sorte de miracle.
Voici le fait. Je le raconterai à la suite de Mgr Mislin. Il y a plus de quarante ans, en 1824, Abdallah-Pacha, le fameux gouverneur de Saint-Jean d'Acre, sous un prétexte menteur, renversa de fond en comble l'antique séjour des serviteurs de Marie. Avec leurs matériaux dispersés, il se construisit un palais, où il venait chercher la fraîcheur en été. Rome s'émut de ce désastre.
Le frère Jean-Baptiste de Frascati, carme déchaussé, fut envoyé en Orient par ses supérieurs pour étudier la situation. Il gravit la montagne, il s'assit sur la dernière pierre de son couvent renversé et demeura pensif. H pleura beaucoup et longtemps. Tout à coup, il se leva, réveillé comme par une illumination subite. Il courut à la sainte grotte d'Élie, où reposait la statue miraculeuse de la Vierge, se prosterna devant elle, lui adressa une ardente prière, et, se relevant, il prit la statue, l'emporta dans le pli de son scapulaire et revint-en Europe.-
On le vit aborder à Marseille. Il présenta à la France étonnée l'image de Notre-Dame du Mont-Carmel, et annonça le projet de promener partout cette divine solliciteuse, jusqu'à ce qu'elle eût obtenu la réédification de son couvent.
Ce fut pour l'Europe étonnée comme une apparition du moyen âge.
L'entreprise était gigantesque.
Il ne s'agissait de rien moins que de faire désavouer la conduite d'un pacha tout-puissant auprès du grand seigneur ; d'obtenir un acte de protection de la Porte, en faveur d'un monastère catholique ; de recueillir dans cette Europe qui détruit ses propres couvents, des sommes immenses afin d'en rebâtir un en Asie, de trouver un architecte, des ouvriers de toute espèce, des pierres de construction, des matériaux, du bois, de l'eau, sur une montagne où il n'y a rien
La statue de Notre-Dame du Mont-Carmel opéra ce miracle.
Sur les réclamations de la France, le sultan rétablit les carme: dans leurs anciens droits.
Le frère Jean-Baptiste se mit à parcourir l'Europe, portant avec lui son précieux trésor. Il ne sait que l'italien ; n'importe 1 avec cela, il ira à Paris, à Londres, à Vienne, à Berlin ; il sera accueilli dans les palais des souverains, chez les grands et chez les pauvres ; comblé de politesse et de présents.
Nos contemporains furent témoins de la merveille.
Pour le pauvre frère, les poètes faisaient des vers ; les premiers artistes, des tableaux ; les compositeurs, des morceaux inédits ; les romanciers, des réclames ; les grandes dames brodaient, organisaient des loteries et des concerts.
J'ai rencontré le frère Charles, compagnon et successeur du frère Jean-Baptiste, il m'a montré ses listes de souscriptions, et j'ai lu des noms bien étonnés de se trouver associés à l'oeuvre d'un religieux carme, comme celui de la reine d'Angleterre et du roi de Prusse; d'autres noms plus étonnés encore de leur rapprochement, M. de Rothschild et le primat de Hongrie, un cardinal et un curé de village, l'archevêque do Paris et Réchid-Pacba. Tous les pays, tous les rangs, toutes les religions viennent y rendre hommage à la Vierge du Carmel. Le roi de Prusse avait même ordonné qu'il fût accordé au frère Jean-Baptiste une place gratuite dans les diligences et sur les chemins de fer pour faciliter la quête dans ses États protestants
On prête différents miracles à Notre Dame du Carmel, y compris la victoire française de 1918 car l'offensive victorieuse fut conçue le 16 juillet 1918 après un dédicace du Maréchal Foch des armées au Sacré Coeur de Jésus.