Articles récents
Edith Royer et le Sacré Coeur de Montmartre
/image%2F1551417%2F20210617%2Fob_43e8a1_edith-royer.jpg)
Il y a six mois, le médium Reynald Roussel expliquait sur You Tube que l'existence du Sacré Coeur de Montmartre était due à Edith Royer (1841-1924). Le 21 juillet 1870 cette femme avait été inspirée à prier le Sacré Coeur. Le lendemain, elle voyait des éléments dramatiques qui attendaient l'Europe. Au moment des préliminaires de paix en 1871, Mme Royer vit un incendie mal éteint qu’on s’efforçait de rallumer avec un soufflet. Puis le Seigneur lui montra un malade atteint d’un ulcère au côté et dit: “L’opération est nécessaire. Je ne la ferai pas mais il me faut la laisser faire en détournant les yeux comme une mère qui ne pourrait voir souffrir son enfant. Ensuite je viendrai pour cicatriser la blessure, en laissant couler de mon Cœur comme un baume merveilleux." Tandis que la pieuse dame menait une vie austère de mère de famille (elle n'était pas encore entrée au couvent) il lui inspira en 1872 un projet de créer une Association de Prière et de Pénitence. Puis à Paray-le-Monial où il était apparu à Ste Marguerite Marie Alacoque (la religieuse qui avait gravé le nom de Jésus au canif sur son sein gauche) elle reçoit une purification et sera ensuite en dialogue avec cette sainte qui est à l'origine du culte du Sacré Coeur en France.
Roussel explique (sans citer sa source mais en précisant que cela ne vient pas de lui) que Madame Royer a eu l'indication surnaturelle du lieu où devait être érigée la basilique consacrée au Sacré Coeur à Paris par une croix bleue qu'elle vit apparaître au dessus de la butte.
Le culte du Sacré Coeur a peiné à s'imposer dans l'Eglise. Le pape Benoît XIV (pape de 1740 à 1758,) qualifiait cette dévotion d'idolâtrie et déclarait que "si l'on adorait aujourd'hui une partie charnelle de l'Homme-Dieu, on se prosternerait demain devant une autre : le saint Côté, les saints Yeux, etc. " (cf "Le Sauveur des Peuples" du 4 décembre 1864). Elle peine encore à rallier les âmes. Cependant les miracles eucharistiques récents dont l'étude scientifique montre qu'ils manifestent des cellules vivantes de sang directement issu du ventricule gauche voire de tissu musculaire cardiaque (Tixtla) relance la réflexion sur la légitimité des révélations de Ste Marguerite-Marie Alacoque.
Des nouvelles de mes travaux
Il semble que cette année, je ne publierai pas de livre. Après avoir écrit 150 pages sur la vue du RP Lacordaire, j'ai finalement suspendu ce travail en mai. J'avais pourtant à travers cette recherche abordé des sujets importants, sur les origines du catholicisme social, les question qu'il posait sur le droit de révolte, le rapport à la modernité, aux libertés publiques à la question sociale. C'était un bon support de réflexion sur le rapport de notre pays à son Eglise, la manière dont il gérait l'héritage révolutionnaire et celui de Napoléon. La façon dont Lacordaire avait approché la question, sa propre relation à toutes sortes de sujets épineux comme le clivage gauche-droite, la réhabilitation du Moyen-Age (à travers ses essais sur le Saint Siège, sur Saint Dominique), la philosophie grecque, les hérésies du romantisme, et même le magnétisme étaient source de nombreux enseignements. Qui plus est cela permettait de croiser des personnalités très intéressantes comme Sainte-Beuve, le vicomte de Melun, Mme Swetchine, ou Ozanam, qui avaient eux aussi leur façon bien particulière de prendre position sur tous ces sujets et qui l'exprimaient dans le joli style de leur époque. Ces gens qui se sont influencés les uns les autres, parfois soutenus mutuellement, parfois critiqués, ont contribué chacun à leur manière à enfanter un nouveau regard sur le passé et le présent de la religion, à lui définir une nouvelle place.
Même l'histoire de la restauration des Dominicains à la Sainte-Baume et son avis sur Marie-Madeleine avaient son intérêt au regard notamment de mon propre itinéraire sur le sujet que je raconte dans mon livre sur les médiums.
Mais finalement j'ai eu l'impression que ce travail était une impasse. Je ne saurais trop dire pourquoi. Même l'échange par courriel avec une étrange guide touristique de Saint-Maximin qui se disait admiratrice de Lacordaire m'a convaincu que mon travail, comme les précédents, ne trouverait de toute façon pas le public qui lui correspondait (les gens fonctionnent avec des schémas mentaux qui ne sont pas les miens, donc tout ce que j'essaie de leur dire tombe dans un puits d'incompréhension).
Par ailleurs diverses personnes ont pris contact avec moi avec qui j'ai été conduit à réexplorer les sujets à la mode du rapport de la physique quantique au monde invisible, la prétention qu'ont beaucoup, sous l'influence des mysticismes orientaux (comme avant eux Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger) à abroger la différence sujet-objet, réalité-représentation etc, à substituer a "méditation" inspirée au travail laborieux, autant de dérives qui ne sont pas du tout ma tasse de thé. Mais je ne crois pas avoir trop convaincu mes interlocuteurs soumis au Zeitgeist du moment.
Comme je ne suis pas obligé de publier quoi que ce soit, j'ai la chance de pouvoir préférer le silence plutôt que d'exposer des problématiques décalées par rapport à celles formatées les médias et l'ingénierie sociale de notre époque, je crois que, à part quelques billets sur ce petit blog, cette année 2021 sera finalement surtout, de mon côté, une année de silence.
A propos de Cioran
/image%2F1551417%2F20210604%2Fob_347a61_cioran.jpg)
Un correspondant m'écrit à propos de Cioran : "Dans ses veines coulait le sang des Bogomiles (des hérétiques gnostiques). Les Roumains ont subi l’influence de la latinité comme celle du monde slavophile. Il suffit de ne voir que son attrait pour Dostoïevski .Bog signifie Dieu dans les langues slaves. Cioran détestait Sartre qu’il rencontrait souvent au café de Flore durant la guerre où Sartre écrivait « l’être et le néant » Avec Sartre nous rencontrons vraiment le « nihilisme » C’est un gauchissement de la phénoménologie selon la pensée de Edmund Husserl. Cioran, dont le père était prêtre orthodoxe, prétendait avoir écrit le livre religieux de Roumanie avec des « larmes et des saints »... Il mettait ses amis en « recherche spirituelle » avec les personnes aptes à répondre à leur interrogation métaphysique. Pour vous donner un exemple, il amena son ami George Balan tourmenté religieusement (il fut un temps anthroposophe) à la rencontre de (l'existentialiste chrétien) Gabriel Marcel. A l’issue de l’entretien, Balan alla jusqu’à baiser les mains de Gabriel Marcel. Cioran est ambigu, pratique l’humour de dérision comme système de défense contre la douleur du monde Dans la lecture du livre de Tobie (ou Tobit), j’ai entendu cette semaine à la messe mercredi 2 juin : « ne détourne pas de moi ta face Seigneur car pour moi mieux vaut mourir que connaître tant d’adversités à longueur de vie ». Cela m’a fait penser à Baudelaire dans « Semper eadem » : « vivre est un mal c’est un secret de tous connu ». Pour en revenir à Cioran, son frère Aurel, aujourd’hui décédé, parlait d’une sensibilité mystique. Et disait : « il est tout à fait absurde de coller l’étiquette d’athée sur le dos de mon frère ». Cioran parle par exemple de Jacob Boehme dans sa correspondance avec Samuel Beckett.
Ma carrière professionnelle fut si incroyablement désastreuse que j'ai trouvé mon réconfort dans la lecture de Cioran. J’assistai aux obsèques de ce dernier en juin 1995 à l’Eglise roumaine des Saints Archanges où se trouvait le gratin littéraire de l’époque : François Nourricier, Gabriel Matzneff, Jean d’Ormesson, Jean Edern Hallier et bien d'autres Sans doute, je vous écris cela car j’ai l’esprit un peu noir moi-même. Cioran a cette citation : « l’histoire est l’histoire du mal ». C’est très juste."
Passage chez les Antoinistes
/image%2F1551417%2F20210527%2Fob_6756f0_antoine-2.jpg)
Le médium Reynald Roussel ayant dit sur YouTube récemment qu’il allait de temps en temps se recueillir chez les antoinistes (une "Eglise parallèle" de guérisseurs), cela m’a rappelé que Régis Dericquebourg, le préfacier de mon avant-dernier livre, avait enquêté sur leur compte. J’ai alors songé que pourrais peut-être moi aussi, leur rendre visite, et par exemple, puisque c’est une Eglise de guérison, leur soumettre une vieille tendinite que je traîne depuis des années. Je sais après mes expériences chez les médiums que ce genre d’aventure n’est jamais complètement « gratuit », il peut avoir des conséquences graves parfois, mais je n’aime pas vivre dans la peur, et puis j’ai tenté après tout des choses tout aussi périlleuses en février dernier lorsque je suis retourné voir en Béarn une magnétiseuse étrange qui avait été initiée chez les Tziganes…
J’ai donc saisi l’occasion de ma pause déjeuner pour me rendre en bus à l’église antoiniste de ma ville, qui se trouve dans un quartier un peu excentré.
Au bout d’une demi-heure, j’étais aux abords d’un bâtisse des années 1930 ou 50. L’affiche à l’entrée indiquait généreusement que l’église était ouverte tout le temps. Je pousse la porte, elle est fermée à clé. Un mot écrit en petit indique de sonner si tel est le cas. Je sonne. Au bout de deux minutes une voix féminine me répond : « C’est pourquoi ? » « Pour une guérison », dis-je. « Vous êtes qui vous ? » ajouta la voix désagréable comme une employée de la Sécurité sociale. « Je croyais que l’Eglise est ouverte à tout le monde » dis-je. « - Oui, c’est vrai mais je ne vous vois pas bien à la caméra. Pouvez-vous reculer svp ?
Bon, je vous ouvre, mais ça va prendre 5 minutes le temps que j’arrive. »
/image%2F1551417%2F20210527%2Fob_4b2ee8_pere-antoine.jpg)
Enfin la voix ouvrit. C’était une petite dame sexagénaire, au cheveux assez courts frisés. Plus aimable qu’à travers l’interphone, elle me dit « entrez frère », puis commença à m’expliquer : « J’habite dans la partie arrière du temple. Je suis officiante avec mon mari. On peut dire bonne sœur. Vous venez pour quoi ? une prière ? Attendez je vais mettre ma tenue d’officiante. Entrez là en attendant, voici un dépliant que vous pouvez lire. C’est la première fois que vous venez ? La salle de prière est là à gauche. Et là à droite il y a les deux pièces où l’on reçoit les gens ». J’entre donc seul dans la partie gauche où je suis censé me recueillir. Cela ressemble à un temple protestant. En style dépouillé. Il y a au mur un portrait du père Antoine, le fondateur du mouvement dans les années 1900, portrait un peu gauche, et un de sa femme, ainsi que des écriteaux dont j’ai oublié le contenu. Au bout de quelques minutes, la dame ouvre la porte. Elle est vêtue de noir avec une coiffe sombre. Elle me présente son mari qui revient des courses, du même âge qu’elle, enrobé, qui me dit deux mots de leur « culte ». Il me dit qu’ils acceptent toutes les religions. « Nous ne sommes pas une secte » ajoute-t-il. « Oui, dis-je, c’est bien spécifié sur Wikipedia, la Mivilude ne vous classe pas parmi les sectes ». « Oui, surenchérit-il, tout le monde est libre de faire ce qu’il veut ici, on ne demande rien. Mais attention à Internet, il y a à boire et à manger sur ce qu’ils disent sur nous. Donc, oui, on accepte tout le monde. On reconnaît que chaque prophète a été utile à son époque : Moïse, Jésus, Antoine pour notre époque ». « - Il était médium, non ? » « Oui, au début » insiste-t-il comme pour laisser entendre que son envergure avait dépassé celle d’un médium par la suite. « Vous croyez que Jésus est ressuscité ? » demandé-je à tout hasard. L’homme est embarrassé. « Qu’il est ressuscité… heum… non, enfin chacun croit ce qu’il veut, mais nous pensons que c’est un prophète" "- Vous pensez que c'est un prophète comme les Musulmans" fis-je. Il ne relève pas et reprend "Un prophète qui a aidé l’humanité à avancer à son époque, comme Moïse avant lui. D’ailleurs il n’a pas renié Moïse n’est ce pas. Après chaque époque a cru sur lui ce qui lui était nécessaire. Et puis tout le monde évolue. L’Eglise catholique elle-même aussi non ? » « Oui, et pas toujours en bien » dis-je (évidemment je situais parfaitement le propos de mon interlocuteur qui du point de vue chrétien est antéchristique, puisque selon a Bible est Antéchrist quiconque ne croit pas que Jésus est ressuscité, et cela rappelle l’évolutionnisme du Dr Rozier (voyez mon billet de 2017 là dessus).
/image%2F1551417%2F20210527%2Fob_b95b82_antoine-1.jpg)
La dame parut embarrassée de nous voir disserter de la sorte : "Oh ! moi pour un premier échange je ne dis jamais tout ça. Je suis plus terre à terre, plus pratique. Venez dans la pièce d'accueil (je ne sais plus comment elle appelait cette pièce) vous verrez les questions théoriques plus tard." On se retrouve dans une petite pièce avec là encore des portraits, des écriteaux. La dame fait préciser ce que je veux soigner. Je lui demande si je peux demander pour deux choses. Elle me répond "oh tout ce que vous voulez, vous pouvez même demander de gagner au loto. De toute façon le Père Antoine vous a pris dans son amour à partir du moment où vous avez franchi cette porte, maintenant vous allez voir il va se produire des choses étonnantes vous allez vois. Il y a une dame récemment qui est venue pour un cancer. Dans la foulée tout s'est combiné pour que ses rendez vous médicaux soient annulés et que tout s'arrange." Elle m'explique : "Je vais prier à voix haute. Mon mari, le frère officiant lui ne parle pas, mais moi je parle.
L'Eglise tient à l'anonymat pour que tout le monde se sente libre. Elle me demande quand même comment je les ai connus, ce qui me conduit à parler de mon livre sur les médiums.
Cela ne la fait pas réagir plus que cela. Elle me demande si je viens loin. Je dis le nom de mon quartier. Elle ne le connaît pas. Cela ne fait pas longtemps que le couple vit dans ma ville. Et l'église n'est ouverte en permanence que depuis juillet. Avant la dame a vécu à Auxerre, à Paris, à Valras, et même, toute petite, à Eaux Bonnes en Béarn. Elle a été comptable pour le magazine l'Express. "Vous avez été catholique ?" allais-je lui demander. "Oui" "- Vous avez donc quitté cette Eglise ?" "Non je ne l'ai pas quittée, je le suis encore différemment" allait-elle répondre. Chez les antoinistes on assume toujours le passé tout en le dépassant.
Mais pour l'heure elle fait la prière. Elle a dû briser un morceau d'anonymat en me demandant mon prénom. Donc devant la photo du fondateur elle dit "Voilà Christophe, qui n'est pas venu par hasard puisqu'il a cherché cette Eglise". Elle expose mon problème de tendinite. Puis termine sa prière avec "qu'il lui soit donné selon sa foi et son mérite". A la fin elle se tourne vers moi elle me dit : "Vous devriez aller voir une posturologue, pas une podologue, une posturologue. Comme on ne se connaît pas je ne peux pas vous en conseiller mais parmi les gens qui fréquentent le temple il y en a qui ont eu recours à ça". "C'est un message intérieur que vous avez reçu ?" demandé-je. "Je ne sais pas si l'on peut appeler ça comme ça, fait-elle, disons que ça m'est venu pendant la prière". Et comme elle a été aussi intuitive en songeant que j'avais peut être une jambe un peu plus courte que l'autre, elle ajoute "oh mais ici il n'est pas question de voyance, j'ai pensé à ça c'est tout".
Puis elle va me dire un mot sur leur Eglise devant une photo où l'on voit tous les temples de France (une trentaine peut-être). Leurs cérémonies, leurs prières. Il y a sept ou huit personnes qui y viennent régulièrement. Cela sent la religion sur le déclin. La dame, qui s'appelle Gabrielle je crois, dit qu'il n'y a pas assez de célébrants pour maintenir les temples ouverts. Comme j'ai demandé sur quoi portaient leurs lectures le dimanche, elle me montre deux livres noirs et un vert. Le vert est en vente. C'est la biographie "romancée" (précise-t-elle) du fondateur (ce culte de la personnalité fait vraiment penser au Cercle de Bruno Gröning. Les deux noirs sont les écrits du Père Antoine. Ils ne se vendent pas, mais les gens peuvent les avoir chez eux quand ils "montent" spirituellement en s'étant bien imprégné de l'esprit de leur Eglise. Voilà, elle me conseille de passer encore deux minutes en recueillement dans leur grande salle pour augmenter les chances de guérison. Elle insiste beaucoup sur leurs prochaines réunion de lecture, il y en a une ce soir si je veux. Trois ou quatre fois elle aura fait remarquer qu'on pouvait faire des dons mais que ce n'était pas obligatoire, qu'on était libre, même si enfin il fallait bien que l'Eglise vive, mais bon, de toute façon ils ne veulent rien savoir, tout est anonyme, donc soit on glisse dans la boîte aux lettres, mais ce n'est pas obligatoire.
Je suis parti en glissant discrètement 10 euros. Pas sûr que j'y retourne, sauf si ma curiosité de sociologue me poussait à vouloir en savoir plus sur les gens qui assistent aux lectures et aux "opérations" comme ils appellent leurs cérémonies dominicales. La tendinite est toujours sensible. Mais personne ne m'avait promis que je pourrais "gambader tout de suite comme un lapin" pour reprendre les mots de la dame.
"Ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos..."
/image%2F1551417%2F20210510%2Fob_ada78a_martinique.jpg)
Une dame originaire de la Martinique m'écrit ce matin : "Oh ! la la ! Les filles des Iles sont vindicatives...et très portées sur tout ce qui est magie. En Martinique, Guadeloupe..Haïti.. bref.. elles sont fortes...avec une mèche de cheveux, des vêtements...n'importe quels articles qui nous appartiennent....
A ma fille je disais de ne jamais accepter de boissons ni des mouchoirs.. des stylos...rien qui ne lui appartenait pas, de tout refuser ..mais vous savez les jeunes n'écoutent pas les parents...elles sont rebelles"
Les prophéties de Saint Païssios l'Athonite
/image%2F1551417%2F20210429%2Fob_c1c74a_saint-paisios.jpg)
Il y a quelque temps j'ai consacré deux ou trois billets aux prophéties sur Donald Trump, dont beaucoup ne se sont pas réalisées, ce qui a jeté un certain discrédit sur certaines formes de christianisme charismatique. C'est que les prophéties ont un statut ambigu au regard même de la Bible. Dans 1 Thessaloniciens 5:20-21 il est écrit : "Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses; retenez ce qui est bon", ce qui est un appel au discernement. Il arrive souvent que l'on repère plutôt des veines prophétiques, comme celles qui concernent le Grand monarque, qui peuvent entrer en contradiction avec d'autres, voire comporter des contradictions intrinsèques.
En ces temps de Covid, les prophéties sur les pandémies ont eu du succès dans toutes les religions. Par exemple la il y a peu la naturopathe New Age Irène Grosjean a attiré l'attention sur une prophétie de 1919 du chef amérindien Pte-San-Hunka, Joseph White Bull - Bison Blanc - (1849-1947), neveu de Taureau Assis concernant l'isolement des êtres, la manipulation des cerveaux et ce qui pourrait faire penser au transhumanisme et à une possible union des résistances.
Dans la mouvance chrétienne orthodoxe des chaînes américaines YouTube ces derniers temps se réfèrent à une prophétie qui vient tout droit du Mont Athos en Grèce. Cette prophétie qui anticipe sur la vaccination obligatoire après une pandémie se trouve sur ce site https://christianos777com.wpcomstaging.com/2020/04/17/άγιος-παΐσιος-♦-η-αρρώστιαπανδημία-ο/
"Maintenant, une maladie est réapparue, pour laquelle ils ont trouvé un vaccin qui sera obligatoire et, pour ce faire, ils vont le marquer du sceau... Plus tard, quiconque ne sera pas tamponné avec le numéro 666 ne pourra ni vendre, ni acheter, ni emprunter, ni être nommé, etc." "Le calcul me dit que l'Antéchrist avec ce système voulait attraper le monde entier et, quiconque n'est pas dans ce système, ne pourra pas travailler, ou autre. "Il sera imposé avec un système économique qui contrôlera l'économie mondiale, et seuls ceux qui auront accepté le sceau, le numéro 666, pourront faire du commerce." "Mais qu'arrivera-t-il aux gens qui seront marqués du sceau ?" "Ceux qui ne sont pas scellés feront mieux que les autres, parce que le Christ aidera ceux qui ne sont pas marqués du sceau." «Les événements nous attendent, mais ils ne dureront pas longtemps. "Autant que l'orthodoxie a été éliminée par le communisme, d'autres choses seront éliminées maintenant."
On notera aussi (voir vidéo ci dessous) que de son vivant Saint Païssios condamnait aussi l'usage de la carte de crédit comme une préfiguration de la marque de la Bête.
Ancien charpentier Saint Païssios l'Athonite est né Arsenios Eznepidis en juillet 1924, à Farasa en Cappadoce (Turquie actuelle). Il est s'est installé sur le mont Athos pour y devenir moine en 1949, à 25 ans, juste après sa démobilisation militaire (à l'issue de la Guerre civile). Il fit aussi un séjour au Sinaï dans les années 1960, et est signalé sur You Tube pour avoir eu une très belle vision intérieure de Jésus Christ. Décédé en juillet 1994, il a été canonisé le 13 janvier 2015.
Dans les années 1980-90, il avait frappé ses auditeurs par ses prophéties politiques alors qu'il disait ne pas dire les journaux. Oikonomou Alexandros, vice-amiral d'Athènes a témoigné (voir ici) avoir rencontré en mars 1994, le frère Païssios au monastère de Souroti. "J'ai été ému, se souvient-il, lorsqu'il m'a pris la main, et malgré la gravité de son état, il m'a dit ce qui suit: Vous ne devriez pas être triste et effrayé pour la Turquie. La Turquie va se désintégrer et, en fait, elle se désintégrera d'elle-même par les alliés. En Bosnie, elle deviendra un État musulman (il n'y en avait pas à l'époque), mais cela se retourné contre eux, car en conséquence un État kurde apparaîtra plus tard au cœur même de la Turquie ¨. L'Ancien, parce qu'il me voyait troublé d'entendre ces choses, me dit à nouveau: «Comme vous le savez, je ne lis pas les journaux, mais j'apprends ceux-ci d'ailleurs…» Témoignages de pèlerins Ancien Païssios Agioreitis 1924-1994, 2e édition, page: 412
C'était l'époque de la guerre de Yougoslavie. A ce sujet, le saint orthodoxe disait : c'est un produit du Vatican, ce sont les «bénédictions» du Pape, du «grand chrétien». Tout cela est déterminé par le sionisme international, le marché boursier international appelé Amérique. L'Amérique n'existe pas. Les sionistes sont l'Amérique, donc après avoir reçu les messages sataniques, ils les transmettent au Vatican, qui les transforme en plans et appelle ensuite l'Islam à les mettre en œuvre. C'est ainsi que fonctionnent les conceptions sataniques aujourd'hui. Ils ont réussi et capturé nos dirigeants. Notre seul espoir est en Dieu. Vous aussi, vous devriez vivre une vie chrétienne, car je vous le dis de manière responsable - et vous le verrez -. Ce qui brûle actuellement dans les Balkans continuera. Ce sera le point de départ par lequel Dieu, à sa manière, libérera les chrétiens et les ramènera à leur ligne. Et Byzance reviendra. Et savez-vous pourquoi? Parce que les peuples européens seront réunis. Qui les guidera? Personne ne le sait. Seulement nous gardons la foi orthodoxe. Témoignages de pèlerins Ancien Païssios le Mont Athos 1924-1994 , volume 1, page 66
Pour mémoire à l'époque on expliquait comment des agences comme Ruder Finn dans la destruction de l'image des Serbes auprès de l'opinion publique juive américaine (voir l'enquête du journaliste français Jacques Merlino).
Le Frère Païssios était convaincu d'une victoire à terme des puissances orthodoxes : un agrandissement de la Grèce à l'Epire à la Macédoine, la récupération de Byzance et même de la Cappadoce. "Y aura-t-il une guerre mondiale? L'OTAN frappera-t-elle les Polonais, les Tchécoslovaques et les Biélorusses et les Allemands avec les Russes? », lui demandait-on. Il répondit: «Tout le monde quittera les Russes et partira avec les Juifs d'Amérique. Les Russes les brûleront » (Prophéties et enseignements du moine Païssios, Page: 443)
/image%2F1551417%2F20210429%2Fob_0b6c1c_cosmas.jpg)
Sur la récupération de Constantinople et de l'Asie Mineure, se référant à la la prophétie de Saint Cosmas d'Etolie (1714-1779) : les Russes - la race blonde - redonneraient la ville aux Grecs. Dès le début des années 1980, Saint Païssios évoquait la fin de l'URSS qui n'avait que 70 ans de vie pour elle (Témoignages de pèlerins Ancien Païssios du Mont Athos 1924-1994 , volume 1, page 140).
Les prophéties de Saint Païssios avaient aussi attiré l'attention au moment du Brexit, car 20 ans plus tôt , de son vivant, le moine avait déclaré que l'Union européenne serait détruite par les Britanniques et les Américains, «car ils sont une seule nation et travaillent ensemble. "Ils disent : que se passe-t-il ici? Hitler lève-t-il encore la tête? Et c'est comme ça qu'ils vont le dissoudre ." »
Le quiz du mois
/image%2F1551417%2F20210421%2Fob_36824a_naked-with-maks-17-september.jpg)
(1) Depuis la Christelle Laffin, de Madame Figaro, aucun journaliste ne m'a jamais plus interviewé sur les médiums. Pourquoi ?
(2) M. Prolongeau écrit sur la nudité, puis sur les chamanes (et le spiritisme) ; la rabbine Horvilleur écrit sur la nudité, puis sur nos rapports avec les morts ; Christophe Colera écrit sur la nudité puis sur les médiums - pourquoi ce schéma commun à ces trois auteurs ?
(3) Pourquoi le possédé dans l'Evangile (Marc 5,1-20) qui ne supporte pas les vêtements vit-il dans les cimetières ?
Madame Swetchine selon Sainte Beuve
/image%2F1551417%2F20210416%2Fob_1d5912_71-rue-saint-dominique.jpg)
Je le disais il y a quelques jours : je travaille sur la vie de Lacordaire. J'en suis à l'année 1832, ce qui me conduit tout naturellement à croiser le nom de Mme Swetchine, qui devint à ce moment là sa confidente. Bien qu'ayant lu, comme tous les quinquagénaires français de notre époque, dans ma jeunesse Hugo, Balzac et Musset, j'avoue que trente ans au contact de la barbarie de notre époque m'ont rendu si étranger au XIXe siècle que je le trouve maintenant aussi exotique dans son style et dans ses émotions qu'une tribu de papou à l'autre bout du monde. Voilà pourquoi je dois procéder avec prudence dans ma façon de l'aborder. Mais j'ai heureusement la liberté de pouvoir m'y prendre comme je veux, en empruntant n'importe quel truchement, n'importe quelle porte d'entrée : personne ne me lit, mais personne ne me fait non plus grief de rien. Donc agissons comme bon nous semble.
Le commerce avec Lacordaire m'autorise donc à faire un détour par le salon de Mme Swetchine qui se trouvait rue Saint Dominique (et non rue de Bellechasse comme le prétend sa fiche Wikipedia, il est étonnant qu'il y ait tant de petites erreurs dans cette soi-disant encyclopédie de référence), au numéro 71 dont vous voyez la photo ici à gauche. Comment visiter ce salon ? Avant d'en faire le tour, je préfère m'intéresser à celle qui l'organisait. Et pourquoi, pour ce faire, ne pas commencer par le point de vue sur elle de celui qui est réputé avoir porté le regard le plus méchant à son sujet ? D'après l'éditeur de ses oeuvres, le comte de Falloux, le plus incisif sur son compte fut le célèbre critique Sainte-Beuve (ce qui n'est pas la première fois). J'ouvre donc ses Nouveaux Lundis sur Gallica.
/image%2F1551417%2F20210416%2Fob_920584_swetchine.png)
Il y a eu une mode pour Mme Swetchine, précise Sainte-Beuve, lancée en 1860 par les éditeurs Vaton (rue du Bac) et Didier (quai des Augustins). Avant d'en dire ce qu'il en pense, il sacrifie au rituel biographique. Mme Swetchine avait, nous dit-il grandi en Russie dans le goût de la culture française et le commerce du célèbre aristocrate exilé Joseph de Maistre et de ses idées. Sous son influence elle quitta "la communion grecque que nous appelons schismatique". Cette conversion la poussa à 34 ans à s'installer à Paris, en 1816.
Sainte-Beuve la décrit ainsi "elle n'avait pas de beauté : petite, les yeux légèrement discordants, la pointe du nez kalmouke, mais avec cela une, physionomie qui exprimait la force de la vie et la pénétration de l'intelligence. Son mari, de vingt-cinq ans plus âgé, le général Swetchine, vivait à côté d'elle, complètement étranger à sa sphère d'activité. Elle n'avait jamais eu d'enfant. Son esprit vif, aiguisé, subtil, sa fermeté et son élévation de caractère, un certain art suivi de serrer les liens et de rattacher sans cesse les relations de société à des convictions et à des espérances d'un ordre supérieur, créèrent son ascendant sur tout ce qui l'entourait et l'approchait : son influence peu à peu s'organisa. Cela dura quarante ans."
Le critique précise que son salon se distinguait des autres en Europe par son orientation très "théologique" catholique, et il ajoute qu'ayant commencé à le fréquenter en 1831 il n'aurait pas cru qu'il serait aussi célèbre qu'il devint.
J'avoue que j'apprécie beaucoup chez Sainte-Beuve le côté tranchant de ses vues, même si comme Saint Simon sous Louis XIV il manque de charité. Quand il s'interroge sur la vie amoureuse de Mme Swetchine, il répudie la version officielle du comte de Falloux qui a "l'élégance vague, celle du beau monde et des salons", il révèle une clé profonde de sa conversion : "Mme Swetchine a eu un orage de jeunesse : elle avait inspiré une grande passion au comte de Strogonof, un des hommes les plus aimables de la Russie, et elle l'avait ressentie elle-même." Son mariage avec le général Swetchine était un mariage forcé. Falloux le dissimula, comme il cacha les plagiats de Mme Swetchine dans ses oeuvres.
Les lettres de Mme Swetchine éditées par Falloux, nous dit Sainte-Beuve, révèlent une âme ardente. Il compare son caractère à celui de sa correspondante grecque demoiselle d'honneur du tzar, Mlle Roxandre. Pour lui Mme Swetchine a quelque chose de moins policé, de plus sauvage, qu'il rattache aux steppes barbares.
Ayant épousé la religion avec passion à 19 ans, elle y transposa son ardeur. Du coup, se souvient-il quand il la rencontra en 1831 (il avait 27 ans) "Les premiers mots qu'elle vous disait, et par lesquels elle croyait vous honorer, concernaient votre croyance et l'état de votre âme". Il dit qu'il entendit souvent sa vieille amie, Rowandre devenue comtesse Edling se plaindre de ce qu'elle était devenue plus froide avec les années. du fait de leurs différences religieuses. Selon Sainte-Beuve, il y avait dans le salon de Mme Swetchine une rigidité spirituelle qui ne permettait pas de s'y sentir à l'aise. Dans un salon, selon lui, il faut qu'il puisse y avoir des jeux de l'esprit, donc des petites divergences, pour pouvoir plaire à telle ou telle dame. Il n'appréciait pas être dans une ambiance où la maîtresse des lieux condescendait à vous accueillir, à deux pas de sa petite chapelle où elle avait placé son saint sacrement et où elle allait s'édifier après vous avoir reçu. Ce salon où les dames passaient avant de se rendre au bal "sous l'aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opèrera", n'était pour lui qu'un "cercle religieux, une succursale de l'église, un vestibule du paradis, une maison de charité à l'usage des gens du monde", pas un salon français (p. 250).
Tout en reconnaissant qu'il n'est jamais parvenu à l'aimer (p. 253) il y reconnaît "une nature de femme très-rare et très distinguée, qui fait le plus grand honneur au monde aristocratique où elle a vécu"
Si on voulait construire un "champ" des salons littéraires français de l'époque, on pourrait s'inspirer de la comparaison que Sainte-Beuve propose avec le salon de Mme Récamier, que Mme Swetchine avait rencontrée à Rome en 1824. Elle était à l'Abbaye au Bois où les religieuses louaient des appartements, avait cinq ans de plus qu'elle. M. Ballanche était dépêché par le salon de Mme Récamier auprès de celui de Mme Swetchine en début de soirée pour y prendre des nouvelles. Chateaubriand régnait sur le premier salon et de Maistre sur le second. Il y avait plus de coquetterie chez Mme Récamier qui avait été plus jolie que Mme Swetchine. Chez Mme Récamier on "était exposé tout au plus, par politesse et bonne grâce, après quelque matinée délicieuse de lecture, à faire un article sur Chateaubriand ; chez Mme Swetchine, avec de l'assiduité, on pouvait être conduit un jour ou l'autre à un acte de foi et de dévotion ; on courait risque d'être d'un sermon prié ou d'une abjuration, ou de quelque agape mystérieuse à la chapelle" (p. 230)
Le salon de Mme Swetchine connut un renouveau en 1848. Car comme l'a remarqué Bacon "les grands coups de tonnerre en politique ramènent les hommes au pied des autels". Sainte-Beuve loue la hauteur de vue et la justesse que le christianisme lui permirent d'avoir pendant cette révolution. Il les compare à la force de caractère avec laquelle elle fut prête en 1834 à suivre son mari dans un exil intérieur en Sibérie sur ordre du tsar (un ordre qui ne fut pas maintenu). Il regrette cependant son défaut de jugement quand elle approuve l'idée de Lacordaire selon laquelle le bref du pape aux évêques de Pologne peut être comparé par sa modération aux suppliques de Priam pour récupérer le corps d'Hector ou quand elle compare Lamennais à Clorinde.
Sainte-Beuve sans admettre qu'elle puisse être un classique reconnaît à Mme Swetchine une distinction d'écrivain. Son traité sur la vieillesse, "est la gageure chrétienne la plus poussée que j'aie vue contre la nature" écrit-il p. 244 Elle y fait l'éloge de toutes les tares des vieux. Certaines trouvailles sont ingénieuses mais cela va trop loin.
"Ces femmes d'une éducation si parfaite, d'une culture si élaborée, ont beau avoir tout l'esprit possible ; il y a un moment où elles forcent le ton, et la vendeuse d'herbes du marché aux fleurs leur dirait plus sûrement qu'à Théophraste : "Vous n'êtes pas d'ici." Il trouve son propos sur la vieillesse plus juste dans son traité inachevé sur la Résignation où elle distingue la résignation chrétienne du fatalisme musulman et du quiétisme hindou. En introduisant du surnaturel dans cette vertu, elle se fait "fille aînée de M. de Maistre et fille cadette de St Augustin". Pour finir, même s'il redit l'avoir admirée sans l'aimer, il reconnaît en elle "une nature de femme très-rare et très-distinguée, qui fait le plus grand honneur au monde aristocratique où elle a vécu".
En post scriptum, Sainte-Beuve parce que son avis nuancé sur Mme Swetchine lui avait attiré les foudres d'un certain Roger de Sezeval dans la revue catholique "Le Monde" du 20 avril 1862 a ajouté une anecdote triste montrant un Monsieur Swetchine devenu idiot et faisant sonner sa montre tout le temps, et son épouse le lui confisquant "à titre de mortification" de sorte que le vieil homme passait son temps à la rechercher. Falloux a contesté la véracité du fait après contre-enquête auprès du valet. Mais Sainte-Beuve réfute le valet.
Le regard de Sainte-Beuve est un peu distant, mais semble-t-il assez équilibré, je crois que c'est une bonne première approche du personnage, qui permet de cerner son salon catholique, et comprendre son influence pour Lacordaire, qui pourtant n'était pas un homme de salon.