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Recension du livre "Le Secret de Mélanie falsifié"
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Recension initialement destinée à être publiée sur le site Parutions.com auquel j'ai occasionnellement collaboré jadis et donc adaptée à son lectorat, mais je viens d'apprendre que ce site est désormais archivé et suspendu. Je la publie donc ici.
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Paul-Etienne Pierrecourt, Le Secret de Mélanie falsifié
Editions Pierrecourtoises 2022 / 19 € / 254 pages
ISBN : 978-2-9581145-9-6
FORMAT : 21 X 15 cm
Une page d’histoire religieuse
Au XIXe siècle, l’opinion publique catholique française s’est passionnée pour les secrets livrés par une apparition de 1846, celle de Notre Dame de La Salette, dans l’Isère, à deux jeunes bergers, Mélanie Calvat et Maximin Giraud. Les milieux catholiques en attente d’une restauration des Bourbons y étaient particulièrement sensibles car dans les révélations de la Sainte Vierge, il était question, disait-on, du futur Grand Monarque, ce qui émut au premier chef le comte de Chambord, prétendant au trône. Si d’autres secrets, ceux de Notre-Dame de Fatima, ont quelque peu éclipsé au XXe siècle ceux de La Salette, ceux-ci rencontrent un regain d’intérêt aujourd’hui dans les cercles traditionalistes, en ces temps où les tribulations de la mondialisation réveillent les anticipations apocalyptiques et où le Pape accueille au Vatican des idoles pré-colombiennes. Notre Dame sur les contreforts des Alpes n’a-t-elle pas en effet annoncé que Rome ne serait bientôt ni plus ni moins que le siège de l’Antéchrist ?
Dans un petit livre d’enquête récemment publié, l’écrivain musicien Paul-Etienne Pierrecourt entreprend d’écrire une nouvelle page de la saga de ce secret, à la manière de Sherlock Holmes, en s’appuyant sur un constat troublant : si en 2002 chez Fayard le père Michel Corteville (qui avait consacré sa thèse de doctorat au sujet) et l’abbé René Laurentin s’étaient fait l’écho de la découverte en octobre 1999 de la soi-disant toute première rédaction du secret confié par la Saint Vierge aux deux bergers (une lettre remise au Pape Pie IX en 1851), des éléments peuvent laisser sérieusement croire que ce document serait un faux. Selon la voyante Mélanie, en effet, il comportait la date d’un événement prophétisé, alors que le papier de 1999 n’en porte pas ; il mentionnait aussi un reproche au clergé absent du nouveau manuscrit ; toujours selon des souvenirs rapportés par Mélanie et d’autres témoins d’il y a plus d’un siècle le secret tenait en trois grandes pages, celui de 1999 n’en fait que deux petites etc. Il s’agirait donc d’un faux.
A qui profite le crime ? se demande alors Pierrecourt avant de pointer du doigt le cardinal Ratzinger futur Benoît XVI, alors préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi (ex-Saint Office) dont il dénonce pêle-mêle le modernisme à l’époque du concile de Vatican II, et une supposée allégeance au culte du dieu païen Pan (dont nous avions nous-même dans notre livre Le Complotisme protestant contemporain rappelé l’importance dans l’occultisme classique et dans la pop-culture crowleysienne anglo-saxonne des années 1960-70), allégeance manifestée selon l’auteur par une image sur sa mitre d’intronisation, et qui renvoie à une possible prise de pouvoir des francs-maçons (voire de leur volet le plus sataniques, version Illuminati…) à la tête de l’Eglise moderne (une thèse très répandue de nos jours, voir par exemple Infiltration du youtubeur catholique texan Taylor Marshall, aux éditions Crisis), ce qui vérifierait après-coup la prédiction de Notre Dame de La Salette sur le siège de l’Antéchrist.
Sans être nécessairement d’accord avec toutes les thèses qui sous-tendent le regard de l’auteur sur le sujet qu’il aborde (notamment en ce qui concerne le rôle du judaïsme dans l’avènement de l’Antéchrist, qui part d’une lecture contestable du livre de l’Apocalypse et fait l’impasse de la spécificité de la tribu de Dan dans l’économie de la dictature de l’Impie), on reconnaîtra à ce travail de recherche beaucoup d’érudition et de précision dans l’argumentaire, ainsi qu’une indépendance d’esprit salutaire qui ne peut manquer de ranimer les discussions aujourd’hui à tort censurées sur la véritable nature de l’Eglise catholique contemporaine et sa capacité à garder les âmes de ses fidèles dans les enseignements du Christ.
Précision sur Diana Vaughan
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Dans mon livre intitulé "Le complotisme protestant contemporain" (eds L'Harmattan), j'ai écrit en note de bas de page, j'écrivais : « En 1893, la presse française se perdait en polémiques autour d’un article du journal La Croix de Reims à propos des messes noires de la loge maçonnique "La Regénérée". Son existence, ainsi que celle de complots de grande envergure impliquant les Républicains et Bismarck aurait été dévoilée par une certaine Barbe Bilger, fille adultérine du comte Calvé (et à ce titre demi-sœur de la cantatrice Emma Calvé qui fut liée à l'abbé Bérenger Saunière, et à la saga occultiste de Rennes-le-Château), et par une Diana Vaughan rivale de la médium Sophie Walder (dite Sophie-Sapho), prétendue fille du pasteur suisse devenu anabaptiste Philéas Walder puis disciple du franc-maçon américain Albert Pike (« palladiste », et luciférien). Cette série de pseudo-révélations qui passionna les milieux catholiques s’avéra n’être qu’une vaste supercherie inventée par un libre penseur Léo Taxil qu’il finit par révéler en 1897. Elle discrédita pour trente ans l’Union anti-maçonnique fondée par le pape Léon XIII qui avait appuyé ses dires (cf Le Radical 21 avril 1897. Le Figaro 16 septembre 1932) ».
Je tiens à préciser qu'un chercheur chrétien, Paul-Étienne Pierrecourt, dans "De La Salette à Diana Vaughan, ou le "siège de l'Antéchrist" dévoilé" " (Éditions Saint-Rémi) soutient que Diana Vaughan a réellement existé. Il avance comme argument le fait que l'ex-médium palladiste avait publié, avant sa conversion, et qu'un témoignage d'Alfred Pierret, son éditeur, évoquait sa rencontre avec Mme Vaughan, témoignage qui dans la version papier figurait à partir de la p. 704 de la version scannée, laquelle l'a remplacé par des publicités.
La supercherie n'est donc pas forcément où l'on croit...
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D'où maître Philippe de Lyon tenait-il ses dons ?
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L'étrange ancienne avocate Elisabeth de Caligny racontait (en minimisant ce qui pouvait faire passer le personnage pour sulfureux) en 2020 l'aventure du thaumaturge Maître Philippe de Lyon, aide charcutier devenu avec l'aide de Papus (le docteur en médecine Philippe Encausse) le confident de la famille impériale russe juste avant Raspoutine.
Il y a pourtant des éléments qui peuvent laisser penser qu'il les tenait d'une entité recommandable. Tout d'abord son aveu dans une interview : « Je n'ai jamais compris et je n'ai jamais cherché à m'expliquer mon propre mystère. J'avais six ans à peine, et déjà le curé de mon village s'inquiétait de certaines manifestations dont je n'avais pas conscience et me disait " Petit, tu as dû être mal baptisé, car le diable me paraît être ton maître." » Divers éléments tirent l'histoire du côté des forces obscures. Son mariage fortuné, ses liens avec le martinisme et l'hermétisme, sa pratique du spiritisme (avec le fantôme d'Alexandre III) à la cour des tsars, la mort précoce de sa fille qui fait penser à l'existence d'un pacte funeste : "De nombreuses personnes assistèrent à l’enterrement. M. Philippe a dit qu’il avait sacrifié sa fille, qu’il s’était enlevé le droit de la guérir et qu’elle était partie pour aplanir le chemin." dira son ami Alfred Haehl.
Et cependant il n'en demeure pas moins que tous les commentateurs que j'ai lus voient en lui un brave homme, et il est indéniable qu'il a beaucoup aidé les gens. Gil Blas l'a comparé à Antoine le Guérisseur. Mais les gens qui le défendent ne disent pas toute la vérité. Par exemple Papus prétend qu'il n'a jamais pratiqué le magnétisme, mais en 1885 il fut nommé directeur de la succursale de Lyon de l'Ecole pratique de magnétisme et de massage (certes Alfred Haehl précise que son magnétisme n'était pas "canonique"). Certes il pousse les gens à ne pas mentir, et à croire en la Vierge Marie, mais est-ce suffisant pour garantir son orthodoxie chrétienne ? Il condamnait les sociétés secrètes, mais ses amis en faisaient partie. Est-il vrai qu'avant même son arrivée au monde, le curé d’Ars prédit à sa mère que son enfant allait devenir « un être très élevé » et qu'un prestigieux starets en Russie le reconnaissait comme son égal ?
Se peut-il que ses dons viennent d'une "source bonne" à l'origine mais qu'ils aient pu par moments être pervertis ? Jacques Marcireau dans son Histoire de l'occultisme écrit : "entre 12 et 22 ans, reçoit les confidences d'un sorcier qui a découvert ses dons". Qui était ce sorcier?
La Sainte-Baume à La Bouille
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A l'église Sainte Marie-Madeleine de La Bouille (Normandie) se trouve un vitrail de Jules Boulanger qui représente de bas en haut la rencontre du Ressuscité avec Marie-Madeleine, l'arrivée de cette dernières aux Saintes Maries de la Mer, et sa présence à la Sainte-Baume.
En 1986, Denis Lavalle, conservateur général du patrimoine, expliquait que ce verrier du XIXe siècle s'inspirait de la Renaissance normande.
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La première pierre de l'église, construite à la place d'une chapelle où Blanche de Castille se serait rendue en pèlerinage, fut bénie le 22 juillet 1423 ainsi que l'indique la note qui précise :
« Le 22 juillet 1423 , une pieuse cérémonie amenait un grand concours à la Bouille. Tous les gens de Caumont, de Moulineaux et les voisins des hautes terres, avec les habitants de la plaine boisée qui s'étend devant ce bourg, étaient là réunis dès six heures du matin pour assister à la bénédiction de la première pierre d'une église. Ils avaient mis tous les habits du dimanche, car le seigneur de la contrée les honorait de sa visite. Messire Jacques-Antoine marquis d'Etampes, vicomte de la Ferté-Imbault et baron de Mauni, seigneur et patron de la Bouille, qui dotait le pays d'une nouvelle église, était attendu avec impatience, et avec lui Monseigneur Jean de la Rochetaillée, lors archevêque de Rouen.
« Leur arrivée avait été fixée pour neuf heures du matin, mais onze heures avaient sonné au beffroi de la vieille chapelle qu'ils n'étaient pas encore là, et déjà des cris de mécontentement se faisaient entendre du milieu de la foule impatiente ; tout à coup ces clameurs font place aux accents joyeux de la multitude, les cris de : Noël ! Noël ! répétés par mille voix, frappent l'écho des carrières; une voiture magnifiquement empanachée traverse au pas les rangs serrés du peuple, portant l'archevêque et ses chapelains, et avec eux le noble et magnanime seigneur quo toute la contrée avait appris à révérer et à bénir.
Messire d'Etampes tendit la main au prélat à la descente de la voiture, et la cérémonie commença au chant du Veni Creator.
« A deux années de là,1425, il y avait encore grand concours à la Bouille, mais, hélas I ce n'était plus un jour de fête : le bienfaiteur du pays, le fondateur de l'église, Messire de la Ferté-Imbault était mort, et avec lui sa générosité et sa bienfaisance.
« Conformément à ses désirs, on rapportait sa dépouille glacée dans l'église qu'il avait entrepris do bâtir, et que la mort seule l'avait empêché d'achever. On croit que son corps fut mis dans un caveau près do l'autel du sanctuaire, y attendant en paix le grand jour du Seigneur.
« L'église de la Bouille fut ceinte d'une litre ou ceinture noire, sur laquelle sont peintes les armes des marquis d'Etampes, seigneurs et patrons du lieu, ayant droit de nomination à la cure. »
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L'ouvrage est resté inachevé jusqu'au XIXe siècle, et tombait en ruine dans les années 1860. Le sculpteur Albert Lambert (1847-1917) participa à la construction du clocher en 1863. Avant 1880 (date de la fermeture de son atelier selon mes informations (et non pas vers 1890 comme indiqué ici), l'église fut dotée de ses vitraux de Boulanger (au moment de ce récit pittoresque où le jeune écrivain parisien et bientôt gendre de Pasteur, René Vallery-Radot dresse dans les colonnes du Temps du 16 septembre 1879 un portrait de deux vieilles filles pieuses de la famille des notaires de la bourgade, les Flairac).
Le 15 août 1906 Lady Laura Zohrab, épouse italienne d'un général égyptien retraité à Paris, y chanta l'Ave Maria de Gounod en présence des châtelains des environs.
Outre Marie-Madeleine, Sainte Clothilde et... Saint Hermès, sont les patrons de cette petite église...
Joseph Dejacque et Ste Marie-Madeleine
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Un extrait de la lettre de l'anarchiste à son maître Proudhon, datant de 1857, et écrite de Louisiane, intitulée "De l'Etre-Humain mâle et femelle" :
"J'aimerais à voir traitée de cette question de l'émancipation de la femme par une femme ayant beaucoup aimé, et diversement aimé, et qui par sa vie passée tînt de l'aristocratie et du prolétariat (...) Cependant à défaut de cette autre Madeleine répandant les fécondes rosées de son coeur au pied de l'humanité crucifiée et battant de l'âme vers un monde meilleur, à défaut de cette voix de civilisée repentie, croyante de l'harmonie, fille anarchique, à défaut de cette femme abjurant hautement et publiquement tous les préjugés de sexe et de race, de lois et de moeurs qui nous rattachent encore au monde antérieur, hé bien moi être humain du sexe mâle, je vais essayer de traiter envers et contre vous Aliboron-Proudhon, cette question de l’émancipation de la femme qui n’est autre que la question d’émancipation de l’être humain des deux sexes. "
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Cette lettre semble avoir du succès dans les milieux féministes anarchistes de notre époque (voyez par exemple sa lecture à haute voix ici).
Ceux qui auront lu mon livre sur Lacordaire, notamment le passage où je traite de la restauration du sanctuaire de la Sainte-Baume, comprendront mieux sa signification et ses origines, qui sont tout à fait transparentes à mes yeux.
En disant qu'il préfèrerait voir la question de l'émancipation des femmes traitée par une femme idéale qui tînt du prolétariat et de l'aristocratie, Dejacque ne fait que reprendre l'objectif de la secte des saint-simoniens, secte très influente surtout à partir des Trois Glorieuses, qui, lorsqu'elle s'est instituée en Eglise, chercha à trouver cette femme idéale qui pourrait elle seule dire la vérité au genre humain, et, par là-même, le libérer. La femme messianique cette Eglise la chercha en France, puis elle n'hésita pas à envoyer une délégation au sultan de Constantinople pour aller la chercher en Egypte ! Dejacque se fait l'héritier de ce mythe.
Chose très intéressante, Dejacque l'imagine tout de suite sous les traits de Sainte Marie Madeleine. J'ai expliqué que le XIXème siècle en effet associe Marie-Madeleine non seulement à l’adultère, mais aussi à cette citation de l’Evangile : « Ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé » (Luc 7 :47), c'est pourquoi sous sa plume "femme ayant beaucoup aimé", entraîne tout de suite l'expression "cette autre Madeleine", et tout le développement sur le repentir qui est inversé (puisque c'est des péchés de la civilisation qu'elle se repent et non des siens propres). Déjà en 1830 l’épouse d’un des deux « papes » de la secte saint-simonienne faisait référence à une prédication d’un de ses prêtres fondée sur Marie-Madeleine pour justifier l’appel à ce qu’une femme libérée vînt dicter les nouvelles mœurs de la société. Et l'on retrouve cet imaginaire chez l'académicien catholique libéral - catholique de gauche, révolutionnaire - (dans sa jeunesse) mais en fait panthéiste Victor de Laprade (1812-1883) qui avait publié les Parfums de Madgeleine en 1839. L'identification de l'humanité crucifiée à Jésus vient du "génial" (pour reprendre le mot de Marx) socialiste Pierre Leroux (ex-saint-simonien), qui, lui aussi, s'était appuyé sur Luc 7 :47 dans un article du premier numéro de la Revue Indépendante qu'il avait fondée avec George Sand, dans un article justement consacré à l'égalité homme-femme. Leroux voulait instaurer une religion de l'Humanité, réalisation sur Terre du projet de Dieu.
Autrement dit on trouve dans ce passage de Joseph Dejacque une sorte de condensé de l'association Madeleine-Libération des femmes telle que construite par la tradition socialo-saint-simonienne au cours des trente années qui ont précédé son écriture.
Joseph de Maistre et l'Age d'Or (des Nephilim)
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A la différence des Lumières, Joseph de Maistre estimait qu'à l'origine étaient le Savoir et non l'ignorance, et c'est pourquoi l'humanité fut balayée par le Déluge. Cela se trouve dans sa Cinquième Soirée de Saint-Pétersbourg :
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Voilà qui évoque l'Age d'Or, et cette révélation du Livre d'Henoch selon laquelle les Veilleurs avaient donné aux humains un savoir caché.
Comme je l'ai indiqué dans mon livre sur les Nephilim, Jacques Devîmes, dans Nouvelles recherches sur l’origine et la destination des pyramides en 1812, un homme qui jugeait Swedenborg "digne de la plus grande Confiance" (p. 57) parce qu'il situait des signes de conservation des savoirs anté-diluviens en Tartarie, croyait aussi à cette époque de savoir supérieur :
"Ce fut encore vers ces temps que les enfans qui étaient provenus du mariage des vaillans avec les filles des hommes, et qui par cette raison participaient à la puissance de leurs pères, tels que Membrod , Og, les Goliath, Osymandué , et tous ceux enfin dont parlent les anciens historiens , tant sacrés que profanes , et dont Hérodote, Pausanias et Pline , disent qu'ils ont vu dans un lieu de l'Egypte, appelé Litris, un grand nombre de squelettes qu'on voyait à découvert, et dont les os qui étaient rangés sur la terre chacun à sa place, tels qu'ils sont dans l'habitude du corps humain, étaient d'une grandeur démesurée.
Ce fut dans ces temps, dis-je, qu'on vit s'élever la tour de Babel, le colosse de Rhodes, cette foule d'obélisques qui couvraient l'Egypte et la Lybie (sic) , toutes ces villes et ces temples si magnifiques que le temps a détruits, parce qu'ils étaient l'ouvrage d'une puissance secondaire de géans, naturels, matériels, tandis que les Pyramides ont été l'ouvrage des Nephilim, ou géans d'une substance spirituelle.
Cette première période, depuis la création jusqu'au Déluge, a dû être et a été en effet la plus fatale au genre humain, parce que les esprits, malins, jouissant de toute l'étendue de leur puissance, ont dû employer tous les moyens possibles pour tenter, séduire, et pervertir une créature que l'éternel s'était plu à former, et pour l'entraîner dans leur propre chute (...)
Combien n'avons-nous pas à regretter d'être privés des ouvrages qui auraient pu nous transmettre les détails de l'histoire de ces temps, tels que le livre de Jaschar, les guerres de Jéhova,le livre des Justes, et les Enoncés prophétiques qui sont tous cités par Moïse et Josué. Que d'événemens extraordinaires, que de choses nous paraîtraient aujourd'hui inconcevables, et qu'il serait intéressant pour nous de voir les efforts de l'enfer chercher à réagir contre la puissance de l'Etre suprême, de connaître les prodiges que ces fameux géans ont dû opérer pour fasciner l'intelligence humaine, et insulter de nouveau à la divinité ?"
Selon Ferraz, l'idée d'une grande connaissance et d'un grand crime des hommes avant le déluge, De Maistre la tenait de l'Illuminé panthéiste Saint-Martin. J'ai retrouvé dans "Le ministère de l'homme-esprit" p. 250 une référence à leurs crimes mais pas à leurs connaissances.
"Qu'on se rappelle la prévarication du premier homme, dont les suites ont été un changement absolu pour lui, t et l'ont fait passer de la région de la lumières à demeure ténébreuse que nous habitons qu'on se rappelle les abominations de sa postérité jusqu'au déluge et qu'on juge par l'immensité des coupables que ce déluge a engloutis, combien de crimes énormes ont été dérobés par notre connoissance".
Si l'on en croit l'abbé Barruel, tout cela aurait un rapport avec les rosicruciens.
De Maistre à l'origine de l'ultramontanisme
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Je n'y ai peut-être pas assez insisté dans mon livre sur Lacordaire, mais l'ultramontanisme vient tout entier de Joseph de Maistre dont Marin Ferraz jadis résumait ainsi la thèse :
"Sans doute les souverains ont tout intérêt à gouverner d'une manière équitable. Néanmoins il leur arrive parfois, sous l'influence de leurs passions, de se porter à de tels excès que leur, sujets se demandent ce qu'ils doivent faire en présence d'une tyrannie aussi monstrueuse. Ils se sont partagés sur ce point entre deux systèmes nettement tranchés. L'audacieuse race de Japhet, toujours avide de liberté, a chassé les princes qui prétendaient la tenir sous le joug, ou bien elle a opposé à leur puissance des lois restrictives. L'immense postérité de Sem et de Cham a pris à leur égard un tout autre, parti Faites ce que vous voudrez, leur a-t-elle dit quand nous serons las, nous vous égorgerons. De Maistre a le bon goût de préférer le système de l'Europe à celui de l'Asie et de l'Afrique mais il juge pourtant qu'il n'est pas sans difficultés. C'est pourquoi il pose ce qu'il appelle le problème européen de la manière suivante Comment peut-on restreindre le pouvoir souverain sans le détruire ? On a bientôt dit : il faut une constitution, il faut des lois fondamentales. Mais qui les fera exécuter ? Celui-là, corps ou individu, sera plus puissant que le souverain, il sera le souverain lui-même et on n'aura aucune garantie contre l'abus qu'il pourra faire de son autorité. Si on est mécontent, on sera réduit à s'insurger contre lui. Or, c'est là, suivant de Maistre, un remède pire que le mal. Il devrait donc y avoir dans le monde quelqu'un qui pût, dans certains cas, dispenser les citoyens du devoir d'obéir à leurs princes. Or, qui aurait plus d'autorité pour le faire et pourrait le faire avec moins d'inconvénients que celui dont la puissance offre le caractère à la fois le plus général et le plus humain ? La puissance dispensante devrait être la puissance papale. Son intervention serait tout aussi naturelle que celle de la multitude et elle aurait infiniment moins de dangers. Il est naturel, en effet, que l'autorité religieuse prenne parti pour les opprimés, et elle ne peut manquer de le faire avec une prudence et une circonspection dont ceux-ci ne sont pas capables. A l'appui de cette théorie, notre auteur développe des considérations (...), sur le rôle que les papes ont joué au moyen âge, et s'attache à montrer qu'il a été extrêmement favorable soit au respect de là justice, soit au progrès de la civilisation".
Mon dernier livre "Henri Lacordaire (1802-1861)"
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Vient de paraître chez L'Harmattan mon dernier livre "Henri Lacordaire (1802-1861), Forces et faiblesses d'un combat pour un renouveau chrétien". Il peut être commandé directement chez l'éditeur, chez un libraire de votre ville, sur une plateforme de vente quelconque en ligne (Amazon, Fnac etc).
Ce livre prolonge certaines interrogations (sur les magnétiseurs, sur la Sainte-Baume etc) ouvertes par mon livre de 2017 sur les médiums.
Voici la présentation de la quatrième de couverture :
Célèbre orateur sous la Monarchie de Juillet et la Seconde République, que le Tout-Paris se pressait pour entendre à la cathédrale Notre Dame, Lacordaire aura joué un rôle de premier plan pour réconcilier l’héritage catholique médiéval et la modernité laïque libérale héritée de 1789, dans un siècle progressiste et romantique partagé entre besoin de religiosité, nostalgie médiévale, humanisme néo-païen et confiance en la science.
Le présent ouvrage retrace l’itinéraire original de ce restaurateur de l’Ordre des Dominicains en France, initialement promis à une brillante carrière d’avocat, en le resituant dans le contexte des luttes politiques et philosophiques de son époque. Il examine les paradoxes de son engagement, ses succès pour le retour de l’Eglise dans une culture française déjà largement déchristianisée, mais aussi certains dangers des compromis qu’il passa avec les modes de son temps (comme la pratique du magnétisme ou la dévotion à Sainte Marie-Madeleine).
PS : Pour les gens qui habitent dans le Nord-Ouest de la France, je précise qu'une librairie à Rouen a décidé de le prendre en dépôt, il s'agit de La Procure, 20 rue Percière. Vous pouvez bien sûr pousser les libraires près de chez vous à le prendre en dépôt également, et à faire de même pour d'autres livres que j'ai écrits, l'éditeur ne fournissant guère d'efforts en la matière.