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Articles récents

Quelques bons conseils de Saint Jean Climaque

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Parmi les suggestions intéressantes du moine hésychaste syrien St Jean Climaque (VIIe siècle), je trouve ceci (L'Echelle sainte 725D) : "Selon la nature de nos passions, discernons à qui nous devons nous soumettre. Si tu es porté à la luxure, choisis un entraîneur ascète qui ne fasse aucune concession quant à la nourriture, plutôt qu'un thaumaturge qui serait toujours prêt à accueillir des hôtes et à les restaurer. Si tu es d'un naturel hautain, choisis le plus accommodant, et non pas doux et indulgent. Ne recherchons pas ceux qui sont doués de prescience et de prévision mais plutôt ceux qui sont parfaitement humbles et qui seront mieux qualifiés, tant par leur caractère que par leur lieu de résidence, pour guérir nos maladies".

On peut noter ici le lien intéressant qui est tracé entre luxure et nourriture : le remède à la première, c'est le jeûne. Un autre lien inattendu aussi : le don de faire des miracles est associé à la disposition à accueillir des gens (à la charité). Or comme souvent dans l'hésychasme, ce versant n'est pas particulièrement valorisé - malgré tous les débats que cela a suscité dans le christianisme oriental, de saints moines ont soutenu jusqu'au bout que celui qui a réussi à vaincre ses sens retournerait en arrière s'il abandonnait son ascèse solitaire pour retourner vers les pauvres : évidemment le précepte ne vaut que pour ces ascètes là, mais c'est quand même dans l'absolu une mise en garde contre l' "autrisme" comme dirait Mattei.

Autre point intéressant, valable pour tous, le fait que même chez les moines il était déconseillé de se précipiter vers ceux qui avaient des dons surnaturels, notamment des donc prophétiques, parce que cela pouvait soustraire à une certaine dynamique de l'humilité.

Je trouve aussi dans Jean Climaque des avertissements à ceux qui se satisferaient trop d'avoir une bonhommie naturelle, et aussi à ceux qui seraient trop impatients de progresser spirituellement. Ainsi en 725B il qualifie de "cénobites frelatés" ceux qui recherchent le jeûne le plus strict ou encore "la prière sans distraction", la "libération de la vaine gloire" ou "une chasteté surhumaine". "L'adversaire leur persuade de rechercher tout cela avant le temps, écrit-il, pour les empêcher de l'obtenir en temps voulu par leur persévérance". Voilà qui consolera par exemple ceux qui ne parviennent pas à réciter leur chapelet sans penser à autre chose (même si bien sûr l'absence de distraction doit rester l'objectif à terme).

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Mon article "nudité et spiritualité" dans la revue "La Vie au Soleil"

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur, #Christianisme, #Publications et commentaires, #Histoire des idées

Dans la revue "La Vie au Soleil" de mai 2022, je publie un article d'une page qui rebondit sur mon enquête consacrée aux médiums publiée en 2017 et pose quelques questions sur le rapport entre nudité et sorcellerie, nudité et ascèse etc. Il est accessible in extenso en cliquant sur ce lien.

 

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Encore une image bien triste du monde des massages

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Massages, #Médiums

Hélas, à chaque fois que j'essaie de comprendre ce qui se passe, sur le plan spirituel dans les instituts de soin et de bien-être, je tombe sur des réalités bien peu reluisantes. Je vous avais raconté en 2019 (voyez ici) mes découvertes que j'avais faites trois ans plus tôt sur une réflexologue normande. Le plus drôle est que la Radio chrétienne de France n'avait pas hésité à faire la promotion des activités de cette personne, ce qui m'avait persuadé de donner quelque publicité à l'interview que j'avais faite d'elle en 2016. Une responsable d'une antenne locale de cette radio, au profil très bourgeoisie de province, chef d'entreprise etc, aux idées progressistes (et surtout narcissiques), quand je lui avais fait remarquer les dangers qu'il y avait à confier ses pieds, ses réseaux énergétiques à quelqu'un qui voit des esprits autour de vous, et entretient un commerce avec eux, avait tenté de se faire pardonner en me promettant de m'autoriser à parler sur ses ondes de mon expérience auprès des médiums, puis, elle avait rompu cette promesse en prétextant qu'elle avait déjà trop de travail à couvrir les élections européennes et un événement culturel local : mettre l' "actu" la plus périssable au dessus du sort des âmes qui se perdent dans les instituts de bien-être et de beauté, voilà qui est bien peu chrétien et qui en dit long sur le niveau de corruption morale des médias liés aux institutions catholiques en ce moment.

J'ai tenté à nouveau hier un salon de massage de bien-être, voulant absolument ne pas pouvoir être taxé de dogmatisme : je veux toujours savoir en quoi le corps peut "malgré tout", malgré sa chute, être connecté au divin et manifester quelque chose de lui, sans se compromettre avec des entités invisibles suspectes. Je croyais avoir choisi une praticienne respectable, qui affichait d'ailleurs son diplôme professionnel. Avant la séance, j'ai parlé avec elle de mes déconvenues chez les énergéticiens de tout poil. Comme les médiums, les masseurs de bien-être (qui ont arraché aux kinés en 2021 le monopole du terme "massage"), modeleurs et réflexologues sont toujours prompts à critiquer leurs collègues trop "perchés" ou mal inspirés, mais, au bout de quelques minutes, on comprend assez vite qu'on reste avec eux toujours dans le même univers (le même cercle de l'enfer). Cette dame, ancienne éducatrice, remplie visiblement de très bonnes intentions à l'égard de son  prochain, n'a en effet pas hésité à me parler de son background spirituel. "J'ai connu, me dit-elle, le versant sombre du monde invisible à travers le reiki que pratiquait mon mari et qu'il a fini par utiliser aussi contre moi de la façon la plus pernicieuse qui soit. Mais en même temps j'en ai connu le côté lumineux à travers le maître spirituel de mon mari qui m'a aidé à sortir de cette manipulation". Puis la dame précise encore : "Parfois moi aussi je suis sur le point de percevoir des esprits autour de quelqu'un, mais je dis 'stop' pour que cela n'influence pas ma pratique. Et puis j'ai un esprit qui me protège". Et puis "on dit que j'ai des mains qui rendent heureux, j'ai peut-être un peu de fluide comme tout le monde" (cela m'a fait penser à cette masseuse dans le Sud-Ouest qui m'avait expliqué qu'elle avait reçu son fluide dans son enfance en fréquentant des femmes gitanes - et même en se faisant plus ou moins "confisquer" par elle, loin de ses parents : elle avait appelé son officine "les mains du bonheur"... cela promettait un "bonheur" des plus suspects).

Quand on connaît un peu le monde des magnétiseurs et de ceux qui pratiquent le monde invisible on sait ce que cela veut dire : cette dame, exposée à la sorcellerie, croit en être sortie avec l'aide d'un maître de reiki, mais, ce faisant, elle doit maintenant ses "protections" à une entité qu'elle croit bienveillante, mais qui lui dicte ce qu'elle doit penser (voyez le cas de ce médium spirite qui en 2020 reconnaissait que son "guide" dans le monde invisible ne lui laissait guère de liberté). Voilà entre les mains de qui l'on remet son âme quand on va se faire masser, et ce sans le savoir le plus souvent, car, à moins de parler avec le praticien/la praticienne ouvertement de magnétisme, il est très rare que celui-ci ou celle-ci vous accorde des confidences de ce type. En un sens ce n'était pas une surprise pour moi, simplement la confirmation de ce que je sais depuis des années, et que j'aurais pu aussi bien déduire du mandala que la masseuse glissait à côté de son nom sur la vitrine de son salon, ou du tatouage sur son bras, si je m'étais laissé aller à l'étudier (un jour je vous parlerai des tatouages qui relient à l'au-delà).

Quand une masseuse vous confie ce genre de chose (et c'est souvent poignant car vous touchez là non seulement à ses malheurs affectifs, mais aussi à tout ce qui "structurellement" va la conduire à la perdition), vous ne pouvez ni tenter de la convertir à brûle pour point (ce serait contreproductif) ni vous enfuir en courant. J'ai donc subi la séance avec elle malgré tout. Bizarrement j'ai prié beaucoup d'un bout à l'autre. J'étais inspiré à le faire, sans doute à titre de protection. A la fin la dame était bien moins cordiale qu'avant la séance. Peut-être a-t-elle perçu que mes "chakras" ne s'ouvraient pas à son "fluide", que quelque chose en moi résistait aux sortilèges de mes mains (ma "protection" à moi, qui, elle, n'a rien à voir avec les entités du deuxième ciel). Ou peut-être son "protecteur" lui a-t-il inspiré de mauvaises idées à mon sujet (j'ai connu une ancienne occultiste qui se persuadait que je causais des poltergeist chez elle, et une chamane convaincue que j'avais des "entités négatives" qui l'agressaient à chaque fois que je tentais de lui parler du christianisme). En tout cas dans ce salon de massage nous étions une fois de plus bien loin de Dieu et du salut qu'il nous promet à travers le message biblique et l'institution de l'Eglise. On était au désert, dans un monde où les gens recherchent un "bien être" que les entités (entités héritières des Nephilim) qui s'expriment dans les mains de ces dames si bien intentionnées mais si perdues spirituellement sont bien incapables de donner...

Le matin-même avant cette séance j'avais reçu le livre de Françoise Bonardel "Prendre soin de soi, Enjeux et critiques d'une nouvelle religion du bien-être", un mauvais livre très prétentieux qui mêle en les mettant sur le même plan des philosophies occidentales souvent peu compatibles entre elles (Platon, Hegel, Nietzsche, Heidegger), du bouddhisme etc, mais qui a au moins le mérite de rappeler qu'on ne peut attendre aucune élévation spirituelle d'une démarche de recherche du bien-être (à travers les massages, le yoga, l'hypnose, le Taï-Chi etc) que les gens n'utilisent qu'au service de leur égo pour se détendre, rester productifs (faire face à leurs responsabilités sociales etc) : il n'est de bonne spiritualité qu'au delà de l'égo, et contre lui...

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Un livre boycotté

10 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Publications et commentaires

Un livre boycotté par les institutions catholiques (notamment par les dominicains) :

 

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Ambroise de Sienne

8 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Sainte-Baume

A propos de l'arbre dominicain, nous avons déjà évoqué, concernant Ste Catherine de Sienne, le bienheureux Ambroise de Sienne (Frater Ambrosius de Sansedonids Senensis), représenté  dans le choeur de l'église de St Maximin sous le règne de Louis XIV par le frère convers Vincent Funel. Dans la génération qui avait précédé Funel, le prédicateur dominicain Paul Garra avait composé une vie d'Ambroise de Sienne,de même que le dominicain gênois Agostino Alessi en 1623. Ils avaient été précédés dans cette œuvre vers 1500 par Sébastien Flaminius. On s'intéressait beaucoup à Ambroise de Sienne au XVIIe siècle semble-t-il puisqu'en 1623 le dominicain Louis Marissal, natif de St Omer (mort en 1637) avait aussi traduit un "Tableau des vertus et miracles du B. Ambroise de Sienne et du B. Jacques Salomoni vénitien de l'ordre des Frères Prêcheurs", ouvrage publié à Mons (Flandres). Ambrogio est aussi représenté à Sienne dans un tableau de Ventura Salimbeni (début du XVIIe siècle), et quelques années plus tard un tableau de Raffaello Vanni.

Nous avons vu dans le précédent billet que ses reliques étaient dotées d'un pouvoir d'exorcisme selon les habitants de Sienne.

Issu de l'illustre famille de Sansedoni/Saint Sidoine (dont on peut voir encore le palais dans sa ville natale), il naquit à Sienne en Toscane le 16 avril 1220. Il était atteint d'une grave malformation congénitale : les bras collés au corps, les jambes aux cuisses, le visage sombre et disproportionné. Cette malformation lui valut d'être tenu à l'écart de sa famille chez une pieuse nourrisse, mais un pèlerin avait dit à celle-ci “Femme, ne cache pas le visage de cet enfant, car un jour il sera la lumière et la gloire de cette ville”.

Il en fut guéri dans l'église dominicaine de Sainte Marie-Madeleine.  Les petits Bollandistes : vies des saints. T. III, racontent ainsi sa guérison :

"Il y avait dans cette église une chapelle pleine de reliques, devant lesquelles elle allait prier pour la santé de l'enfant. Bientôt elle remarqua, ainsi que les religieux et les voisins, que quand elle se mettait dans un autre endroit de l'église, l'enfant pleurait toujours, et qu'il ne disait rien tant qu'elle demeurait dans la chapelle. Un jour que la nourrice sortait de l'église, l'enfant se mit à pleurer extraordinairement et à tourner le visage du côté de la chapelle avec de grands efforts. Les religieux et les assistants, étonnés, obligèrent la nourrice de retourner à la chapelle. Dès qu'elle y fut, l'enfant tira des langes ses mains et ses bras, jusque-là collés au côté, et, les élevant vers le ciel; invoqua trois fois, d'une voix très distincte, le nom de Jésus. A ce miracle, accoururent les personnes qui savaient combien l'enfant était contrefait. Les religieux font ôter les langes, et l'enfant commence à étendre les jambes, jusqu'alors collées aux cuisses son visage, jusqu'alors si sombre, commence à devenir tout serein et à resplendir de beauté, à la grande admiration de tous les assistants. La nouvelle d'un si grand miracle causa une joie extrême, non-seulement à la mère de l'enfant, mais à tous les habitants de Sienne tous firent des prières et des aumônes pour en bénir Dieu."

A trois ans il retourna vivre dans sa maison familiale (qui n'était pas encore le palais qu'on connaît aujourd'hui) et fut gratifié de vertus chrétiennes pendant toute son enfance :

"Dès que le petit enfant voyait un livre, il voulait l'avoir pour le feuilleter, comme s'il y entendait quelque chose, à tel point que sa mère ne pouvait dire devant lui ses heures de la sainte Vierge; car, si on ne lui donnait pas le livre, il se mettait à pleurer, même toute la nuit; dès qu'il l'avait entre les mains, il était content. Le père fit faire deux petits volumes avec des images, l'un de personnages du siècle, l'autre de personnages de religion, pour voir si c'étaient les figures ou les lettres qui faisaient plaisir à l'enfant. Il lui présenta d'abord le volume avec les images du siècle l'enfant refusait de les voir. Il prit au contraire un grand plaisir à regarder le volume des images religieuses, mais plus encore les lettres que les images. Il apprit promptement à lire. Sa plus grande joie fut dès lors de lire et d'entendre les psaumes, que sa mère avait coutume de réciter dans son office de la sainte Vierge. Dès l'âge de sept ans, il le récita lui-même chaque jour. Il n'avait encore que sept ans, qu'il se prescrivit une forme de vie très parfaite car, dès lors, il commença à dire tous les jours le petit office de Notre-Dame, à jeûner les veilles de plusieurs saints, et à se lever à minuit pour étudier leur vie. Etant plus âgé, il fit paraître une inclination merveilleuse pour assister les pauvres pèlerins, et il obtint même permission de son père d'en loger cinq, tous les samedis, dans un appartement qu'il avait fait meubler exprès. Il allait les attendre à la porte de la ville, et les amenait à la maison, où, après leur avoir fait beaucoup de caresses, il leur lavait et baisait les pieds avec une humilité et une tendresse admirables. Le lendemain, il tes menait entendre la messe, leur faisait visiter les lieux de dévotion de la ville, et enfin, quand ils étaient près de partir, il leur donnait une bonne aumône. Tous les vendredis il allait aux prisons consoler ceux que leurs crimes ou leurs dettes y tenaient renfermés. Les dimanches, après Vêpres, il se rendait à l'hôpital pour y servir les malades" (Petits Bollandistes op cit)

Il prit l'habit de Dominicain à l'âge de 17 ans malgré l'hostilité de ses parents et des tentations diaboliques de renoncer. Le diable lui apparut même sous les traits d'une jeune fille : " il se fit voir au milieu d'un bois, sous la figure d'une jeune fille d'une beauté ravissante, qui implorait son assistance; mais le saint jeune homme, découvrant le piège caché sous ces artifices, se munit l'une et l'autre fois du signe de la croix, et aussitôt ces spectres et ces fantômes disparurent."

Il fut envoyé à Paris pour y faire ses études (St Thomas d'Aquin est son condisciple), et après y avoir reçu son diplôme de bachelier, il alla à Cologne en 1248 étudier encore la théologie sous la direction d'Albert le Grand. Il contribua aussi à la conversion de la Hongrie dans les années 1260.

"On vit plusieurs fois, durant ses sermons, le Saint-Esprit descendre sur lui en forme de colombe et se reposer sur sa tête ce qui donna une telle autorité à ses paroles, que les pécheurs les plus endurcis étaient touchés de componction, et que les plus opiniâtres lui remettaient leurs intérêts entre les mains et se réconciliaient avec leurs ennemis. "

Sienne l'ayant rappelé car elle était frappée d'interdit pour avoir soutenu l'empereur Frédéric II , elle l'envoya vers le Pape Clément IV pour faire la paix avec le Saint Père et restaura les études théologiques dans la Ville Sainte. Il fut encore envoyé une seconde fois à Rome sous le Pontificat de Grégoire X (1271-1276) et obtint une seconde fois la réconciliation de sa patrie avec le saint Siège.

Son image de faiseur de paix était célèbre. Il disait que la vengeance était un péché d'idolâtrie "attendu que la vengeance appartient à Dieu seul, et que, par conséquent, celui qui se venge usurpe la place de Dieu".

"Un jour, malgré toutes ses exhortations, un homme de Sienne s'obstinait à ne point pardonner. Alors le Saint lui dit « Je prierai pour vous. Je n'ai que faire de prières, répliqua durement le vindicatif a. Le Saint ne laissa pas de faire pour lui la prière suivante " Seigneur Jésus-Christ, par la très-grande providence et sollicitude que vous avez sans cesse pour le genre humain, je vous prie d'interposer votre puissance dans cette vengeance projetée, et de vous la réserver, afin que tous connaissent que la punition des offenseurs n'appartient qu'à vous seul, et afin que la sensualité n'empêche point la connaissance de votre justice ". Ambroise enseigna publiquement cette prière aux peuples, les exhortant à la dire pour ceux qu'ils trouveraient obstinés à ne point pardonner les injures. A l'heure même que le saint homme faisait pour lui cette prière, le vindicatif se concertait avec ses amis et ses parents pour ne point faire de paix ni écouter Ambroise. Mais la prière du juste fut plus puissante. Tout à coup cet homme si dur se sent pénétrer de componction, toutes les raisons du saint homme lui reviennent à la mémoire, il passe deux jours sans presque ni manger ni dormir. Enfin il vient avec ses amis trouver le bienheureux Ambroise, pour le prier de faire la paix entre eux et de lui pardonner sa faute. "

Il refusa les prélatures que le Pape lui offrit, et finit sa vie saintement comme prieur du couvent de Camporegio à Sienne.

Sa prédication demeura toujours très populaire et entraîna des conversions profondes, alors qu'il était pourtant d'un naturel timide. Parfois, quand il prêchait, il lévitait et un cercle de gloire, dans lequel voletaient des oiseaux au plumage brillant, l'entourait, disent ses hagiographes.

A 66 ans, à Sienne, prononçant un discours contre l'usure, sa véhémence fut telle qu'une artère se rompit "ce qui lui fit rendre beaucoup de sang par la bouche. Le lendemain, le sang s'étant arrêté, il voulut continuer le même sermon; mais la veine se rouvrit, et il vomit une telle abondance de sang, qu'il vit bien que sa fin approchait." Il put quand même se confesser une dernière fois et mourut le 20 mars 1286 ou 1287, ce qui lui valut d'être inscrit au martyrologe. A ce titre il peut être considéré comme un des grands militants de la lutte contre le capitalisme et la financiarisation de l'économie, comme l'Eglise en compta tant avant de glisser sur la pente du modernisme.

La dévotion à son corps fut immédiate et les guérisons prodigieuses autour de son sépulcre furent immédiates. Immédiatement, avant même l' approbation épiscopale (9 mai 1287), les frères de Camporegio avaient ordonné l'enregistrement notarié des miracles attribués à son intercession (une trentaine d'actes dressés entre le 13 avril et le 9 juillet 1287 attestent d'événements surnaturels, vingt-huit à Sienne et deux à Bolsena) : un précieux dossier récemment étudié par la médiéviste Odile Redon (1936-3007) - cf O. Redon, Una famiglia, un santo, una città. A. S. e Siena, Une famille, un saint, une ville. AS e Siena , édité par S. Boesch Gajano, Rome 2015.

Le pape Honorius IV travailla à sa canonisation et chargea quatre religieux d'enquêter sur sa vie ; quoiqu'il ne pût l'achever (car il est mort en 1287) on fit néanmoins sa fête à Sienne ailleurs. Il n'a jamais été canonisé, on ne sait pourquoi. Au XVIe siècle, le chroniqueur Antoine de Portugal l'attribue à la négligence de l'Ordre dominicain à promouvoir les talents de ses moines : "Laboratum est interdum ut inter divos referretur, sed quae nostra solet esse in rebus cunctis decus ordinis concernentibus neligentia et socordia, minus quam fuerat nessitarium".

Les dominicains célèbrent la fête du bienheureux Ambroise en octobre, à l'occasion de l'anniversaire de sa béatification. On peut voir sur YouTube la messe célébrée par le cardinal Paolo Lojudice en son honneur le 20 mars 2022 au Palais Sansedoni.

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Catherine de Sienne exorciste

8 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Extrait de Histoire de sainte Catherine de Sienne et de sa famille religieuse / par la T. Rde M. A. T. Drane, T. 1 (1892) -- p. 171 et suiv

 La légende en anglais de Sainte Catherine raconte à ce sujet le trait suivant. Il y avait à Sienne un notaire, nommé Ser Michel di  Monaldi. C’était un homme pieux et honnête qui avait résolu de consacrer ses deux filles au service de Die dans le couvent de Saint-Jean-Baptiste. Les religieuses de ce couvent suivaient la règle de saint Augustin et se consacraient à l’éducation des jeunes filles. Monaldi ôtait un des bienfaiteurs de leur communauté, dont il gérait du reste les affaires temporelles. Ce fut donc avec Joie que les religieuses reçurent ses deux enfants pour les élever jusqu’à l’âge où elles recevraient l’habit religieux. « Les deux petites filles étaient depuis peu de temps  au couvent, lorsque l’une d’elles, Laurentia, se trouva, par un secret jugement de Dieu, possédée d’un esprit malin. Tout le couvent en fut troublé et l’on s’empressa de faire venir Michel Monaldi pour lui rendre sa fille. Lorsque l’enfant fut revenue chez son père, l’esprit malin proféra par sa bouche les choses les plus étonnantes et répondit à plusieurs questions obscures et difficiles. Il révéla en outre les vices cachés et scandaleux de plusieurs personnes, à leur grande confusion et, chose étrange, il s’exprimait correctement en latin. Le père et la mère de Laurentia, d’autres de ses parents n’épargnèrent rien pour la soulager. Ils la conduisirent en pèlerinage à divers sanctuaires de la ville où l’on vénérait les reliques de quelques Saints ; ils la menèrent en particulier à la tombe du B. Ambroise de Sienne, de l’Ordre de Saint-Dominique, à qui Dieu avait accordé pendant sa vie un si grand pouvoir sur les démons que le simple attouchement de son manteau ou de son scapulaire suffisait souvent à délivrer les possédés. Laurentia fut donc couchée sur cette tombe bénie, et tandis que l’on plaçait sur elle les saintes reliques, ses parents suppliaient avec ardeur Notre-Seigneur, par l’intercession du Bienheureux, d’avoir pitié de leur enfant. Mais Dieu en avait disposé autrement dans son infinie sagesse, et, bien qu’ils n’eussent aucun péché à se reprocher, il n’exauça pas leur prière. Toutefois, le Seigneur inspira à quelques-uns de leurs amis de leur suggérer la pensée de conduire leur fille vers Catherine. Les parents de Laurentia firent d’abord conjurer la Sainte de venir de tout son pouvoir au secours de l’enfant. Mais Catherine répondit qu’elle les suppliait de ne pas lui demander d’intervenir dans cette affaire, ayant, disait-elle, assez à lutter pour son propre compte contre les esprits mauvais. Accablés de douleur par le triste état de leur innocente petite tille, les parents de Laurentia n'admirent pas cette excuse et portèrent l’entant chez Alexia Saraceni où demeurait alors Catherine. Ils entrèrent s ans prévenir pour qu’elle ne pût les éviter. La Sainte essaya cependant de sortir par la fenêtre, mais n’y pouvant. réussir, elle se cacha de façon qu’on ne put la trouver. Après avoir vainement tenté d’arriver jusqu a elle, car elle avait formellement interdit à ses compagnes 4e chercher à l’influencer dans cette affaire, les pauvres Parents se rendirent chez le Père Thomas della Fonte, e t le conjurèrent d’obliger Catherine, par obéissance, à garder Laurentia auprès d’elle pendant quelque temps. Père, touché de leur douleur promit de les aider; mais, sachant bien que s’il faisait lui-même la proposition l’humilité de Catherine ne manquerait pas de lui opposer un refus, il eut recours à un stratagème. <( Le soir, à l’heure où Catherine sortait tous les jours, ,e père conduisit chez Alexia la petite possédée et la laissa dans la chambre de la Sainte, après avoir recommandé aux Tertiaires qui étaient là de dire à Catherine, u son retour, qu’en vertu de l’obéissance il lui ordonnait de garder l’enfant auprès d’elle jusqu’au lendemain matin. En rentrant, la Sainte demanda qui avait introduit Laurentia dans sa chambre. Sur la réponse que c était le Père Thomas délia Fonte et qu’il lui était enjoint de la garder près d’elle, elle ne résista plus et se mit aussitôt à prier. Elle lit agenouiller l’enfant et lui r commanda de s’unir à sa prière. Elles passèrent toute m nuit à lutter ainsi contre le mauvais esprit qui, vers le matin, se vit contraint, par la force de la foi et de la Prière, de quitter Laurentia, sans lui faire aucun mal.

Aussitôt, Alexia courut chez le Père Thomas délia Fonte lui porter la bonne nouvelle, et celui-ci, tout heureux, alla chercher le père et la mère de l’enfant et les introduisit dans fa chambre de Catherine, où ils pleurèrent de joie à la vue de leur fille délivrée enfin du démon, et glorifièrent le Seigneur d’avoir donné un tel pouvoir à son humble épouse. « Catherine, cependant, savait que l’esprit du mal n’avait pas quitté définitivement la petite Laurentia, et pria ses parents de la lui laisser encore un peu de temps. Ils y consentirent volontiers, et la Sainte se mit à instruire la pauvre enfant, lui recommandant surtout de prier sans relâche. Elle lui défendit en outre de sortir de la maison avant que ses parents vinssent la reprendre. Laurentia obéit docilement. Tout ceci, nous l’avons dit, se passait chez Alexia Saraceni. Or, Catherine ayant eu besoin de retourner à la Fullonica, elle confia l’enfant aux soins d’une servante. Le soir, après une journée entière passée dans sa propre demeure, où l’avaient retenue des allaires urgentes, elle pria Alexia qui l’accompagnait de lui donner son manteau pour s’en retourner avec elle. Celle-ci lui représenta qu’il était fort lard et qu’il n’était guère convenable que des femmes et surtout des religieuses, fussent dehors à cette heure avancée. « O Alexia, reprit la Sainte, il faut bien que nous retournions chez vous, car le méchant loup va me reprendre mon petit agneau ». Elles trouvèrent en effet Laurentia toute changée, le visage enflammé et l’esprit troublé. A cette vue, Catherine s’écria: « Horrible suppôt de l’enfer, comment as-tu osé rentrer dans cette pauvre innocente ? J’espère bien de la bonté de mon miséricordieux Sauveur et Seigneur, que tu en sortiras cette fois pour n’y plus rentrer». Elle emmena Laurentia dans sa chambre et se remit à prier. L’esprit du mal tint bon, et Catherine ne remporta la victoire que vers la quatrième heure de la nuit. Alors, vaincu par les prières de la Sainte et par la puissance que Dieu lui avait donnée sur les esprits infernaux, le démon lui dit : « S’il faut que je sorte de cet enfant, j’entrerai en toi ». « Si tel est le bon plaisir de Dieu, sans la permission de qui tu ne peux rien, répondit Catherine, que Notre-Seigneur me garde de m’opposer en rien à sa divine volonté ». Terrassé par cette parole si humble, si soumise, l’esprit d’orgueil perdit tout pouvoir sur l’enfant. Toutefois, en la quittant, il lui causa à la gorge une grande enflure. La Sainte la guérit par un signe de Croix, dont la vertu chassa pour toujours le démon du corps de Laurentia. Le lendemain Catherine fit appeler les parents : « Au nom de Dieu, leur dit-elle, reprenez votre enfant; désormais l’esprit du mal ne viendra plus la tourmenter ». Tout joyeux, ils emmenèrent Laurentia et la remirent au couvent ou elle mena une vie sainte et ne fut plus jamais inquiétée jusqu’au jour de sa mort. Quant à son père, Ser Michel di Monaldi, il ne pouvait raconter ce fait sans verser des larmes de joie, et, dans son cœur, il honorait Catherine comme un ange du Seigneur ».

Points intéressants dans cette narration :

- Les démons possèdent parfois les croyants (ce que démentent certains exorcistes actuels).

- Même si au Moyen-Age on possède plusieurs voies d'exorcisme (plus qu'aujourd'hui, à travers notamment les reliques), toutes ne fonctionnent pas, loin s'en faut.

- S. Ambroise de Sienne avait des pouvoirs voisins de ceux des apôtres.

- S. Catherine de Sienne refuse d'exorciser, sans qu'on sache si c'est par humilité ou pour une autre raison

- L'entité exorcisée revient sans raison apparente (alors que de nos jours les exorcistes dans les milieux charismatiques ont tendance à trouver des raisons - des rationalisations - à ce genre d'échec. Au Moyen-Age tout cela semble dépendre uniquement d'une volonté divine totalement insondable.

- L'humilité et l'abnégation (le sacrifice de soi) sont la clé d'un exorcisme réussi. Ste Catherine de Sienne ne se sent munie d'aucune garantie contre le risque que l'exorcisme se retourne contre elle, ce qui finalement ne se produit pas, mais on comprend que dès le début, malgré son rapport privilégié à Jésus elle prenait un très gros risque en acceptant de s'en charger.

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Hypnose dangereuse

30 Avril 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme, #Shivaïsme yoga tantrisme

Hier (29 avril) l'ex-médium repentie Doreen Virtue invitait sur sa chaine YouTube une autre ex-médiums "sauvée en Jésus-Christ" Jenn Nizza pour évoquer la question de l'hypnose thérapeutique, un sujet qui suscite autant de polémiques en milieu chrétien que les massages.

Jenn Nizza y explique que tranquilliser l'esprit l'ouvre à des influences spirituelles potentiellement dangereuses (il en va de même pour la méditation) et raconte notamment l'expérience à laquelle fut soumise en 2013 Theresa Caputo, très médiatique médium quinquagénaire (née en 1967) de Long Island (et catholique pratiquante), lorsque le Dr Daniel Amen a scanné son cerveau avec un dispositif de tomographie par émission monophotonique (TEMP, SPECT en anglais), une expérience qui a été ensuite reproduite sur des plateaux de télévision, notamment par le célèbre Dr Ozz. Les scanners ont montré que lorsqu'elle canalise des messages de l'au-delà et du monde invisible, son cerveau est dans le même état de passivité qu'au cours de la méditation ou de l'hypnose. Cela prouve selon Jenn Nizza que l'inactivité du cerveau fait entrer des éléments que nous ne maîtrisons pas, des éléments potentiellement dangereux, ce qui explique que la Bible prône la vigilance et l'éveil permanent dans la prière.

Au passage notons quand même que l'analyse de la voyante Maud Kristen par le spécialiste américain de la parapsychologie Normand Don en 2001 n'avait pas donné les mêmes résultats : fonctionnement en symbiose des deux hémisphères cérébraux, relaxation mais pas d'inactivité (mais avec Kristen c'était un test d' "intuition", de clairvoyance, pas de nécromancie).

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Jour de la Sainte Catherine de Sienne

29 Avril 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

"En supportant dans cette vie les peines avec patience on expie et on acquiert des mérites. Il n'en va pas de même pour les châtiments que l'âme supporte dans l'autre. En effet, si elle subit les peines du purgatoire, elle expie mais elle n'acquiert pas. Nous devons donc supporter joyeusement et avec bonne volonté ces petites épreuves" (Catherine de Sienne, Lettre à Marco Bindi négociant).

Le RP dominicain Ollivier dans une préface à une biographie de la sainte écrite par une prieure générale des dominicaines d'Angleterre résumera ainsi sa vie : "Une jeune fille sans naissance et sans lettres occupe, à vingt ans, la pensée des hommes les plus graves et les plus renommés ; à vingt-cinq, elle est l’âme de l’Italie, pour ainsi dire ; à vingt-huit, elle inspire les papes et les rois, s’impose à Rome et à l’Europe ; à trente-deux, elle meurt dans une sorte d’apothéose".

Extrait du Fouet des Paillards :

 

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