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Articles récents

Dialogue sur les aléas de l'histoire

26 Mars 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Mon dernier livre "Dialogue sur les aléas de l'histoire" vient de paraître chez l'Harmattan. Il pourra être commandé à partir du mois d'avril chez vos libraires ou sur Internet.
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DIALOGUE SUR LES ALÉAS DE L'HISTOIRE
Tout aurait pu se passer autrement

Christophe Colera
HISTOIRE


Que se serait-il passé si l'homme de Néandertal avait survécu aux côtés de notre espèce jusqu'à notre époque? Si les Aztèques avaient conquis l'Afrique ? Si Hitler avait gagné la guerre ? Sous la forme d'un dialogue imaginaire entre deux jeunes étudiants, l'auteur examine un à un certains des petits aléas de l'histoire qui auraient pu en dévier complètement l'orientation. Un exercice intellectuel utile à une meilleure compréhension des étapes du devenir humain.

ISBN : 978-2-296-10420-4 • avril 2010 • 116 pages

Prix éditeur : 12 € / 79 FF

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"The making of fornication" de Kathy L. Gaca

21 Mars 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

P1000737.jpgIl me faut dire ici tout le bien que je pense de "The making of fornication : Eros, Ethics, and Political Reform in Greek Philosophy and Early Christianity" de Kathy L. Gaca (UCP 2003), un livre remarquable sur les théories sexuelles des philosophes grecs et des premiers chrétiens. La très grande force du livre (qu'on retrouve aussi dans les tavaux de Renée Koch sur Epicure) tient au fait qu'il rappelle en permanence que la philosophie est un discours sur les dieux, qui se confronte en permanence à des croyances omniprésentes dans la cité de l'époque. C'est ce que Foucault avait perdu de vue dans son Histoire de la sexualité : que ces dispositifs qu'inventent les sages Grecs (car par exemple les stoïciens se disent "sages") ne sont pas seulement des constructions autour du corps, mais aussi des dé-constructions des croyances anciennes sur les dieux. Des déconstructions qui vont ouvrir la voie à leur démonisation par les chrétiens (notamment celle d'Aphrodite). On ne peut pas dissocier l'étude des pratiques corporelles de l'étude d'univers imaginaires (comme l'imaginaire religieux), qui par le biais du langage, manifestent une certaine autonomie à l'égard des phénomènes biologiques, et une certaine prénennité sur plusieurs générations (sans pour autant que ces univers ne soient purement arbitraires ni indépendants de la contrainte biologique largo sensu - c'est-à-dire aussi économique et sociale - dans laquelle ils perdurent).
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Desmond Morris à propos du pubis féminin

21 Mars 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Je voudrais ici livrer une traduction personnelle de Desmond Morris "The naked woman" sur la question des poils pubiens, parce que je trouve que c'est une analyse assez équilibrée. Je n'en donne que les parties les plus importantes. p. 194 et suiv.

"Tout d'abord et en premier lieu, le développement des poils pubiens est un signal visuel. Au tout début, à l'époque de la nudité, il aura joué comme signal qui indique qu'une fille en croissance est maintenant sexuellement une adulte. (...). Une seconde fonction de la toison publienne est e faire office de piège à odeurs (...). Une troisième fonction supposée est qu'il a pu faire office de zone tampon entre les surfaces de peau des adultes hommes et femmes durant un contact sexuel vigoureux.(...) Comme beaucoup d'autres parties du corps féminin, la toison pubienne n'a guère été laissée en paix pour profiter de son état naturel. A la fois dans les temps anciens et à l'époque moderne il a existé un intérêt considérable à le mofifier : en le teignant, en le façonnant, en le décorant ou en l'enlevant, et, comme toujours, il s'est trouvé deux points de vue fortement opposés sur le caractère acceptabe ou on de ces modifications.

Ceux qui sont favorables à ce qu'on fiche la paix à la toison publienne, dans son état naturel, incluent aussi bien les puritains que les jouisseurs (fun-loving). Les prudes sentent que modifier cette partie du corps traduit une obsession malsaine pour l'anatomie sexuelle. Toute mise en forme, décoration ou tout ajout de couleur impliquant un intérêt pour la mise en scène visuelle de cette partie du corps qui doit demeurer strictement privée. De plus, ils voient l'éradication du poil pubien comme une façon d'ôter quelque chose qui masque et obscurcit la fente génitale verticale. Sans poil, la fente est complètement exposée à la vue et accentue la mise en exergue du genre du corps féminin ainsi montré.

Les premières féministes ont vu dans le "soin" pour les poils pubiens une façon de se plier aux exigences des hommes et ont rejeté cette idées, en même temps que d'autres formes de maquillages ou d'amélioration cosmétiques.

Les hédonistes, au contraire, considèrent comme érotiquement attractive la toison pubienne car elle met en présence l'homme avec un signal visuel primitif de disposition à la copulation. Dans son rôle de piège à odeurs il offre aussi à l'homme la promesse d'une rétention plus forte des fragances érotiques des glandes cutanées de la femme.

L'épilation du pubis suscite quant à elle deux réactions contradictoires. Le soutien des puritains vient de l'idée que le poil pubien est potentiellement sale et mal odorant, et que son éradication est donc hygiénique et propre. De plus, l'idée d'être complètement doux et de "n'avoir rien entre les jambes", comme une poupée d'enfant, est non-sexuelle et donc non-érotique (...) Si quelques puritains ont marqué une préférence pour une entre-jamble féminine hygiéniquement sans poil, il est peut-être surprenant de découvrir que beaucoup de mâles licencieux ont manifesté aussi un intérêt remarquablement similaire pour cela (...) L'attrait sexuel pour l'épilation pubienne a trois sources. La première est que l'épilation du pubis expose la fente génitale verticale nue. (...) La seconde est que l'absence de poils transmet un signal d'innocence virginale. (...) A part cette qualité de l'innocence, plusieurs avantages ont aussi été mentionnés (...). La région génitale devient plus sensible à la stimulation tactile (...)

Si on se tourne vers l'histoire de l'épilation pubienne chez les femmes, il est clair que c'est loin d'être là une mode moderne liée à un caprice passager. Les recherches montrent qu'on en trouve la trace jusqu'aux anciens
Egyptiens. Les Egyptiennes étaient tâtillonnes avec l'épilation de leurs poils jusqu'à ne plus en laisser aucun. C'était fait à la "cire", avec une crème collante faite de miel et d'huile. On a aussi dit que le roi Salomon n'aimait pas les poils pubiens. Quand la reine de Saba lui rendit visite, il lui aurait demandé de s'épiler avant qu'ils ne fassent l'amour (...). Un peu plus tard , en Grèce ancienne,on rapporte que les hommes préféraient que les femmes "enlèvent les poils de leurs parties privées" (...)

Les perruques pubiennes (merkins) étaient décorées avec des bijoux, des fleurs, ou de rubans colorés. (...) Il y a des preuves qu'elles furent populaires au 16ème siècle. On a appris leur existence d'une manière inattendue. Le corps assassiné d'une marquise française avait été abandonné dans une rue, avec ses parties génitales délibérément exposées.  Là, pour que tout le monde puisse le voir, se trouvait sa perruque pubiene "ornée de rubans à frange de toutes les couleurs". Il semble que le roi de France insistait pour que les dames de la cour restreignent la splendeur de leurs robes. Elles obéirent à leur monarque, mais compensèrent cette obligation en portant des décorations à la mode en dessous.(...)"
 

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ITW

24 Février 2010 , Rédigé par CC

cindy.jpg2  h 20 d'interview pour une chaîne du câble cet après-midi. Mais il ne faut pas en parler avant la diffusion... Je dirai juste un mot de mon sentiment personnel : je ne suis pas très à l'aise dans ce cadre, pour une raison assez simple - mon propos sur la nudité n'est pas cristallisé dans la forme d'un cours ex-cathedra que je délivrerais à des étudiants. C'est une recherche qui tâtonne. Dès lors, je n'ai pas sous la main des "blocs" d'idées toutes faites, des formules pré-fabriquées, que je pourrais livrer dans une interview. En matière de nudité il n'y a jamais de démonstration solide. On peut mettre en évidence des grands traits sur plusieurs millénaires, avancer quelques hypothèses, mais il n'y a jamais de certitudes absolues - le dernier débat des paléoanthropologues sur le redressement du squelette et son impact sur le désir est là pour le prouver. Ceux qui prétendent le contraire mentent. Dès lors je suis voué à tâtonner dans les interviews aussi. Je suis l'illustration de ce que disait Félix Guattari, qu'il faudrait pouvoir bafouiller et imposer des gros blancs dans une interview. Bien sûr tout cela sera coupé au montage.

A la fois on tâtonne, et l'on est confronté à l'obligation de dire les choses en peu de temps, alors qu'il faudrait exposer tout une cadre culturel et anthropologique que le temps des médias ne permet pas de mettre en place (même quand on vous interviewe pendant deux heures ou plus)

Je n'en conclus pas comme le faisait Bourdieu que le sociologue ne doit pas répondre aux sollicitations des médias, bien au contraire. Tout individu doit tenter d'être utile où il le peut, comme il le peut, même sur des demi-phrases, des demi-mots. Chacun doit essayer. Si le résultat n'est pas brillant, si les gens n'accrochent pas ou commettent des contresens sur ce que vous dites, ça n'a pas d'importance : au moins vous aurez essayé. Je ne sais pas à qui cette interview de cet après-midi peut être utile ni comment, mais de toute façon ce n'est plus mon problème. La seule chose qui comptait c'était d'essayer de servir à quelque chose, voilà tout.
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La persistance du tabou de la nudité

10 Février 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur

Selon un sondage TENA/Ifop en France 37 % des femmes sont dérangées par une paire de fesses ou de seins sur une affiche publicitaire. Pour 45 % il faudrait que lla nudité masculine et féminine soit moins fréquemment visible.

printemps.jpg48 % des femmes sont dérangées par la vue de nudistes sur des plages ou dans un camp de nudistes (mais seulement 23 % sont dérangées par des seins nus sur une plage). 57 % sont dérangées de voir une femme totalement nue dans un vestiaire.

88 % se considèrent comme pudiques, 95 % se montrent nues devant leur conjoint, 63 % ne sont jamais nues devant leurs amies. Le naturisme ne concerne que 13 % d'entre elles.

Selon une enquête réalisée par le fabricant de balances Tanita en Grande-Bretagne auprès de 3000 personnes en 2007, 25 % des hommes sont si gênés par leur apparence qu'ils hésitent à se dénuder devant leur partenaire. 50 % se sentent gros. Dans le cas des hommes, des motifs de refus de la nudité différents de ce qu'ils étaient il y a 100 ans, mais qui révèlent un malaise persistant.

Au fait, un reportage d'Edward Bally sur le militantisme nu dans Enquête inédite sur Direct 8 hier. La trace du tabou y est omniprésente. Dans la difficulté de trouver des volontaires pour un happening artistique, dans l'embarras des  infirmières de l'hôpital de Cavaillon autour de la diffusion d'un calendrier dans lequel elles ont posé nues pour une enfant autiste - leur gène à le montrer à leur mari, et aux pompiers avec lesquels elles travaillent (toujours la violence masculine en arrière-plan, ne serait-ce que la violence des quolibets), leur façon de se trouver laides, et la manière dont le photographe Alain B en vient presque à ne mettre en valeur que les photos flous, pour presque affirmer qu'il n'y a pas de nu dans cette histoire là... Voir aussi le témoignage des auteurs du clip "Baby baby" rue Montorgueil, beaucoup d'argent à la clé, mais comme ils le disent  eux-mêmes c'est surtout l'audace qui est valorisée dans leur geste : avoir joué avec le tabou de la nudité publique (avec travail très compliqué de jeu avec la loi pénale, mais aussi avec les règles qui définissent le bon et le mauvais goût). Des propos extrêmement significatifs.

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Thomas Mc Evilley : The Shape of Ancient Thought (I)

29 Décembre 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Plutôt que de perdre mon temps à commenter des articles qui ne devraient pas retenir notre attention une seule seconde, je devrais vous parler du livre de Thomas McEvilley, Comparative Studies in Greek and Indian Philosophies: The Shape of Ancient Thought  publié en 2002. Ce bouquin a remué les études de civilisation asiatique aux Etats-Unis, puisqu'un numéro spécial du International Journal of Hindu Studies devait lui être consacré en 2005.

Je ne vois pas trace d'une traduction de ce livre en France et c'est dommage. Il est vrai que l'on s'intéresse moins à l'Inde en France que dans le monde anglo-saxon. Et le sujet de McEvilley ne parle pas facilement au commun des mortels, parce qu'il faut avoir un double intérêt pour la culture grecque et la culture indienne, or c'est cette dernière qui nous est particulièrement hermétique (nous avons, comparativement, pour des raisons liées à l'histoire coloniale, une plus grande familiarité avec la culture arabe sans doute).

bouddha.jpgPourtant je continue de penser qu'il faut s'intéresser au dialogue gréco-indien. Il intriguait beaucoup Nietzsche au 19 ème siècle, et a fasciné l'université allemande en partie pour de mauvaises raisons (une vénération de l'aryanisme). Mais il est le point de jonction entre une pensée qui a structuré l'Occident (via la science notamment) tandis que l'autre structurait largement l'extrême-orient (via le bouddhisme en particulier). Or examiner ce point de jonction est une occasion de mieux comprendre de l'essence de l'un et l'autre des deux styles de pensées, et aussi de leurs influences mutuelles.

La force du livre de McEvilley (qu'il faut lire par petits bouts) est de prendre très au sérieux les points de confrontation, et de nous montrer qu'ils furent sans doute plus importants qu'on ne le pense à priori. Nous commençons à connaître en France l'empire maurya bouddhiste d'Asoka qui réglait sur le Gandhara indo-grec. McEvilley met aussi en lumière le rôle du roi bactrien grec Ménandre lui aussi converti au bouddhisme qui vint après le royaume maurya (et probablement l'envahit). Il y a aussi des analyses extrêmement pointues sur les successeurs des Séleucides dans des satrapies du nord de l'actuel Afghanistan, leurs poussées vers le nord de la Chine, et tout ce que cela put apporter en termes de diffusion de la culture grecque en Extrême Orient.

Evidemment ce genre de travail est toujours entaché d'un soupçon d'occidentalocentrisme : il y a un risque narcissique à surestimer l'apport grec aux autres civilisations, parce que la nôtre s'identifie aux Hellènes. Mais il y a aussi là de vrais questionnements. Par exemple quand Thomas McEvilley soutient qu'il y avait nécessairement des théatres dans les cités grecques au nord de l'Inde et se demande si le théâtre grecque a joué un rôle quelconque sur la dramaturgie indienne contemporaine, je trouve qu'il pose là une question passionnante. J'y reviendrai...

 

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Le voile en Grèce

25 Décembre 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

dionysm-nade.jpgAphrodite's tortoise, The veiled woman of ancient Greece, de Lloyd Llewellyn-Jones est un ouvrage qui mériterait d'avoir une certaine notoriété en France. L'auteur y défend l'idée selon laquelle la Grèce antique faisait un usage du voile semblable à ceui du Proche-Orient (y compris du voile intégral). Je retiens entre autre l'opposition reprise de Chahla Chafiq et Farhad Khorokhavar entre "civilisations de l'ouvert" et "civilisations de la couverture" (p. 13).

Par ailleurs pour une approche juridique sérieuse de la problématique contemporaine du voile en France, voir l'exposé de Denys de Béchillon à l'assemblée nationale.
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Actualités philo sciences humaines grand public

24 Décembre 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

La revue très grand public Philosophie Magazine  de décembre fait sa "une" sur les dernières découvertes de la paléoanthropologie à propos de l'évolution des hominidés. C'est un domaine de recherche qui avance à toute vitesse. Il est heureux que, dans l'édition de 2008 de mon livre sur la nudité, j'aie tout de même envisagé l'hypothèse (à l'époque minoritaire) selon laquelle les hominidés ne se seraient jamais redressés (qu'ils aient toujours été verticaux), car celle-ci devient finalement majoritaire, avec toutes les modifications que cela risque d'impliquer dans nos théories sur le développement du cerveau humain.1-re-de-couverture-la-nudit-.gif

A noter dans ce même numéro une page sur une philosophe dont je vantais le décolleté à 20 ans (voir ma petite autobio récemment parue aux éditions du Cygne) mais qui a été un peu rattrapée par l'âge entretemps.

A propos de décolleté, plus aucun journaliste ne fait de papiers sur la nudité en cette saison sauf le magazine suédois Vi qui, sous la plume d'Anja Sahlberg évoque mon livre sur ce sujet dans un article intitulé "Naken for den goda saken".



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