Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles récents

Déesses primitives, déesses nues

7 Février 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Shivaïsme yoga tantrisme, #Histoire secrète, #Ishtar, #Pythagore-Isis

Les éditions du Cygne publient un ouvrage sur un culte d'une déesse mère nord-caucasienne que l'auteure Mariel Tsaroïeva identifie aux déesses primitives proche-orientales (je renvoie à mes comptes-rendus de lecture sur l'invention des déesses et des dieux au Néolithique).

 

dionysm-nade.jpg

Le hasard fait que juste à ce moment là je lis dans la Métaphysique du sexe de Julius Evola le passage sur la secte russe des Khlystis et celle des Skoptzis qui toutes deux prônent la chasteté dans la vie ordinaire mais organisent dans leur cérémonie des rites sexuels autour d'une jeune femme nue. "Ce détail permet de reconnaître aisément dans la cérémonie secrète des Khlystis, observe Evola p. 154, un prolongement des rites orgiaques de l'Antiquité qui étaient célébrés sous le signe des Mystères de la Grande Déesse chtonienne et de la "Déesse nue" ". L'auteur hélas n'explicite pas les voies de filiation entre la Grande Déesse (peut-être Cybèle qu'il cite plus loin et le rituel de ces sectes)

Ces considération sont l'appendice d'un chapitre sur les orgies rituelles comme voies de dissolution du Moi dans l'élément féminin préalable possible à d'autres formes d'élévation spirituelle, thématique qu'il y avait déjà dans la Naissance de la Tragédie de Nietzsche si je me souviens bien.

Je ferai juste mention ici pour mémoire (et pour y revenir plus tard, éventuellement même dans une approche critique) des remarques intéressantes d'Evola sur la nudité des déesses.

Il évoque en premier lieu la nudité de l'archétype démétrien-maternel, fécond et protecteur, mais ne la thématise guère.

En second lieu Evola se montre plus prolixe sur ce qu'il appelle le nu abyssal aphrodisien. Dans le domaine spirituel, rappelle-t-il (p. 176), on observe une dénudation masculine pour atteindre l'être absolu et simple aussi bien dans les mystères antiques que dans le déchirement des vêtements des soufis. Dans l'ordre de la nature, la dénudation d'Isis comme d'Ishtar (ou celle d'Athèna ou d'Artêmis dont la vision tue) est une façon de délier la matière de toute forme. Cet accès à la matière interdite (vierge) et destructrice (guerrière) dans sa dimension la plus informe n'est autorisée qu'aux initiés, Evola montrant par exemple que dans le tantrisme l'union avec une femme complètement nue n'est possible qu'au stade terminal de l'initiation.

Il y a chez Evola un aller-retour intéressant entre une phénoménologie presque anthropologique (je dis "presque" parce qu'il ne recourt pas au travail rigoureux de recension de tout ce qui existe dans toutes les cultures existantes, ce qui est la grande faiblesse de sa théorisation) et l'étude des mythes (surtout grecs et hindouistes d'ailleurs, suivant une habitude très répandue en Europe entre disons 1850 et 1950), aller-retour qui peut aider ensuite, selon lui à trouver une définition "non empirique" (p. 200) du masculin et du féminin.

A l'heure où l'on s'efforce de retrouver cette définition par la voie du néo-darwinisme et des neurosciences, il n'est peut-être pas inutile de placer les deux visions en miroir l'une de l'autre pour les faire dialoguer. De même il faut peut-être dialoguer avec le propos d'Evola sur la pudeur, emprunté à un certain Mélinaud (p. 135) - auteur d'après mes recherches, en 1901, d'un article sur la  Psychologie de la Pudeur - qui rejoignent celles de Duer, et qu'il faudrait aussi peut-être mettre en perspective avec les réflexions de Sartre. Plutôt que d'ignorer ces considérations un peu littéraires sur la mythologie et la psychologie sexuelles l'anthropologie contemporaine devrait s'y confronter et évaluer rationnellement les intuitions qu'elles portaient, dans leur potentiel heuristique comme dans leur égarement.

Lire la suite

Code vestimentaire russe

1 Février 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Europe

Je lis dans Ria Novosti :

 

"Récemment l’une des principales têtes pensantes de l’Eglise orthodoxe, l'archiprêtre Vsevolod Tchapline, a exigé l’instauration d’un dress-code pour les femmes en Russie, estimant que "certaines d’entre elles confondent la rue avec un club de strip-tease". Ce pamphlet contre les spécialités Russes modernes que sont le micro-short ou la mini-jupe pourrait faire sourire si l’homme d’église n’avait rajouté que "la minijupe provoquerait des conflits interethniques et la violence et des crimes de la part de Caucasiens, mais aussi de Russes". Cette analyse des conséquences d’un tel code vestimentaire est à mettre en lien avec l’idée de création d’un "code des Moscovites", annoncé par le président du comité chargé des liens inter-ethniques l’année dernière, qui visait à réguler le comportement des non Moscovites, en vue de leur bonne intégration dans la capitale. Le code prévoyait notamment l’interdiction de marcher dans la ville en tenue traditionnelle.

Cette volonté de l’église d’influer sur les comportements est à comprendre dans une double logique. Tout d’abord tenter de sauver une structure familiale garante d’une démographie en bonne santé et qui est aujourd’hui gangrénée par la tentation, les avortements et les divorces. Mais surtout désamorcer les tensions pouvant résulter de la cohabitation à Moscou de nombreux peuples aux habitudes et mœurs très différentes. L’archiprêtre l’avait annoncé en décembre dernier, l’église orthodoxe va désormais interférer dans la politique et se poser en garant de la cohabitation et de l’harmonie entre les communautés. Comme je l’avais écrit dans une précédente tribune, le maintien du fragile modèle multiculturel russe est en effet menacé par la confrontation des mondes modernes et traditionnels.

Bien entendu, cette phrase de l’archiprêtre a provoqué un tollé dans les milieux laïcs, féministes ou libéraux, mais en revanche elle a immédiatement trouvé le soutien du clergé musulman de Russie, des représentants des autorités juives du pays, ou encore du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov"

 

Lire la suite

"Perspectives athéistes de l'Univers" de Bruno Munier

1 Février 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie

0016.jpgOn trouvera sur http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=76&srid=0&ida=13156 le compte rendu que j'ai fait récemment du livre de Bruno Munier "Perspectives athéistes de l'Univers - L'Infini, la Nature et les Hommes " paru en janvier aux éditions du Cygne.

Lire la suite

Premiers pas dans le tantrisme... (I)

19 Janvier 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Shivaïsme yoga tantrisme

Peut-on commencer à découvrir le tantrisme à travers un auteur "trouble" comme Julius Evola - je veux dire quelqu'un qui a soutenu le fascisme italien et qui a une vision assez grotesque de la "décadence" occidentale ? J'aurais tendance si l'on sait faire preuve d'un certain recul pourquoi pas. Après tout sur le shivaïsme beaucoup commencent par Daniélou qui est aussi très à droite. Et nous avons tous lu Mircea Eliade qui avait lui aussi une vision très suspecte de l'histoire des civilisations et de l'histoire de la "spiritualité". Ces auteurs sont plus facile d'approche que des universitairs érudits qui noient le lecteur sous les références et n'osent avancer aucune idée puissante.

Evola provoque avec sa haine foncière du monde contemporain. Lisons ses arguments et sachons traduire à notre propre manière, contre lui s'il le faut, les éléments factuels qu'il livre.

 

juillet_2006_082.jpg

Commençons donc la lecture de "Le Yoga tantrique", un livre publié en France en 1971, une lecture que nous émaillerons de remarques, et d'interrogations comme elles viennent.

Dans les premières pages Evola aborde l'historique : un mouvement qui traverse la culture indienne entre le 1er et le 5ème siècle de notre ère. Un mouvement qui émanerait du substrat dravidien (ce qui est aussi le cas du shivaïsme disait Daniélou... et j'essaierai au fil de ma lecture de voir si l'on peut construire quelques ponts entre les deux doctrines et comment - on a vu qu'Onfray est pour sa part plutôt enclin à rejeter l'interprétation tantrique des fresques de Khajurâho pour revenir au shivaïsme en plaçant le shivaïsme contre le tantrisme d'une certaine manière.

Le tantrisme est un mouvement qui "convertit" toutes les écoles de pensée hindouïste et se pose en "quatrième Véda". Il se cristallise autour de la figure de Kâlî, nous dit Evola, Khali, déesse du sexe et de la destruction (avatar de la Shakti originelle), qui permet de penser le monde non plus comme illusion (Maya) mais comme puissance. Une puissance destructrice qu'il faut apprendre à rendre constructive (comme le venin peut devenir un médicament).

Voici donc ce que serait le socle idéologique du tantrisme.

Lire la suite

Glamour m'interviewe - quelques réflexions qui me viennent

12 Janvier 2011 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité"

Une journaliste de Glamour m'interroge sur l'exhibitionnisme ambiant qui semble régner chez les jeunes adolescentes (sur les réseaux sociaux notamment), et sur les revues qui comme Edwarda ou L'Imparfaite ouvrent leur page à des amatrices prêtes à poser nues.

 

cindy.jpg

La nudité dans toutes les civilisations fonctionne à la fois comme instrument d’affirmation de soi et comme instrument de don, dans la relation amoureuse par exemple. L’affirmation de soi à travers la nudité étant plutôt l’apanage des hommes (mais pas seulement), et le don celui des femmes (pour des raisons qui tiennent en partie aux fondamentaux de la sexualité masculine et féminine).

 Depuis 30 ans on a un langage du corps qui est très valorisé dans la société et qui s’est substitué aux mots à la recherche du beau langage

On a ça dans tout : le théatre, le cinéma même la philosophie, une attention de plus en plus grande accordée au corps comme expression de la personnalité.

 On a aussi des moyens technologiques qui ont permis une démocratisation de la mise en scène du corps et la démultiplication de sa diffusion. Le téléphone portable muni d’une caméra, la webcam, la diffusion par email et sur les réseaux sociaux.

 On a enfin des icônes très médiatisées de Madonna à Lady Gaga qui ont été des points de cristallisation de cette affirmation de soi à travers un corps provocant.

 

Mais aussi les actrices de Walt Disney comme Lindsay Lohan, Vanessa H, Miley Cyrus etc

 
Cela tend à valoriser la photo nue, la sextape, le striptease comme autant de preuves d’une aisance dans ce qu’on est.

Les jeunes filles qui font l’apprentissage de leur corps, de leur sexualité, du rapport à l’autre au seuil de l’âge adulte trouvent donc là un langage et des éléments fédérateurs qu’elles peuvent difficilement refuser. C'est l'équivalent du poême d'amour au milieu du 20ème siècle.

Cela dit l’adhésion se module en fonction de la psychologie de chacun.

Sur les réseaux sociaux ce sont souvent des profils assez typés de jeunes filles qui éprouvent le besoin de se montrer seins nus

Soit des filles timides, qui sortent peu en boîte, qui parlent peu et qui se mettent ainsi en valeur par l’image, soit des filles qui ont un profil psychologique plus extraverti que la moyenne.

Les filles qui sont moins dans la dépendance à l’égard du regard d’autrui (et du regard masculin), pouvant plutôt se contenter de diffusion d’images d’elles dans des réseaux plus restreints, ou l’envoi du strip tease à leur petit ami.

Ce n’est pas pour autant une abolition complète des normes de pudeurs, car les filles qui s’affichent sur Facebook sont un peu dans des univers parallèles façon la Second Life et ne sont pas forcément capables d’assumer toutes les conséquences dans la vie réelle (agressions, chantages etc) que ces exhibitions peuvent entraîner. D’ailleurs elles ne se montreraient pas ainsi s’il n’y avait pas un appareil photo ou une caméra qui les « campent dans le rôle » et donnent une théatralité à leur geste.


N'oublions pas les chiffres du sondage de Tena qui indiquaient en 2009 un fort pourcentage de femmes qui se disaient pudiques dans la vie réelle même chez les ados.

Pour les revues l’oscillation entre des représentations réalistes et des représentations idéalisées de la nudité est une constante en Occident depuis la Renaissance. On peut penser à L’Origine du monde de Gustave Courbet contre la Naissance de Vénus d’Alexandre Cabanel

On a eu ces mêmes tendances dans le porno depuis sa création et dans l’érotisme.

Au début des années 2000, le porno chic a d’une certaine façon diffusé dans le domaine de la publicité un imaginaire à la Marc Dorcel et Hot Vidéo qui s’opposait au porno trash.
2014.jpg
Puis dans le domaine du porno le gonzo  est venu remettre en cause le porno classique (avec décors et scénarios) tout en valorisant les corps ordinaires. Internet, les nouveaux moyens de filmer les corps allaient dans le sens de la démocratisation du porno. Et du coup, cette démocratisation est allée un peu à l’encontre de l’effort qui avait été fait dans la période précédente d’esthétiser la sexualité même la plus hard.

On est au delà du clivage hard-trash qu’on trouvait dans les années 1990. C’est un « porno démocratique » , « next door » un porno dont tout un chacun peut être l’acteur qui s’impose.

Et donc les gens qui travaillent sur l’esthétisation de l’image comme la revue Edwarda doivent en tenir compte. Sa directrice Sam Guelimi déclare dans une interview à Grazia.fr que « la vulgarité s’invite parfois » dans sa revue. Idem avec « L’Imparfaite » essaie de s’ouvrir à toutes les sexualités. American Appel a su anticiper sur ce besoin de chacun de s’approprier un droit à montrer son corps. Terry Richards aussi.

L’aristocratisme est mal vu, soupçonné d’entretenir une spiritualité surannée autour d’un « Eternel féminin » figé, jusque dans la façon dont Andrew Blake filmait autrefois les fellations

En France 62 % des ados ont vu un film X au cours des derniers mois (Inserm 2005) et le X irrigue l’imaginaire des autres genres de représentation, donc cette démocratisation du X devait aussi avoir des effets sur la représentation de l’érotisme en général. D'une manière générale c'est la démocratisation du nu, façon "Belle toute nue".

 

Je parlerai plus précisément de tout ça à la journaliste de Glamour demain.

Lire la suite

"Femme loire" en touraine, l'Eglise contre une statue

23 Décembre 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Europe

La région de Tours, peut-être parce qu'elle est très imprégnée de catholicisme, a fait parler d'elle à deux reprises en 4 mois dans les grands médias sur la question du dévêtissement des corps. Une première fois dans le cadre de manifestations contre les retraites à Tours, et ce mois ci en ce qui concerne la "Femme Loire". Un artiste propose d'ériger une immense statue païenne à deux pas du monastère de Marmoutier. Certains reportages comme celui de TV Tours ci dessous parviennent bizarrement à occulter le fait que la nudité est un élément important de la polémique. Pourtant l'argument revient souvent.

 

Ce projet est un "marqueur d'identité" a déclaré l'élu municipal de Tours en charge du dossier M. Lavillatte. Dans la compétition des territoires il faut des signes quasiment publicitaires qui se voient de très haut, en avion. Une des formes du néo-paganisme, un équivalent de la vieille Artémis d'Ephèse aux multiples mammelles qui suitaient du lait.

 

 

Lire la suite

Le shivaïsme chez Michel Onfray

22 Décembre 2010 , Rédigé par CC Publié dans #Shivaïsme yoga tantrisme, #Philosophie, #Anthropologie du corps

Avant de retourner au shivaïsme de Daniélou synthétisons la façon dont Onfray synthétise le sujet (j'en ai parlé déjà il y  deux ou trois ans sur ce blog.

  onfray.jpg

Dans son Souci des plaisirs, Onfray aborde le shivaïsme après une condamnation de l'érotisme de Bataille qu'il juge morbide. Son intérêt pour le shivaïsme et l'Asie lui serait venue du temple de Khajurâho dont la photo trônait en couverture de l'édition chez 10-18 de L'Erotisme. Pour Onfray Khajurâho est un anti-Vézelay (haut lieu de l'ordre de Cluny où Bataille est enterré).

Suivons pas à pas les paragraphes d'Onfray. Che lui, je l'ai déjà dit, je trouve beaucoup d'approximations énervantes. Quand Onfray parle de "la pratique inchangée du culture shivaïte depuis dix mille ans" je ne le crois pas. Pas plus que je ne crois à son hypothèse selon laquelle le "point rouge" des hindous "ornait probablement (sic) le front des gymnosophistes qui ont généré la pensée grecque avant Socrate" (p. 123 - gloups! ). Parce que les gymnosophistes sont les sages indiens qui auraient initié Pyrrhon d'Elis ne sont cités qu'à l'époque hellénistique, Pyrrhon lui-même si je me souviens bien fut un soldat d'Alexandre et c'est à ce moment là qu'eut lieu la grande Rencontre Orient-Occident qui allait donner l'art du Gandhara, les grands royaumes grecs bouddhistes de Bactriane etc. Mais même si on suit MacEvilley sur les influences indiennes sur l'Inde et réciproquement à l'époque classique, celui-ci est très loin d'affirmer que des sages hindous aient pu "former" des présocratiques. Encore moins qu'on ait pu à ce moment là les qualifier de "gymnosophistes". Veut-il, lorsqu'il se réfère aux "soixante siècles avant les pyramides" se référer aux premiers indo-européens qui formeraient le substrat commun aux Grecs et aux indiens Aryens ? Mais alors au nom de quoi dire qu'il y avait parmi eux des "gymnosophistes", et comment savoir qu'ils avaient déjà adopté le "point rouge" ? Tout cela ressemble à un petit rêve de professeur de collège qui extrapole un délire à partir de deux ou trois notions "point rouge" "gymnosophistes" "pyramides" qu'il a vaguement croisées dans ses livres.

Onfray "déduit" de la forme architecturale de Khajurâho que "derrière la multiplicité des dieux du panthéon indien se trouve toujours Shiva", puis se livre sur deux pages à une apologie des gros seins et des hanches généreuses des figures féminines du temple (pour les opposer systématiquement aux corps "tristes" de l'iconographie chrétienne). Puis quand il en vient aux scènes de zoophilie et au rire des touristes devant elles (il pense que les touristes n'y voient que l'aporie solipsiste de la sexualité masculine), Onfray quitte la solitude (sollipsiste elle aussi) de ses déductions pour faire un détour par un regard tiers, celui du "spécialiste mondial du tantrisme" (p. 129) qu'il a rencontré en compagnie d'une équipe de reporters espagnols qu'il connaissait. Le philosophe repose à ce "gourou" de vouloir "verrouiller" toute interprétation possible à partir d'une connaissance ésotérique de la symbolique tantrique que seul ce spécialiste aurait (mais Onfray reconnaît quand même que le spécialiste a écrit un livre là dessus, ce qui n'est donc pas si ésotérique).

Onfray ne citera pas son nom. Son texte va viser avant tout à discréditer l'interprétation du gourou. Dans un premier temps (p. 130) il va s'attacher à montrer que le tantrisme n'est pas ce qu'on croit. Que ce mot peut s'appliquer à toute "pratique métaphysique - corporelle - dans laquelle les exercices spirituels permettent la transmission ésotérique". Il pense donc à partir de là que le tantrisme remontait aux Dravidiens avant l'invasion aryenne de l'Inde (en soulignant à nouveau que leur shivaïsme fut en fait le père de l'hindouisme, du bouddhisme... et de la philosophie grecque ! of course). Ensuite c'est finalement la scène zoophile qui va lu permettre de s'éloigner définitivement de l'interprétation du spécialiste, le "gourou" ayant eu un peu rapidement tendance à expliquer la zoophilie uniquement par le "réalisme" de la scène qui montre des soldats en campagne confrontés à la pénurie de femmes (p. 133).

A partir de là, le philosophe va reprendre cette scène de zoophilie pour affirmer que l'homme en pénétrant la jument reproduit le geste fécondant de Shiva, puis développe une apologie du shivaïsme comme refus de la rupture du continuum entre hommes et animaux qu'instaure le christianisme. Du coup dans le holisme shivaïque se  réconcilieraient "les parties de la nature dans une grande Unité spinoziste" (p. 139), ce qu'Onfray va encore retrouver dans la conception du corps en Inde où le dualisme n'existerait pas, une conception qu'il va s'empresser en quelques phrases rapides (qui tiennent plus du slogan que de la démonstration) à rapprocher du "conatus" de Spinoza, de la volonté de Schopenhauer (pas très enthousiaste pour la sexualité pourtant) et des "machines désirantes" de Deleuze... pour enchaîner sur le Kamasûtra (sans démontrer non plus quel continuum existe réellement entre le shivaïsme et cette oeuvre, autrement que par une hypothétique prégnance de Shiva dans toute la pensée indienne).

Voilà l'état du dossier en ce qui concerne Onfray. Je reviendrai sur tout cela prochainement.

Lire la suite
Lire la suite