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Une classe de lycée devant une danse nue

6 Octobre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Nudité-Pudeur en Europe

Témoignage d'un prof de lycée sur son blog après une visite au Centre national d'art et de culture :

 

"Passées les cinq premières salles les oeuvres exposées deviennent difficiles, et même les plus persévérants finissent par décrocher. Nous glissons de plus en plus vite vers la fin de l'exposition, comme si son sol était en pente. Bien, me dis-je ; il commence à faire faim. Il ne nous reste, pour finir en beauté, que quelques performances. Des toiles d'Yves Klein ouvrent la section, avec un film documentant ses Anthropométries de l'époque bleue.

"Mais pourquoi y font ça ? C'est dégueulasse. Ca se fait même pas !" Telle est leur opinion. Je hasarde des éléments d'explication, mais seule Catherine fait mine de m'écouter avec un profond scepticisme. Je suis de toute façon assez peu convaincu moi-même. Passons.

Dans la salle suivante, on projette un long extrait d'une chorégraphie de Jan Fabre, Quando l'uomo principale é una donna. Quatre de mes élèves se tassent sur un petit banc devant l'écran, figé par un mélange d'amusement énorme, d'incrédulité et de dégoût. Mais j'ai surtout la surprise de retrouver les CM1 croisés dans le hall, qui étouffent des cris pendant que leur conférencière impassible leur explique la centralité de l'huile dans les cultures méditerranéennes.

Tandis que la magnifique danseuse Lisbeth Gruwez rampe nue et expose largement sa vulve aux (jeunes) spectateurs, mon regard croise celui de l'accompagnatrice voilée. En un dixième de seconde, nous nous comprenons et nous savons que nous éprouvons exactement la même chose. De la honte. Je m'approche de Nassim et Houda, et je leur fais signe que nous devons partir. Ils traînassent. Je tourne les talons. Deux minutes plus tard, ils me rejoignent :
"-Vous auriez dû rester Monsieur, à un moment elle se met des olives dans le... euh... dans la...
-C'est bon Nassim, j'ai compris."
Juste avant la sortie, j'entends dans une dernière salle la sympathique chanson I like to move it, entendue dans le film Madagascar. J'entre à tout hasard. Il s'agit d'un extrait du spectacle de Jérôme Bel, The show must go on. Disposés en arc de cercle sur la scène, une vingtaine de danseurs reproduisent mécaniquement des gestes simples au rythme de la musique. L'un d'eux, sur la droite, a baissé son pantalon et remue en cadence un zboub de bonne dimension. Deux ou trois élèves retardataires le regardent avec intérêt.

Je sors. Les seconde ont bien ri. Sur le parvis toutefois, une de mes élèves préférées, Myriam, résume ainsi ses impressions : "Je me sens violée mentalement. Encore si j'avais été prévenue, mais là ils m'ont eue par surprise, je m'y attendais pas du tout. C'est censé être de l'art ces trucs-là ? C'est du..." Elle aussi cherche ses mots. Puis elle en trouve un, parfait : "... cannibalisme !" "

 

 


Superbe Lisbeth Gruwez  

 

 

 

 

 

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