Mollitia : quelle morale sexuelle ?
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Il y a dix ans, je m'étais beaucoup intéressé à l'Ane d'Or d'Apulée, un conte que le préfacier de la version Folio des années 1980 présentait comme une farce mais qui est en réalité un manuel d'initiation isiaque et pythagoricienne. Je ne sais plus qui dans la littérature du XXe siècle s'était demandé comment les monastères chrétiens n'avaient jamais censuré ce livre dont certains passages sont profondément érotiques. Il en avait conclu que les moines y cherchaient sans doute de une distraction sexuelle, ce qui me paraît bien peu probable (il est incroyable que nos universitaires laïcards aient été aussi superficiels dans leur lecture de la tradition occidentale, à moins qu'ils n'aient fait les idiots à dessein pour détourner les lecteurs des vraies questions). A moins bien sûr qu'une certaine tradition pythagoricienne n'ait survécu dans nos monastères (à travers la numéralogie notamment, que bizarrement notre époque appelle maintenant numérologie).
Je relisais La Société Romaine de Paul Veyne. C'était une de mes lectures de jeunesse, que j'ai d'ailleurs citée dans mon livre sur la nudité (d'ailleurs j'avais envoyé mon livre à ce célèbre auteur, qui n'avait pas manqué de me répondre aimablement depuis son Gard natal, ce qui m'avait touché car beaucoup de sous-intellectuels à qui j'ai adressé mes ouvrages n'ont pas eu cette politesse). Paul Veyne comme prof du collège de France avait le mérite de mettre au jour des faits intéressants en les enveloppant d'un style élégant et les insérant dans une perspective culturelle très large, mais l'inconvénient d'être un proche de Foucault et de faire ainsi passer en contrebande une idéologie assez sulfureuse. En p. 117 de l'édition de 1991 (Seuil) il fait référence à cette scène où, en Thessalie (terre des magiciens), le héros va faire l'amour avec un sorcière qui va le transformer en âne. Tous ceux qui ont lu ce passage ont sans doute été frappé par le fait que la femme chevauche sexuellement le héros comme sur les fresques de Pompéi, position qu'on appelle equus eroticus. Veyne remarque à ce propos : "Apulée ou les peintures de Pompéi montrent bien que cette posture était le fin du fin de l'amour". Il ajoute cependant que, si notre époque valorise cette posture parce que, dit-il, elle a voulu "décoloniser la femme" en lui permettant de chevaucher l'homme ("l'homme, ce colonisateur repenti, ne veut pas se réserver l'exclusive d'un spasme agréable ; il veut que la femme l'ait aussi, que cette ancienne colonisée devienne pareille à son maître et qu'elle ait, sous le nom d'orgasme, le même spasme que son colon" ; l'equus eroticus "était non moins valorisé chez les Romains, mais pour des raisons exactement opposées : la servant vient sur son maître, mollement étendu sur le lit, parce qu'elle est au service du plaisir de l'homme". Du coup, l'equus eroticus est devenu honteux à partir des Antonins parce que, la femme étant désormais un peu moins inférieure à l'homme qu'au début de l'Empire (elle devient désormais l'épouse chargée d'élever des enfants), on la suspectera, à travers l'equus eroticus d' "abuser de sa qualité de personne humaine" en jouant à être l'égale de l'homme (jusqu'au point où le psychiatre Kraft-Ebing verra dans la pratqiue de l'equus eroticus féminin un symptôme de masochisme masculin).
Je ne chercherai pas à savoir davantage, au moins pour l'instant, si chez Apulée la pratique féminine de l'equus eroticus est réellement un geste de soumission et de "service" (d'officium), venant d'une sorcière dont je ne me souviens plus si elle est esclave ou libre. Ce qui m'intéresse dans ce passage, c'est que Veyne rattache cette thématique à celle de la mollitia, la mollesse. Pendant longtemps (et, encore une fois, jusqu'aux Antonins), la mollitia désignait la pratique sexuelle qui faisait déroger un citoyen de sa virilité masculine et de son rang dans la hiérarchie sociale. C'est une notion qui a un sens très spécifique.
Or, comme l'ont relevé des historiens de la sexualité comme Thomas Laqueur, encore aujourd'hui l'Eglise font dériver sa condamnation de l'onanisme, non pas d'un verset précis du Nouveau Testament (puisque la notion n'y figure pas, même par synonymie), mais du verset de Saint Paul sur la mollitia (1 Cor 6:9).
Or Saint-Paul est très ancré, sur le plan des moeurs, dans la philosophie gréco-latine de son temps. Par exemple Michael Heiser en se fondant sur l'article de Troy W Martin Paul's argument from nature for the veil in 1 Corinthians 11:13-15 : a testicle instead of a head covering, Journal of Biblical Litterature 123/1 (2004) 75-84 montre que les théories de Saint-Paul sur les longs cheveux des femmes et leur voilement étaient directement liées aux théories d'Hypocrate sur le rapport entre chevelure et fécondité.
On peut se demander s'il est légitime de fonder une morale sexuelle actuelle sur une philosophie aussi datée.
J'avais discuté en 2019 avec une chamane initiée à la médecine aztèque qui se disait ouverte au catholicisme (elle était dévote de la Sainte Vierge et de Vézelay) après que je lui eusse exposé ce que je savais des démons qui se cachaient derrière l'onanisme avait admis que ceux-ci existaient bien derrière l'onanisme articulé au visionnage de la pornographie qui est une source d'addiction, mais non derrière par exemple un acte de masturbation auquel on cèderait dans le cadre d'un échange de mail avec un être aimé. J'avoue que cette casuistique me laisse perplexe. Mais le caractère très historiquement situé de celle de Saint-Paul est aussi très problématique.
Si vous voulez connaître le fond (provisoire) de ma pensée, il faut intégrer à notre philosophie de la nature la théorie des champs morphogénétiques de Sheldrake qui présuppose une capacité d'apprentissage collectif de toute espèce et même de tout l'univers (de sorte qu'il n'y a pas de constante même dans la vitesse de la lumière) qui fait que des entités peuvent exploiter de nouvelles formes de vices (qui n'étaient pas des vices dans les formes anciennes de l'organisation sociale), et donc une profonde historicité du péché, même s'il y aurait tout de même aussi des constantes (le tabou de l'assassinat, du vol, du mensonge, de la transgression de la séparation des sexes - je pense à l'utilisation constante de l'androgynie dans la sorcellerie, mais il faut reconnaître que la définition de cette androgynie elle-même n'est pas totalement constante d'un siècle à l'autre, ni d'une culture à l'autre).
Marie-Madeleine égyptienne ?
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La "prêtresse" basée en Egypte Unaty Rosa Magdala d'origine juive, convertie à l'Islam (elle a épousé un Nubien en 2024 après avoir été très connue dans la presse mais elle ne révèle pas son identité véritable, il est impossible de la retrouver sur le Net) qui a eu son centre d'enseignement à Rennes-le-Château et organisait des pèlerinages à la Sainte-Baume, explique Marie-Madeleine est originaire du Sud de l'Egypte et avait été dédiée au Temple d'Isis très jeune. Ci-dessous une interview
Cette "thérapeute organise des stages d'initiation en Egypte pour le femmes, et des cours en ligne un peu comme Vanessa Haté dont on parlait il y a peu. A rapprocher aussi des messages reçus par le Dr Manjir Samanta-Laughton en milieu hindou.
Un site lié à Rennes-le-Château va moins loin et prête à Marie-Madeleine seulement de lointaines racines "égyptiennes" (en fait grecques lagides) via la femme de roi Antiochos qui aurait été parmi ses ancêtres paternels alors qu'elle aurait une ascendance juive par sa mère. Mais ce site n'avance pas plus de sources que la "prêtresse" interviewée dans cette vidéo.
Le Grand Monarque chez les ésotéristes
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L'expression "Grand Monarque" apparaît pour la première fois sur ce blog en 2017, mais je m'y suis plus intéressé à partir de juillet 2020 au moment de l'opération "roi des gilets jaunes".
Un échange avec un spécialiste de Rennes-le-Château (RLC) récemment me rappelle à quel point ce thème est présent dans l'univers mental du célèbre Abbé Saunière.
Il m'envoyait hier une interview par un autre spécialiste de RLC Tony Baillargeat d'un ésotériste qui se fait appeler Arphaÿs, du nom de la fontaine Saint Dagobert (je vous renvoie à mon livre "Le complotisme protestant" pour situer cette thématique des Mérovingiens dans l'univers ésotériste) à partir duquel on pourrait presque dresser un tableau sociologique des débats actuels autour du Grand Monarque à travers le prisme de Rennes-le-Chateau.
Arphaÿs, auteur de "Le code Arsène Lupin – Maurice Leblanc et le savoir perdu", né à Bar-le-Duc en 1966 (une région très mérovingienne puis associée au Duc de Guise) a été initié dès ses dix ans par n érudit franc-maçon. Il a ensuite écrit plusieurs articles pour la revue Atlantis de Paul Le Cour dont on a déjà parlé dans notre article sur le Hiéron du Val d'Or.
Après avoir lu le travail de Patrick Ferté sur le lien qu'on peut repérer entre les romans d'Arsène Lupin et Rennes-le-Chateau,il a creusé dans une direction un peu différente en partant du fait que Leblanc faisait naître Arsène Lupin à Blois, la "ville aux loups", symbole de l'Apollon celte Belen, et cité dont l'emblème (un loup et un porc épic soutenant le Lys) peut évoquer le"roy perdu", le Grand Monarque, selon Jean Robin, qui est appelé "roi de blois" par Nostradamus. Paul le Cour et René Guénon sont aussi natifs de cette ville.
En 1993, Arphaÿs, intégra une société initiatique qui s'intéressait à "L'Or de Jérusalem" de Roger Facon auteur qu'on a cité ici.
Il est convaincu que Maurice Leblanc avait été initié à la Tradition. Il en veut pour preuve par exemple le nombre de marches (357) dans l'Aiguille Creuse et lit Leblanc à travers une gématrie
Dans une interview d'octobre 2024 sur un blog il précise que Fulcanelli, Dujols et Le Cour faisaient partie du même cercle dont le Hiéron n'était qu'une façade. Fulcanelli a inspiré deux courants : celui de Pierre-Vincenti Piobb et celui de Francis Warrain et Georges Beltékhine.
Arphaÿs est aussi attaché à l'idée d'un schéma commun à Arsène Lupin et aux romans de chevalerie arthuriens qui partent du principe que le roi n'est pas mort et se réveillera à la fin ds temps (d'aillleurs les membres du Hiéron se disaient chevaliers du Graal). Il estime que Rennes-le-Château a un rôle aussi important à jouer que Paray-le-Monial dans l'avènement du Grand Monarque mais qu'elle a été entravée par le mythe de son Trésor qui la tire vers une dimension trop matérielle. Or si Trésor il y a, il ne doit servir qu'au Grand Monarque.
On voit bien que l'intérêt se resserre autour de Paray-le-Monial et du Hiéron du Val d'Or. L'alchimiste montmartrois Richard Khaitzine avait déjà insisté en 1997 sur le lien Hiéron-Montmartre en rapport avec une vieille tradition gnostique inspirée par le culte de la déesse-mère et l'Egypte. Un récent roman de Morris Leblanc en plus des conférences de Christian Doumergue et de Gino Sandri vont aussi dans ce sens.
Arphaÿs remarque aussi en suivant Paul Le Cour qu'en reconstituant l'hexagone français comme un arbre kabbalistique Bourges correspond à la Sephira Tipheret (le coeur, la beauté)... Suivant cette construction il y aurait une ligne horizontale entre le Pays de Caux et l'Argonne importante pour comprendre le prochain avènement du Grand Monarque, avec un triangle qui descend jusqu'à Rennes le Chateau.
Mon correspondant pour sa part ne croit au lien Arsène Lupin-Rennes-le-Château forgé par Plantard avec le Prieuré de Sion.
Les anges sous l'Euphrate
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Je ne suis pas spécialement attiré par la spiritualité soufie dont tout un chacun peut constater les accointances avec la magie et le culte de la déesse mère, voire avec le luciférianisme (pour ceux qui adhèrent à la maxime "Anal Haq", mais le sujet est compliqué, même le Christ dans les Evangiles renvoie au Psaume qui dit qu'on est des dieux), mais je regarde de temps en temps ce qu'ils enseignent, notamment le Cheikh Nurjan, que j'ai déjà cité, pour voir si leur tradition converge avec d'autres monothéismes.
J'ai cité dans mon livre sur les Nephilim le passage de l'Apocalyse (9-13-14) sur les anges enterrés sous l'Euphrate : "j'entendis une voix venant des quatre cornes de l'autel d'or qui est devant Dieu,et disant au sixième ange qui avait la trompette: Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate".
J'avais relevé à ce sujet que la youtubeuse pakistanaise convertie au christianisme réfugiée aux Etats-Unis Sonia Azam en conclut et que ces anges déchus seront libérés en Syrie-Irak pour former une armée musulmane contre Israël. Une théorie récente avance que le président américain Ronald Reagan dans les années 1980 aurait employé des médiums pour identifier le lieu de détention des quatre anges sous l’Euphrate, puis les faire enlever par les forces spéciales et incarcérer sur une base militaire pour épargne l’Apocalypse à son pays...
Le Cheikh dans la vidéo ci-dessous (de mars 2024) enseigne que les anges disciples de Azazil (le Sheitan) furent rejetés sur Terre après leur rébellion et se mélangèrent aux humains auxquels ils enseignèrent les sciences de l'artifice (le maquillage, mais aussi la sorcellerie), ce qui rejoint le livre d'Hénoch sur les Veilleurs et Genèse 6:4. Puis les anges rebelles Haorut et Marout furent envoyés sur Terre pour y être mis à l'épreuve. Le cheikh ajoute en minute 21 que ces deux anges furent jetés dans un puits à Babel (à l'emplacement de la Tour) là où convergent le Tigre et l'Euphrate et que c'est pour cela que les Américains firent la guerre en Irak : pour y trouver non des armes de destruction massive mais les deux anges et les sources de leur magie noire en prévision de l'arrivée du Dajjal.
Voilà qui rejoint l'enseignement chrétien sur les anges sous l'Euphrate.
Les parasites
La vidéo ci-dessous m'a intrigué parce que la personne interviewée y témoigne d'une expériences solitaire "brute" un peu influencée par des lectures mais menée dans l'ensemble courageusement en dehors des écoles de pensée. Je pense que l'existence dont cet homme témoigne à propos des entités parasites est réelle (elle figure d'ailleurs dans le Psaume 91 - "mille à ton côté et dix mille à ta droite"). Mais pour le reste il y a bien 80 % de déchet, comme dans ce qu'on trouve sur You Tube en général. D'ailleurs le goût de cette personne pour es mangas sent le soufre.
Pour mémoire, le "voyage astral" est dans la Bible, notamment dans une expérience de Saint Paul.