La Sainte Ampoule et la question de l'élection divine de la France

A la faveur du déclin de l'Eglise catholique romaine, il est facile de trouver sur You Tube des "Evangéliques" intrépides qui tenteront de reléguer toutes les prophéties sur le destin providentiel de la France au rang des superstitions diaboliques. Quelques difficultés textuelles cependant entravent leur audace comme cette prophétie de Zacharie 4 qui mentionnent deux oints dans lesquels la tradition catholique voient le binôme du "Grand roi" et du "Grand prophète/pontife/sacrificateur" de la fin des temps juste avant ke règne de l'Antéchrist : "12 J'ai repris la parole: «Que signifient les deux rameaux d'olivier qui sont près des deux conduits d'or d'où découle l'or?»13 Il m'a répondu: «Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient?» J'ai dit: «Non, mon seigneur.» 14 Et il a dit: «Ce sont les deux hommes désignés par onction qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre.»
Michée 5,1-4 et Isaie 32,1-5 parlent d'un grand roi, même s'il est vrai qu'André Lesage dit "Le Marquis de la Franquerie" dans La mission divine de la France (éditions Saint Michel 1955) eut tort de dissocier le roi du sacrificateur dans Zacharie 6:13. L'ascendance davidique des roi de France dont on a déjà parlé ici pourrait justifier une assimilation des descendants des Capétiens à la Tribu de Juda.
La lignée des prophéties sur le grand monarque français est impressionnante comme l'a relevé encore récemment Taylor Marshall. De la Franquerie voyait dans le miracle de la Sainte Ampoule une confirmation de l'élection divine de la monarchie française. Il se produisit le jour de son baptême à Noel 496 selon l'archevêque Hincmar : "Dès qu’on fut arrivé au Baptistère, le clerc qui portait le chrême, séparé par la foule de l’officiant, ne put arriver à le rejoindre. Le Saint-Chrême fit donc défaut. Le pontife leva ses yeux en larmes au ciel et supplia le Seigneur de le secourir en cette nécessité pressante. Soudain apparaît, volant à portée de sa main, une colombe blanche tenant en son bec une ampoule d’huile Sainte dont le parfum embauma toute l’assistance. Dès que le prélat eut reçu l’ampoule, la colombe disparut". Auparavant à minuit Dieu avait baigné de lumière l'assemblée et annoncé que le royaume de France prédestiné par Dieu embrasserait tout l'empire romain.
De la Franquerie précise qu'à cause de ce miracle la monarchie française précédait les autres en rang protocolaire comme cela ressort d'un décret de la République de Venise de 1558.
Il impute aux partisans de la monarchie austro-espagnole et aux jésuites (puis aux bollandistes) d'avoir tenté de discréditer l'histoire du miracle de la sainte ampoule. Par exemple l'érudit franc-comtois Jean-Jacques Chifflet, médecin du roi d'Espagne, avec la complicité du flamand Bollandus, dans De Ampulla Remensi nova et accurata disquisitio (1651) n'y voyait qu'une légende et soutenait d'ailleurs que Clovis avait été baptisé à Tours et non à Reims. Les jésuites arrachèrent quatre page du livre d'Etienne Forcadel (un juriste de Béziers, Desailly dira par erreur "de Bordeaux") publié en 1580 "De Gallorum imperio et philosophiae" qui prouvait l'authenticité de la Sainte Ampoule. Le bénédictin Dom Mabillon a souligné au contraire dans ses Annales de Saint Benoît qu'Hincmar, contemporain de Charles le Chauve (IXe siècle) confirma à ce souverain que l'ampoule était venue directement du Ciel (d'ailleurs c'est de cette époque que remontent les plus anciennes représentations du miracle que nous ayons).
De la Franquerie reprend là un propos banal qu'on retrouve aussi au XIXe siècle, par exemple dans l'opuscule d'un anonyme rémois en 1825 : "Sacre du roi, détail général des fêtes et cérémonies", qui dénonce aussi le rôle d'un autre rémois, l'abbé Antoine Pluche (1688-1761), janséniste et ennemi personnel de l'archevêque de Reims qui dans une "Lettre sur la Sainte Ampoule et le sacre" du 3 février 1719 expliqua que lorsqu'on cherchait le chrême pour baptiser un malade, Saint Rémi "fit mettre sur l'autel les ampoules vides... alors une céleste rosée répandit le don béni du Saint Chrême". Aimé Bonnefin dans Le Sacre des rois de France en 1982 dira que Pluche eut un auditoire restreint, mais que cette façon de tourner le "miracle" vers les hommes et non vers le roi était le début d'un recul du récit catholique. Néanmoins Bonnefin saluait, comme l'anonyme du de 1825, le rôle du père dominicain Marlot Dorigny dans sa Vie de Saint Rémi (et dans Metropolis Remensis historia, 1666), ou de l'abbé Vertot. Bonnefin valorise aussi les écrits du jésuite Jacques Longueval (Histoire de l'Eglise gallicane) là où De la Franquerie ne voyait dans la Compagnie de Jésus que des ennemis de la Sainte Ampoule.
Il était dit que les rois tenaient leurs dons de guérison de la Sainte Ampoule. Et elle ne fut préservée en France que grâce aux habitants du Chesne-Populeux qui la soustrayèrent aux Anglais après leur défaite d'Orléans en 1429. Bonnefin démonte la légende britannique selon laquelle ils n'auraient laissé en France qu'un leurre et leur roi Henri VI aurait été sacré avec le Saint Chrême. Louis XI en 1482-1483 se la fit apporter au Louvre avec l'accord du Pape pour guérir sa maladie mortelle, mais il n'y eut aucun miracle. L'ampoule ne quitta plus Reims par la suite. Pour une description du rituel du sacre avec le Saint Chrême voir ici.
Le commissaire de la Convention Philippe Rhul qui était allé la chercher à Reims brisa l'ampoule place royale le 7 octobre 1793 sur le piédestal de la statue de Louis XV - il allait se suicider un an et demi plus tard après avoir été condamné par une commission militaire thermidorienne.
Un officier municipal M. Hourelle note de la Franquerie "s'entendit avec l'abbé Seraine, curé-intrus de la paroisse et dépositaire des clefs du tombeau; et, ne pouvant substituer à la fiole du reliquaire une autre Hôte, ils enlevèrent avec l'aiguille d'or quelques parcelles du baume brun foncé qui adhérait à ses parois et les conservèrent avec soin. En 1819, le 11 juin, sous l'épiscopat de Mgr de Coucy, les possesseurs, tant de ces précieuses parcelles que de deux éclats de la fiole, les déposèrent, après enquête préalable, entre les mains de leur archevêque qui renferma provisoirement le tout dans un modeste reliquaire, et le fit porter à l'église de Saint-Rémi, où il resta jusqu'au mois de mai 1825."
L'enjeu autour de la Sainte Ampoule est aussi important que celui de l'authenticité du Testament de Saint Rémi, pour déterminer si le roi de France a vocation à être empereur du monde avant la venue de l'Antéchrist.

J'ajoute donc à ce petit exposé la vidéo ci-dessous trouvée sur le Net récemment. Elle a été postée en mars dernier. C'est l'interview par un médium voyant (Yannick) d'un gérant dans la restauration de 52 ans (né à Paris le 22 février 1968) de parents italiens des Pouilles, André de Biase (son visage a été révélé dans cette interview), père de famille. Voici le résumé de ce que celui-ci raconte. L'homme porte une tache hémorragique qui a la forme d'un poisson, il l'a contractée du 22 au 23 septembre 1968 (nuit de la mort du Padre Pio auquel sa famille était dévouée - Padre Pio qui avait eu des visions sur la royauté française) à l'hôpital Necker à l'issue d'une méningite bactérienne peu de temps après sa naissance. Le 29 mars 1981 à Alzo di Pella en Lombardie, au soir l'homme (qui a 13 ans) voit apparaître devant l'église San Filiberto des lumières qui tourbillonnent verte, blanche, et bleue. Il entend des mots en français. Dans la lumière bleue à sa gauche une forme féminine lui dit en français "tu es André", l'entité dans la lumière verte à droite (une entité masculine) récite des phrases. L'homme s'approche de la lumière blanche, est aspiré, reçoit des particules. Il voit un homme en blanc, Jésus-Christ (alors qu'il n'était pas croyant) qui lui dit : "Je t'ai choisi, tu es venu pour vaincre et tu vaincras". Puis il voit le pape Jean Paul II qui lui tend la main. Il a l'impression que la femme dans la lumière bleue le retient d'être absorbé. Quand il saisit la main, il ressent une immense douleur crie. La lumière lui tend une pierre blanche, sa main est ensanglantée. L'homme dans la lumière verte lui demande de noter "N I A" sur la pierre avec son sang (il l'interprète comme Non à l'Intelligence Artificielle). La pierre tombe. Il la perd. La lumière blanche est partie. Plusieurs fois ce restaurateur s'est vu l'enterrer près de l'église. La lumière blanche disparaît, la verte rentre dans le mur de l'église. Reste la bleue dans laquelle se trouve la Sainte Vierge qui allait ensuite disparaître sur le mur d'une maison voisine (appartenant à une dame pieuse), mur sur lequel allait apparaître en octobre 1984 une tache en forme de Sainte Vierge (des milliers de pèlerins allaient y affluer - seul le mur allait être conservé après la construction par la mairie d'un nouveau bâtiment). Arrivé chez lui André allait laver sa main ensanglantée sans en parler à ses parents mais allait ensuite se confier au curé du village.
Fin 1985, Joaquin Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II, vient le rencontrer à Gentilly. Quand le pape se rend à Paray-le-Monial en octobre 1986, André, qui a 18 ans, le rencontre. Contre toute attente le pape s'agenouille devant lui, touche ses cheveux, lui dit "c'est bien toi". Il répond "oui c'est moi". Jean Paul II aurait ajouté que lors de l'attentat de 1981, la Vierge aurait dévié la balle avec l'aide d'un enfant symbole de la pureté et que c'est cet André qui aurait été choisi pour ce faire. Celui-ci aurait ensuite été mis en contact avec le Henri d'Orléans (comte de Paris) et il sera en relation secrètement avec lui pendant dix ans. Il allait lui verser de l'argent provenant de sa Fondation . Le pape aurait voulu que le comte prenne en main André. Henri d'Orléans aurait eu une vision en 1965 qu'on lui présentait un enfant "illégitime" (non issu d'une lignée héréditaire royale) mais auquel il faudrait porter assistance. Le comte confie à Edouard Stern (banquier assassiné en 2005) de l'argent (300 millions de francs) pour la future royauté d'André. Dans les messages reçus en 1981, André avait appris que le 8 avril 2022 quelque chose d'important se passerait (voir plus loin). Après la mort du comte de Paris, André fait faillite. Il voit Edouard Stern à la sortie de l'hôpital Necker, descend de sa camionnette en bleus de travail et l'interpelle. Stern lui dit de revenir le lendemain au même endroit mais ne reviendra pas. L'argent des rois de France est perdu sur des comptes suisses.
A la demande du comte, André a rencontré le rabbin Rebbe (rabbi de Loubavitch) à New York qui avait demandé à le voir. Le rabbin lui demande en guise de test : "as tu soif" puis lui dit "peux tu me servir un verre d'eau ?" alors qu'en 1981 André a vu un homme avec une carafe d'eau derrière Jésus qui remplissait complètement un verre et le faisait déborder. Le rabbin demande pourquoi il ne le remplit pas. André répond sans réfléchir "parce que ce qu'il reste à remplir c'est ce qui reste à vivre à l'humanité". Le rabbin se retourne vers lui les larmes aux yeux et lui dit "tu es donc bien là". André le prend dans ses bras. Il y a une odeur désagréable. Le rabbin lui donne un dollar et lui dit de planter un olivier quand il ira en Israël. Il ne l'a pas fait pour l'instant.
Jésus avait été annoncé à André que la mère de ses enfants lui rappellerait le 8 avril 2022 (elle est née un 8 avril, et lui un 22-02). Cette date sera le jour du premier tour de l'élection présidentielle en France.
En 1987 à son domicile rue de Bièvre Mitterrand avait rencontré, par l'intermédiaire de Gilles Ménage son directeur de cabinet, André, pour étouffer l'affaire des transferts de fonds de la Fondation Henri d'Orléans à son bénéfice. Le président lui aurait dit : "vous avez été béni, mais vous n'êtes pas assez instruit pour le comprendre". Il a aussi rencontré en 1987 à son domicile à Arcueil (banlieue parisienne) Dulcie September militante de l'ANC (assassinée en 1988), qui lui avait parlé de la vision de Martin Luther King en 1968 sur un enfant qui naîtrait en France et serait un sauveur. Mandela en visite à Arcueil le 14 juillet 1996, a dit à André : "tu sais, un jour on te mettra en prison et c'est là que tu comprendras que tu es libre".
Un des messages de 1981 disait que "lorsque le temps des roses sera fini, ton règne sera venu". André l'interprète en lien avec l'incendie de Notre Dame où toutes les portes se sont fermées en même temps, ce qui a protégé les roses.
L'intéressé fera une conférence le 15 août prochain à Sougraigne dans l'Aude.
Je ne me prononce pas sur l'authenticité du récit, mais c'est une illustration intéressante des questionnements (ou des inspirations) qu'a suscités en France à diverses époques la thématique du Grand Monarque.
La duchesse du Berry et Dieppe

Récit du baron d'Haussez (ancien député, préfet et conseiller d'Etat) sur le départ de la duchesse du Berry de France en 1830 (dont feu Jean Raspail a immortalisé le rocambolesque retour deux ans plus tard) :
"La Révolution marchait : elle s'était organisée sous la protection de lois insuffisantes pour en arrêter les progrès, et de tribunaux qui refusaient ouvertement de faire l'application de leurs dispositions, toutes précises qu'elles fussent. Elle éclata enfin.
Trois jours d'attaques préparées de longue main et habilement dirigées, trois jours d'une défense faible et mal combinée suffirent à renverser une dynastie de huit siècles 1 Dans ce trouble universel, dans la confusion d'idées et d'irrésolution que produisait cet événement terrible, une tête conservait du calme, de la détermination, de l'énergie; une tête jugeant le mal, son étendue, les moyens d'y remédier, une tête qui avait une volonté : c'était celle de la duchesse de Berry. Tout n'eût peut-être pas été perdu pour la monarchie, si l'on avait suivi la conduite que traçait cette princesse dont le courage semblait se réserver pour les grandes circonstances où il devait être mis à l'épreuve, et se montrait, en juillet 1830 comme en février, en septembre 1820, supérieur à l'adversité.
Calme dans la délibération, chaleureuse dans les conseils qu'elle donnait en raison des obstacles qu'ils rencontraient, on devinait tout ce qu'elle aurait été capable de faire, si elle eût eu la faculté d'agir. Confiante dans la générosité du peuple, elle proposait d'aller lui montrer son fils. Ce projet, qui se recommandait par la hardiesse plus que par la prudence, dut être abandonné. Les autres avis qu'elle ouvrit ne furent pas mieux accueillis ; et cette force d'âme qu'elle voulait employer au salut de la monarchie, à la conservation du trône, il lui fallut la faire servir à dominer sa volonté de résister, ses regrets, ses douleurs.
Elle suivit avec soumission la route de Cherbourg, au milieu d'une garde fidèle qui, des yeux, semblait lui demander le signal d'une désobéissance à des ordres qui l'humiliaient, d'une population dont, tout comprimés qu'ils étaient par une faction enivrée de son triomphe, les sentiments se manifestaient d'une manière non équivoque. Il lui fallut quitter cette France qu'elle aimait tant, où elle était tant aimée, où elle avait fait tant de bien ; il lui fallut abandonner des amis qu'elle s'était créés dans toutes les classes, des pauvres qu'elle secourait partout où ils sollicitaient ses bontés ; ces fêtes auxquelles elle ne manquait jamais d'associer la bienfaisance, ce Rosny et tous les genres d'enchantements qu'elle y avait rassemblés. Le souvenir de ce qu'elle avait fait la soutenait, et ce souvenir, ce n'était pas dans son cœur seul qu'il se trouvait; elle en acquit la preuve, au moment même où son pied cessait de fouler le sol de la France.

A peine montée sur le bâtiment qui devait emporter la famille exilée, elle s'aperçut que sa chienne favorite n'était plus près d'elle. Quel fut son étonnement en la voyant passer de main en main parmi les matelots de l'équipage et recevoir leurs caresses I Le nom de la pauvre bête leur était connu. — « Ne craignez rien pour Foolish, dit un matelot; ne craignez rien pour vous », ajouta-t-il en baissant la voix. Et en pressant de sa main rude le bras délicat de la princesse : « Nous sommes presque tous de Dieppe ; dites un mot, et nous faisons passer par dessus bord nos officiers et tous ceux qui voudraient nous résister. Nous vous conduirons ensuite. où vous voudrez aller. »
Cette preuve d'affection, cette marque de reconnaissance fut la première des rares consolations que la Providence réservait à la duchesse de Berry. Le nom de Dieppe lui rappelait une ville embellie, enrichie par ses soins ; où sa présence attirait un concours inaccoutumé d'étrangers ; où ses secours pénétraient dans les plus pauvres maisons pour y soulager le malheur ; où son exemple et ses largesses avaient plus d'une fois procuré le salut des marins menacés du naufrage. Sans doute elle se rappelait ce jour où, bravant les horreurs de la tempête et les torrents d'une pluie glacée qui avait pénétré ses vêtements, son chapeau enlevé par le vent, et cramponnée à l'un des canons de la jetée, elle excitait les matelots à porter à leurs frères en péril des secours qui eussent été vainement réclamés si Madame n'avait été là pour communiquer son courage parmi ceux qui en manquaient.
Quelque temps après le départ de Cherbourg, Dieppe, la ville fidèle, vit arriver les voitures de sa bienfaitrice. Cette fois, elles étaient vides. Les habitants voulurent les traîner jusqu'au bâtiment qui devait les transporter : hommage désintéressé qu'ils rendaient à la bonté malheureuse ; pieuse fiction qui leur rappelait les époques où ils couraient à la rencontre de celle qui, chaque année, leur apportait le bonheur ! ! !"
La duchesse pleine de joie de vivre avait introduit en France la mode des bains de mer et avait fait de Dieppe en 1820 la première ville balnéaire de l'histoire de notre pays.
Pourquoi l'histoire hypothétique est anti-biblique

L'histoire hypothétique est très à la mode. Les médias et You Tube accordent une popularité imméritée à l'uchronie "Civilisations" de Laurent Binet (par exemple ici et là).
Ayant moi même cédé à la folie jadis d'écrire un livre d'histoire hypothétique, publié chez L'Harmattan, je dois préciser aujourd'hui quels sont les présupposés spirituels anti-chrétiens de cette démarche :
1) Cela part du principe que l'histoire n'a pas de sens, qu'elle est soumise aux aléas des rapports de forces et qu'il n'y a donc pas de plan de Dieu derrière, Dieu à supposer qu'il existe est sans pouvoir sur elle (ce qui est contraire à ce que dit la Bible).
2) Cela laisse entendre aussi souvent que les vaincus auraient mieux fait que les vainqueurs. C'est patent dans la thèse de Binet : si les Incas avaient conquis l'Europe ils auraient été plus tolérants sur le plan de la religion et des moeurs, on aurait mieux respiré en Europe etc. Le présupposé est que la liberté sexuelle (très relative), l'intérêt pour le corps, qui prévalaient chez les Incas sont meilleurs pour l'âme que la discipline. Evidemment ce point est indémontrable. On passe aussi par pertes et profits les sacrifices humains, notamment ceux des enfants, qui deviennent purement anecdotiques dans ce genre de spéculation. De même que toutes sortes d'autres formes d'oppression à l'oeuvre dans cet empire.
3) On fait notamment l'apologie de la soi-disant tolérance religieuse des païens : s'ils envahissent l'Europe ils ne chercheront pas à éradiquer le catholicisme. L'hypothèse est purement gratuite. Evidemment selon la logique rationnelle on devrait plutôt parier que si les Incas avaient gouverné notre continent, ils auraient persécuté le christianisme. La Rome païenne étaient tolérante envers toute forme de paganisme tant qu'il ne cherchait pas à compromettre les sacrifices à l'empereur. Elle devint impitoyable pour le christianisme assez tôt. De même les Incas n'auraient pas accepté que les Chrétiens refusent le culte de l'empereur et y auraient vu une menace politique. Les paganismes (l'hindouisme par exemple) s'accommodent des formes abâtardies de christianisme (comme le New Age aujourd'hui) qui font du Christ un simple maître de sagesse, nient sa divinité, nient le salut par la résurrection, nient l'Apocalypse comme horizon de disparition de ce monde et acceptent les compromis avec toute idolâtrie. Un christianisme bien axé sur les vérités bibliques est incompatible avec tout paganisme et durement rejeté par lui. Il l'aurait été par un Empire inca victorieux comme par toute autre autorité païenne.
En somme ces spéculations sur l'Empire inca ne sont que des réhabilitations du mythe hérétique du bon sauvage. Un apitoiement sur le sort des vaincus qui ne sert en fait qu'à tenter de disqualifier les valeurs morales (chrétiennes occidentales) qui ont dominé le monde (et l'ont en grande partie libéré, sur le plan éthique, même si évidemment, ceux qui les instrumentalisaient dans un cadre colonial les ont souvent dévoyées). Il vaut mieux ne pas être dupe du sens profond de ce genre de démarche et de l'idéologie qui l'inspire.