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"Françaises, déshabillez-vous!" crient les FEMEN

21 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

"Des membres du mouvement féministe ukrainien FEMEN ont défilé seins nus dans un quartier musulman de Paris sous le slogan "Françaises, déshabillez-vous!" à l'occasion de l'ouverture d'un bureau de FEMEN en France, ont rapporté mardi les médias russes." expliquait Ria Novosti le 18 septembre.

 

Le "quartier musulman" en question est la Goutte d'Or. Les FEMEN sont connues depuis quelques années pour leur activisme "topless" qui leur valu beaucoup d'arrestations en Ukraine.

 

Une d'elles Inna Chevtchenko est réfugiée en France depuis qu'elle a scié une croix en Ukraine en signe de solidarité avec le groupe punk Pussy Riot et le mouvement est enregistré en France depuis le 15 septembre. "Nous ouvrons le premier centre international d'entraînement pour les féministes (...) qui se transformeront en soldats", a déclaré Inna Chevtchenko, précisant qu'il s'agissait de les entraîner à "échapper aux policiers", peut-on encore une dépêche publiée dans "Le Point". Les photos de leur manifestation à Château Rouge sont dans Elle.

 

Sur l'histoire du mouvement et de leurs techniques de provocation, Atlantico explique : "Elles n'ont pourtant pas toujours défilé sans haut. A sa fondation en 2008 par l'Ukrainienne Anna Hutsol, l'organisation jouait déjà la carte de la provocation mais a eu "l'idée" de la nudité une fois qu'une bretelle de soutien-gorge de Sacha Chevtchenko, l'une des fondatrices du mouvement, a glissé sur son épaule et, par la même, attiré l'attention des médias nationaux."

 

Leur activisme en France a commencé avec l'affaire DSK, puis en mars dernier, à Paris, place du Trocadéro, à moitié nues sous leur cape « façon burqa », une dizaine d'entre elles se sont mises à scander en choeur : « Allah has created me naked » (« Allah m'a créée nue »). Elles ont tenté aussi d'intervenir dans les JO de Londrs pour dénoncer le "double-jeu" de certains pay musulmans. Cela s'est terminé en garde-à-vue pour elles.

 

Le bureau des FEMEN au Théatre du Lavoir Moderne sera co-géré par "Ni putes ni soumises" si l'on en croit le reportage de TV5 Monde du 10 août dernier ci dessous. Safia Lebdi, conseillère régionale écologiste d'Ile-de-France (également proche de Jean-Luc Mélenchon) et cofondatrice de Ni putes ni soumises (qu'elle a réintégrée après quelques années de dissidence), a rejoint leur organisation.

 

 

 

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"Les religions et le luxe" de Pascal Morand

21 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Notes de lecture

Morand.jpgJe conseille la lecture de ce livre original de Pascal Morand, économiste, qui aidera sans doute beaucoup d'acteurs économiques à comprendre les ressorts de la consommation, du rapport à la richesse (ostentatoire ou non), et au luxe (une notion qui peut être bien différente de la simple aisance matérielle), et leurs différences d'un continent à l'autre. Voyez ma recension à ce sujet sur http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=91&ida=14929 ou en cliquant directement ici.

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A propos de "Libérez le féminisme"

21 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Notes de lecture

Le féminin pluriel
 

 

Morgane Merteuil, Libérez le féminisme !

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L'auteur du compte rendu : Docteur en sociologie, diplômé de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, actuellement chercheur associé au laboratoire Cultures et Sociétés en Europe (Université de Strasbourg), Christophe Colera est l'auteur, entre autre, de La Nudité, pratiques et significations (Editions du Cygne) et Individualité et subjectivité chez Nietzsche (L’Harmattan).

 

Etudiante en lettres, admiratrice de Grisélidis Réal, de Virginie Despentes, de Christine Delphy et de Thierry Schaffauser, prostituée de son état et secrétaire générale du Syndicat du travail sexuel, Morgane Merteuil a trouvé son cheval de bataille : la lutte contre un « certain féminisme » qui « milite pour un rapport au sexe normalisé à vocation totalitaire », le féminisme « institutionnel, bien-pensant » des associations portées par les grands médias : Chiennes de garde, Ni putes ni soumises et Osez le féminisme. Aux premières il est reproché une dévalorisation caricaturale du corps (dans la polémique sur la photo des fesses de Simone de Beauvoir), aux deuxièmes une pensée néo-coloniale qui identifie la différence au « retard » dans la civilisation, aux dernières enfin de vouloir normaliser « bourgeoisement » les statuts de genre et les pratiques sexuelles. Toute cette mouvance aurait en commun, selon elle, une même haine de la sexualité, et cultiverait un même pessimisme sur le potentiel réel d’inventivité et d’affirmation de soi dont les femmes, dans diverses situations, seraient porteuses.

 

Un point de vue intéressant en ce temps de political correctness obligatoire. Les argumentations sont toujours élégantes, efficaces, souvent pertinentes sur le volet polémique, quoique sans doute un peu excessives, parfois, dans leur refus de l’ « essentialisme » et leur indifférence aux déterminations naturelles. Elles deviennent carrément touchantes sur le volet du témoignage. Car malgré les apparences (le titre, le format), le livre est aussi éloigné du pamphlet (dont il n’a aucunement la violence), que de l’essai savant (peu d’universitaires sont cités, et c’est plus souvent sur des documentaires journalistiques ou des point de vue d’écrivains que le livre s’appuie). L’ouvrage est avant tout la trace d’un vécu, celui des prostituées, vécu toujours complexe, attendrissant, qui a la chance ici de pouvoir se dire dans un langage cultivé, là où d’ordinaire il ne passait que par des paroles censurées. Morgane Merteuil marque un point particulièrement fort quand elle fait, exemples à l’appui, de la voix de la prostitution la voix des faibles ou de la faiblesse (presque perçue dans un sens ontologique), non pas seulement celle des professionnelles, mais aussi celle des clients, les unes et les autres ne faisant au fond potentiellement qu’un dans le combat pour leur reconnaissance. Ce qui se joue dans les draps du sexe tarifé serait l’envers d’une société machiste de la force et du profit, un envers dans lequel hommes et femmes ne font en réalité qu’un, par delà les clichés cultivés par le féminisme médiatique.

 

A vrai dire l’image de la faiblesse, même ontologisée, fait sans doute encore la part un peu trop belle au patriarcat productiviste implicitement crédité d’une force réelle (or les lecteurs des Epitres de Saint Paul et des textes sacrés du taoïsme savent que force et faiblesse sont interchangeables) et d’ailleurs Morgane Merteuil se rattrape dans la suite de son témoignage en montrant toute la liberté (et aussi l’authenticité de rapports humains), donc en quelque manière la force, qu'elle trouve dans son métier.

 

On lira avec intérêt les analogies faites entre le traitement de la prostitution et celui de l’avortement (une idée empruntée à Gail Pheterson qui a sans doute ses limites philosophiques, mais qui peut être opératoire dans l’action syndicale où l’auteure se trouve engagée), la défense d’un féminisme « réaliste » et « inclusif » (qui irait des femmes musulmanes voilées à celles qui affichent leur amour de l’érotisme), attentif à la diversité de vécus et ouvert à toutes les possibilités humaines.

 

Dans son rôle de jeune publiciste, qui se veut porteuse des attentes d’une nouvelle génération (notamment celles d’autres prostituées lettrées comme elle, étudiantes que les difficultés économiques mais aussi un nouveau rapport au corps poussent dans cette voie), Morgane Merteuil rejoint une forme de libéralisme politique radical, qui place ses espoirs dans la libre circulation de l’information et du partage des expériences au-delà des clichés. En plein cœur du débat sur l’abolition de la prostitution, elle ne doute pas que la résistance au normativisme autoritaire ait une chance de l’emporter.

 

Face à elle, les féministes « bourgeoises », tenantes d’un certaine paternalisme, ne manqueront probablement pas de faire valoir que ce manifeste pour la liberté ne convient qu’à celles qui ont les moyens (au moins intellectuels et psychologiques) de l’exercer. Et pourtant la démocratie ne paraît guère possible sans avancer sur le chemin du droit de chacun à faire ce qu’il veut de son corps. Ceux qui y croient trouveront en tout cas dans le livre de Morgane Merteuil matière à étayer leur conviction.

 

Christophe Colera

 

Voyez à ce sujet ma recension sur http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=94&ida=14927 

 

 

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Guennadi Ulibin

15 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate

Notre collègue blogueur argentin Ruben Reveco, grand défenseur de la peinture réaliste (d'où le nom de son blog "Resistencia realista") a déniché encore une pépite : le peintre russe (basé en Espagne) Guennadi Ulibin (je suppose qu'une transposition française plus "classique" du russe imposerait plutôt qu'on écrive "Oulibine"). Voilà un homme qui peint des portraits comme de photos, en joutant à cela une ambiance étonnante.

 

On peut se faire une idée de son travail, en regardant la vidéo ci-dessous (je recommande de couper la musique).

 

Peu de choses sur Internet à propos de cet artiste. Catherine La Rose, artiste blogueuse qui vante aussi d'autres auteurs de nus sur son site, produit une belle collection de ses photos et évque cette "énorme énergie" qui émane de ces corps confrontés à la solitude des paysages et aux sihouettes inhumaines des machines qui les entourent. La galerie de l'artiste est ici.

 

 

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Georges Devereux et l'anthropologie du corps

6 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps

Baubo.jpgJe faisais allusion dans un précédent billet aux travaux de Georges Devereux, psychanalyste et père de l'ethnopsychiatrie dont un des grands avocats en Allemagne (qui traduisit et publia "Baubo, la vulve mythique" et le fit publier Outre-Rhin avant même sa sortie en France) est l'ethnologue Hans Peter Duerr qui a beaucoup inspiré mes travaux sur la nudité.Et je signalais à cette occasion mon intérêt très prudent pour la psychanalyse.

 

Je pourrais, si je voulais justifier cette prudence, citer mille exemples. Voici le dernier en date qui me vient à l'eprit et qui est extrait précisément du livre de Devereux sur Baubo :

 

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N'importe qui, même sans compétence particulière d'helléniste peut contater la faiblesse de l'argumentation logique qui fait identifier la deuxième fille de Déméter (sans nom) à la première (Perséphone), sur la base de deux surnoms qui pourraient être attribués à n'importe quelle déesse. Toutes les "démonstrations" dans les analyses de mythes, sont de cet acabit, et mieux vaut donc avancer avec scepticisme dans la forêt des faits souvent mis en relation entre eux d'une manière assez abusive... Aussi ne suis-je convaincu par à peu près aucune de ses hypothèses, notamment pas celle selon laquelle les déesses sont des mères des hommes  (dans "Femme et mythe"), ses idées sur la réversibilité phallus-vulve, ses comparaisons "à la hâche" entre Baubo, une Gorgonne étrusque et une déesse japonaise, etc.

 

Néanmoins je prends Devereux pour un agitateur d'idées intéressant, et un témoin d'une époque déjà lointaine (dans ses livres du début des années 1980) : par exemple quand il aborde l'image des femmes enceintes ou le rapport des femmes à la laideur de leur sexe et de leur corps (ce qui n'est visiblement plus du tout d'actualité dans la nouvelle économie médiatique de la valorisation-dévalorisation de la plastique physique et de la sexualité).

 

Je pense qu'il y a dans son bric-à-brac des choses importantes à repêcher pour des recherches placées sur d'autres rails. Par exemple quand il ressort un fragment du stoïcien Chrysippe sur Athéna, ou lorsqu'il exhume toutes les symboliques de la fève chez les auteurs grecs (au delà même de ce que j'en lisais récemment chez Plutarque à propos de Pythagore), et qui ferait presque de cet aliment un équivalent du maïs chez les civilisations d'Amérique centrale (y compris dans sa suggestivité métaphysique, il y aurait de quoi en faire un livre qui réarticulerait au passage toute la hiérarchie pneumatique des valeurs de l'esprit à l'appareil digestif). L'audace que lui donne la double culture psychanalytique et ethnologique lui permet d'aborder des sujets que personne n'examinait avant lui comme, par exemple, la toison pubienne qui intrigue beaucoup les magazines féminins en ce moment (le business de l'épilation comme celui du tatouage ou du piercing nourrissant des "débats identitaires" à n'en plus finir) : sur ce sujet par exemple en mêlant des anecdotes typiques des années 70 avec des connaissances ethnologiques sur des peuples encore coupés de notre modernité occidentale, Devereux apporte des contrepoints utiles, ou des compléments opportuns, aux remarques plus marquées par les années 2000 (malgré leur souci d'inactualité) d'un Desmond Morris (dans "The naked woman") qui avait été une des mes plus importantes boussoles sur cette question.

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La nudité "intimidatrice" des mères en psychanalyse

6 Septembre 2012 , Rédigé par CC Publié dans #Généralités Nudité et Pudeur

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La psychanalyse occupe une place problématique dans notre société. Après les polémiques des années 2000 et la montée en puissance des neurosciences et de diverses thérapies nouvelles, la méthode freudienne a été battue en brèche d'autant que les normes sociales s'accommodent mal du primat qu'elle accorde à la parole et à la démarche introspective. La tournure de pensée qui la soustend n'est pas des plus rigoureuses, et ses résultats sont souvent pris en défaut. Il y aurait beaucoup à dire aujourd'hui de la pluralité d'approches de cette matière qui va du freudisme orthodoxe au tantrisme en passant par le jungisme et tant d'autres écoles qu'on se gardera de détailler ici. On se contentera d'observer que, si elle n'est plus aussi centrale dans les références culturelles qu'il y a vingt ans, elle garde probablement une utilité thérapeutique ici et là (dans certains instituts médicaux, dit-on) et quelque intérêt heuristique aussi dans le domaine de l'interprétation des rêves par exemple, ou dans la lecture de certaines oeuvres d'art.

 

Dans mon ouvrage sur la nudité, j'utilise certaine de ses observations cliniques sans adhérer à toutes ses interprétations. Ces cas ont aussi une valeur historique, il illustrent un miieu social à une époque donnée et auraient peu de chances de se livrer sous la même forme dans d'autres contextes.

 

A la lecture de "Baubo, la vulve mythique" (un livre important pour nos études déjà abordées ici sur les déesses mères, et d'utant plus important qu'il fut défendu par Hans Peter Duerr - grand inspirateur de nos travaux sur la nudité - en Allemage, avant même que d'être connu en France), de Georges Devereux, psychanalyste et père de l'ethnopsychiatrie, je tombe sur des considérations sur la nudité comme "moyen intimidation" empruntées à Plutarque et à Hérodote qui renvoient à un texte de Sandor Ferenczi (illustre disciple de Freud) de 1919 (*) cité in extenso en annexe du livre et que je vous communique ci-dessous. Ce texte fait penser à la nudité des FEMEN en Ukraine et à celle des femmes africaine dans de manifestations politiques (voir encore au Togo le28 août dernier), voire à la légende de Jawdar dans les Mille et une nuits.

 

Cette nudité "intimidatrice" est aux antipodes de celle, réconfortante, de Baubo qui console Déméter ou la mère du futur Staline qui montrait sa poitrine à son enfant pour le faire rire - voir "Le Jeune Staline" - une pratique peut-être répandue en Géorgie ?

 

Il faudra revenir sur ce thème, notamment pour approfondir nos condidérations anthropoogiques sur les déesses-mères.

 

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(*=) La nudité comme moyen d'intimidation "Die Nacktheit als Schreckmittel", in Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, traduit dans Psychanalyse II, Oeuvres complètes, 1913-1919

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