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Mon livre"La Nudité" dans la revue "Sciences humaines"

28 Mars 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Interviews en rapport avec mon livre "La nudité"

La revue Sciences Humaines , n° 203, d'avril 2009, en page 58, dans la rubrique "Anthropologie", sous un thème "Lettre à mon corps", a bien voulu faire une mention de mon livre sur la nudité sous la plume de Flora Yassine. Ce texte étant en ligne sur http://www.scienceshumaines.com/lettre-a-mon-corps_fr_23484.html, je crois pouvoir le reproduire ci-dessous sans craindre d'enfreindre la "Nétiquette" comme on dit.

La revue Sciences Humaines, est assez lue, et ce numéro d'avril, consacré à l'école, risque de l'être en particulier par les enseignants. J'observe que le blog "Ethnologiques" s'est fait l'écho de cet article dès le 20 mars.

Une précision quand même sur le commentaire que fait Flora Yassine de mon livre : toutes les thèses que je décris dans la première partie sont évolutionnistes, et celle que je privilégie, ne part pas du tout du principe que le sexe des femelles "est caché par les poils" chez les autres animaux : d'abord je ne compare pas l'humain femelle aux autres animaux mais aux primates du même sexe (les espèces les plus proches de la nôtre), lesquelles n'ont pas du tout le sexe caché mais au contraire la vulve visible et qui se colore pour attirer les mâles quand elles sont en chaleur. Par conséquent ce n'est pas dutout une problématique de la dissimulation par les poils qui peut expliquer la nudité (chez l'humain aussi la femelle a le sexe dissimulé par les poils), mais celle de la dissimulation de la vulve par la station verticale qui aurait entraîné une substitution du corps sans poil à la vulve sans poil comme stimulus sexuel permanent. Je précise cela pour le cas où des spécialistes tomberaient sur le résumé de Flora Yassine et me suspecteraient d'avoir commis un contresens sur les thèses que je rapporte.

Je lis en ce moment, pour en faire une recension sur Parutions. com, l'Histoire de l'adultère d'Agnès Walch. J'y pêche des petits détails qui, d'une certaine façon, peuvent compléter les exemples que j'avançais à l'appui de mes idéaux-types (ou de mes idealtypes, utilisez le vocable que vous voulez). Ainsi quand je me demandais si la poésie courtoise médiévale visait un Eternel féminin nu ou habillé, j'apprends en lisant Agnès Walch que celle-ci codifiait précisément les gestes autorisés par le jeune chevalier, et que ces gestes pouvaient aller jusqu'à faire dévêtir complètement la Dame mais sans aller jusqu'à la toucher, ce qui peut confirmer, au fond, l'idée qu'une sorte de nudité féminine visuelle, apollinienne,  qu'on trouve aussi dans la métaphysique grecque, pouvait plus ou moins consciemment dominer l'imaginaire courtois. Mais j'avance cela sous toute réserve. De même j'ai lu avec intérêt les pages d'Agnès Walch sur la sanction de l'adultère par la peine dite de l' "authentique" qui mobilie souvent la nudité. Je rattachais ces peines à la culture germanique en suivant Dominique Barthélemy. Mme Walch l'inscrit dans la filiation du droit romain. J'y reviendrai peut-être plus en détail ultérieurement.

CC


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Lettre à mon corps (Revue "Sciences humaines" - avril 2009) 

L’Aventure du corps. Des mystères de l’Antiquité aux découvertes actuelles. Gilles Vignaux, Pygmalion, 2009, 420 p., 21,90 €

La Peau. Enjeu de société. Bernard Andrieu, Gilles Boëtsch, David Le Breton, Nadine Pomarède et Georges Vigarello(dir.),CNRS,2008, 380 p., 12 €

La Nudité. Pratiques et significations. Christophe Colera, Le Cygne, 2008, 187 p., 20 €

Flora Yassine


Cher corps
,


Décidément, l’intérêt que l’on te porte ne faiblit pas. En cette année 2009 chargée, si l’on en croit l’actualité, de soucis bien lourds, te voilà à nouveau examiné sous toutes les coutures.


C’est d’abord le tour d’un philosophe du CNRS qui se fait fort de raconter ton histoire sous l’angle médical, dans un ouvrage ambitieux et passionnant. Le premier traité de médecine antique, affirme Georges Vignaux, remonterait au xviiie siècle avant notre ère, à Babylone : le Code d’Hammurabi réglementait l’activité des médecins et prévoyait les risques encourus en cas de faute professionnelle grave ! Et l’auteur de nous conter comment a progressé la connaissance de tes fonctionnements, comment se sont croisées les croyances, la magie, l’alchimie et les avancées de savoirs plus précis et plus scientifiques, de l’Antiquité à nos jours, des dissections à l’étude des grandes épidémies… Il n’oublie pas non plus les perspectives que t’offrent aujourd’hui les nouvelles techniques de pointe, propres à te transformer pour que tu ne laisses plus l’âge nous trahir, que tu nous permettes de mieux jouir, d’être plus performants, plus beaux, et éternellement jeunes…


Tu serais même en train de devenir l’objet d’une « nouvelle religiosité », affirme Aurélien Guérard dans un second ouvrage (La Peau. Enjeu de société). Il consacre sa contribution aux nombreux implants que l’on peut aujourd’hui glisser sous ton épiderme : médicaux pour booster un organe défaillant, « techno-sécuritaires » pour déclencher son ordinateur ou la fermeture de sa maison, esthétiques bien sûr pour gonfler les poitrines féminines ou les sexes masculins. Historiens et anthropologues se penchent sur ton enveloppe, cette interface entre le biologique et le social, « entre la nature et la culture », écrit David Le Breton. Les couleurs de la peau y font l’objet de plusieurs analyses, de la blanche noblesse aux hiérarchies raciales – blanc, jaune, noir –, et aux fantasmes suscités par le corps métis, que Gilles Boëtsch nous décrit à la fois stigmate et objet de désir. Et si l’on considère que l’on peut devenir rouge de honte, bleu de peur, vert de rage…, c’est dire ce que ta peau communique !


Un troisième ouvrage enfin (La Nudité) se penche sur ton plus simple appareil. Pleine de récits et d’anecdotes – des bains romains à la douche collective des ouvrières dans l’ancienne URSS en passant par le film porno –, l’étude du sociologue Christophe Colera passe en revue les messages que ta nudité est capable de livrer. Mais d’abord, se demande-t-il d’entrée, pourquoi avons-nous perdu notre fourrure et la plupart de nos poils ? Les théories les plus fantaisistes circulent sur cette question. Je te laisse les découvrir. L’auteur, lui, en pince pour une thèse évolutionniste : le redressement du squelette aurait occasionné l’occultation des parties génitales féminines, cachées, chez les autres mammifères, par les poils… Plus grand-chose à cacher, plus beaucoup de poils ! Ces lectures stimulantes, cher corps, prouvent que tu restes l’objet de toute notre attention.

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Cléopâtre

22 Mars 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire des idées

Je suis un peu triste de voir des sites qui défendent la cause des immigrés et descendants d'immigrés africains se réjouir bruyamment d'une découverte récente, mise en scène par la BBC, selon laquelle la soeur de Cléopâtre VII dernière reine d'Egypte, Arsinoé (et donc pense-t-on, par voie de conséquence, Cléopâtre elle-même), avait des origines africaines, et peut-être plus triste encore que les sites anti-immigrationnistes attaquent la BBC pour son reportage à ce sujet.

Concernant les premiers sites, il faut se réjouir de cette découverte, fondée sur les ossements de la princesse retrouvés en Turquie. Tout d'abord il faut rappeler que le fait que Cléopâtre et bien d'autres lagides avaient du sang égyptien malgré l'ascendance macédonienne offciielle est très connu depuis longtemps. Dans les livres des années 80 qui n'étaient pas politiquement corrects on rappelait qu'il y avait beaucoup de "bâtards royaux" chez les Ptolémées et l'on signalait une physionomie de Cléopâtre qu'on qualifiait alors de "nilotique" sur les pièces de monnaie. Ensuite je ne voie pas bien en quoi cela mérite d'être mis en avant sur la scène politique, car cela n'ajoute ni ne retranche rien à la justesse des causes contemporaines. La réponse d'un site conservateur même si elle comporte quelques remarques justes (notamment sur le fait que Cléopâtre n'avait sans doute pas la même mère qu'Arsinoé), est attristante aussi par son obstination à nier les métissages dans la Méditerranée orientale. L'argument avancé (la représentation de Cléopâtre dans la statuaire est européenne) ne peut par ailleurs justifier la thèse d'une "pureté macédonienne" de la reine, puisque chacun sait que les représentations antiques étaient largement conventionnelles et gommaient ce qui dans le portrait peut aller à l'encontre du message que le commanditaire voulait faire passer.

Cette polémique coïncide avec un regain de popularité de Cléopâtre dans les années 2000 (films, livres, séries, comédies musicales) qui coïncide avec diverses valeurs de notre époque (la promotion politique de la femme, l'hédonisme, la valorisation des échanges interculturels).
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