La vraie mission de Jeanne d'Arc
17 Juillet 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Notes de lecture, #Christianisme, #Histoire des idées
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On s'est déjà penché sur ce blog sur l'ascendance davidique de la monarchie française, sur les révélations privées autour du grand monarque et l'essence divine de la monarchie française. Il existe une filiation d'intellectuels au XXe siècle qui ont défendu ces idées : Léon de Poncins (1897-1975), Jean Vaquié (1911-1992), Louis-Hubert Rémy (né en 1943).
Je voudrai dire un mot ici d'un livre de ce dernier, co-écrit avec Marie-Christine Rémy (1944-2017), paléographe, "La vraie mission de Sainte Jehanne d'Arc", publié à Marseille en 2012 pour le sixième centenaire de la naissance de la sainte.
Le livre, qui prend le contrepied de l'aveuglement universitaire sur le sujet, est articulé autour d'un événement clé pour comprendre le sens du "phénomène Jeanne d'Arc" : cela s'est passé le 21 juin1429, à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury-sur-Loire). Il est relaté par un ancien inquisiteur de Toulouse, le P. Jean Dupuy, informé par les dominicains de Poitiers, qui le communiquera au pape Martin V, texte que les auteurs du livre ont trouvé dans le Brevarium historiale à la bibliothèque vaticane. Il sera aussi mentionné par Windecke dans son Mémorial et par le duc d'Alençon lors du procès en réhabilitation.
Cet événement s'appelle la triple donation, et Jean Dupuy la raconte ainsi :
Jehanne dit à Charles : «Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ?»
Le Roi hésite, puis consent.
«Sire, donnez-moi votre royaume».
Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l'ascendant surnaturel de la jeune fille : «Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume». (1 ère donation)
Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu'un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu'il avait fait : «Voici le plus pauvre chevalier de France : il n'a plus rien».
Puis aussitôt après, très grave et s'adressant aux secrétaires : «Écrivez, dit-elle : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ''» (2 éme donation)
Et bientôt après :«Jésus rend le royaume à Charles». (3 ème donation)
Déjà 3 mois plus tôt, le 11 mars, à Chinon, à la sortie de la messe royale, Jeanne avait demandé au dauphin de faire donation de son royaume au roi du ciel. Le 11 mars il n'avait pas répondu. Le 21 juin, il signe.
Cet acte explique que Jeanne ait eu le Christ sur sa bannière et ait tenu cette bannière source de victoires pour plus importante que son épée pourtant découverte miraculeusement. Le livre rend hommage à ce propos au jésuite érudit le RP Jean-Baptiste Ayroles (1828-1921), spécialiste de Jeanne d'Arc, qui, au moment du procès en canonisation, avait une vision claire de l'entreprise de restauration de la Pucelle d'Orléans au service de Jésus-Christ, contre notamment le réductionnisme ridicule d'Anatole France.
C'est un aspect crucial de la saga de Jeanne d'Arc qui effectivement mérite d'être mis en relief.
A part cela, concernant Jeanne, mon fils, devant l'histoire de Shadrak, Méshak et Abed-Nego dans le livre de Daniel chapitre 3, les trois Juifs condamnés à périr par le feu par Nabuchodonosor et sauvés miraculeusement des flammes, me faisait remarquer que la sainte de Domrémy n'avait pas joui de la même grâce. Dans un premier temps je lui ai répondu que la Pucelle avait terminé sa mission, ce qui expliquait qu'elle n'ait pas bénéficié de cette faveur. Mais je sentais bien que mon explication ne tenait pas. Du coup j'ai regardé à nouveau l'excellent film de Robert Bresson fait à partir des actes du procès en sorcellerie (voir la bande annonce ci-dessous). On voit bien que cette crémation pose à juste titre un vrai problème à la sainte car en principe elle prohibe la voie de la résurrection du corps à la fin des temps (voilà pourquoi ceux qui optent aujourd'hui pour la crémation sur la foi d'une concession accordée par le pape dans les années 1960 aux adversaires de l'Eglise feraient mieux d'y réfléchir à deux fois). Les voix d'ailleurs avaient promis à Jeanne de la sauver de ce supplice infâme. Si ces voix venaient de Dieu, elles n'ont pu se dédire. Donc si elle n'a pas été providentiellement soustraite au bûcher, cela doit provenir de sa faute (un peu comme Moïse prohibé d'entrée en Terre Promise, pour avoir frappé deux fois sur le rocher au lieu d'une). Et sa faute, à n'en pas douter, une faute énorme quoique très humaine, tient à son abjuration et à sa soumission à "l'Eglise militante" (terrestre) pour échapper au feu alors qu'elle était déjà titulaire d'une promesse de "l'Eglise triomphante" (céleste). Au passage on voit tous les dangers qu'il peut y avoir à faire preuve d'une trop grande soumission au clergé (devant les enjeux sanitaires et écologiques actuels notamment), et, concernant Jeanne, cela a conduit à la reconnaissance gravissime du fait que ses voix lui venaient de Satan et que tout son combat au service de la France était maléfique ! S'abaisser à un tel reniement est incroyable quand on y songe : combien de résistants (songeons aux communistes pendant la seconde guerre mondiale par exemple) sous les effets d'actes de torture bien pires que la menace du bûcher ne sont pas tombés aussi bas. L'acte est plus odieux encore que le reniement de Saint Pierre qui, lui, avait nié son contact avec Jésus-Christ sans avoir encore agi indépendamment de lui, et donc, sans entraîner dans son reniement, l'ensemble de ses actes et l'ensemble de ses partisans comme le faisait Jeanne. L'étonnante faiblesse psychologique de la jeune fille se retrouve d'ailleurs à d'autres moments du procès (alors qu'à d'autres moments elle fait preuve de beaucoup d'élévation et de courage), par exemple quand elle dit s'être promis de ne pas révéler quel signe fut donné au Dauphin, puis, ensuite elle consent à l'avouer, ou quand elle s'abandonne parfois à des réponses un peu évasives qui peuvent être utilisées contre elle.
Les voix ont reproché à la sainte son parjure, sur lequel elle est finalement revenue pour mourir. Mais la rétractation n'a peut-être pas effacé totalement la faute, ce qui affranchissait Dieu de la promesse de lui épargner le bûcher. Evidemment nul ne sait si à la fin des temps Dieu fera pour Jeanne une exception au principe de non-résurrection des corps brûlés... ni si la faute de la sainte aurait dû être de nature à empêcher sa canonisation (très tardive)... En tout cas les Français, compte tenu de l'immense dette qu'ils ont à son égard, ne peuvent pas juger impartialement de cette affaire - car, comme l'a souligné Louis-Hubert Rémy, ce fut la première fois dans leur histoire, et peut-être la seule depuis Clovis, que Dieu intervint si visiblement, d'une façon si surnaturelle, à travers cette humble fille de Lorraine.
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