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Le voile des cheveux et les anges

10 Janvier 2021 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Anthropologie du corps, #Histoire des idées

Il y a quelques années (2013), un spécialiste des textes sacrés, James D. Tabor, de l'université d'Etat de Pennsylvanie dans "Paul and Jesus" (p. 162), examinait la première lettre de St Paul aux Corinthiens et expliquait que dans cette lettre quand l'apôtre écrit (1 Cor 11-15) que la femme ne doit pas avoir les cheveux longs par respect pour son mari, car ses cheveux sont son voile, il condamne la mode romaine de relever les cheveux pour exposer le cou et les boucles d'oreille. Voir aussi 1 Tim 2:9 qu'elles "ne se parent ni de tresses, ni d'or, ni de perles, ni d'habits somptueux", les tresses "braided hair" renvoient à cette mode et 1 Pierre 3:3. On sait jusqu'où allait l'exhibitionnisme des aristocrates gréco-romaines dans le monde méditerranéen antique : voyez au Ve siècle le cas de Sainte Pélagie, qui avant de se convertir, passait  dans les rues d’Antioche - « ne portant sur elle que de l’or, des perles et des pierres préciseuses, même ses pieds nus étaient couverts d’or et de perles » (adornata ita, ut nihil videretur super ea nisi aurum et margaritae et lapides pretiosi; nuditas vero pedum ejus ex auro et margaritis erat cooperta), ce qui émut l’évêque Nonnos. L'importation de la soie translucide notamment avait terriblement contribué à cette dérive.

Le pouvoir que la femme doit garder sur sa tête est une protection contre les anges déchus de Genèse 6:1-4 qui, croyait Paul, étaient présents dans toutes les assemblées (notamment quand des gens qui avaient participé aux sacrifices païens venaient à la table chrétienne) ou pouvaient s'introduire dans les groupes exerçant des dons charismatiques. Il existe une autre hypothèse. Les manuscrits de la Mer Morte ont montré que diverses sectes juives pensaient que les anges saints pouvaient être présents dans les assemblées. Le théologien catholique Joseph A. Fritzmyer (1920-2016) dans "A Feature of Qumrân Angelology and the Angels of I Cor. xi. 10," a avancé que la recommandation pouvait valoir seulement pour ne pas faire fuir les anges purs qui n'auraient pas supporté l'impudeur. Tabor précise que les règles de soumission des femmes ne sont valables que sous l'ancienne loi lié au péché originel d'Adam et Eve dans l'attente que l'homme retrouve son androgynéité première en Christ (cf nos remarques sur Antoinette Bourignon).

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