Protestantisme ou catholicisme ?
Les gens qui sont passés par l'occultisme pour ensuite se convertir à une religion monothéiste (ou revenir à leur religion monothéiste d'origine) en général ne versent guère dans le relativisme moral et religieux qui inspire par exemple le prochain synode pan-amazonien qui devrait s'ouvrir à Rome dans quatre jours.
C'est que le contact avec les entités, surtout s'il n'est pas spécialement amical comme celui que j'ai affronté en 2015, ainsi que je le raconte dans mon ouvrage "Les médiums", paru chez L'Harmattan en 2017, ne prédispose guère à considérer les questions spirituelles comme un sujet d'aimable conversation de salon au coin d'un bon feu de bois. Il vous place dans la situation de l'après-vie, qui sera celle du jugement dernier, où aucune aide humaine ne peut vous secourir et où il vaut mieux avoir choisi la bonne assistance transcendante et le bon comportement pour ne pas tomber dans les tortures éternelles. Beaucoup de gens qui ont vécu des expériences de mort imminente (EMI) aussi y ont acquis la certitude d'une part que le monde invisible est plus important que le monde matériel dans lequel nous vivons, plus essentiel, plus déterminant du sens réel des choses, et surtout qu'on ne plaisante pas avec lui (du moins quand l'EMI ne revêt pas un côté "New Age" ou luciférien au sens qu'on a donné à ce mot dans notre billet du 10 septembre dernier). Toutes ces expériences conduisent à prendre très au sérieux le monde spirituel et l'obligation que nous avons tous de nous positionner à son égard - soit en choisissant une voie spécifique en son sein, soit en le rejetant. On ne peut pas tricher à son égard, le tourner en dérision, ou prétendre en tirer profit par un petit numéro de séduction emprunté à la comédie sociale, parce qu'un jour il nous rattrapera, la comédie sociale s'effacera et tout dépendra de l'être transcendant en qui nous aurons remis ou non notre Foi. C'est d'ailleurs ce que ne cesse de dire la Bible.
Cela conduit à une certaine radicalité qui prime sur les appartenances identitaires. On ne va pas adhérer une foi parce qu'elle a été celle de nos parents, ou parce qu'elle est celle de la petite copine, du petit copain, du mari ou de l'épouse, parce qu'elle est celle de Platon, de Gandhi ou de St François d'Assise, parce qu'elle est esthétiquement séduisante, apaisante, source de bienfaits, ou encore pour se donner une image, pour conforter son rôle dans la société etc, mais parce que c'est la Vérité, celle dont on n'aura pas à rougir au jour du jugement final. Que cette Vérité soit "une" c'est là encore ce que nous disent les Ecritures. Que beaucoup de forces invisibles soient à l'oeuvre pour nous tromper est aussi une réalité maintes fois soulignées (Ephesiens 5:6, Jean 8:44), mais qu'un travail patient et persévérant sur nous mêmes d'ouverture à la révélation divine puisse nous faire progresser dans la découverte de cette vérité et dans l'obéissance à ses commandements, est aussi le message dont est dépositaire l'Occident : "Cherchez et vous trouverez" (Luc 11:9, Matth 7:7) et "Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libèrera" (Jean 8:32). Le christianisme assure même que des entités invisibles comme les anges, mais surtout le Dieu trinitaire lui-même (père, fils, et esprit saint), ainsi que les prières d'intercession des saints, et l'amour conjugué des croyants (l'Eglise) assisteront d'une façon surnaturelle l'homme honnête dans sa recherche du vrai (en soutenant son courage, en mettant sur son chemin les bonnes interventions), pour peu qu'il abandonne son orgueil, son attachement aux biens du monde (tout ce qui arrange notre petit égo), et s'abandonne totalement au Seigneur et à ses commandements.
Pour ma part, au départ impressionné par les prodiges que réalisaient les médiums New Age dans le domaine de la clairvoyance, des synchronicités, de la guérison du corps etc, mais très vite déçu par leur très faible attachement à la vérité (ils se contredisaient entre eux, et se contredisaient eux-mêmes d'une minute sur l'autre à titre individuel, et les entités qu'ils canalisaient se démentaient mutuellement et disaient souvent de très grossières contrevérités), j'ai très vite cherché refuge du côté des grandes traditions monothéistes qui ont au moins le mérite de la cohérence et, de ce point de vue, promettent au moins de ne pas écarteler leurs disciples sous le poids des contradictions (même si des contradictions superficielles subsistent toujours). Comme un médium musulmane avait en février 2015 identifié une malédiction qui me liait et en avait fait part sans me connaître à une mienne amie, je me suis demandé un temps si la révélation musulmane n'était pas la bonne. Cette médium fut surnaturellement écartée de mon chemin. C'est par Marie Madeleine à Sainte Baume, puis par la Vierge Marie en septembre 2015 que des délivrances très spectaculaires (que j'ai racontées dans mon livre) ont été apportées, ce qui semblait me ramener au catholicisme de mon enfance.
Cependant je fis voeu de ne pas m'arrêter à ces manifestations qui pouvaient elles aussi être empreintes de mensonges démoniaques, et de continuer en toute bonne foi à me laisser guider entièrement par Dieu vers la vérité quelle qu'elle fût. J'estimais que, s'il n'y a pas de vérité et seulement des rapports de forces entre démons (comme le soutient une jeune femme qui dans une vidéo sur You Tube en français affirme elle-même être sorcière et issue d'une lignée immergée dans la sorcellerie) cela ne valait pas la peine de vivre dans un tel monde. En revanche, comme Pascal, en faisant le pari d'un Dieu vrai et aimant auquel je m'en remettrais complètement, j'étais sûr de ne rien perdre - et d'ailleurs ce Dieu avait de toute façon déjà donné des signes très forts durant mon cheminement parmi les médiums. Sur la base de ce voeu, je reçus effectivement de nombreuses révélations qui me conduisirent à m'intéresser beaucoup à la Bible qu'au fond je connaissais très mal, et notamment à l'Apocalypse dont trop de gens ont une compréhension purement allégorique et abstraite, alors notamment que son chapitre sur l'Antéchrist permet de saisir beaucoup de choses sur l'esprit qui pèse sur notre époque.
En outre des signes me détournèrent du culte marial qui semblait pourtant avoir été à l'origine de ma première sortie de l'occultisme en 2015.
Je crois aujourd'hui qu'il ne faut jamais s'arrêter dans la recherche de la vérité ni dans la recherche de Dieu qui sont une seule et même chose. Il faut toujours se laisser instruire, humblement, accepter les nuances, les remises en cause. C'est ce qu'on appelle cheminer. On ne peut pas tous les matins remettre en cause ce qu'on a appris la veille ou un mois plus tôt, car ce serait céder à un démon d'instabilité incompatible avec la constance de Dieu, il faut construire, pierre par pierre, mais toujours en étant prêt à des remises en perspective étonnante que notre petite intelligence d'être humain n'est pas par elle même capable de faire.
Pendant deux ou trois ans, mon attachement à la Bible m'a conduit à écouter beaucoup les prédicateurs protestants, à commencer par les exorcistes qui ont une bonne connaissance de l'occultisme et du monde des démons par lesquels eux-mêmes sont déjà passés. J'y ai appris beaucoup de choses intéressantes sans toutefois m'y arrêter, car j'ai aussi vu les dangers des "charismes" que ces prédicateurs déploient, dont certains ne viennent assurément pas de Dieu, surtout s'ils viennent nourrir leur orgueil (ce qui est souvent le cas).
Périodiquement certains signes me "tirent" vers le catholicisme de mon enfance. Par exemple des rencontres de gens de cette mouvance, ou encore le fait que je n'aie pas trouvé sur mon chemin, malgré toutes mes demandes adressées au Seigneur, d'Eglise protestante (évangélique) qui semble répondre à quelque chose de profond en mon for intérieur. Dans la mouvance catholique des intellectuels comme Taylor Marshall (même si je ne suis pas d'accord avec certaines de ses simplifications) ou E Michael Jones (même s'il a une vision trop biaisée de l'éthique juive et de la place du Peuple Elu dans la révélation biblique mais c'est une erreur répandue dans le catholicisme traditionaliste) sont des sources d'inspiration pour moi, beaucoup plus que des modernistes complètement enlisés dans le snobbisme intellectuel et la réduction de la foi à un enjeu psychologique comme Frédéric Lenoir ou Michel de Certeaux.
Autant j'apprécie les grandes fresques historiques protestantes à la Barbara Aho, même si elles comprennent sans doute beaucoup de caricatures et d'erreurs, parce qu'elles forcent à s'interroger sur les jésuites, la papauté, les sources des croisades, du culte marial, etc, autant j'entends aussi les objections que les catholiques conservateurs adressent à la dissidence protestante, et notamment à sa régression hébraïsante (dès Luther et Calvin), qui fait l'impasse sur le fait que Dieu n'a sans doute pas choisi par hasard de donner la dernière partie de sa révélation en Grec - sur ce point le travail d'E Michael Jones sur la rapport intime entre Eglise catholique et Logos est très éclairant. On sent bien qu'il y a un équilibre difficile à trouver entre d'une part l'importance indéniable de l'Ancien Testament et d'une compréhension de celui-ci dans sa langue originelle (qui ouvre aussi sur une compréhension particulière du rôle du peuple juif dans les temps de la fin, la question de savoir s'il sera seul face à l'Antéchrist en cas d'enlèvement de l'Eglise de Christ etc) et, d'autre part, le fait que la nouvelle promesse christique est ouverte à l'héritage grec, héritage qu'a particulièrement creusé le catholicisme à travers notamment le thomisme. C'est un protestant canadien, Don Richardson, qui m'avait ouvert les yeux sur le fait que Saint Paul lui-même s'était approprié l'héritage d'Epiménide le Crétois (lié au pythagorisme) comme cela résulte d'une lecture combinée des Actes des Apôtres et des épîtres. Donc il y a bien une "sagesse grecque" à incorporer au christianisme sans réduire tout cela à de l'orgueil de philosophes. Il ne faut peut-être pas aller jusqu'à ouvrir les portes comme le fit Marcile Ficin à la Renaissance à tout le néo-pythagorisme ou tout le néo-platonisme et ses pratiques spirites (voire à la tarologie comme le suggéra Valentin Tomberg récemment promu par le catholique anglais Roger Buck) mais on ne peut nier qu'il y a des messages cachés dans la Bible. Les protestants veulent bien les chercher en langue hébraïque, par exemple quand à l'émission de Sid Roth des gens comme Joel Young, Yacov Rambsel, ou Sharon Allen vont trouver des prophéties codées dans la Torah. Mais pourquoi laisser de côté le fait par exemple qu'à la fin des Actes des Apôtres figure une référence aux Dioscures à l'avant du bateau de Saint Paul ?
Le catholicisme a beaucoup de défauts. Taylor Marshall a beau dire dans sa dernière vidéo sur la messe à St Michel en latin qu'aimer les saints n'empêche pas d'aimer Dieu puisqu'on aime autant Dieu quand on aime beaucoup ses enfants, il est dit dans l'Evangile qu'il ne faut pas aimer sa famille plus que Jésus, et c'est vrai qu'en encombrant sa liturgie de litanie de Saints le catholicisme braque trop les regards sur la foule des créatures (les saints) au détriment du Créateur, ce qui est de l'idolâtrie. Indépendamment même de la dérive sataniste de la papauté actuelle (voir ses liens avec le financier Soros), le pluralisme que le catholicisme admet en son sein est une façon d'inviter beaucoup d'hérésies dans la liturgie (alors qu'au contraire l'intransigeance des protestants est source de schismes à l'infini comme l'avait souligné jadis Hilaire Belloc et d'enfermements dans l'orgueil). Que le culte marial présente des aspects isiaques est indéniable ; que Lourdes ressemble dangereusement à des manifestations de nymphes aquatiques (voir comment la Vierge demande à Bernadette, en possession d'un rosaire lié au miracle de Betharram sur le Gave de Pau, de creuser le sol pour trouver la source et s'en enduire visage), c'est tout aussi certain ; qu'on puisse se demander si le rituel eucharistique, qui prend l'injonction biblique dans un sens trop charnel, ne revêt pas des aspects cannibalistes c'est aussi légitime. Il y a beaucoup de choses très dangereuses dans cette "tradition" à laquelle le catholicisme ancien a ouvert la porte et qui venait pour partie des païens, comme il y en a aujourd'hui du côté du pape actuel. Est-ce que l'adossement du catholicisme à un "imperium" universel (avec tout le sens hiérarchique romain qui va avec, et toute la bureaucratie, la passivité des fidèles face la sainteté du sacerdoce professionnel, les perversions de la confession etc) est une force face au nouvel ordre mondial maçonnique antéchristique comme l'affirme avec autorité E Michael Jones ou est-ce la meilleure façon de livrer les fidèles à ses diktats ? On voit bien que la promesse de Jésus à Pierre d'être le fondement de l'Eglise et de pouvoir lier dans le Ciel ce qu'il a lié sur Terre (Matth 16:19) ne peut pas être vaine, mais cela rend-il illicites les églises protestantes et orthodoxes éloignées du siège de Pierre ? Quant à toutes ces apparitions qui ont émaillé l'histoire du catholicisme, il faut beaucoup d'humilité et donc accepter que beaucoup de manifestations surnaturelles non strictement bibliques ne soient pas forcément en contradiction avec les textes sacrés. Cela aussi bien les pentecôtistes que les catholiques l'accepteraient volontiers. Mais on court aussi de grands dangers spirituels à trop glisser sur cette pente là. Des dangers à terme dignes de ceux du New Age... La définition d'une juste voie est très problématique. Et pourtant il faut persévérer, chercher, chercher, avec humilité mais aussi détermination. Des lumières nous seront données.
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