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Fatima, la Russie et l'Islam

2 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

Toujours pour vous tenir au courant de mon cheminement, comme je l'avais fait dans le précédent billet, je dois dire que je vais bientôt devoir me confronter à la question compliquée de l'Islam, qui est importante dans la problématique de la fin des temps. J'ai déjà signalé le ministère protestant de l'anglo-pakistanaise convertie Sonia Azam, qui a de bonnes intuitions sur le rapport entre la Kaaba et l'Antéchrist. Il est assez difficile de mettre en perspective le destin des fils d'Ismael avec la fin des temps. Faut-il comme le fait Sonia Azam identifier l'Islam à Edom, là où le judaïsme identifie Edom à la papauté ? (il faudrait aussi que je dise un mot de ce livre bizarre rempli de fautes de style et de coquilles mais aussi d'idées intéressantes "Le quatrième royaume" de l'anonyme catholique Fidelis Verax qui, au contraire, concerne l'alliance judéo-romaine et rejoint étonnamment l'évangélique Barbara Aho sur certains points).

Le catholique traditionaliste Matt Gaspers, au Fatima Center, dans la vidéo ci dessous estime, comme Sonia Azam, que l'Islam est une religion antéchristique et que le djihad est son vrai visage. Mais il tire des déclarations de la Sainte Vierge à Fatima que la Russie a une vocation particulière à détruire l'Islam, et qu'elle remplira cette vocation... si elle se convertit au catholicisme romain...

La démonstration de Matt Gaspers comporte bien des erreurs : en vertu d'un anticommunisme assez sommaire, il n'hésite pas par exemple assimiler l'aide de l'URSS à l'OLP (organisation de libération de la Palestine, qui était laïque, avec même beaucoup de chrétiens en son sein) dans les années 1970 au symptôme d'une alliance entre le communisme et l'Islam, ce qui est assez grotesque. Ce genre de caricature est fréquent chez les prédicateurs américains. Cela dit l'idée selon laquelle la Russie, après s'être beaucoup fourvoyée dans le communisme, pourrait être "ironiquement", élue par Dieu pour en finir avec l'autre fléau anti-chrétien qu'est l'Islam n'est pas inintéressante, même si, bien sûr, beaucoup de musulmans diraient que leur religion n'est pas anti-chrétienne puisqu'elle protège les religions du Livre. On notera quand même que le propos de Gaspers est aussi anti-orthodoxe qu'anti-musulman puisqu'il assimile - suivant en cela une tradition catholique bien établie - l'orthodoxie au despotisme oriental. Cela change de l'oecuménisme lénifiant soutenu par les médias dominants de nos jours, et oblige à une analyse sérieuse de la vérité ou du mensonge de l'orthodoxie. A l'arrière-plan c'est une fois de plus la question de la légitimité de la succession de Pierre telle que posée par l'Evangile qui se pose...

Evidemment on peut douter de la validité de la prophétie dont se réclame Matt Gaspers, celle de Notre Dame de Fatima. Cela renvoie à la légitimité biblique du culte marial qui ne repose guère que sur la phrase de Jésus sur la croix confiant sa mère à son disciple Saint Jean (Jean 19:26) - phrase énigmatique dont je ne cesse d'examiner les mystères sans trop avancer depuis deux ans (les autres démonstrations sur la notion de "gébirah" en  1 Rois 2:19-20 , sur les noces de Canaan, ou sur la femme de l'Apocalypse sont moins convaincantes encore). A supposer même qu'il y ait une validité de certaines apparitions et prophéties mariales, lesquelles devrions-nous privilégier ? Il semble qu'il y ait une filiation Fatima-La Salette (Lourdes me paraît assez étranger à cette dynamique-là), mais cette logique des secrets et les égarements de leurs interprétations laissent très sceptiques (voir par exemple toutes les manipulations autour de La Salette au XIXe siècle, dans les milieux monarchistes notamment, et toutes les rumeurs autour des vrais et faux secrets de Fatima au XXe siècle). On atteint le paradoxe où la dévotion mariale autour de Fatima en ce moment nourrit un renouveau de la Foi face à l'enlisement de la papauté dans le modernisme et le socialisme, mais où ce renouveau pourrait, en fait, comme Medjugorje, n'être que le fruit d'un leurre (voir l'option d'Aho qui souligne les origines marranes du culte marial tant dans la Champagne "mérovingienne" que chez les Jésuites).

Jusque là en tout cas j'avais plutôt vu le culte marial comme un trait d'union entre chrétiens et musulmans - voyez comment Lourdes est en train de devenir un "hub" du dialogue islamo-catholique voulu par le pape ainsi que l'expose l'écrivain Jean Omnes, et la manière dont divers prédicateurs sur le Net mettent en avant le fait que le Coran cite plus la Vierge Marie que la Bible. Sauf bien sûr à Lépante en 1571 qui fut une victoire du Rosaire - et de Notre Dame de Guadalupe - sur le califat turc, ou même à Vienne quand Jean III Sobieski vainqueur des Turcs en 1683 vint se prosterner avec ses généraux devant la statue de Notre-Dame de Lorette.

Sur la question de l'Islam il y a aussi  la possibilité ouverte par E. Michael Jones de ne pas considérer l'Islam comme un "bloc" mais d'en séparer le chiisme persan en estimant que celui-ci était lié à la sagesse grecque et que donc il participe comme le catholicisme d'un certain Logos en Jésus-Christ. Le raisonnement en termes de Logos rejoint beaucoup la pensée jésuite (qu'E. Michael Jones admire, et que tant de protestants diabolisent) qui dans leur esprit missionnaire voyaient de l'inspiration du Saint Esprit dans beaucoup de sagesses païennes (le bouddhisme notamment), ce qui n'est pas sans danger. Et puis Jones fait trop de sociologie, comme avant lui Bernanos, Claudel, Belloc. C'est un vice propre au catholicisme. Je prends plus au sérieux la démonologie que la sociologie.

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