Philosophie et cannibalisme
3 Octobre 2018 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Anthropologie du corps, #Histoire des idées, #Christianisme, #Médiums
Le célèbre historien Peter Green note dans son "D'Alexandre à Actium" (p. 673) que Diogène prêchait, entre autres, la communauté des femmes et des enfants, la légitimité de l'inceste, et... le cannibalisme. Green avec sa désinvolture anglaise habituelle ajoute : à propos de cette idée qu'il pourrait s'agir d' "une Modeste proposition* avant l'heure" en référence à un pamphlet de Swift. Un peu plus loin p. 703 Peter Green note qu'on trouve la même chose chez Chrysippe et les stoïciens.
Le système académique relativise ce genre de chose, le tourne en dérision. Mais tout chrétien sait ou doit savoir que la pulsion cannibale et celle qui conduit au sacrifice humain est réelle dans le paganisme, même chez les plus fins lettrés et qu'elle est mue par un démon (à propos des démons, voyez mon expérience dans le livre publié chez L'Harmattan "Les médiums").
Pourquoi croyez vous donc que le philosophe athée Richard Dawkins du jour au lendemain en mars 2018, se met à publier un tweet dans lequel il dit qu'il a hâte que l'humanité dépasse le tabou du cannibalisme ? Beaucoup ont remarqué que sa remarque ne correspondait à aucune nécessité rationnelle de la réflexion sur l'évolution darwinienne. Elle était purement pulsionnelle, purement démoniaque, comme tant de partis pris de philosophes soi-disant rationalistes.
C'est une stratégie des forces des ténèbres que de nous faire croire qu'il ne s'agit là que d'humour, de provocation, de fantasmes innocent. Il s'agit d'en banaliser progressivement l'idée avant que d'en banaliser la pratique. Et le rationalisme athée est le meilleur moyen de laisser ces forces avancer masquées dans l'indifférence générale. Ainsi elles feront du cannibalisme un attribut du règne de l'Antéchrist au même titre que la magie, le spiritisme, la divination, et tout ce qui est décrit comme une abomination par la Bible (toutes ces choses d'ailleurs son liées, et le cannibalisme rituel produit des effets magiques lucifériens sur les rapports entre les gens, tout comme il produit la maladie de kuru). Et la philosophie aura servi de paravent à cela, comme la pop culture et tant d'autres créations moins "nobles" en apparence.
On nous ment sur le rationalisme et le paganisme. Quand le professeur au Collège de France, Paul Veyne, lui aussi athée, disait que la morale païenne et celle des chrétiens avaient fini par se ressembler au temps des Antonins à Rome, pourquoi ne nous parle-t-il pas de ce passage du roman alexandrin à succès de l'époque, Leucippé et Clitophon, où l'on voit des prêtres égyptiens arracher le cœur de l'héroïne pour le manger ? Est-ce un signe du rapprochement avec la morale chrétienne ?
Si rapprochement il y a eu, le chrétien a des raisons de croire que c'est à cause de l'influence du message évangélique que les néo-platoniciens avaient intérêt à imiter pour ne pas tout à fait perdre de contrôle les masses de plus en plus séduites par la rigueur du message christique. Quand Jésus-Christ a été crucifié, l'empereur au pouvoir Tibère, était, si l'on en croit Suétone, un pédophile qui donnait son pénis à "têter" à des enfants, et dont la cruauté était digne de la brutalité des jeux du cirque, même si des historiens comme Catherine Salles pour plaire au système où elle évolue a pondu un livre édulcorant les vices de ce tyran - car bien sûr dans l'historiographie athée contemporaine il faut toujours réhabiliter tout ce que le christianisme a diabolisé. Faire de l'histoire hypothétique est toujours risqué, mais le chrétien a le droit de croire que sans la résurrection de Jésus l'empire romain aurait versé à la longue dans le même cannibalisme terroriste que l'Empire aztèque, et, de toute façon, il n'en était déjà pas loin puisque les rituels que décrit le roman Leucippé et Clitophon se pratiquaient à l'abri des regards dans les religions à mystères. Sans le christianisme, la philosophie païenne par elle-même n'aurait pas eu les moyens de s'y opposer, puisque le néo-platonisme était rempli de fascination pour le mysticisme égyptien (voyez par exemple cela chez Porphyre).
N'en doutons pas : maintenant que le monde se déchristianise à tout va (même si les statistiques à ce sujet dissimulent l'ampleur du phénomène du fait de l'influence des églises apostates), on ne va pas tarder à voir le cannibalisme (déjà présent dans les sociétés secrètes comme il l'était à l'époque romaine) refaire surface au grand jour dans la philosophie comme dans la culture populaire. Les déclarations de Richard Dawkins sur ce thème ne sont qu'un signe avant-coureur.
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