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Daniélou sur les transes de la "pop culture" et du rock

12 Novembre 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Les tubes des années 1980, #Shivaïsme yoga tantrisme

"La musique que l'on peut appeler rituelle ou magique a pour but d'établir une communication avec l'invisible, avec les forces transcendantes qui régissent le monde, avec les principes cosmiques, le monde mystérieux des esprits et des dieux. Ce sont ces formes de musique qui sont à la base de tous les rites extatiques, de toutes les pratiques magiques. Il n'existe aucun rite qui ne comporte un élément sonore.

Toute musique construite selon les lois naturelles de l'acoustique et de l'audition présente en fait des possibilités magiques et des aspects rituels, mais il existe des formes sonores qui servent uniquement à la communication avec l'invisible.

C'est grâce aux parallélisme existant entre formules musicales et celles qui sont à la base des structures de la matière et de la vie que l'on peut réaliser l'évocation des êtres subtils que nous appelons des esprits et des dieux, et leur permettre de se manifester et d'agir. Les danses extatiques sont un moyen d'établir des contacts avec les forces surnaturelles qui peuvent alors s'exprimer par la bouche du danseur qui paraît possédé par un esprit. C'est ce qui se passe dans les danses de possession et dans les anciennes pratiques de caractère dionysiaque que nous pouvons toujours aisément observer de nos jours dans le zikhr du Moyen-Orient et les danses des sorciers africains. Ces danses utilisent des formes rythmiques qui créent un état de semi inconscience. Puis de subites ruptures de rythme provoquent un choc psychologique qui mène à l'état de transe dans lequel la personnalité du danseur s'efface, devient alors perméable à des influences extérieures qui s'incarnent en lui.

Curieusement, dans l'Occident moderne, la musique qui présente certaines données qui se rapprochent de celles de la musique extatique ne se rencontre plus dans les lieux de culte mais dans de tout autres lieux tels que les discothèques où les danseurs éprouvent cette sorte d'isolement hypnotique, nécessaire à l'expérience mystique, qui, s'il était mieux dirigé, pourrait aboutir à la perception de réalités supra sensorielles. Les dieux sont beaucoup plus proches de l'exaltation des séances de rock que des fades cantiques des églises et leurs chorales bien disciplinées, de même que les hippies vagabonds sont bien plus proches des mystiques errants, des fous de dieu, que les moines frustrés calfeutrés dans de riches monastères".

(Alain Daniélou, Shivaïsme et tradition primordiale, Editions Kailash, 1986,  p. 131-132) Passage très anti-clérical sur la fin mais qui est assez exact dans son analyse du phénomène du rock. Sauf qu'à la place de Daniélou, je n'aurais pas écrit "curieusement". Quand on sait ce que le rock doit à l'occultisme et à des médiums comme Aleister Crowley, on ne trouve pas "curieux" que cette musique s'apparente aux transes proche-orientales et indiennes. Et je n'aurais pas rapproché cela des "fous de dieu", car dans le monde byzantin il y a eu un vrai débat sur la question de savoir si ces ermites errants adeptes de la provocation étaient des hommes de Dieu et des possédés. Souvent la question fut tranché d'après des principes assez canoniques, surtout sur leur aptitude à chasser des démons. Que je sache cela n'a pas été le cas des "hippies vagabonds"...

J'ai jeté le livre de Bebergal "A season of the witch" qui était trop favorable à l'influence de l'occultisme sur la pop culture.

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