Mandéisme (suite)
Il semble que ce soient les pères de l'Eglise qui aient développé la thèse des origines juives du mandéisme.
Elkasaï ("Force cachée") personnage individuel ou pseudonyme d'un groupe, qualifié de "parthe" par Hippolyte de Rome cent ans plus tard, juif selon Epiphane de Salamine, aurait proclamé la force du baptême en l'an 3 du règne de Trajan (en 100) et reçoit son Apocalypse en 114 lors de la conquête romaine de la Parthie. GRS Mead a écrit sur le livre d'Elxai.
L'organe antisémite France d'hier et de demain du 15 avril 1911 p.4 parle de Maimonide " né à Bassorah, en Mésopotamie, c'est-à-dire près du pays de ces Mandaïtes judaïsés qui furent, au IIIe siècle, les pères du Manichéisme et qui sont de vieilles connaissances pour nos lecteur ". Le problème est que Maïmonide est né à Cordoue et non Bassorah et les mandaïtes sont dans la plaine de Ninive....
Son alter ego La Bastille p. 4 du 17 juillet 1909 publiait un article de Louis Dasté sur les mandaïtes dans la série "la franc-maçonnerie est-elle d'origine juive ?" "Le Mandaïsme, la greffe juive entée par Manès" (1).
Mais cette origine juive est démentie par Alfred Loisy en 1934, dans "Le mandaïsme et les origines chrétiennes" (eds Emile Nourry),qui soulignait que l'image de l'homme sauveur qui apporte la lumière incarnée par Jean Baptiste venait du zoroastrisme iranien.
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(1) Article de Louis Dasté :
Nous avons parlé la semaine dernière du Mithriacisme, qui fut l'arbre sur lequel Manès enta une greffe juive. Aujourd'hui nous parlerons de cette greffe juive : le Mandaïsme.
Déjà en 1844, M. Matter, dans son Histoire critique du Gnosticisme, pressentait le grand rôle qu'avait dû jouer le Mandaisme dans le passé :
Les Mandaïtes (écrivait-il), auxquels on donne aussi les noms de Nazaréens, de Sabiens et d'Hémérobaptistes sont peut-être ceux des théosophes de l'Orient qui méritent le plus de recherches spéciales. (Matter, Hist., t. III, p. 114, 115.)
Et il ajoutait plus loin :
Il est un fait curieux à signaler dans l'histoire du Mandaisme et du Gnosticisme, c'est que le premier s'est attaché à l'Orient et y est demeuré confiné comme il l'est encore tandis que le Gnosticisme s'est constamment dirigé vers l'Occident : que tous les chefs de ses écoles se sont portés vers Rome, l'Espagne ou la Gaule. On dirait que les chefs des deux systèmes s'étaient entendus pour se partager le monde connu. (Matter, III, p. 207.)
M. Matter eut là une remarquable intuition. Si en effet les chefs des écoles gnostiques furent les Juifs de Gnose que nous avons montrés à l'oeuvre, — les fondateurs du Mandaisme, nous allons le voir, furent eux aussi des Juifs ! Et après que la Gnose eut couvert l'Occident de ses hérésies, Manès (le Juif Manès, ont dit à Simonini les Juifs italiens !) va faire du Mandaïsme une religion conquérante qui s'étendra, vers l'Orient avant d'envahir tout Je monde connu. Mais les chefs des deux systèmes, la Gnose et le Mandaïsme-Manichéïsme, qui chacun à son tour et durant des siècles agitèrent l'univers, s'étaient d'autant mieux entendus qu'on réalité ils n'avaient tous qu'une seule et même tête : la Kabbale juive.
C'est au sud de la Babylonie (où la Kabbale juive était née, cinq siècles auparavant, de la. pénétration du Judaïsme par les idées et les traditions chaldéennes, assyriennes, etc.) que naquit aussi le Mandaisme au Ier siècle de notre ère.
Bans ce pays de Characène (ou Saracène, d'où : les Sarrasins) qui fut l'un des plus beaux jardins de la terre grâce à d'admirables canaux, il n'y a. plus que dos marais malsains où végétaient encore en 1881 quatre mille Mandaïtes. Us ont conservé avec une étonnante persistance leurs antiques traditions où se mêlent, avec les vieilles cosniogonies et astrologies cJialdéennes,
des récits juifs implantés là pendant la captivité de Babylone ou à l'époque de la composition du Talmud. (M. Babelon, Les Mandaïtes extr. des Annal, de Philosoph. chrétienne, Paris, 1881, p. 20.)
Le nom de ces sectaires vient de
....Manda ..., expression essentiellement sémitique qui signifie Science, Gnose, de sorte qu'au point: de vue étymologique Mandaïte est l'équivalent de Gnostiques. Quant aux doctrines religieuses, il n'en est pus tout à fait de mémo, bien qu'un grand nombre des croyances de la Gnose se rencontre également dans les livres des Mandaites. — On désigne aussi les Mandaïtes sous le nom de Nazaréens qu'on retrouve assez fréquemment employé dans leurs livrs ; ce qualificatif a été appliqué aux Mandaïtes parce que saint Jean-Baptiste, dont ils ont fait le chef spirituel de leur secte, était de Nazareth en Galilée. (M. Babelon......p. 10.)
..... (Tandis que) l'astronomie, les sciences physiques et médicales du Talmud étaient empruntées aux livres chaldéens, des emprunts analogues ont été faits par les Mandaïtes à la Bible, au Talmud, aux doctrines de la Kabbale juive. (M. Babelon, p. 27.)
On voit dès lors qu'on a raison d'attribuer au Manichéisme une origine juive, s'il est issu du Mandaïsme fabriqué lui même avec des emprunts faits au Talmud et à la Kabbale jinve. Mais voici des précisions bien plus grandes.
La langue dans laquelle sont écrits les livres des Mandaïtes est un dialecte araméen fort apparenté au syriaque, mais singulièrement corrompu. (M. Babelon , p, 20.)
Remarquons que l'araméen était la langue parlée en Judée au temps du Christ, alors que
saint Jean-Baptiste est le prophète de la religion des Mandaïtes : ils le regardent comme le médiateur entre Dieu et les hommes. (M. Babolon , p. 27.)
Mais qui donc opposa aux fidèles du Christ cette secte des Mandaïtes pour laquelle le ATai Christ était celui qui ne fut en réalité que son précurseur ? — Un Juif Kabbaliste nommé Elhasaï ou Elxaï, celui-là même que le Juif d'Institut Franck, dans son livre sur la Kabbale, nous a présenté comme un partisan de la thèse Kabbaliste qui voit dans le Saint-Esprit un être féminin :
Vers la fin du 1er siècle de notre ère,... il surgit chez les populations dos environs de Bassora qui formaient le royaume de Mésène et de Characène, une sortie d'homme inspiré, de réformateur religieux du nom d'Elhasaï. Ce personnage, originaire du nord-est de la Perse ... et initié à. la fois aux dogmes chrétiens et aux doctrines sabiennes (ou chaldéennes) qui remplissaient l'Orient à cette époque, paraît, être le véritable apôtre historique des Mandaïtes. C'est du moins l'opinion de M. Chwolsohn qui croit avoir démontré que les sectaires appelés par les Pères de l'Église d'Orient les Elhasahites ne sont autres que les Mandaïtes... M. Renan a suivi l'opinion de Chwolsohm et admis l'identité des Elhasahites et des Mandaïtes. (Renan, Jiisl. des Langues sémiliq., p. 251.) (M. Babelon , p. 21.)
M. Babelon écrit encore :
...La secte dont nous étudions les croyances regardait saint Jean-Baptiste comme son fondateur et son chef spirituel. Ce fut sans doute Elhasaï qui répandit chez les Mandaites le culte de saint Jean. (M. Babelon , p. 52.)
Mais n'ayons garde, d'oublier qu'Elhasaï, le singulier apôtre des Mandaïtes, était un Juif Kabbaliste et gnostique, au dire de Franck, Juif d'Institut. Et n'oublions pas non plus que les Mandaïtes étaient eux-mêmes un mélange de Chaldéens et de Juifs qui vivaient dans un pays colonisé par les Juifs à plusieurs reprises.
Or, au Juif de Perse Elhasaï — qui joua dans le manichéïsme ou Mandaïsme le même rôle de précurseur qu'avait joué dans la Gnose le Juif Simon le Mage — a précisément succédé Manès, né lui aussi en Perse: LE JUIF MANÈS, ont dit à Simonini les Juifs italiens, nous ne saurions trop le répéter ! Et le Juif de Perse Manès fut pour le Manichéisme (hérésie destinée à mordre sur l'Orient persan et dualiste !) ce que le Juif d'Egypte Valentin avait été pour la Gnose (hérésie destinée à mordre sur l'Occident pénétré des mysticismes isiaque et éleusinien) !
Cent ans environ après l'apparition d'Elhasaï, naquit Manès, de parents mandaïtes, et élevé dans les croyances mandaïtes jusqu'à l'âge de 24 ans, époque où il conçut l'idée de fonder lui-même une religion. Faut-il s'étonner que le Manichéisme contienne tant de croyances grossières, si son point de départ se trouve dans les Livres Mandaïtes ! (M. Babelon , p. 22.)
Faut-il s'étonner davantage que les Juifs italiens aient pu dire au commencement du XIXe siècle à Simonini que Manès était de leur race, alors que tant de recoupements nous font trouver le Juif dans le Mandaïsme, source du Manichéisme, comme dans la Gnose ?"
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