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Le Psaume 91

20 Janvier 2017 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

J'ai entendu il y a peu le rav Ron Chaya affirmer qu'un escadron d'infanterie anglais (121e) qui avait récité le Psaume 91 tous les jours pendant toute la première guerre mondiale n'a eu aucun mort dans ses effectifs.

Craig A. Evans l'expose dans Jésus et le Psaume 91 à la lumière des manuscrits d’exorcisme (publié dans Celebrating the Dead Sea Scrolls: A Canadian Contribution, dirigé par Peter W. Flint, Jean Duhaime, and Kyung S. Baek. Early Judaism and Its Literature 30.Atlanta: Society of Biblical Literature) : la découverte, à Qumrân, du Psaume 91 combinée à trois psaumes d’exorcisme extracanoniques dans 11QapocrPs (11Q11) a fourni la preuve évidente que ce psaume était apparemment compris, à l’époque de Jésus, comme un texte qui fournissait l’assurance de la protection divine contre les puissances démoniaques.

Rachi de Troyes attribue ce psaume à Moïse. La version grecque l'a attribué à David.

La version du Targum rajoute des mots plus explicitement démoniaques que la version de nos bibles. v. 5 :  "terreur de la nuit" est traduit par "terreur des démons qui marchent la nuit", à midi "ange de la mort qui tire la flèche à midi" "aucune peste" est suivi par "ou démon", au verset 10. Le commentaire de Rachi qu'on peut lire ici est tout aussi clair.

Au verset 9 il y a une référence à Salomon qui parle (car c'est une enseignement de David à Salomon).

Il s'agissait d'une tradition sur Salomon comme guérisseur-exorciste (déjà connue par Josèphe, transposée dans le traité de démonologie du Testament de Salomon au 1er siècle dans les cercles juifs, puis enrichi par les chrétiens - publié en français récemment par l'ingénieur Jean-Pascal Ruggiu de l'Ordre hermétique de l'Aube dorée, occultiste à l'écoute des "extraterrestres").

Josèphe le raconte ainsi : « Cet admirable roi composa cinq mille livres de cantiques et de vers (2), et trois mille livres de paraboles, à commencer depuis l'hysope jusques au cèdre, et à continuer par tous les animaux, tant oiseaux que poissons et ceux qui marchent sur la terre. Car Dieu lui avait donné une parfaite connaissance de leur nature et de leurs propriétés dont il écrivit un livre ; et il employait cette connaissance à composer pour l'utilité des hommes divers remèdes, entre lesquels il y en avait qui avaient même la force de chasser les démons sans qu'ils, osassent jamais revenir. Cette manière de les chasser est encore en grand usage parmi ceux de notre nation ; et j'ai vu un juif nommé Eléazar qui, en présence de l'empereur Vespasien, de ses fils et de plusieurs de ses capitaines et soldats, délivra divers possédés. Il attachait au nez du possédé un anneau, dans lequel était enchassée une racine dont Salomon se servait à cet usage : et aussitôt que le démon l'avait sentie, il jetait le malade par terre et l'abandonnait. Il récitait ensuite les mêmes paroles que Salomon avait laissées par écrit, et en faisant mention de ce Prince, défendait au démon de revenir. Mais pour faire encore mieux voir l'effet de ses conjurations, il emplit une cruche d'eau, et commanda au démon de la jeter par terre pour faire connaître par ce signe qu'il avait abandonné le possédé ; et le démon obéit. J'ai cru devoir rapporter cette histoire afin que personne ne puisse douter de la science tout extraordinaire que Dieu avait donnée à Salomon par une grâce particulière. » Antiquités Judaïques VIII, II Trad. Arnaud. P. 1700 in-4° I, 304-305.

A tel point qu'à l'époque d'Ezechias il fallut détruire une livre de Salomon parce qu'on guérissait et exorcisait au nom de Salomon et non plus de Dieu. Le Coran parle aussi du Salomon exorciste qui possède un anneau magique et parle le langage des oiseaux (ce qui est peut-être à rapprocher du fait selon nous que le Psaume 91 parle de l'oiseleur, car le Coran puise à des sources proche-orientales très anciennes, mais peut-être parce que le Coran se méprend sur le fait que l'oiseleur est en fait le démon et non Salomon).

"Dans nombre de légendes chrétiennes Salomon est devenu un personnage fabuleux qui n'a plus grand chose de commun avec le héros palestinien. Ce n'est plus guère qu'un homme habile à poser ou solutionner des énigmes ou un donneur de bons conseils. Parfois même sa sagesse y est tournée en ridicule (1). Mais d'autre part nous voyons persister la tradition indiscontinue et sans doute souvent rafraîchie aux sources juives ou musulmanes d'un Salomon dominateur des génies et possesseur de maints secrets magiques. SaintJustin lui attribue l'application des exorcismes à la guérison des maladies (2): Au IVe siècle on montrait au pèlerin de Bordeaux à Jérusalem une crypte dans laquelle Salomon torturait les démons (3). En 494 un décret du pape Gélase range parmi les apocryphes un livret d'exorcismes attribué à Salomon et intitulé Conlradictio ou Interdictio Salomonis. Il fallait donc qu'il fut employé par certains chrétiens au Ve siècle. Procope de Gaza dit qu'il est très vraisemblable que les auteurs qui ont écrit sur la médecine ont fait de grands emprunts aux livres de Salomon sur les bois, sur la nature et la vertu des plantes, des arbres, des pierres et des animaux (4). D'autres auteurs grecs s'expriment de même. Dans un sermon In mediam Pentecostem, Léonce de Constantinople (5) affirme la puissance de Salomon sur les démons, c'est pour lui une chose indubitable. Vers la fin du XIIe siècle Nicétas Choniatès parle dans ses Annales d'Aaron Isaac, interprête auprès de l'empereur Manuel Commène et magicien réputé comme étant possesseur du Livre de Salomon grâce auquel il faisait venir des légions de démons et les contraignait à exécuter ses ordres. Le chrétien ne met pas en doute le pouvoir du juif. Gregentius, archevêque de Tephra, raconte que Salomon enferma les démons dans un vase qu'il cacheta et qu'il

(1) Cf. Certaines légendes chrétiennes de l'Uchraine dans Rev. des Trad. Popul., II, 510-524 et beaucoup d'autres, voir : LYDIA SCHISHMANOFF, Légendes Religieuses Bulgares, Paris, 1896, in-12, p. 78-87.(2) Ad Orthodoxos Quaest, 55. (3) TOBLER, Palestinae descriptiones, Saint-Gall, 1869, p. 3. (4) Ad. III, Reg. IV, 33. (5) COMBÉFIS, Auctuarium novum, 1, 724 cf. FABRICIUS, Codex pseudèpigraphus veteris Testamenti, Hambourg, 1713, in-8°, p. 1036-1037.

couvrit de terre (1). Michel Glycas (2) dit que Salomon composa des écrits sur les pierres précieuses, expliquant d'où provenait leur couleur, de quelle façon elles se formaient et à quels usages elles pouvaient servir. Il signale celle qui est gardienne de la chasteté, celle qui sert de remède aux inflammations de la fièvre, et celle qui chasse les esprits malins. Il écrivit aussi un livre Sur les génies, expliquant par quel pacte on peut les faire sortir du monde invisible, et sous quelle forme ils apparaissent. Il signala leur nature et leurs propriétés, disant par quelle conjuration on les enchaîne et comment on les réduit, en servitude en certains lieux (3). Vers le milieu du XIVe siècle. Innocent VI aurait condamné au feu un gros livre divisé en sept parties et intitulé le Livre de Salomon. Parmi les Byzantins, Zonare et Léon le Grammairien parlent aussi des ouvrages et des pouvoirs magiques de Salomon (4). Ce livre rempli d'invocations et de pratiques coupables destinées à soumettre les démons (5) était évidemment d'origine juive mais avait -sans doute séduit bien des chrétiens.

Qu'était-ce Livre de Salomon condamné par Innocent VI et cette Contradiction déclarée, apocryphe par le pape Gélase. ? Nous n'en savons rien. Mais vraisemblablement il s'agissait bien là de livrets d'exorcismes magiques emplis de sottises et de superstitions"

(1) BRUNET, Dict. des Apocryphes, II, 812. (2) fin du XIIe s. (3) MICHEL GLYCAS, Annales. Boun. 1835. in-8°, p. 182-183. (4) ZONARE. Hist., Liv. II, ch. VIII : LÉON LE GRAMMAIRIEN, Chronographie, Bonn, 1836, in-8°, p. 32. ' (5) NICOLAS EYMERIC, Direct or Inquisitor, Part. II. quaest 28. (6) NAUDÉ, Apologie pour tous les grands hommes accusés de magie P. 1009 in-16 p. 431, 432."

écrit Pierre Saintyves  (1870-1935), président de la Société du folklore français - qui traite avec le même mépris le Testament de Salomon qui à son époque n'existe plus qu'à la BNF - dans "Salomon son pouvoir et ses livres magiques" in Revue des Traditions populaires de septembre 1913 (A28,T28,N9) p. 410-425.

Enfin remarquons que dans v. 7 les “mille” et "dix mille" sont des démons. Les psaumes Targum le suggèrent, ainsi que la tradition rabbinique (Midr. Pss. 91.4 [on Ps 91:7]). Rachi de Troyes à propos des démons dit que chacun d'entre nous en a mille sur sa gauche et une dizaine de milliers sur sa droite (dans la vidéo en minute 1'38 le rav Ron Chaya cite ça  3'11), c'est aussi dans la Gemara (video minute 39).

Il est très étrange que dans Matthieu 4:6 le démon cite le Psaume 91 (versets 11-12).

Rabbi Shimon bar Yochai (2e siècle ap JC) affirmait que ce psaume comprenait tous les noms divins qui enlèvent les démons du chemin et tous ceux qui viennent accuser le fidèle dans les cieux (voir enseignement du Rav Touitou ici minute 38). C'est le tehilim fait pour les morts.

Dans "Moeurs et Pratiques des démons", Gougenot des Mousseaux (cité dans Du surnaturel. tome 2 / par le Cte Agénor de Gasparin Gasparin (1810-1871) p. 364) La parole âpre (qui était à l'époque la traduction de "la peste meurtrière), c'est le sort jeté par des paroles. La flèche volante, ce sont les fées La terreur nocturne et les dangers du milieu du jour, c'est la reconnaissance expresse de la sorcellerie, des fantômes, des différents relais préparés par les démons, "ces admirables chasseurs qui nous poursuivent et nous assiègent"...

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