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Quelques guérisseurs célèbres proches du pentecôtisme
En 1854 l'humble prédicateur Henry Wight arriva à Edimbourg et installa son pupitre portable devant la maison de John Knox. Il y eut une cérémonie où John Alexander Dowie (7 ans) chanta pour lui.
Henry Wight eut sa vie brisée par la mort de sa femme et fut sauvé à Londres en 1827 par l'enseignement presbytérien de l'Ecossais Edward Irving (1792-1734) fondateur de l’Église catholique-apostolique qui croyait que tous les dons de l'Eglise primitive nous seraient déversés sur les croyants en ces temps d'approche des derniers jours. Le groupe Port Glasgow Pentecost fondé par Henry Wright eut plus de 400 adeptes mais lui et ses prédicateurs furent excommuniés par l'Eglise d'Ecosse.
John G. Lake (1870-1935) raconte dans "Heavenly Authority" (éditions de GodSounds 2017 p. 7) qu'atteint de rhumatismes, il s'est rendu à la Divine Healing Home de l'évangéliste écossais John Alexander Dowie au 12 Michigan Streets à Chicago. Plus tard John Alexander Dowie l'a aussi aidé à distance (par téléphone) à ramener sa grande soeur à la vie (p. 30).
p. 65 "Je vivais, écrit-il, dans une famille où pendant 32 ans ils n'ont jamais été sans un invalide à la maison. Avant que j'eusse 34 ans nous avions enterré quatre frères et quatre soeurs, et quatre autres membres de la famille étaient mourants, des invalides désespérés, sans aide. J'ai construit mon propre foyer, épousé une belle femme. Notre premier fils était né. Il se passa seulement peu de temps avant que je visse le même train diabolique de maladie qui avait suivi la famille de mon père s'abattre sur la mienne. Ma femme devint une invalide, mon fils fut un enfant valétudinaire."
Outre John G Lake, Dave Hayes recense dans son "panthéon" Smith Wigglesworth (1859-1947), un des premiers pentecôtistes anglais, la canadienne Aimee Semple McPherson (1890-1944) et le télévangéliste né à Jaffa en 1952 Benny Hinn.
Kenneth E. Hagin, né en 1917 au Texas, prématuré et presque mort né, très valétudinaire, connut deux EMI à 15 ans et demi (en 1933). Il mourut en 2003. Il semble se rattacher aussi à cette lignée.
Une monarchie française d'ascendance davidique ?

C'est le Marquis de la Franquerie (André Lesage) qui l'expose dans "Ascendances davidiques des rois de France", un livre des années 1980 réédité en 2002 par les éditions Saint-Remi auquel on faisait référence il y a peu, en partant de la déportation à Babylone (IV Rois 17), il montre que certaines populations transplantées en Assyrie s'enfuirent vers la Mer Caspienne quand cet empire s'effondra en 609 av JC et se mêlèrent aux cimmeriens qui ensuite firent partie des celtes. Gaulois pourrait venir de l'hébreu gôlâh (gaulau) mot qui apparaît pour la première fois dans Rois 15:19, et non pas de coq en latin.
Le site ici note aussi "Peu après que les Israélites aient été transportés en Assyrie, les érudits remarquent l'apparition, dans ces régions, des Cimmériens et des Scythes. Les Assyriens appelaient aussi ces Cimmériens et ces Scythes « Khumri », « Ghomri » ou « Gimiri » (d'après le roi Omri d'Israël) et « Iskuza » ou « Sacae » (dérivatif d'Isaac)." Il donne aussi des références plus précises que de la Franquerie à ce sujet : "L'historien Samuel Lyons apparente quelques-uns des peuples ayant habité l'Europe du nord-ouest aux Cimmériens. Comme il l'a écrit, il semblerait que les Cimmériens « soient le même peuple que les gaulois ou les celtes » (John Henry et James Parker, Our British Ancestors: Who and What Were They? [Nos ancêtres britanniques : Qui étaient-ils, d'où venaient-ils ?] 1865, pp. 23, 27).
L'historien et érudit George Rawlinson a écrit : « Il est raisonnable de dire que les Gimiri [ou Kymry ou Khumri] ou Cimmériens, qui apparurent en premier aux confins de l'Assyrie et de la Médie au 7e siècle avant notre ère, et les Sacae mentionnés sur la falaise du Behistun, près de 2 siècles plus tard, ne sont autres que Beth-Khumree [la Maison d'Omri] de Samarie, ou les Dix Tribus de la Maison d'Israël » (note sur sa traduction de l'Histoire d'Hérodote, Livre VII, p 378).
La linguiste et érudite danoise Anne Kirstensen est du même avis : « Il n'y a plus aucune raison de douter de la déclaration fascinante avancée par les experts étudiants les Dix Tribus, selon laquelle les Israélites déportés de Bit Humria – de la Maison d'Omri – sont les Gimirraja des sources assyriennes. Tout indique que les déportés israélites n'ont pas disparu de la circulation mais qu'ailleurs [à l'étranger], sous un statut différent, ils ont continué à laisser des traces dans l'histoire » (Who Were the Cimmerians, and Where Did They Come From? Sargon II, the Cimmerians, and Rusa I [Qui étaient les Cimmériens, et d'où venaient-ils ? Sargon II, les Cimmériens et Rusa I, traduit de l'anglais et du danois [Jørgen Læssøe, de l'Académie Royale Danoise des Sciences et des Lettres, no. 57, 1988, pp. 126-127)."
De la Franquerie développe ensuite la descendance de Japhet, les recherches linguistiques (contestées) de l'abbé Boudet sur les correspondances entre langues hébraïque et celtique.
En 585 av JC, Dieu punit à nouveau Israël sous Nabuchodonosor et fait égorger les princes de Juda (Jérémie, 52:10-11), mais les filles du roi Sédécias sont sauvées. Une d'elles, Tea-Tephi sera l'ancêtre des maisons royales européennes. Une tradition irlandaise fait de Jérémie un grand législateur (Ollam Fodhla) qui aurait amené Tea-Tephi dans cette île où elle aurait épousé le prince Heremon, ce qui explique que la harpe de David figure sur le blason irlandais. Tandis que Joseph d'Arimathie oncle de la Ste Vierge (de la famille de David) serait mort à Glastonberry en 82 (sa petite fille aurait épousé le roi Lear).
Avec l'extinction du royaume de Juda en 585 av JC. Le droit d'ainesse passe à la branche des rois troyens mais Dieu promet de faire reverdir cet arbre (Ez 17, 18-24). Dans II Rois 7, 8-29 Dieu a promis à David une monarchie éternelle. Le Psaume 88 dit la même chose.
De la Franquerie cite toutes les ascendances antiques (notamment troyennes) que différents historiens attribuent à la monarchie française et les origines davidiques de la monarchie anglaise repérées dans de nombreux livres notamment le pasteur WMH Milner ("La Maison royale de Grande Bretagne, une dynastie qui dure" "The royal house of Britain an enduring dynasty" chap IX).
Le livre d'Hebert W. Armstrong "Les Anglo-Saxons selon la prophétie" et celui de Didier Apartian "Les Pays de langue française selon la prophétie" convergent pour voir dans ces deux peuples les héritiers des bénédictions faites à David, mais selon de la Franquerie l'ainesse selon la loi salique déjà applicable en Israël revient à la France car la maison royale anglaise n'est héritière que par une femme : Elisabeth II descend de Hildegarde, fille de Charlemagne. (NB : pour une critique de Milner voir ici)
Voir aussi en ligne Cohendy-Bray André - Ascendance davidique des rois de France.
"Faut-il croire aux prophéties politiques ?" de René d'Orfeuille (1883)

Notre époque étant très friande de prophéties si l'on en croit les vidéos sur le Net, il peut être intéressant, pour le volet catholique monarchiste de cette thématique, de se reporter à l'ouvrage du comte René d'Orfeuille (après tout n'avais-je pas du bien récemment dans un de mes livres et il y a deux ans sur ce blog du livre du chevalier Roger Gougenot des Mousseaux, "La Magie, ses agents, ses vérités, ses mensonges", Plon, Paris, 1854 contre la sorcellerie ?) de 1883 "Faut-il croire aux prophéties politiques ?"
Ouvrage prudent d'un homme qui précise en p. II de son introduction : "Mettant le pied sur le terrain périlleux de la Mystique divine et diabolique, nous nous souviendrons que nous sommes avant tout catholique et nous désirons ne pas prononcer une syllabe en contradiction avec l'enseignement de la Sainte Eglise Romaine. Nous espérons y arriver, car nos idées sont aussi celles d'un érudit, savant théologien, que sa modestie nous empêche de nommer, mais qui est notre maître et dont les enseignements nous ont depuis longtemps guidés dans celte périlleuse étude" (on ne saura pas qui est ce maître).
On dit peu de choses sur le Net du comte René d'Orfeuille, à part qu'il était monarchiste et licencié en droit. En 1866 il était questeur adjoint à titre officieux société des antiquaires de l'Ouest à Poitiers, puis il en est vice-secrétaire l'année suivante. Fonctions qu'il abandonne en 1868 en devenant attaché au cabinet de M. ie Préfet de Loir-et-Cher. Il décède en 1913 à Paris et la revue souligne que "son nom n'avait cessé d'être réputé en Poitou pour l'amour traditionnel de l'érudition qu'il tenait de ses ancêtres." Il a écrit un livre sur le Pèlerinage de Lucerne (en Suisse). On repère de lui aussi un hommage à deux cléricaux dans la Semaine religieuse du diocèse d'Alby de novembre 1873 et un article sur le traitement du clergé dans les Annales catholiques de 1876.
Le but de son ouvrage est de faire le bilan raisonné des prophéties qui se sont abattues sur la France après la défaite de Sedan.
Il croit à la prophétie de St Rémi rapportée par Hinemar et Flodoard promettant à la France de devenir le nouvel Empire romain, malgré les critiques de Saint Avît archevêque de Vienne contre cette prophétie. Pour d'Orfeuille, la promesse s'est transmise légitimement des Mérovingiens aux Carolingiens et aux Capétiens. La France fût châtiée pour l'impiété de Philippe le Bel avec la guerre de Cent ans mais sauvée par Jeanne d'Arc. Charles VII est puni d'avoir édité la Pragmatique (premier pas vers le gallicanisme) en se laissant mourir de faim devant la révolte de son fils. Charles VIII entre à Rome malgré les droits du pape et meurt sans postérité. "Louis XII convoque le conciliabule de Pise et il règne seul de sa branché. Les trois fils d'Henri II, soutien du protestantisme, disparaissent sans héritiers. Henri IV périt assassiné après avoir, accordé à. l'erreur les droits de la vérité, et, quand les traités de Westphalie ont sanctionné toutes les injustices, viennent les malheurs de la Fronde".
"Louis XIV humilia le pour voir pontifical et fil décréter par des évêques lâches et servîtes la déclaration de 1682, source de l'hérésie gallicane, et sa triste vieillesse fut suivie d'une longue minorité, comme si Dieu avait voulu que la France affaiblie ne put abaisser l'Eglise davantage. Puis est venu la Révolution, c'est-à-dire le grand châtiment (...). Les Parlements qui avaient persécuté les Jésuites remplirent la charrette du bourreau sauf les deux qui les avaient pris sous leur protection, le Parlement de Besançon et le Conseil de Colmar. Enfin les rois qui s'étaient dits indépendants de l'Eglise, ont entendu le peuple se déclarer souverain. Depuis, les usurpateurs ont été punis, l'un dans les neiges de la campagne de Russie, après avoir dit que le pape ne ferait pas tomber les armes des mains de ses soldats ; le second est monté en fiacre chassé par l'émeute qui l'avait élevé ; le troisième a eu Sedan, et nos désastres ont commencé le jour où nos soldats abandonnaient Rome et Pie IX."
Il croit aussi aux visions de Ste Hildegarde, reconnues par le Concile de Trèves, et estime qu'elles ne peuvent être que toutes angéliques ou toutes sataniques car l'ange qui l'inspirait n'aurait pas manqué d'avertir l'abbesse de Rupesberg (p. 14) si elle était trompée. Les prédictions de la Sainte qui comprennent des temps heureux pour l'Eglise puis une invasion par les barbares sont rapprochées d'une remarque de M. Le Play dans Constitution essentielle de l'humanité (p. 259) sur le fait qu'un jour les Chinois envahiront Paris. Puis, une fois les barbares évincés, la justice règnera à nouveau, Juifs et hérétiques se convertiront et Jésus reviendra (p. 20). "Sainte Hildegarde parlait de l'Église d'Allemagne, son pays, et il est évident que jusqu'ici ses prédictions se sont accomplies. Les désordres du clergé ont en effet été punis par la guerre entre les Guelfes et les Gibelins; le relèvement des études théologiques dans l'Eglise a eu lieu au xiir* siècle, âge des Thomas et des Bonaventue. Au triomphe incomplet de cette époque succédèrent d'abord la révolte du pouvoir civil, puis celle de Jean Huss et de Wiclef, celle enfin du protestantisme spoliateur. Le Concile de Trente n'a pas ramené à l'idéal les églises d'Allemagne et il faut, avant l'ère de prospérité, que les chapitres de Trêves et de Cologne se soient retrempés dans la pauvreté et la persécution." " Ste Hildegarde n'a pas dit dans combien de temps on reverrait le rétablissement du Saint Empire, époque, nous osons le croire, où s'accomplira dans son entier la prophétie do saint Rémi promettant aux rois de Franco l'empire du monde s'ils savent s'en rendre dignes. Alors les Juifs rentreront dans le giron de l'Eglise, et, malgré nous, nous nous souvenons et d'Ezéchiel montrant Jérusalem renaissante et du Livre des Macchabées qui, dans la description de l'alliance de la république juive et des Romains, annonce peut-être en une figure une réalité du testament nouveau. "
Joachim de Flore que l'auteur accuse d'avoir inventé la quaternité à la place de la trinité et d'avoir été mis à l'index ne retient pas son attention (pour lui le grand monarque était un Hohenstaufen), pas plus que "l'ermite italien Jean Kalta sorte de médium ou de démoniaque" (p. 22) - on ne voit pas à qui il fait référence. En revanche les prédictions de Ste Marguerite de Cortone, Ste Brigitte et Catherine de Sienne lui paraissent véritables et concordantes à la différence de celle de Nostradamus (fondées sur l'astrologie et donc condamnées par les conciles de Bordeaux et de Tours). René d'Orfeuille reste prudent sur Savonarole, trouve que Catherine Raconigni s'est trompée en ne voyant pas de concile complet avant le Grand Pape, alors que le concile de Trente a eu lieu, ce qui, à ses yeux, discrédite les autres prédictions. Il voit dans les prophéties de Saint Malachie une distorsion par Arnold de Wyon (16e s) et le dominicain Chicon auxquelles on fait dire à peu près ce qu'on veut (p. 27). Le Liber Mirabilis, vieille compilation de la fin du 16e s, comportait déjà des erreurs sur le début du 16e s. La prophétie de St Césaire qui en fait partie fut l'oeuvre d'un faussaire qu'on utilisa à tort en 1793 pour faire croire à l'évasion de Louis XVII.
Les prophéties de Ste Thérèse d'Avila qui annoncent des jours heureux pour les dominicains, et Ste Marguerite-Marie Alacoque pour la victoire du Sacré Coeur sont validées par d'Orfeuille. Celle de Barthélémy Holzhauser qui faisait naître l'Antéchrist vers 1855 après le triomphe de l'Eglise lui paraît controuvée. Pour Marie d'Agréda il rappelle juste qu'elle est à l'Index.
D'Orfeuille critique ceux qui ont identifié Napoléon dans la prophétie d'Orval, qui remonterait XIIe s (il la décortique sur plusieurs pages, démontrant les erreurs sur toute la lecture du 19e siècle). Il disqualifie aussi le Père Nectou, Hélène Wallraff qu'il juge diabolique. Celle du P. Martinelli, jésuite italien du 17e s, lui paraît juste douteuse. Celle du frère Hermann de Lehnin lui parait avoir été forgée vers 1750 puisqu'elle concorde jusqu'à cette époque et se trompe sur Frédéric II de Prusse (p. 48).
Comme beaucoup de ses contemporains, d'Orfeuille doit examiner le cas d'Anna-Maria Taïgi, morte en odeur de sainteté en 1837 et dont la cause en béatification fut introduite en 1863, qui vit des tribulations (des ténèbres épaisses qui entoureraient le monde), mais aussi le retour des hérétiques vers l'Eglise. Au même moment sAdrien Peladan dans un ouvrage sur le même sujet "Dernier mot des prophéties" rappelait (p. 110 de ce livre) qu'elle avait prédit la conversion de la Russie, de l'Angleterre et de la Chine... Les catholiques contemporains d'Orfeuille lui étaient reconnaissant d'avoir annoncé que le pape perdrait ses Etats et que le Saint Siège "serait réduit à vivre des aumônes du monde entier mais que d'ailleurs elles ne manqueraient pas" (p. 53).
Elisabeth Canori-Mora, née à Rome en 1774, annonça aussi le triomphe de l'Eglise comme Hildegarde. Le minime Bernard-Marie Clausi, la mère Steier en 1843, le franciscain Hyacinthe Coma ont vu des fléaux nombreux. En 1804 Mlle de Leyrette avait annoncé la Restauration, et le retour de Bonaparte avant un an (p. 68), Marie de Jésus du couvent des Oiseaux à Paris reçut le rappel du voeu divin de consécration de la France au Sacré Coeur. Parmi les stigmatisées, d'Orfeuille condamne les visions d'AC Emmerich sur Ephèse, et soeur Bertine de St Omer et Louise Lateau lui paraissent être les jouets du diable.
On ne peut citer ici tous les voyants catholiques que d'Orfeuille examine. A partir de la page 104 il instruit aussi le procès du spiritisme, du mormonisme, et de la secte de Vintras, puis termine par une analyse interessénate (p. 111) du secret de La Salette.
Le livre s'achève sur cet acte de foi "Pour, nous, et comme conclusion de nos éludes, trois faits sont absolument certains :1° La Maison de France remontera sur le trône de saint Louis. Nous,aussi nous avons la foi ; nous aussi, nous ne doutons pas du triomphe définitif du droit monarchique cl national. 2° Un prince de celle famille des lys consacrera notre pays au Sacré-Coeur, selon la volonté formelle de Jésus-Christ. 3° C'est après cet acte que s'accomplira dans son entier la prophétie de Reims."
A cent ans d'écart, ce livre nous paraît faire écho à "Ascendances davidiques des rois de France" du Marquis de la Franquerie qui, dans les années 1980, mobilisait diverses prophéties sur le rétablissement des Bourbons en France, dont des lettres du Padre Pio de 1972 à un religieux de ses amis à propos du testament de la duchesse d'Angoulême et du rôle à venir de la monarchie française pour écraser les démons dans le monde. Pour ce volet plus contemporain des prophéties monarchistes, on pourra se reporter à cette page de blog qui paraît assez synthétique.
Quand Jean de Léry se comparait au prophète Elie

Je trouve plaisant ce passage du navigateur protestant Jean de Léry extrait du chapitre XVI de son Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil (1580) où, devant le culte que les amérindiens vouent aux maracas, il se compare et égratigne au passage les superstitions catholiques parisiennes. Il aurait pu s'appuyer aussi sur Ez 28:13 (voir la vidéo ici en minute 54, même si beaucoup de propos de ce conférencier sont souvent très contestables).
"Pour retourner à nos Caraïbes, ils furent non seulement ce jour-là bien receus de tous les autres sauvages, qui les traitterent magnifiquement des meilleures viandes qu’ils peurent trouver, sans selon leur coustume, oublier de les faire boire et caouiner d’autant : mais aussi mes deux compagnons François et moy qui, comme j’ay dit, nous estions inopinément trouvez à ceste confrairie des Bacchanales, à cause de cela, fismes bonne chere avec nos Moussacats, c’est à dire, bons peres de famille qui donnent à manger aux passans. Et au surplus de tout ce que dessus, apres que ces jours solennels (esquels, comme j’ay dit, toutes les singeries que vous avez entendues se font de trois en trois ou de quatre en quatre ans entre nos Toüoupinambaoults) sont passez et mesmes quelques-fois auparavant, les Caraïbes allans particulierement de village en village, font accoustrer des plus belles plumasseries qui se puissent trouver, en chacune famille trois ou quatre, ou selon qu’ils s’advisent plus ou moins, de ces hochets ou grosses sonnettes qu’ils nomment Maracas : lesquelles ainsi parées fichans le plus grand bout du baston qui est à travers dans terre, et les arrangeans tout le long et au milieu des maisons, ils commandent puis apres qu’on leur baille à boire et à manger. De façon que ces affronteurs faisans accroire aux autres povres idiots, que ces fruicts et especes de courges, ainsi creusez, parez et dediez, mangent et boivent la nuict : chasque chef d’hostel adjoustant foy à cela, ne faut point de mettre aupres des siens, non seulement de la farine avec de la chair et du poisson, mais aussi de leur bruvage dit Caouin. Voire les laissans ordinairement ainsi plantez en terre quinze jours ou trois semaines, tousjours servis de mesme, ils ont apres cest ensorcelement une opinion si estrange de ces Maracas, (lesquels ils ont presques tousjours en la main) que leur attribuant quelque saincteté, ils disent que souventesfois, en les sonnans un esprit parle à eux. Tellement qu’en estans ainsi embabouynez, si nous autres passans parmi leurs maisons et longues loges, voiyons quelques bonnes viandes presentées à ces Maracas : si nous les prenions et mangions (comme nous avons souvent fait) nos Ameriquains estimans que cela nous causeroit quelque malheur, n’en estoyent pas moins offensez que sont les supersticieux et successeurs des prestres de Baal, de voir prendre les offrandes qu’on porte à leurs marmosets, desquelles cependant au deshonneur de Dieu, ils se nourrissent grassement et oysivement avec leurs putains et bastards. Qui plus est, si prenans de là occasion de leur remonstrer leurs erreurs, nous leur disions que les Caraibes, leur faisant accroire que les Maracas mangeoyent et beuvoyent ne les trompoyent pas seulement en cela, mais aussi que ce n’estoit pas eux, comme ils se vantoyent faussement, qui faisoyent croistre leurs fruicts et leurs grosses racines, ains le Dieu en qui nous croyons et que nous leur annoncions : cela derechef estoit autant en leur endroit, que de parler par deça contre le Pape, ou de dire à Paris que la chasse de saincte Genevieve ne fait pas pleuvoir. Aussi ces pippeurs de Caraïbes, ne nous haissans pas moins que les faux prophetes de Jezabel (craignans perdre leurs gras morceaux) faisoyent le vray serviteur de Dieu Elie, lequel semblablement descouvroit leurs abus : commençans à se cacher de nous, craignoyent mesme de venir ou de coucher és villages où ils sçavoyent que nous estions."
Quelques notes sur l'eschatologie protestante contemporaine
L'eschatologie protestante sur le Net est souvent le fruit de vulgarisateurs pas forcément très habiles, comme Pierre Gilbert que nous avons récemment cité, eux-mêmes se fondant sur des ouvrages destiné grand public. Cela ne rend pas cette prédication pour autant fausse, le christianisme n'étant pas par essence associé à des dispositions philosophiques (il s'agit "simplement" d'une affaire d'élection - voir l'élection des apôtres). Je voudrais revenir sur cette eschatologie en prenant juste en note cu dessous quelques aspects des enseignements de Jean-Marie M.A Chevrier (par exemple son enseignement sur l'enlèvement de l'Eglise à partir de la prédication paulinienne 1 Thessalonicien 4), un ancien catholique, sur l'Apocalypse et sur le rôle de l'Eglise catholique dans la venue de l'Antéchrist (pour m'en tenir à ce seul aspect de l'Apocalypse). Je prends juste quelques notes cursives dans l'idée de redécortiquer cet enseignement plus tard.
Jean-Marie M.A Chevrier explique l'enlèvement de l'Eglise (corps mystique de Jésus qui ne correspond à aucune réalité humaine identifiable, plus précisément, il concerne l'Epouse en son sein) : elle aura lieu au son de la dernière trompette au moment de la résurrection des morts. Le retour de Jésus aura lieu après l'apostasie et l'apparition de l'Antéchrist qui s’assoit dans le 3e temple (2 Thessalonicien 2). Celui-ci signera d'abord un traité de paix entre Israël et ses ennemis après la bataille de Gog et Magog (Ezech 39,1, Apoc 20,7), vers la fin de la première partie de la grande tribulation (3 ans et demi sur les deux parties de cette tribulation). Dans la seconde moitié de la seconde tribulation Israël est châtié et Christ pose, à la fin, son pied sur le Mont des Oliviers et commence le Millénium avec l'Epouse et les croyants non enlevés qui auront persévéré dans la foi malgré la persécution par l'Antéchrist qui les décapite, ainsi que 144 000 Juifs marqués par le sceau de Dieu. Les noces de l'Agneau, mariage de Christ avec son Epouse aura lieu sur Terre (et non pas pendant le châtiment de son peuple dans la Tribulation). L'Epouse enlevée, et les cinq vierges folles restées fidèles pendant la Tribulation ainsi qu'Israël converti (Ephésien 2,14).
Pour mémoire la guerre de Gog et Magog qui est souvent vue maintenant comme une coalition de nations arabes et de l'Iran sous la direction de la Russie. Dans l'Univers en 1912 l'architecte Ragatien Le Mail voyait en Gog et Magog les nations musulmanes au vu de l'arrivée massive des Juifs en Palestine depuis janvier 1910. Pour Grotius (17e s) c'étaient les Perses, pour Me Gossuin au 13e s, l'Inde, pour St Ambroise, les Goths.
Dans ce dispositif, l'Eglise catholique ne semble pas devoir compter d'élus. Selon la vision de l'histoire de JM Chevrier, cette Eglise (dans laquelle certaines sources de Chevrier voient la grande prostituée d'Apocalypse 17) est discréditée par les meurtres de l'Inquisition à laquelle a succédé la Congrégation pour la doctrine de la foi qui a pour préfet depuis le 1er juillet 2017 le jésuite espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer. Le conférencier rappelle que Samuel Morse, inventeur du code, en 1835 dénonça dans Foreign Conspiracies against the liberties of the United States une mission religieuse pour renverser la république américaine. Les jésuites ont le soleil comme symbole, et dirigeraient le téléscope "Lucifer" en Arizona depuis 2010 sur une montagne sacrée indienne (c'est aussi un jésuite formé en Arizona qui dirige l'observatoire du Vatican). Les jésuites selon JM Chevrier seraient liés à des mafias, et aux Rothschild. Ils seraient derrière de nombreuses guerres. Chevrier renvoie à Jules Marcel Nicole dans son Précis d'Histoire de l'Eglise,et à Eric Jon Phelps ("Vatican assassins") sur la création des Illuminés de Bavière par Adam Weishaupt un jésuite (Eric Jon Phelps est un homme tout de même un peu excessif, sur son site il explique sans rire que les trois plus grands Jésuites du Vatican, dont le pape Francis, dirigent les plus armées des plus grands pays du monde - sic). En 1754 c'est le collège des jésuites de Clermont qui aurait écrit le rite écossais. Alberto Rivera aurait révélé que le général jésuite de l'époque était communiste et franc maçon. Le pape Jean XXIII et Jean-Paul II auraient été francs maçons.Chevrier renvoie aussi à Schnoebelen. "Skull and bones", société secrète de l'université de Yale fondée en 1833 dont les Bush firent partie, aurait aussi quelque chose à voir avec tout cela. "Le nouveau gouvernement mondial verra sa réalisation en Europe après la chute des Etats-Unis" prophétise JM Chevrier. L'empire romain catholique avec ses deux branches Rome et Constantinople de l'empire romain renaîtront avec l'empire ottoman (Daniel 2,37) avec l'intégration de la Turquie à l'Union européenne (Apoc 17,6).
Il est vrai que la vision catholique est de plus en plus hostile à l'idée qu'un jugement séparera les bénis des maudits que ce soit au stade de l'enlèvement (auquel le catholicisme ne croit pas) au stade du jugement dernier. Sur KTO TV cette semaine Mme Thabut expliquait (comme beaucoup de prêtres) que dans Mathieu 25:31-46 quand Jésus dit : "il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche", il s'agirait en fait de trier le bon grain de l'ivraie dans le coeur de chacun d'entre nous... Les protestants lui répliqueraient sans doute : Et dans Matthieu 24:41 " Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée." s'agit-il aussi d'un tri "à l'intérieur" de chaque individu ? En outre certaines prophéties catholiques sur la fin des temps semblent assez différentes de celle de la Bible (voir celle de La Salette).
On reviendra sur tous ces sujets.
Goldorak et le 5e commandement

L'auteur de Goldorak, qui déplaisait beaucoup aux adultes dans les années 1980, et dont la sensibilité est empreinte d'obsession sexuelle et de sorcellerie, déclare dans Le Monde "« “Goldorak” offrait aux enfants la possibilité d’être plus forts que leurs parents ». "Les enfants se sont mis immédiatement dans la peau d’Actarus, comme s’ils allaient eux aussi pouvoir déployer une force incroyable. Goldorak leur offrait la possibilité d’être plus forts que leurs parents. Les enfants rêvent tous de devenir adulte le plus rapidement possible. Soudainement, un robot leur permettait de sauter plusieurs étapes."
"Le christianisme aux trois premiers siècles" de Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872)
Je lisais ce matin "Le christianisme aux trois premiers siècles" du pasteur suisse protestant Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872). Le début du livre est très tributaire de l'historiographie de son époque, et partage les mêmes simplifications du regard catholique : à la fin de la République romaine le polythéisme était usé jusqu'à la corde, la philosophie trop élitiste et sans prise sur la vie même des penseurs (voir Sénèque) ne pouvait lui offrir d'alternative, bien qu'elle eut donné quelques notions d'élévation morale. Il se détache du catholicisme après avoir parlé de la grandeur des apôtres. Pour lui le christianisme sombre avec les pères de l'Eglise quand il cherche à devenir religion d'Etat, c'est-à-dire, religion à rompre le rapport individuel de la conscience à Dieu.
D'autres ouvrages protestants recensés ici. Pour lui la persécution des martyrs est l'essence du paganisme (et c'est pourquoi le catholicisme eut tort de se faire persécuteur - d'Aubigné a aussi écrit de belles pages sur le supplice d'Hamilton en Ecosse -dans Ecosse, Suisse,Genève ch V, et sur le côté persécuteur du catholicisme "à la française" à Londres sous Charles Ier). En ce qui concerne les hérésies, pour lui Simon le Magicien est un précurseur des nicolaïtes condamnés par l'Apocalypse, mais il voit aussi des ferments d'hérésie aussi dans l'ascétisme dans l'épître aux Colossiens de Paul. pour d'Aubigné les ébionites sont une hérésie judaïsante et le gnosticisme une hérésie orientalisante, un "dualisme par émanation" qui postule une démiurge mauvaise émanation de Dieu et auteur de la matière renversé par un Christ immatériel (un "Eon"). Les premiers pères apostoliques (Clément Romain, Ignace, Polycarpe, Barnabas, Hermas, Papias) sont des auteurs naïfs. L'école philosophique d'Alexandrie et du Maghreb ne viendra que plus tard. déjà Clément d'Alexandrie reparle de "mériter par la charité" et oublie la doctrine paulinienne de la grâce. Ignace après lui est dans la soif sacrificielle très différente du langage de Paul (Clément d'Alexandrie et Cyprien condamnent cet empressement en expliquant qu'un chrétien qui choisit le martyr se précipite sans attendre que Dieu l'y appelle) et défend une soumission aux évêques. Polycarpe cite plus le Nouveau testament, mais lui aussi abandonne la justification par la foi. Hermas introduit la pénitence organisé et la casuistique. La tradition commence à supplanter la parole (p. 120).
Dans les persécutions antichrétiennes il y a la violence, le dénigrement gratuit. Et puis cette opposition de l'école platonicienne d'Alexandrie. Certains platoniciens comme Justin et Clément sont devenus chrétiens, mais l'école d'Alexandrie les détesta, parce qu'elle était proche d'eux, comme les jansénistes détestèrent les protestants parce qu'ils leur ressemblaient. Celse avec son Discours Véritable vers 150 est de ceux là. Attaquant la religion avec des arguments confus et absurdes, il essaie de faire voir dans le paganisme quelque chose de sublime et de pur, dissimulant les histoires scabreuses des dieux et les pratiques douteuses. Hélas le XVIIIe siècle allait les réhabiliter, par exemple Voltaire faisant l'apologie de l'empereur qu'ils façonnèrent : Julien (p. 185). Lucien est plus sceptique sur les vertus du paganisme, meilleur connaisseur du christianisme, mais sa raillerie des martyrs semble empêtré dans la maladresse. "c'est une coutume diabolique de faire de l'antiquité un argument en faveur du mensonge ; les voleurs et les adultères pourraient aussi se targuer de leur antiquité" (Augustin, Questions sur l'Anc. et le Nouv. testament) Les païens sont sur l'oreiller de paresse qui les décharge du devoir d'examen devant lequel les pères de l'Eglise mettent les chrétiens en les exhortant à lire les textes (par exemple Chrysostome ou Cyprien p. 198). Les pères qui raillent les décrets du Sénat portant les empereurs au Ciel sont aux antipodes du l'éloge des saints divinisés dans le Génie du christianisme de Châteaubriand. Minutius Félix refuse les images. Pour Origène les temples sont nos corps, où chacun oeuvre comme un Phidias. Point de temple dans la Jérusalem céleste (Apoc 21:22).
Le christianisme d'Orient était intellectuel comme celui d'Occident était pratique, comme au 19e siècle la dualité entre l'Allemagne et l'Angleterre (p. 214). Origène qui avait le tort d'être trop ascétique se distingua par son goût de l'Ecriture (il corrigea beaucoup la Bible altérée) et son assistance aux martyrs. Il fut excommunié pour sa croyance en une vie antérieure dans le ciel (et une vie postérieure dans d'autres dimensions, toutes marquées par la chute). Au IIIe siècle se développe le catholicisme en lieu et place de l'évangélisme. Ce n'est pas encore le papisme. Face aux hérésies, les formes et les lois (l'adoration des lieux et des hiérarchies) supplantent l'esprit. Cyprien de Carthage est à la fois un chrétien léger et un prêtre ascétique lourd (traditionaliste, sacramentaliste. Dans l'église aussi il y a la démocratie (le presbytérisme), l'aristocratie (l'épiscopat) et la monarchie (la papauté). A l'époque de Cyprien, ce fut la lutte entre les deux premières formes, avant que le procurateur romain ne lui coupe la tête.
Le livre de d'Aubigné est très subtil et agréable à lire et je le recommande aux internautes oisifs.
Bossuet et la théorie de la grâce

Si vous croisez un protestant aujourd'hui, évangélique ou pas, il vous dira que ce qui est important c'est que le sacrifice de Jésus nous a sauvé de tout péché et que, dès lors, nous n'avons plus à culpabiliser sans cesse ni à tenter de gagner notre salut (qui est déjà gagné) par les prières ou par la charité (les oeuvres). Eviter le péché et nous appliquer dans les oeuvres ne peut que nous aider à fermer des portes aux démons (qu'on ouvre par ailleurs sans cesse parce qu'on ne peut éviter de pécher) mais pas à nous sauver, car le salut vient d'ailleurs, du sacrifice surnaturel du Verbe incarné survenu à Jérusalem sous le règne de l'empereur romain Tibère.
Cette doctrine, dite "doctrine de la grâce" est une heureuse redécouverte, il y a 500 ans, d'un propos archi-martelé par Saint Paul et qu'on trouve aussi ailleurs dans le Nouveau Testament.
Ce que l'on sait moins (et pour ma part je le découvre dans l'agréable livre d'Aimé Richardt "Bossuet, conscience de l'Eglise de France" p. 137 et suiv.), c'est que Jacques-Bénigne Bossuet, brillant prédicateur à la cour du roi très catholique (et très païen par bien des côtés) Louis XIV et grand maître de la langue française comme le savent bien les lettrés, a écrit un ouvrage en 1671 qui donnait raison à la doctrine de la grâce de Luther : l'Exposition de la doctrine de l'Eglise catholique (que Bossuet publia à l'instigation du Maréchal de Turenne, protestant converti au catholicisme).
Il ne l'a pas fait à titre isolé, dans le cadre d'une spéculation personnelle, mais en sa qualité de protégé du roi, après avoir obtenu l'approbation de son texte par plusieurs évêques (à l'époque nommés par le roi). Richardt explique que cette réflexion était parfaitement conforme aux décisions de Concile de Trente. Le livre fut traduit en plusieurs langues et Louis XIV allait même le faire distribuer aux calvinistes après avoir révoqué l'édit de Nantes, car la monarchie française avait à coeur de réintégrer tout le protestantisme dans une église chrétienne unifiée.
Beaucoup de protestants, notamment les ministres de Charenton, accueillirent favorablement le livre et proclamèrent que si le livre ne reflétait pas le seul point de vue de son auteur (or le pape Innocent XI le valida en 1679) ils n'avaient plus de raison de rester en dehors de l'Eglise catholique.
Richardt sousentend qu'ensuite les théologiens protestants Claude, Daillé, Alix, de Langle, de La Bastide et Noguier montèrent au créneau en dénonçant une manoeuvre intéressée de Bossuet et de ses soutiens, uniquement dans un but d'autodéfense corporatiste ou sectaire. Exagère-t-il ? Bossuet allait-il autant que cela dans le sens du protestantisme et est-on passé à deux doigts d'une réunification des Eglises, à ce moment là, en France ? Il faudrait lire l'ouvrage sur Gallica pour vérifier cela point par point. Mais on ne peut pas soupçonner Bossuet, qui était profondément un homme de Dieu - même si Richardt note à juste titre qu'il le fut moins face aux débauches de Louis XIV que le prophète Nathan face à celles du roi David - d'avoir écrit sous l'inspiration d'une pure Realpolitik. Il est étrange en tout cas que la main tendue de la monarchie française ("fille ainée" de la papauté) aux protestants soit allée si loin (car poussée au bout de sa logique elle aurait entraîné un profond changement de l'Eglise française catholique). Il est probable que ni les catholiques ni les protestants de notre époque n'aient pas connaissance de cet épisode et n'aient donc pas l'occasion de méditer à ce sujet. Une piste de réflexion à creuser ?
L'Aphrodite ouranienne nue et l'Aphrodite Pandemos habillée
Dans un commentaire sous mon billet "Le néo-platonisme est-il chrétien ?", le lecteur Hyarion me demandait de préciser ma remarque sur l'Aphrodite ouranienne nue et l'Aphrodite Pandemos habillée qui selon lui pourraient être toutes deux indifféremment nues.
Dans la limite de mon faible temps de disponibilité ce matin, je vais donc détailler ce point tout en précisant que je ne suis pas érudit en matière d'art antique ou d'art de la Renaissance. J'ai seulement croisé la problématique de la nudité dans les arts visuels (dans mon livre "La nudité pratiques et significations") à travers les réflexions profondes de François Jullien dans son dialogue original (mais controversé) avec l'art chinois et à travers la problématique pythagoro-platonicienne de la mathématisation du beau, plus deux ou trois lectures comparatives sur la nudité des dieux dans des cultures périphériques au monde greco-latin, et une réflexion sur Andromède que j'ai postée sur ce blog, bref, assez pour me donner deux ou trois intuitions, mais insuffisamment pour avoir un recul véritable par rapport à ce que je vais exposer ici (sauf le recul de mon expérience auprès des médiums relatée dans mon dernier livre paru chez L'Harmattan et qui est lié à la problématique de la nudité).
Le savoir que j'expose ici, je le tire d'Edgar Wind, "Mystères païens de la Renaissance" chapitre VIII, un livre anglais de 1958 qui s'inscrit dans la même veine d'intelligence que le "Les Grecs et l'irrationnel" d'ER Dodds quoiqu'il porte sur une période différente.
Voici donc ce que nous apprend Edgar Wind et qui mérite sans doute d'être médité.
Je vais tenter de l'exposer en des termes compréhensibles par tout le monde, quoique le sujet soit censé en réalité être très complexe et source d'un savoir hermétique, occulte, dont un esprit de notre époque ne peut nécessairement entrevoir que la face émergée.
A la base donc, il y a deux Vénus, ou deux Aphrodites. La Vénus du peuple ou de tout le monde (Venere vulgare) ou Aphrodite Pandemos, qui est la fille du roi des dieux Jupiter/Zeus et la Venus céleste (Venere celeste) ou Aphrodite Ourania, fille du dieu du ciel Ouranos. L'une est née de l'accouplement de Zeus avec Dioné la déesse grecque de la beauté, l'autre de la castration d'Ouranos dont le sperme forme l'écume de la mer d'où sort Venus (Wind p. 153).
L'opposition entre les deux nait des spéculations orphiques (ce mouvement poétique et religieux venu de Thrace et peut-être du chamanisme qui irrigua la culture grecque à partir du VIe s av JC), sachant que la castration d'Ouranos est une des figures du démembrement de Dionysos (ou d'Osiris), c'est-à-dire le démantèlement de la pureté du divin dans la matière.

Les platoniciens de la Renaissance florentine Politien, Marsile Ficin et Pic de la Mirandole méditèrent sur cette opposition entre les deux Vénus. Et cela aboutit aux deux tableaux de Botticelli, disciple de Ficin, Le Printemps et la Naissance de Vénus, qui provenaient de la même villa, celle de Lorenzo di Pierfrancesco de' Medici (p. 146) et se comprenaient donc par un effet de miroir. Dans "Le Printemps" ci-dessus est représentée au centre la Venus vulgaire, habillée, et dans "La Naissance de Vénus" (ici à droite), c'est la Vénus céleste.

Pourquoi la Vénus de tout le monde, qui "dans un bocage qu'illuminent des fruits d'or, préside avec douceurs aux rites de la Primavera" (p. 153) est-elle vêtue alors que la Venus céleste est nue ? Parce que "dans l'échelle platonicienne des choses, il s'agit d'une descente, d'une vulgarisation ; car la richesse de couleurs et la diversité de formes qui ravissent l'oeil lorsqu'il perçoit la beauté ne sont qu'un voile derrière lequel se cache la splendeur de la beauté céleste pure".
Plus on est dans le dépouillement de la nudité, et plus on est dans le divin. C'est pourquoi dès l'Antiquité par exemple, en ce qui concerne les trois grâces qui sont une émanation de Vénus, on finit par les parer de voiles transparents, puis, dès l'époque romaine, à les représenter nues, car le on préférait toujours l'absence de vêtements pour illustrer la pureté divine (ce qu'on avait déjà vu avec les spéculations de François Jullien sur le sujet).
J'ajouterai que, selon Wind, et contrairement à ce qu'a voulu nous faire croire un documentaire diffusé sur Arte il y a quelques années (méfiez vous des simplifications outrancières de la télé), ce mystère n'est pas incompatible avec le christianisme intégriste de Savonarole qui avait été disciple de Ficin, mais je referme là la parenthèse.
Wind insiste sur le fait que cela ne signifie pas que la Vénus vulgaire "est purement sensuelle et n'a point part à la gloire céleste" puisque chez Platon, rappelle Pic, la beauté terrestre a à la fois un versant bestial et un versant humain. L'instinct bestial veut nous faire jouir érotiquement de la beauté terrestre mais l'amant humain "reconnaîtra que la Vénus qui paraît habillée d'un vêtement est une image de la Vénus céleste" (comme la souligné Plotin en appelant Vénus l'âme plongée dans la matière.
On peut aussi remarquer aussi que, dans le système de Pic de la Mirandole disciple (infidèle) de Ficin, la Vénus céleste quant à elle, est d'autant plus divine qu'elle médiatise en elle-même deux opposés (le sang de la castration et l'écume de la mer), comme les grâces dans sa dialectique presque pré-hegelienne (mais Hegel et Pic ont puisé aux mêmes sources platoniciennes), conformément à l'idéal de réunion dans deux opposés dans un moyen terme tiers qu'incarnent les trois grâces.
Mais avec le système ternaire subtil de Pic, l'amour terrestre est aussi ternaire puisqu'il a deux composantes, céleste et animale, avec une troisième humaine qui en assure le moyen terme, de sorte qu'on pourra même parler d'un amour "céleste humain", qui apparente l'Aphrodite terrestre à son Idée céleste.
Botticelli (1445-1510) n'est pas le seul à avoir pris le parti de vêtir l'Aphrodite Pandemos en dénudant la l'Aphrodite Ourania.
Silvestro Calandra (1450-1503) à Mantoue mentionne "deux Vénus, l'une drapée, l'autre nue" dans une lettre où il détruit une toile de Mantegna achevée par Costa, La Légende du Dieu Comus, qui se trouve maintenant au Louvre. Dans une note de bas de page qui renvoie à un autre de ses livres (Bellini's Feast of the Gods p. 47), Wind fait remarquer que "dans cette oeuvre, la caractérisation des deux Vénus ne laisse aucun doute sur le fait que, quoique inférieur à la nue, la Vénus habillée est aussi la plus humble des deux", ce qui dans mon esprit renvoie au livre dirigé par Masquelier que je cite dans "La nudité, pratiques et significations", qui lie habillement et modestie (en anglais, modesty c'est aussi la pudeur). Sous des cieux chrétiens cela rendrait aussi la Vénus "inférieure" au moins visuellement plus vertueuse... bref, on peut nuancer et complexifier à loisir.
Le parti pris de ce courant néo-platonicien ^de dénuder la seule Aphrodite céleste (celle qui est la moins matérielle) est un cas isolé de l'histoire de l'art, mais il me semble rendre le plus justice à l'essence du platonisme, voire, dans la logique de François Jullien, à l'essence de la pensée grecque, même si c'est ce qui peut sembler le plus contre-intuitif à notre époque.
L'art africain
Quand Emmanuel Berl dans ses "Trois faces du sacré", soulève un aspect important de la transposition de l'art africain sous nos latitudes à partir de la fin du 19e siècle....
Voyez ces pages (134-135) :

Un peu plus loin il emprunte à Paul Morand l'image de la danseuse Congo à Paris victime d'un envoûtement funeste et souligne avec ironie que, quelque sceptique que soient les artistes français qui s'inspirent de "l'art nègre", aucun ne voudrait connaître la mésaventure que vécut cette artiste et remarque qu'à cause cela cet art a provoqué un mélange de fascination et de panique en Allemagne, mais on ne sait trop à quoi il fait allusion à ce sujet. En tout cas il pose une question qui mérite qu'on s'y attarde. Prenons à la lettre le "objets inanimés avez vous donc une âme ?" de Lamartine.
Nicolas Maduro et Saï Baba

En 2005 Nicolas Maduro a rendu visite avec son épouse à Sri Sathya Saï Baba (ce quiva peut-être avec son goût pour Led Zeppelin fan d'Aleister Crowley). A l'époque le ministre de l'éducation nationale vénézuélien était présenté comme disciple de Saï Baba.
Arlette Meyer, future traductrice en espagnol de Sai Baba, Man of Miracles et Mrs. Elizabeth Palmer rencontrèrent Saï Baba en décembre 1972 en Inde et la première ressentit une énergie qui la fit fondre en larmes quand le gourou déclara être celui dont Jésus avait annoncé le retour (il se disait aussi l'avatar de la triade hindoue). Le 22 août 1974 avec quelques personnes elle fonde à Caracas le premier centre Saï à Caracas. Puis ce courant religieux n'a cessé de se développer. Il revendique 200 000 disciples au Vénézuéla. Chavez aurait rendu visite au gourou trois fois.
Ce courant pratique la magie sexuelle, en oignant testicules et pubis avec de l'huile et en pratiquant des "caresses sacrées" (comme l'a reconnu Monica Socolowicz responsable baïste d'Argentine, ce qui a été confirmé par d'autres adeptes, un dossier existe ici sur ce sujet). Le gourou décédé en 2011 à l'âge de 85 ans avait aussi accusé d'abus sexuels mais le premier ministre indien et l'ex vice président américain Al Gore entre autres célébrités avaient condamné ces dénonciations. A sa mort le parlement vénézuélien a décrété un deuil national.
En 2006, Ahmedabad Newsline (journal du Gujarat) racontait un fait divers : un joailler et son neveu avaient plusieurs fois violé pendant trois ans la fille d'un opérateur mécanique à son domicile en faisant croire qu'ils libéraient ainsi la famille d'une malédiction. Le neveu se disait possédé par l'esprit de Sai Baba...
Catharisme et gnose dans le spiritisme des années 1880
G. Mondain Revue Foi et Vie 16 avril 1911 p. 242:

" Mme Philippe de Néry nous raconte la scène qui eut lieu dans l'automne de 1889 chez Lady Caithness, duchesse de Pomar, où, dans le plus profond mystère d'une salle tendue de noir, on évoqua les Evêques du Paraclet, et où on entendit Guilharbert de Castres, l'un des évêques cathares du temps de la persécution des Albigeois, conférer à l'un des auditeurs présents (J. Doinel, archiviste d'Orléans) la dignité de patriarche, avec le nom de Valentin, et ordonner de faire revivre les trois sacrements gnostiques : le Consolamentum, ou baptême par l'imposition des mains ; la Fraction du pain, par laquelle on devait communier avec le corps astral de Jésus ; et l'Appareillamentum, ou confession générale des péchés. On devait aussi rétablir la hiérarchie et les six degrés de l'initiation fixés par le premier Valentin.
Mme Philippe de Néry nous dit aussi avoir assisté à la réception de six néophytes, qu'on amena devant le patriarche, les yeux bandés et tes mains liées d'une corde, emblèmes de l'aveuglement et de l'ignorance que l'initiation va dissiper. Le patriarche, après avoir délié le bandeau et la corde, donna un aperçu de la doctrine gnostique qu'on dirait résumée de l'Histoire des Dogmes de Bonifas. Il parla du Démiurge, dieu inférieur auteur du monde ; de la tentative malheureuse de la Sophia, le douzième éon de Valentin, d'escalader le ciel. "Une chute profonde a été la conséquence de son audace. Désormais liée à la matière, elle erre à travers la multitude des termes en exhalant sa plainte... Mais après la faute, Dieu a eu pitié. L'Eon-Christos, le verbe divin, se fait homme et rend la Sophia repentie à sa céleste origine. Remontée au Plérôme-, indivise en son essence, quoique fragmentée en son action, la Sophia ne cesse de se manifester dans notre monde maudit." "
La sylphide Héhugaste : une légende récente
Dans, le Dictionnaire des sciences occultes de 1846, Jacques Auguste Simon Collin de Plancy écrit à l'article Héhugaste : "sylphide qui se familiarisait avec l'empereur Auguste. Les cabalistes disent qu'Ovide fut relégué à Tomes pour avoir surpris Auguste en tête à tête avec elle; que la sylphide fut si piquée de ce que ce .prince n'avait pas donné d'assez bons ordres pour qu'on ne la vît point, qu'elle l'abandonna pour toujours" et il renvoie à Lettres cabalistiques, t. I, p. 64.
Ces Lettres datent de 1754. Elles ont été publiées en 1735 par Jean-Baptiste de Boyer (1704-1771) marquis d'Argens chez Pierre Paupie à La Haye en raison de leur mise à l'index en France et se présentent par convention littéraire comme une étude historique présentée sous la forme de lettres fictives entre deux kabbalistes juifs. Dans l'édition accessible en ligne (en fait une réédition augmentée de 1754) sur Gallica l'anecdote se trouve en page 68. L'auteur y explique qu'Ovide n'aurait pu être exilé pour avoir vu le princeps coucher avec sa propre fille, car Auguste l'aurait immédiatement tué. Et Auguste n'a jamais cessé de dire qu'Ovide lui rappelait un mauvaise souvenir : ce ne pouvait être, dit le marquis, que la colère de la sylphide. Ce passage, ajoute-t-il p. 70, "montre combien les esprits élémentaires sont délicats sur ce qui regarde leur réputation" puis il conclut son propos sur la nécessité de fuir ces esprits élémentaires, nymphes ou sylphides, qui s'unissent aux ecclésiastes, pour se focaliser sur la Kabbale. Il s'agit de la fin de la lettre VI du "cabaliste Abukibak à son disciple ben Kiber".
On ne trouvera pas dans les livres scannés de la BNF d'autres mention de cette sylphide Hehugaste dont le nom sonne aussi peu latin que grec... De toute évidence il ne s'agit que d'une farce anticléricale du facétieux marquis qui avait une solide réputation de sceptique (cf Wikipedia).
Toutefois le fait que, au siècle suivant, Collin de Plancy, qui lui-même fut d'abord athée puis ensuite catholique place, l'histoire dans un "dictionnaire" a pu créer une certaine confusion.
Et la confusion a fait son chemin. A la fin du XXe siècle, dans " "La misteriosa "finestrella" di Servio Tullio" (la "fenêtre mystérieuse de Servius Tullius) l'essayiste traditionaliste italien disciple d'Evola Renato Del Ponte notait : " Il est drôle ici de signaler que, selon un auteur kabbaliste français de 1700, JB D'Argens de Boyer (Lettres cabalistiques,tome I et VI), cela était dû au fait qu' Ovide avait révélé la relation de l' empereur Auguste avec un être mystérieux surhumain, la "Silfa Hehugaste", qui disparut dès sa découverte (l'information vient de C. Miccinelli et C. Animato, Commento e note a Il Conte di Gabalì di N. H. Montfaucon de Villars e G.F. Borri, - commentaire et notes du comte de Gabali NH Montfaucon de Villars et GF Borri - Gêne, 1986, p. 163 - 167).
Renato Del Ponte qualifie Boyer d'Argens de "cabaliste", ce que le marquis n'a jamais été. Il n'en faut pas plus pour orienter les lecteurs sur une mauvaise voie. Et gageons que sur la base de la mauvaise référence de Del Ponte, des gens de bonne foi finiront pas penser que la "tradition kabbalistique" effectivement imputait à l'empereur César-Auguste une liaison avec une sylphide...
Jollivet-Castellot à propos des médiums
Une page intéressante d'un étrange alchimiste chrétien qui fut un des pionniers du Parti communiste français (SFIC) dont il fut rapidement exclu. Sa position rappelle un peu celle des jungiens de notre époque - comme Michel Cazenave par exemple. En termes rationnels, elle ne serait défendable qu'au prix d'un pari métaphysique : que chaque âme ait une univers pour elle-même. Mais on sent bien que dans l'ordre métaphysique, comme avec la phrase d'Apollonios de Tyane "Néron a creusé et n'a pas creusé le canal de Corinthe", l'énoncé est à la fois vrai et non-vrai...
"Concluons : L'Occultisme, la Magie, l'Astrologie, l'Alchimie, la Thérapeutique, le Psychisme, le Spiritisme, — branches de la Science Hermétique, reposent sur des phénomènes réels, de l'ordre naturel et universel que l'homme terrestre interprète suivant l'état actuel de son Verbe. Le Verbe humain terrestre, la science humaine, ne sont pas sur cette planète, encore assez parfaits pour que l'on puisse affirmer que les causes sont rigoureusement celles qu'on leur assigne.
Mais la Science et la Mystique qui, réunies, forment l'Hermétisme, nous enseignent certes que ces causes ne peuvent être en dehors de la conscience et des facultés de l'Homme, à différents états d'évolution. Causes naturelles. Verbe cosmique incarné par des êtres différents. Lois inflexibles, en tous cas, que nous ne savons encore formuler, mais qui ne sont que l'extension des lois que nous avons définies, ou cru définir jusqu'ici, et qui, supérieures ou autres, ne peuvent être jamais contradictoires.
C'est pourquoi l'explication spiritique des phénomènes dus à la force astrale ou psychique, est-elle enfantine et superstitieuse. Elle équivaut au bégaiement d'un enfant étonné qui croit aux revenants, aux fantômes, aux évocations que crée son imagination délirante ou morbide.
Les médiums, rigoureusement nécessaires à la production des phénomènes qui demeurent donc bien du champ de la faculté humaine — sont presque tous des détraqués, des malades, des hystériques, des névrosés qui, sursaturés de cette énergie « psychique » ou mieux astrale, la projettent et l'attirent, la concentrent et la repoussent brutalement, en provoquent le flux violent, capricieux, telle une machine à vapeur ou une dynamo qui s'emballe.
Certains — très rares — parviennent à modérer la force, à la diriger parfois. Ils la modèlent selon leur intelligence et leur volonté, la revêtent de leur propre esprit souvent subliminal et inconscient.
Le Spiritisme n'a rien révélé d'important, ni de nouveau au monde. Il est la conscience humaine à ses divers degrés d'intelligence, d'évolution, de moralité — conscience projetée dans l'Au-delà de la Suggestion et des Forces encore imprécises ou formidables.
On n'y découvre point l'intervention d'entités étrangères, ni surtout supérieures au plan terrestre."
Nouveaux Évangiles : le christianisme libéral, la tradition occulte, métaphysique de l'hermétisme, l'Europe et la Chine, "finis Latinorum" / F. Jollivet-Castelot Eds Chacornac 1905 p. 171-172.
Grands voyants et occultistes de l'époque moderne
On connaît Nostradamus, Boehme, Swedenborg.
D'autres sont moins renommés mais ont joué un rôle important à leur époque :
Le père Jacques Gaffarel (1601-1681), fils d'un chirurgien des actuelles Alpes de haute Provence, auteur des Curiosités Inouyes sur la sculpture talismanique des Persans (censurées par la Sorbonne en 1629) et du Moyen de lire l’alphabet des étoiles et les révolutions des empires. Docteur en droit canon à la Sorbonne, abbé de Sigonce, bibliothécaire de Richelieu. Kabbaliste grand connaisseur des langues orientales antiques il est en outre un médium spirite qui déjà théorise sur le corps astral. Outre les talismans, il s'intéresse aux onguents magiques et à l'astrologie hébraïque.
Descartes affecte ne pas vouloir le lire, mais sa condamnation en Sorbonne aura provoqué la polémique. Il est en rapport avec Jean-Baptiste Morin de Villefranche, mais l'attitude de Morin hostile aux sciences les sépare car Gaffarel lui est ami de Gassendi.
Jean-Baptiste Morin de Villefranche sur Saône (1583-1656), médecin de son état, fut initié à l'astrologie par un Ecossais rencontré dans une auberge allemande, William Davidson ou Davisson. Le roi Louis XIII étant tombé malade en passant à Lyon, deux devins annoncèrent sa fin prochaine. Morin adressa a la reine mère, Marie de Médicis, un horoscope contraire, qui affirmait le prochain rétablissement du monarque-et en marquait le.jour. L'événement lui donna raison, et ses rivaux furent jetés aux galères. Morin fut alors nommé professeur de mathématiques au collège de France et souvent consulté par les grands seigneurs du royaume, y compris Descartes.
Selon P. Christian ("Histoire de la magie, du monde surnaturel et de la fatalité à travers les temps et les peuples ", 1870) "un jour, vers 1642, le jeune Cinq-Mars, grand-écuyer du roi, arriva chez le premier ministre en riant aux éclats, son horoscope à la main « Croiriez-vous, Monseigneur, que ce fou de Morin prétend, d'après ce chiffon, que j'aurai la tête tranchée ?» Richelieu ne riait jamais et se souvenait toujours. Peu de mois après, t'étourdi Cinq-Mars et son ami de Thou, fils du célèbre président, se prenaient au trébuchet d'une puérile conspiration risquée avec .l'Espagne. Ils y laissèrent leur tête, et le cardinal qui s'en allait au tombeau, légua le maître en Magie à son successeur Mazarin, comme un précieux outil de gouvernement." Avant sa mort, la reine de Pologne, Marie-Louise de Gonzague, dont l'Écossais Davidson était devenu le médecin, avait accepté la dédicace des oeuvres de Morin et les fit imprimer à ses frais.
Tommaso Campanella, qui finit prisonnier dans un couvent à Paris après avoir organisé une conspiration anti-espagnole en Calabre en alliance avec les Turcs, compose en 1623 une Cité du Soleil qui prône la théocratie universelle œcuménique remplie de références à la Kabbale.
Au même moment en Angleterre Francis Bacon (1561-1626), grand chancelier d’Angleterre peut-être rosicrucien. Kabbaliste et alchimiste compose en 1620 une Instauratio Magna qui prône la méthode inductive et annonce l’Encyclopédie et l’année suivante une Nouvelle Atlantide très néoplatoncienne qui ressemble à Thomas More et Campanella.
Le tchèque Johannes Amos Comenius ou Jan Amos Komensky (1592-1670) dont l’Unesco célébre le 3ème centenaire en 1958, né dans une famille de frères moraves héritière du hussisme, revendiqué par Piaget comme un père du structuralisme moderne, présent en Angleterre en 1641 en pleine révolution (à l’invitation du rose-croix allemand Samuel Hrtlib pour conseiller le nouveau régime) puis en Suède où il rencontre Descartes, c’est un partisan de la réconciliation de l’Eglise et de la synagogue et d’une pansophie qui mènera à l’âge d’or (comme dans la kabbale). Il s’appuie sur des médiums amis de la cause protestante comme Nicolas Drabik, Christophe Kotter et Christine Poniatowska.
L’alchimiste anglais Elias Ashmole (1617-1692), qui allait influencer la création de la grande loge de Londres en 1717, pionnier de la franc maçonnerie dès 1646, fait le lien entre les rosecroix et la francmaçonnerie.
L'acquaintance de la couronne d'Angleterre avec la magie remonte au moins à Elizabeth Iere.
Le mage astrologue John Dee (1527-1608 ou 9), d’origine galloise né à Londres avait formé un cercle, les Dionisii Areopagites, avec sir Philip Sidney et Edmund Spenser (auteur d’un poème rosicrucien). Kabbaliste confirmé, il fut choisi par Elizabeth Ie pour choisir le jour de son couronnement. Il possédait une charte lui attribuant la possession du Canada et inventa le mot « empire britannique ».
Un jour de 1580, il entendit des bruits dans sa maison au milieu de ses rêves. Il loua les services du médium Barnabus Saul qui prétendait voir des anges dans sa boule de cristal. Il s’en sépara au bout de six mois puis rencontra en 1582 un certain Edwad Kelley qui voyait l’archange Uriel dans la boule de cristal de Dee. Il fit alors des séances spirites qui lui apprirent la lange « énochienne ». En voyage à Prague avec Kelley il échoua à transformer du plomb en or devant l’empereur Rodolphe II, puis en 1590 eut un message apocalyptique puis finit tristement dans la paranoïa.
Dee avait des idées qu’il exposa à Rodolphe II pour réformer la messe dans un sens magique propice a faire apparaître des esprits. Il avait aussi des clés initiatiques individuelles : « Ce que Dee suggérait à l'oreille de l'empereur était que, s’il jeûnait pendant une période déterminée, s’il travaillait sur sa respiration un certain nombre de fois, à des intervalles précis, s’il s’adonnait à la pratique sexuelle s’il prononçait une formule précise à une heure déterminée selon les astres, il pourrait entrer dans un état de conscience altéré au cours duquel il communiquerait de manière libre et raisonnée avec les habitants du monde des esprits ».
John Dee inspira le personnage Prospero dans « La Tempête » de Shakespeare. Le 24 mars 1583, un esprit lui apparut et lui parla de l’avenir en ces termes : « De nouveaux mondes jailliront de ceux-ci. De nouvelles manières ; des hommes étranges ».
Shakespeare lui-même est probablement un initié : les images florales du Songe d’une nui d’été peuvent être des symboles rosicruciens comme la rose de La Reine des fées d’Edmund Spenser écrite en 1589 ou les sept roses du mémorial de Shakespeare dans l’église de la Ste Trinitié de Stratford-upon-Avon où le roses peuvent être des chakras. Et l’intrigue de La Mégère apprivoisée (une des trois premières comédies du dramaturge) empruntée au Akf Layla Wa Lyla des Mille et un Nuit renverrait à une bibliothèque secrète des savoirs anté-diluviens, tandis qu’elle plonge dans la logique initiatique du « Dormeur éveillé » d’Haroun al-Rachid. « L’esprit mystique et irascible de l’Homme vert imprègne aussi bien Les Mille et nee Nuits que La Mégère apprivoisée » comme l'a relevé l'érudit de notre époque Jonathan Black .
Au XVIIe siècle, les alchimistes et les rosicruciens sont dans toutes les cours d'Europe, et en contact permanent les uns avec les autres. Newton allait être le dernier d'entre eux.
Au siècle suivant les voyants et ésotéristes sont moins dans les cours. Etteila traduit le Livre de Thot et invente un nouveau tarot dont va faire usage l'étonnante voyante Marianne Lenormand (1768-1843), orpheline d'Alençon montée à Paris, chiromancienne et cartomancienne que les principaux chefs de la Révolution, puis les dignitaires de l'Empire et de la Restauration consulteront.
Dans la lignée des occultistes du XVIIe siècle, se distingue au début du XIXe Antoine Fabre d'Olivet, bourgeois calviniste, monté à Paris en 1780, puis initié au pythagorisme en Allemagne en 1791, passionné par l'hébreu primitif et les hiéroglyphes (pour lui c'était tout un) qui s'attacha à en retrouver la version archaïque qu'il mettait en résonance avec le Chaldéen, le Chinois etc, et qui, en déchiffrant un vieux manuscrit magique pharaonique aurait trouvé la méthode pour soigner un sourd muet (ajoutez pour faire bonne mesure qu'il publia une analyse érudite des Vers dorés de Pythagore). Il avait acquis son bagage linguistique après 1809 ayant obtenu sa retraite du ministère de la guerre.Il utilisait sa femme comme une pythonisse. Napoléon refusa d'en faire son conseiller inspiré; Il instaura alors un culte polythéiste analogue à celui qu'avait tenté de fonder Gémiste Pléthon, premier président de l'Académie platonicienne de Florence. On le retrouva en 1825 mort percé d'un poignard au pied de son autel (cf Les Nouvelles littéraires et scientifiques 23 juin 1934). Il allait encore inspirer les spirites de Jersey à l'époque de l'exil de Victor Hugo.