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Encore un mot sur la communication à distance
J'écoutais tantôt une vidéo de Sadghuru qui est un disciple de Shiva ou plutôt pourrait-on dire un "possédé" de Shiva puisque cette déité s'est littéralement emparé de lui dans un sanctuaire dans sa jeunesse ainsi qu'il le raconte quelque par (j'observe qu'il devient si influent que même la chaîne Russia Today en anglais l'interviewe, et cela est diffusé en version traduite sur l'équivalent français).

Les propos qu'il tient sur le tantrisme ont attiré mon attention parce que vous vous souvenez peut-être qu'en 2016 je m'étais intéressé à la communication à distance entre Sainte Geneviève et Siméon le Stylite ou encore, cette notion d'unanimitas, de communion d'âme, que Pauline de Nole évoque dans une lettre à Saint Victrice de Rouen et que les historiens Janine Desmulliez et Cédric Vanhems ont étudiée ou encore ce thème de Montaigne : "Les Stoïciens disent bien, qu'il y a si grande colligence (alliance) et relation entre les sages que celui qui dîne en France repaît son compagnon en Egypte". Problématique de l'union des âmes à distance, de leur télépathie etc.
Saghuru évoque la chose d'une façon assez intéressante. Il estime dans sa vidéo sur le tantrisme que la technologie moderne et l'occultisme ne sont pas très différents et que la première a rendu le second en partie obsolète. Il en veut pour preuve justement le cas de la communication à distance : un sage du sud de l'Inde pouvait ramasser une fleur de jasmin qui ne pousse pas dans le Nord de l'Inde et l'envoyer à un sage de Bombay (au Nord) par communication à distance rendue possible par l'occultisme du Shambhavi Mahamudra. Pour lui il ne s'agit là que de technologie sans ustensiles. On ne sait pas ce qu'il en était pour les stoïciens païens, mais pour les saints chrétiens, ce genre "télé-communication", comme d'ailleurs la bilocation, ne semblent requérir, à la différence du tantrisme, aucune méthode, aucun rituel.
La Sainte Ampoule et la question de l'élection divine de la France

A la faveur du déclin de l'Eglise catholique romaine, il est facile de trouver sur You Tube des "Evangéliques" intrépides qui tenteront de reléguer toutes les prophéties sur le destin providentiel de la France au rang des superstitions diaboliques. Quelques difficultés textuelles cependant entravent leur audace comme cette prophétie de Zacharie 4 qui mentionnent deux oints dans lesquels la tradition catholique voient le binôme du "Grand roi" et du "Grand prophète/pontife/sacrificateur" de la fin des temps juste avant ke règne de l'Antéchrist : "12 J'ai repris la parole: «Que signifient les deux rameaux d'olivier qui sont près des deux conduits d'or d'où découle l'or?»13 Il m'a répondu: «Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient?» J'ai dit: «Non, mon seigneur.» 14 Et il a dit: «Ce sont les deux hommes désignés par onction qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre.»
Michée 5,1-4 et Isaie 32,1-5 parlent d'un grand roi, même s'il est vrai qu'André Lesage dit "Le Marquis de la Franquerie" dans La mission divine de la France (éditions Saint Michel 1955) eut tort de dissocier le roi du sacrificateur dans Zacharie 6:13. L'ascendance davidique des roi de France dont on a déjà parlé ici pourrait justifier une assimilation des descendants des Capétiens à la Tribu de Juda.
La lignée des prophéties sur le grand monarque français est impressionnante comme l'a relevé encore récemment Taylor Marshall. De la Franquerie voyait dans le miracle de la Sainte Ampoule une confirmation de l'élection divine de la monarchie française. Il se produisit le jour de son baptême à Noel 496 selon l'archevêque Hincmar : "Dès qu’on fut arrivé au Baptistère, le clerc qui portait le chrême, séparé par la foule de l’officiant, ne put arriver à le rejoindre. Le Saint-Chrême fit donc défaut. Le pontife leva ses yeux en larmes au ciel et supplia le Seigneur de le secourir en cette nécessité pressante. Soudain apparaît, volant à portée de sa main, une colombe blanche tenant en son bec une ampoule d’huile Sainte dont le parfum embauma toute l’assistance. Dès que le prélat eut reçu l’ampoule, la colombe disparut". Auparavant à minuit Dieu avait baigné de lumière l'assemblée et annoncé que le royaume de France prédestiné par Dieu embrasserait tout l'empire romain.
De la Franquerie précise qu'à cause de ce miracle la monarchie française précédait les autres en rang protocolaire comme cela ressort d'un décret de la République de Venise de 1558.
Il impute aux partisans de la monarchie austro-espagnole et aux jésuites (puis aux bollandistes) d'avoir tenté de discréditer l'histoire du miracle de la sainte ampoule. Par exemple l'érudit franc-comtois Jean-Jacques Chifflet, médecin du roi d'Espagne, avec la complicité du flamand Bollandus, dans De Ampulla Remensi nova et accurata disquisitio (1651) n'y voyait qu'une légende et soutenait d'ailleurs que Clovis avait été baptisé à Tours et non à Reims. Les jésuites arrachèrent quatre page du livre d'Etienne Forcadel (un juriste de Béziers, Desailly dira par erreur "de Bordeaux") publié en 1580 "De Gallorum imperio et philosophiae" qui prouvait l'authenticité de la Sainte Ampoule. Le bénédictin Dom Mabillon a souligné au contraire dans ses Annales de Saint Benoît qu'Hincmar, contemporain de Charles le Chauve (IXe siècle) confirma à ce souverain que l'ampoule était venue directement du Ciel (d'ailleurs c'est de cette époque que remontent les plus anciennes représentations du miracle que nous ayons).
De la Franquerie reprend là un propos banal qu'on retrouve aussi au XIXe siècle, par exemple dans l'opuscule d'un anonyme rémois en 1825 : "Sacre du roi, détail général des fêtes et cérémonies", qui dénonce aussi le rôle d'un autre rémois, l'abbé Antoine Pluche (1688-1761), janséniste et ennemi personnel de l'archevêque de Reims qui dans une "Lettre sur la Sainte Ampoule et le sacre" du 3 février 1719 expliqua que lorsqu'on cherchait le chrême pour baptiser un malade, Saint Rémi "fit mettre sur l'autel les ampoules vides... alors une céleste rosée répandit le don béni du Saint Chrême". Aimé Bonnefin dans Le Sacre des rois de France en 1982 dira que Pluche eut un auditoire restreint, mais que cette façon de tourner le "miracle" vers les hommes et non vers le roi était le début d'un recul du récit catholique. Néanmoins Bonnefin saluait, comme l'anonyme du de 1825, le rôle du père dominicain Marlot Dorigny dans sa Vie de Saint Rémi (et dans Metropolis Remensis historia, 1666), ou de l'abbé Vertot. Bonnefin valorise aussi les écrits du jésuite Jacques Longueval (Histoire de l'Eglise gallicane) là où De la Franquerie ne voyait dans la Compagnie de Jésus que des ennemis de la Sainte Ampoule.
Il était dit que les rois tenaient leurs dons de guérison de la Sainte Ampoule. Et elle ne fut préservée en France que grâce aux habitants du Chesne-Populeux qui la soustrayèrent aux Anglais après leur défaite d'Orléans en 1429. Bonnefin démonte la légende britannique selon laquelle ils n'auraient laissé en France qu'un leurre et leur roi Henri VI aurait été sacré avec le Saint Chrême. Louis XI en 1482-1483 se la fit apporter au Louvre avec l'accord du Pape pour guérir sa maladie mortelle, mais il n'y eut aucun miracle. L'ampoule ne quitta plus Reims par la suite. Pour une description du rituel du sacre avec le Saint Chrême voir ici.
Le commissaire de la Convention Philippe Rhul qui était allé la chercher à Reims brisa l'ampoule place royale le 7 octobre 1793 sur le piédestal de la statue de Louis XV - il allait se suicider un an et demi plus tard après avoir été condamné par une commission militaire thermidorienne.
Un officier municipal M. Hourelle note de la Franquerie "s'entendit avec l'abbé Seraine, curé-intrus de la paroisse et dépositaire des clefs du tombeau; et, ne pouvant substituer à la fiole du reliquaire une autre Hôte, ils enlevèrent avec l'aiguille d'or quelques parcelles du baume brun foncé qui adhérait à ses parois et les conservèrent avec soin. En 1819, le 11 juin, sous l'épiscopat de Mgr de Coucy, les possesseurs, tant de ces précieuses parcelles que de deux éclats de la fiole, les déposèrent, après enquête préalable, entre les mains de leur archevêque qui renferma provisoirement le tout dans un modeste reliquaire, et le fit porter à l'église de Saint-Rémi, où il resta jusqu'au mois de mai 1825."
L'enjeu autour de la Sainte Ampoule est aussi important que celui de l'authenticité du Testament de Saint Rémi, pour déterminer si le roi de France a vocation à être empereur du monde avant la venue de l'Antéchrist.

J'ajoute donc à ce petit exposé la vidéo ci-dessous trouvée sur le Net récemment. Elle a été postée en mars dernier. C'est l'interview par un médium voyant (Yannick) d'un gérant dans la restauration de 52 ans (né à Paris le 22 février 1968) de parents italiens des Pouilles, André de Biase (son visage a été révélé dans cette interview), père de famille. Voici le résumé de ce que celui-ci raconte. L'homme porte une tache hémorragique qui a la forme d'un poisson, il l'a contractée du 22 au 23 septembre 1968 (nuit de la mort du Padre Pio auquel sa famille était dévouée - Padre Pio qui avait eu des visions sur la royauté française) à l'hôpital Necker à l'issue d'une méningite bactérienne peu de temps après sa naissance. Le 29 mars 1981 à Alzo di Pella en Lombardie, au soir l'homme (qui a 13 ans) voit apparaître devant l'église San Filiberto des lumières qui tourbillonnent verte, blanche, et bleue. Il entend des mots en français. Dans la lumière bleue à sa gauche une forme féminine lui dit en français "tu es André", l'entité dans la lumière verte à droite (une entité masculine) récite des phrases. L'homme s'approche de la lumière blanche, est aspiré, reçoit des particules. Il voit un homme en blanc, Jésus-Christ (alors qu'il n'était pas croyant) qui lui dit : "Je t'ai choisi, tu es venu pour vaincre et tu vaincras". Puis il voit le pape Jean Paul II qui lui tend la main. Il a l'impression que la femme dans la lumière bleue le retient d'être absorbé. Quand il saisit la main, il ressent une immense douleur crie. La lumière lui tend une pierre blanche, sa main est ensanglantée. L'homme dans la lumière verte lui demande de noter "N I A" sur la pierre avec son sang (il l'interprète comme Non à l'Intelligence Artificielle). La pierre tombe. Il la perd. La lumière blanche est partie. Plusieurs fois ce restaurateur s'est vu l'enterrer près de l'église. La lumière blanche disparaît, la verte rentre dans le mur de l'église. Reste la bleue dans laquelle se trouve la Sainte Vierge qui allait ensuite disparaître sur le mur d'une maison voisine (appartenant à une dame pieuse), mur sur lequel allait apparaître en octobre 1984 une tache en forme de Sainte Vierge (des milliers de pèlerins allaient y affluer - seul le mur allait être conservé après la construction par la mairie d'un nouveau bâtiment). Arrivé chez lui André allait laver sa main ensanglantée sans en parler à ses parents mais allait ensuite se confier au curé du village.
Fin 1985, Joaquin Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II, vient le rencontrer à Gentilly. Quand le pape se rend à Paray-le-Monial en octobre 1986, André, qui a 18 ans, le rencontre. Contre toute attente le pape s'agenouille devant lui, touche ses cheveux, lui dit "c'est bien toi". Il répond "oui c'est moi". Jean Paul II aurait ajouté que lors de l'attentat de 1981, la Vierge aurait dévié la balle avec l'aide d'un enfant symbole de la pureté et que c'est cet André qui aurait été choisi pour ce faire. Celui-ci aurait ensuite été mis en contact avec le Henri d'Orléans (comte de Paris) et il sera en relation secrètement avec lui pendant dix ans. Il allait lui verser de l'argent provenant de sa Fondation . Le pape aurait voulu que le comte prenne en main André. Henri d'Orléans aurait eu une vision en 1965 qu'on lui présentait un enfant "illégitime" (non issu d'une lignée héréditaire royale) mais auquel il faudrait porter assistance. Le comte confie à Edouard Stern (banquier assassiné en 2005) de l'argent (300 millions de francs) pour la future royauté d'André. Dans les messages reçus en 1981, André avait appris que le 8 avril 2022 quelque chose d'important se passerait (voir plus loin). Après la mort du comte de Paris, André fait faillite. Il voit Edouard Stern à la sortie de l'hôpital Necker, descend de sa camionnette en bleus de travail et l'interpelle. Stern lui dit de revenir le lendemain au même endroit mais ne reviendra pas. L'argent des rois de France est perdu sur des comptes suisses.
A la demande du comte, André a rencontré le rabbin Rebbe (rabbi de Loubavitch) à New York qui avait demandé à le voir. Le rabbin lui demande en guise de test : "as tu soif" puis lui dit "peux tu me servir un verre d'eau ?" alors qu'en 1981 André a vu un homme avec une carafe d'eau derrière Jésus qui remplissait complètement un verre et le faisait déborder. Le rabbin demande pourquoi il ne le remplit pas. André répond sans réfléchir "parce que ce qu'il reste à remplir c'est ce qui reste à vivre à l'humanité". Le rabbin se retourne vers lui les larmes aux yeux et lui dit "tu es donc bien là". André le prend dans ses bras. Il y a une odeur désagréable. Le rabbin lui donne un dollar et lui dit de planter un olivier quand il ira en Israël. Il ne l'a pas fait pour l'instant.
Jésus avait été annoncé à André que la mère de ses enfants lui rappellerait le 8 avril 2022 (elle est née un 8 avril, et lui un 22-02). Cette date sera le jour du premier tour de l'élection présidentielle en France.
En 1987 à son domicile rue de Bièvre Mitterrand avait rencontré, par l'intermédiaire de Gilles Ménage son directeur de cabinet, André, pour étouffer l'affaire des transferts de fonds de la Fondation Henri d'Orléans à son bénéfice. Le président lui aurait dit : "vous avez été béni, mais vous n'êtes pas assez instruit pour le comprendre". Il a aussi rencontré en 1987 à son domicile à Arcueil (banlieue parisienne) Dulcie September militante de l'ANC (assassinée en 1988), qui lui avait parlé de la vision de Martin Luther King en 1968 sur un enfant qui naîtrait en France et serait un sauveur. Mandela en visite à Arcueil le 14 juillet 1996, a dit à André : "tu sais, un jour on te mettra en prison et c'est là que tu comprendras que tu es libre".
Un des messages de 1981 disait que "lorsque le temps des roses sera fini, ton règne sera venu". André l'interprète en lien avec l'incendie de Notre Dame où toutes les portes se sont fermées en même temps, ce qui a protégé les roses.
L'intéressé fera une conférence le 15 août prochain à Sougraigne dans l'Aude.
Je ne me prononce pas sur l'authenticité du récit, mais c'est une illustration intéressante des questionnements (ou des inspirations) qu'a suscités en France à diverses époques la thématique du Grand Monarque.
Pourquoi l'histoire hypothétique est anti-biblique

L'histoire hypothétique est très à la mode. Les médias et You Tube accordent une popularité imméritée à l'uchronie "Civilisations" de Laurent Binet (par exemple ici et là).
Ayant moi même cédé à la folie jadis d'écrire un livre d'histoire hypothétique, publié chez L'Harmattan, je dois préciser aujourd'hui quels sont les présupposés spirituels anti-chrétiens de cette démarche :
1) Cela part du principe que l'histoire n'a pas de sens, qu'elle est soumise aux aléas des rapports de forces et qu'il n'y a donc pas de plan de Dieu derrière, Dieu à supposer qu'il existe est sans pouvoir sur elle (ce qui est contraire à ce que dit la Bible).
2) Cela laisse entendre aussi souvent que les vaincus auraient mieux fait que les vainqueurs. C'est patent dans la thèse de Binet : si les Incas avaient conquis l'Europe ils auraient été plus tolérants sur le plan de la religion et des moeurs, on aurait mieux respiré en Europe etc. Le présupposé est que la liberté sexuelle (très relative), l'intérêt pour le corps, qui prévalaient chez les Incas sont meilleurs pour l'âme que la discipline. Evidemment ce point est indémontrable. On passe aussi par pertes et profits les sacrifices humains, notamment ceux des enfants, qui deviennent purement anecdotiques dans ce genre de spéculation. De même que toutes sortes d'autres formes d'oppression à l'oeuvre dans cet empire.
3) On fait notamment l'apologie de la soi-disant tolérance religieuse des païens : s'ils envahissent l'Europe ils ne chercheront pas à éradiquer le catholicisme. L'hypothèse est purement gratuite. Evidemment selon la logique rationnelle on devrait plutôt parier que si les Incas avaient gouverné notre continent, ils auraient persécuté le christianisme. La Rome païenne étaient tolérante envers toute forme de paganisme tant qu'il ne cherchait pas à compromettre les sacrifices à l'empereur. Elle devint impitoyable pour le christianisme assez tôt. De même les Incas n'auraient pas accepté que les Chrétiens refusent le culte de l'empereur et y auraient vu une menace politique. Les paganismes (l'hindouisme par exemple) s'accommodent des formes abâtardies de christianisme (comme le New Age aujourd'hui) qui font du Christ un simple maître de sagesse, nient sa divinité, nient le salut par la résurrection, nient l'Apocalypse comme horizon de disparition de ce monde et acceptent les compromis avec toute idolâtrie. Un christianisme bien axé sur les vérités bibliques est incompatible avec tout paganisme et durement rejeté par lui. Il l'aurait été par un Empire inca victorieux comme par toute autre autorité païenne.
En somme ces spéculations sur l'Empire inca ne sont que des réhabilitations du mythe hérétique du bon sauvage. Un apitoiement sur le sort des vaincus qui ne sert en fait qu'à tenter de disqualifier les valeurs morales (chrétiennes occidentales) qui ont dominé le monde (et l'ont en grande partie libéré, sur le plan éthique, même si évidemment, ceux qui les instrumentalisaient dans un cadre colonial les ont souvent dévoyées). Il vaut mieux ne pas être dupe du sens profond de ce genre de démarche et de l'idéologie qui l'inspire.
Le souffle qui ressuscite
Dans l'évangile de Jean 20-22, il est écrit que Jésus ressuscité "souffla sur les apôtres), et leur dit: Recevez le Saint-Esprit."

Peu de temps avant d'avoir lu cet étrange passage, j'avais écouté le mystique Sadhguru expliquer qu'un adepte du tantrisme adepte du Surya Sparsh à Bénares (Varanasi) était capable de ressusciter pour plus d'une heure les oiseaux morts depuis moins de trois heures (non encore rigide) en activant les énergies invisibles qui restaient encore en lui en utilisant la lumière du soleil. Un chef musulman tenta d'ailleurs de le forcer à ressusciter son fils, mais il ne put pas le faire notamment parce que le chef voulait que cela se fasse en dehors du temple hindou. Ce yogi disait que son maître pouvait faire vivre l'oiseau plus longtemps encore. Il s'agit là d'une résurrection (provisoire) par la lumière. Est-ce de la sorcellerie ? Personnellement je suis enclin à me méfier de tout ce qui vient d'Inde, et encore plus depuis que j'ai lu la couverture de la revue "New Witch" qui dans un même mouvement vante le féminisme, la nudité publique et... l'Ayurveda... On a presque là le tableau complet de tout ce qu'il faut fuir dans l'occultisme...

Plutôt que de s'intéresser à ces procédés de revitalisation par la lumière, je me demande s'il n'y a pas plus d'intérêt sur le plan spirituel à réfléchir au pouvoir du souffle.
Ce matin, je parcours "La Sagesse des Prophètes" du musulman Ibn 'Arabi. Etrangement le chapitre sur Jésus est surtout consacré au pouvoir qu'il avait de ressusciter les morts par le souffle, qu'il relie à sa substance divine qu'il aurait tirée de l'ange Gabriel. Le Coran, comme des Evangiles apocryphes, explique que Jésus pouvait transformer un oiseau d'argile en oiseau réel en soufflant en lui.
Ibn 'Arabi raconte que le "sultan des sages" Abu Yazid-al-Bistani "qui souffla sur la fourmi qu'il avait tuée lafit revivre". Il sut bien, ajoutait-il, que c'était par Dieu qu'il soufflait ; sa contemplation était christique". Le théologien rattache ce souffle à l'Expir divin dont tout le monde procède.
A creuser...
Dozulé : catholicisme, OVNIs et physique quantique
Je voudrais attirer votre attention sur une très bonne initiative qu'ont eue les responsables de l'association "Le sentier de la croix glorieuse" de mettre, il y a cinq mois, sur You Tube, les enregistrements sur cassettes magnétiques du témoignage de la voyante des apparitions de Dozulé (Calvados) Madeleine Aumont. Du point de vue de la spiritualité, de l'histoire, de la psychologie, des sciences naturelles etc c'est un élément très important : on eût aimé avoir à disposition le témoignage de Bernadette Soubirous de Lourdes, de Mélanie Calvat de La Salette et de tant d'autres voyants et visionnaires des siècles antérieurs. On a celui de Madeleine Aumont et c'est une très grande chance. Je les ai écoutés en partie. Ce qui frappe, c'est la simplicité et l'apparente sincérité avec laquelle cette dame raconte ce qu'elle a vu et entendu et comment cela s'est passé.
Ca n'a nullement l'air "scripté" comme on dit de nos jours en usant d'un anglicisme. La voyante ne semble pas raconter une "histoire officielle" dont un tiers lui aurait suggéré la narration. Tout cela semble provenir assez spontanément de ses souvenirs. Et l'on écartera donc, en ce qui concerne Dozulé, ce que j'ai écrit il y a peu à propos d'une réécriture de l'histoire signalée par l'occultiste Sylvie Simon autour d'une "présence extra-terrestre" autour de la maison de la mystique Marthe Robin en 1980.
Pas de réécriture, donc, si l'on tient cette hypothèse, l'inspiration est réellement catholique et non "extra-terrestre", sauf à faire le pari - défendu par certains - que les extraterrestres savent singer n'importe quel vocabulaire religieux orthodoxe et qu'ils aient inspiré d'eux-mêmes par une sorte de télépathie l'adhésion catholique de Madeleine Aumont qu'elle raconte dans son témoignage à partir de son retour à l'eucharistie. Il n'y a donc pas grand chose à retirer, me semble-t-il, de l'avis de la voyante recueilli par Rémy Mauger et Jacques Lacan et FR3 en 1986 (et lourdement souligné par la même chaîne 31 ans plus tard) sur son apparition de 1972 quand elle dit : "J'ai d'abord aperçu une forte lumière sur la bute, alors j'ai eu peur évidemment, j'ai pensé à une soucoupe volante, on en parlait à ce moment-là. Et puis je me disais 'même si les gens pensent qu'il y a des soucoupes volantes moi je leur dirais que c'est vrai, parce que j'ai cru que c'était ça. D'ailleurs après quand je suis retourné à la fenêtre la deuxième fois j'ai vu la croix qui s'est formée dans le ciel".
Il est indéniable que Madeleine Aumont "capte" des images en trois dimensions, et des "fragments de discours" (au sens où Roland Barthes parlait de "fragments d'un discours amoureux"), en latin notamment, dont elle ne peut pas être l'auteure puisqu'elle n'en comprend pas du tout le sens, et que c'est le curé du village qui ensuite les décrypte pour elle. Se peut-il qu'il y ait là simplement une sorte de phénomène quantique, lié à la structure "holographique" de l'univers dont parlait le père François Brune (cf ici) et qui voudrait que du fait d'une certaine intentionnalité du sujet (je le fait qu'il soit tourné vers la Foi) il ou elle "reçoive" sur un mode condensé des éléments spirituels qui "flotteraient" dans un univers quantique (que Jung assimilerait à l'inconscient collectif) ? A noter que "l'intentionalité" même ne ressort pas dans ce récit comme émanant du sujet puisqu'au départ elle n'est poussée vers l'eucharistie que pour faire plaisir à sa mère. Le goût pour la présence christique ne vient qu'après - ce qui nourrit une métaphysique de l'élection arbitraire qui va, notez le bien, dans le sens du quiétisme (un de mes sujets préférés)... Evidemment, le fait que cela soit subi peut jouer en faveur d'une hypothèse de manipulation par une entité extérieure (et pour le coup éventuellement extraterrestre) capable justement de jouer avec la structure quantique de l'univers. A ce sujet je renvoie à une intéressante interview d'un ex-patron de la DGSE Alain Juillet dans Paris Match le 11 avril 2020 du qui expliquait que les grandes puissances qui s'intéressent aux extraterrestres cherchent à "découvrir s’il n’y pas derrière le phénomène Ovni quelque chose qui, techniquement parlant, peut être intéressant." "Là, je débouche, ajoutait-il, sur un autre aspect ... qui a été expliqué par d’autres beaucoup plus forts que moi en la matière : nous passons d’une vision du monde modelée par la physique traditionnelle à une autre vision fondée sur la physique quantique. Et l’on comprend beaucoup mieux ces phénomènes à travers le prisme de la physique quantique qu’avec celui de la physique actuelle".
On observe à propos de Madeleine Aumont que, si les visions et les références sont très orthodoxes sur le plan religieux, les prophéties sont fausses - puisque la vision annonçait une guerre avec l'URSS avant la fin du siècle. Les prêtres disent en général (par exemple à propos de La Salette) que c'est parce que les prophéties sont conditionnelles, mais cela ne me convainc pas trop. On louera au passage la prudence de l'Eglise qui eut la bonne idée de soumettre Madeleine Aumont à l'exorcisme (peut-être un exorcisme pas assez poussé ?). Elle dit que le curé du village a estimé qu'elle n'était pas une "fausse prophète" parce qu'elle n'accomplissait pas des guérisons et des prodiges antéchristiques annoncés pour la fin des temps, mais c'est peut-être là une conclusion un peu hâtive...
L'Antéchrist proche-oriental

En août dernier, j'ai attiré votre attention sur le ministère biblique sur You Tube de la pakistanaise réfugiée aux Etats-Unis Sonia Azam, pour qui l'Antéchrist ne viendra pas d'Occident mais du monde musulman.
J'avais notamment cité d'elle sa lecture d'Apocalypse 13:15 sur l'image de la seconde bête qui parle à l'image du cube de la kaaba à la Mecque et sur la mention en Esaie 63:1 de : "Qui est celui-ci qui vient d'Edom, De Bosra, en vêtements rouges", Bosra correspondant à l'Arabie nabatéenne, mère du culte islamique dans le sens où les premiers musulmans priaient dans la direction de Petra (où se trouvait la Qaaba au départ) et non de La Mecque.
Elle a poussé un peu plus loin sa démonstration à ce sujet en décembre.
En Apocalypse 13-1, dit-elle, parle d'une bête sortie de la mer, à qui le dragon a donné le pouvoir. Elle a le corps d'un léopard, les pattes d'un ours, et la bouche d'un lion. Certains ont spéculé sur le fait que le léopard était le symbole de l'Angleterre à l'époque des Plantagenêts, ce qui en ferait un empire anglo-saxon, Les trois animaux, nous dit Sonia Azam, sont dans Daniel 7:4-7, ils correspondent à des royaumes : le léopard est la Grèce antique qui couvrait la Turquie (Javan), l'ours l'empire médo-perse, le lion Babylone. La Bête et ses dix rois dans l'Apocalypse vont s'opposer à la prostituée qui est Bosra selon Ezechiel 32. Ce sont toutes des nations du Proche-Orient.
Baphomet est une déformation de Mahomet rappelle aussi la youtubeuse. L'Islam est le culte de Baal et d'Ashtarte (Isis). Le Croissant représente les cornes du Dieu Baal, appelé Hubal chez les arabes, associé à la Lune, l’étoile représente Vénus-Isis, Allat pour les arabes. A l'époque pré-islamique il existait un rituel païen dans lequel les femmes frictionnaient leur partie génitale sur la pierre noire espérant ainsi augmenter leur fertilité.(Dr.Jawad Ali dans son livre «L’histoire des arabes avant l’Islam» partie 5,page 223). Elle enduisaient la pierre avec le sang des menstrues et tournaient nues tout autour. Sonia Azam évoque aussi les shriners, francs maçons à toque rouge (le président américain Truman en fit partie), ce fez trempé dans le sang des Chrétiens à Fez (Maroc).
Dans une autre vidéo à partir d'Apocalypse 9:13 "et disant au sixième ange qui avait la trompette: Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate", elle rappelle les armées seront libérées pour l'Antéchrist le seront au niveau de la Syrie et de l'Irak.
On peut reconnaître à Sonia Azam une hauteur de vue dont manquent beaucoup de chrétiens. A la suite de la dernière pandémie elle s'est exprimée pour souligner que le virus existe bel et bien (ce que nient certains complotistes comme A Call for an Uprising aux Etats-Unis) - d'ailleurs des membres de sa famille en sont morts -et dénigrer les spéculations sur les partisans de Qanons selon lesquelles Trump aurait vocation à nettoyer la planète des pédo-satanistes qui la gouvernent. Elle tient une position de défense d'Israël sans tomber dans les combinaisons politiciennes du moment, ce qui est rare même chez les croyants. Il est vrai que le vécu fort et difficile de sa conversion l'aide à ne pas s'enliser dans les turpitudes humaines.
Jacques de Vismes (1745-1819) et les Nephilim

Le thème des Néphilim (que la Septante traduit par "géants") est absolument central si vous voulez comprendre aujourd'hui, d'un point de vue biblique, les origines de l'occultisme (astrologie, voyance, médecines alternatives etc) mais aussi divers autres travers humains mais aussi donner sens à divers passages du Nouveau Testament comme l'institution de Saint Pierre comme "rocher" fondateur de l'Eglise au pied du Mont Hermon ou, dans l'Apocalypse, la libération des sauterelles du fond de l'abîme.
Il est aussi central dans l'ufologie, et vous en trouverez énormément de traces dans les débats sur You Tube (notamment en anglais mais pas seulement), et dans la culture populaire actuelle (jeux vidéos, romans de science fiction etc).
Je l'ai personnellement découvert quand j'écrivais mon livre sur les thèses de Barbara Aho, et j'ai déjà parlé sur ce blog des travaux incessants de L.A. Marzulli pour voir dans les différents mégalithes du monde l'oeuvre des Nephilim. Toute une série de prédicateurs américains chrétiens dont le plus pointu est sans doute Michael Heiser, contribuent aujourd'hui au débat sur la naissance des Nephilim tel qu'il est raconté dans Genèse 6:1-4, débat qui tourne autour de la définition du mot "Fils de Dieu" (Beni'a Elohim) aussi appelés Veilleurs dans le Livre d'Hénoch (simples humains ou anges rebelles ?). Thomas Horn, Michael Lake, Robert Skiba, Josh Peck, Marty Cauley sont aussi des noms qu'il faut citer parmi ceux qui font vivre aujourd'hui ce débat sur la descendance des anges rebelles.
Sur l'aspect spécifiquement archéologique de la question, l'irlandais Patrick Heron (1952-2014), avec son livre The Nephilim and the Pyramid of the Apocalypse (2007) s'est distingué en expliquant que les pyramides ont été construites soit par les Veilleurs, soit par leurs rejetons les Nephilim.
Je dois dire que quelle n'a pas été ma surprise de découvrir à travers mes recherches que ces thèses avaient été anticipées, deux siècles auparavant par l'aristocrate français Anne-Pierre-Jacques Devismes ou, avant la révolution, de Vismes du Valgay (1745-1819). Celui-ci dans Nouvelles recherches sur l’origine et la destination des pyramides publié en 1812 affirmait que ces édifices égyptiens « n’ont pas été construits par les hommes, et qu’elles ne peuvent être que l’ouvrage des êtres spirituels, anges rebelles, nephilim, démons, esprits malins, comme on voudra les appeler ». La démonstration de Devismes d’appuyait sur une lecture de Genèse 6 :1-4, du livre d’Enoch et de l’épître de Pierre en tout point conforme à celle des auteurs américains actuels qu'on vient de citer :
« Ce fut donc dans ces temps, écrivait-il , que les êtres spirituels firent sourdre de la terre, comme l'a pensé Diodore, ces monumens indestructibles qui renferment le dépôt des connaissances humaines , et je prouverai, par l'intérieur de la seule Pyramide dans laquelle les hommes aient pénétré , la justesse et la vérité de mon assertion : je ne doute pas que les autres Pyramides ne contiennent aussi la théorie, les élémens, les formes , les étalons de tous les instrumens relatifs à l'usage et à la pratique de chaque connaissance. Ainsi chaque Pyramide peut être considérée comme un lycée isolé pour l'étude, et la conservation d'une science particulière.
Ce fut encore vers ces temps que les enfans qui étaient provenus du mariage des vaillans avec les filles des hommes, et qui par cette raison participaient à la puissance de leurs pères, tels que Membrod , Og, les Goliath, Osymandué , et tous ceux enfin dont parlent les anciens historiens , tant sacrés que profanes , et dont Hérodote, Pausanias et Pline , disent qu'ils ont vu dans un lieu de l'Egypte , appelé Litris , un grand nombre de squelettes qu'on voyait à découvert, et dont les os qui étaient rangés sur la terre chacun à sa place, tels qu'ils sont dans l'habitude du corps humain , étaient d'une grandeur démesurée.
Ce fut dans ces temps, dis-je, qu'on vit s'élever la tour de Babel, le colosse de Rhodes, cette foule d'obélisques qui couvraient l'Egypte et la Lybie (sic) , toutes ces villes et ces temples si magnifiques que le temps a détruits, parce qu'ils étaient l'ouvrage d'une puissance secondaire de géans, naturels, matériels, tandis que les Pyramides ont été l'ouvrage des néphilim , ou géans d'une substance spirituelle.
Cette première période, depuis la création jusqu'au déluge, a dû être et a été en effet la plus fatale au genre humain, parce que les esprits, malins, jouissant de toute l'étendue de leur puissance, ont dû employer tous les moyens possibles pour tenter, séduire, et pervertir une créature que l'éternel s'était plu à former, et pour l'entraîner dans leur propre chute»
A l’époque Devismes se prévalait d’un traité de l’Egyptien Ibn al-ʿAfīf, Murtaḍá ibn Ḥātim ibn al-Musallam (1154-1237) qui avait été publié en France au XVIIe siècle, sur les savoirs positifs et ésotériques que recelaient les pyramides. Le fait que cet aristocrate musicographe directeur de l’opéra de Paris, qui confessait s’être entretenu en juillet 1785 avec le célèbre occultiste Cagliostro des pouvoirs magiques des pyramides ait à ce point devancé les débats actuels est frappant et confirme aussi que, même en milieu catholique au XVIIIe siècle, les thèses qui voulaient "désenchanter" Genèse 6:1-4 en soutenant soit, dans la lignée de Saint Augustin, que les "Fils de Dieu" n'étaient pas des anges, soit que les nephilim n'étaient pas des géants étaient loin d'être hégémoniques.
Elohim et la cour royale des dieux

Je voulais vous parler de la notion d'Elohim que le théologien protestant américain Michael Heiser comprend (dans une vidéo récente et un livre à paraître) comme une cour d'entités célestes (des fils de Dieu) dont certains sont des anges déchus à partir de la Genèse, du premier livre des Rois, du Deuteronome et du Psaume 82, et comparer cela avec la lecture du rav Dynovisz qui dans deux vidéos sur le premier verset de la BIble analyse Elohim comme un nom de Dieu au niveau de la nature (d'où sa valeur numérique égale au mot "teva") et une sorte de nuée destinée à protéger la Terre de la force du vrai nom de Dieu (et sur la force des noms je vous aurais rappelé un témoignage de Maurice Caillet). Mais pour la nouvelle année j'ai fait voeu de ne plus bloguer. Commençons donc dès maintenant.
Jim Osman et l'exorcisme

Jim Osman, pasteur dans l'Idaho, défend une lecture des Ecritures qui condamne les soi-disant dons d'exorcisme, qui sont très à la mode dans les milieux évangéliques charismatiques, et que déploient "sur commande" en France divers prédicateurs comme Allan Rich ou Michelle d'Astier). Pour lui ce don était réservé aux apôtres (à rapprocher de l'approche dispensationaliste d'un Gene Kim). Sans doute la logique de sa remarque s'applique-t-elle aussi au don de guérison, et cela peut aller jusqu'à remettre en cause dans une certaine mesure non seulement le mouvement charismatique actuel, mais aussi les exorcismes catholiques "classiques" dont parlait brillamment Bérulle dans son Traité des énergumènes.

Extrait de son livre "Truth or Territory" publié en 2015 (p. 172-173) :
"Si notre compréhension des Ecritures est correcte, et je crois qu'elle l'est, alors il existe une contradiction évidente entre ce qu'enseignent les Ecritures et ce dont certains ont proclamé avoir fait l'expérience ou dont ils se sont dits témoins. D'aucuns objectent avec aplomb en citant telle de leur expérience personnelle ou plus anecdotique. Moi aussi je connais des gens qui sont censés avoir pratiqué des exorcismes, qui en ont été témoins, ou qui ont eu un démon exorcisé en eux. Que faire de ces expériences ?
Comme je l'ai déjà dit, on ne construit pas une théologie sur des expériences, quels que soient leur degré de réalité et leur capacité à nous convaincre. Nous bâtissons notre pensée sur les Ecritures, et donc demandez vous : "Comment est-ce que je comprends ce que j'ai vécu à la lumière des Ecritures ?"
Si la Bible dit que les exorcismes véritables sont des miracles, et si le Bible dit que ces miracles étaient accomplis par Jésus et les apôtres, et si les apôtres ne sont plus vivants, et si la Bible ne nous ordonne pas d'exorciser des démons, ni même ne donne d'instructions sur comment le faire, alors on ne peut tirer qu'une seule conclusion : les soi-disant exorcisme de notre époque n'ont rien de véritable.
Pourrais-je suggérer même qu'il est au moins possible d'un point de vue théorique que le père des mensonges, le grand trompeur, l'ange de lumière, puisse tromper les gens jusqu'à leur faire croire qu'ils peuvent le contrôler ? Est-il possible que Satan conduise les gens, pour aussi bien intentionnés qu'ils soient, à s'adonner à des pratique complètement superflues (utterly useless) ? Est-il possible qu'il puisse vouloir que des gens se concentrent ainsi sur des activités qui ne changent rien (make no difference) et qui distrayent le peuple de Dieu des vraies questions, c'est-à-dire la proclamation et la défense de l'évangile ? Je pense avec certitude que c'est là une explication valable.
Les Chrétiens d'aujourd'hui n'ont plus le pouvoir de chasser les démons ni celui de changer l'eau en vin ou de ressusciter les morts. Nous ne pouvons plus accomplir des prodiges et des miracles (signs and wonders). Les exorcismes modernes ne sont rien d'autre que des tromperies démoniaques savamment conçues pour dévier les Chrétiens de la guerre véritable, qui est une guerre de la vérité.
Les expériences d'exorcisme modernes sont créées par quelque chose d'autre que le pouvoir de Dieu. Les religions païennes ont aussi des exorcismes. Les gourous hindous accomplissent des exorcismes et les gens sont apparemment délivrés par eux des démons. Ces exorcismes là ne sont clairement pas réalisés par la puissance de Dieu. Jésus a dit que certains pourraient effectuer des exorcismes et ne seraient pas sauvés (Matt 7:21-23). Comment rendre compte de ces exorcismes ? Sont-ils la chose authentique (real McCoy) ? Ou est-ce que Satan trompe ces religions païennes et les cultes hindous ? Si Satan trompe ces religions païennes et ces cultes hindous en fabriquant de faux exorcismes, qu'est-ce qui nous fait penser qu'il ne peut pas faire la même chose aux Chrétiens ?"
Le culte de Mary Stuart

Les chansons de Mike Oldfield sentent l'occultisme à plein nez, et pas le plus lumineux. Pas étonnant qu'un de ses albums s'intitule "Elements" (ce qui est la traduction exacte de "stoicheia"), ni que ce musicien, qui a eu une enfance bien malheureuse, ait fourni le paysage sonore du film ténébreux "L'Exorciste". Un de mes proches qui voit le monde invisible me disait que sa chanson la plus noire était l'apparemment inoffensive "To France" que nous avions tous dans les oreilles en 1984 et qui fut même le générique d'une rubrique télévisée qui passait tous les soirs à une heure de grande écoute (ça s'appelle du "mind control").
La chanson "To France" est en fait dédiée à Marie Stuart (1542-1587), la pauvre reine d'Ecosse ("Mary queen of chance") élevée à la cour des rois de France et décapitée par Elizabeth d'Angleterre à laquelle le chevalier Brantôme consacre un portrait délicat dans ses Vies des Dames galantes.
Je savais vaguement que certains catholiques du XIXe siècle (appartenant à des sociétés secrètes ?) s'étaient mis en tête de faire canoniser la reine martyre (comme ils essayèrent avec Christophe Colomb). Mais il y a plus intéressant pour comprendre le parti pris de Mike Oldfield, et je le trouve dans le tableau sinistre que l'historien René Guénon brosse de la naissance de la Société Théosophique de Mme Blavatsky. Voici ce qu'il écrit, à propos de l'inquiétante duchesse de Pomar (1830-1895), une médium spirite, qui avait monté en France une sorte d'organe de recrutement parallèle pour la Société Théosophique (p. 185-186 du livre) :
"Voici ce qu'elle écrivait à Arthur Arnould, dans une lettre que celui-ci publia en 1890 (...) 'Quand je vous dirai que nous recevons nos instructions directement des plus hautes sphères, vous comprendrez que nous désirions garder le plus strict secret"' Quelles étaient donc ces instructions et ces communications mystérieuses, dont les moyens n'étaient probablement pas très différents de ceux qui sont en usage chez les spirites ordinaire, et quelle était la mission que Mme Pomar prétendait avoir reçue ? Dans une lettre datée du 2 février 1892, et dont nous avons l'original entre les mains, elle disait à ce sujet : "... Le culte que je professe pour Marie Stuart s'applique moins aux souvenirs de sa personnalité terrestre qu'à son individualité céleste, toujours vivante, et qui depuis plus de trente ans m'a donné de nombreuses preuves de sa présence spirituel (sic) auprès de moi. Cet être déjà si grand, si noble sur la terre, a continué à se développer selon la loi éternelle de la vie de l'Esprit et aujourd'hui arrivée à posséder la vérité qui affranchit, elle a dépassé de beaucoup ses convictions religieuses d'autrefois. Sa mission est de donner aujourd'hui au monde, et spécialement à la France, les Vérités du Jour Nouveau qui doivent amener l'évolution de la race dans le sens d'une spiritualité plus haute, et j'ai le privilège d'être choisie par elle comme intermédiaire terrestre pour travailler à son oeuvre'. Et plus loin, elle ajoutait encore que 'cette Reine est aujourd'hui un Ange des plus hautes sphères célestes' qu'elle appelait ailleurs le 'Cercle du Christ' et le 'Cercle de l'Etoile' ".
Et Guénon précise plus loin que cette nouvelle ère devait être celle du Saint Esprit, saisi comme le "divin féminin" (pensez au Da Vinci Code, à l'actuel "God is a woman" d'Ariana Grande, et tout ce mysticisme de Lilith qui, au XIXe siècle, se présentait encore sous un vernis catholique superficiel à travers ce pseudo-fantôme de la reine d'Ecosse)... Il est possible que Mike Oldfield ait voulu sournoisement imposer à son (très vaste) public dans les années 1980, ces "énergies" obscures autour de Marie Stuart, que vénéraient les cercles occultistes en Europe depuis au moins les années 1870-1880 et probablement bien avant...
"L'erreur des religions païennes" de Firmicus Maternus

Parmi mes dettes à l'égard de Clinton Arnold, je reconnais qu'il m'a fait découvrir à travers ses conférences Julius Firmicus Maternus, auteur romain en 348 de notre ère (entre la mort de Constantin et le règne de Julien l'Apostat) d'un traité intitulé par les Belles Lettres "L'erreur des religions païennes" - Wikipedia préfère Traité de la fausseté des religions profanes (De errore profanarum religionum).
Arnold s'intéressait à Firmicus parce qu'il a d'abord trempé dans l'astrologie avant de se repentir et devenir chrétien. Il avait en effet publié vers 340 un traité d'astrologie, la "Mathésis" ou Livre des Mathématiques qui synthétisait diverses sources anciennes. Robert Turcan (1929-2018), professeur à Lyon III, dans son introduction à l'édition de 2002 aux Belles Lettres estime que l'auteur n'a pas dû être un très bon astrologue car il compilait dans un style verbeux des textes de l'Egypte ptolémaïque un peu daté (mais n'est ce pas un préjugé de ponte académique contemporain pour qui la qualité d'un savoir suppose qu'il se situe à la pointe de la recherche contemporaine ?). Pour lui il s'agirait d'un avocat, probablement devenu chef de bureau de l'administration impériale grâce au futur consul Lollianus Mavortius dans les années 330 (ce qui lui permit d'étudier l'astrologie), décurion local en Sicile, qui a pu accéder au rang sénatorial en fin de vie.
Ses hommages au néo-platonicien Porphyre situaient sa Mathesis dans cette école. Quand il a écrit ce traité, comme les néo-platoniciens de son temps il tenait l'astrologie pour une science noble qui permettait d'adorer les dieux supérieurs, au dessus des rituels magiques populaires. L'astrologie était pour lui une technique d'adoration qui impliquait de la part de celui qui s'y adonnait probité et ascèse (on est loin de l'éthique des voyants actuels).
Turcan estime que, dès lors qu'à la mort de Constantin en 317, ses successeurs ont été des contempteurs plus radicaux du paganisme (notamment contre la magie et la divination) son implication dans l'astrologie, même si elle était très légitimiste à l'égard de l'empereur et très tournée vers les sphères "élevées" de l'hénothéisme, a pu paraître suspecte (raison pour laquelle l'accession de son protecteur Mavortius au consulat a été retardée), sa conversion au christianisme serait un acte bassement intéressé. Firmicus, écrit Turcan (p. 21), "n'avait rien, semble-t-il, d'un homme indépendant, tenace et courageux. Au travers de l'emphase et des redondances affectées, la Mathesis nous révèle un auteur mal assuré de sa position dans le monde et qui cherche un peu trop l'ostentation et le pouvoir" (mais n'est(ce pas à mettre au compte de ses erreurs de jeunesse ?). Ce "rhéteur peureux, impressionnable, soucieux d'appuis puissants" aurait voulu "ménager les susceptibilités de Constant et de Constance II, lorsque la loi de 341 fit éclater contre les païens un bruit d'orage".
Voilà un réquisitoire bien sévère de la part d'un universitaire dont le seul mérite (en fait de courage) aura été de cultiver tranquillement sa carrière, à l'ombre des potentats locaux de l'institution qu'il servait, comme on le fait dans toutes les facultés... Mais bon, il est vrai que dans la même veine le philologue belge Franz Cumont au XIXe siècle le traitait de "pédant borné". Peut-être y a t il derrière ce mépris pour Firmicus Maternus un préjugé anti-chrétien, quand, au contraire, la Bibliographie catholique jugeait le traité sur les religions profanes "pas indigne de figurer à côté des chefs d'oeuvres épistolaires et dogmatiques du grand évêque saint Cyprien".
"De errore" parut entre 343 et 350 et fut imprimé pour la première fois en Allemagne en 1559 à partir d'un manuscrit retrouvé en Westphalie (le seul dont on dispose) par l'historien protestant d'Istrie Flacius Illyricus. Conrad Bursian le retrouva à la bibliothèque vaticane en 1856 et le réédita.
Venons en au contenu du livre. On comprend que beaucoup de commentateurs athées de notre époque n'y voient qu'une polémique stérile de plus contre le paganisme, comme celles qu'ont lancées bien des saints ou des rhéteurs célèbres comme Tertullien.J'y trouve pourtant quelque parenté avec des sujets de réflexion de ce blog, à commencer par le fait que le paganisme soit rattaché aux stoicheia : chaque religion profane est soumise à un élément naturel, nous dit l'auteur. En Egypte on vénère l'eau, les Phrygiens (Galates) adorent la Terre, les Assyriens et une partie des Africains idolâtrent l'air sous le nom de Junon ou de Venus "vierge". Les Perses "et tous les mages" vénèrent le feu.
Et tout cela est tourné vers la mort. On se scarifie pour Osiris dont on cherche le corps déchiqueté alors qu'il existe un tombeau du dieu au corps calciné en Egypte, au lieu de se tourner vers le vrai Sauveur. En Phrygie, on partage le sort d'Attis acculé à l'émasculation (rappelez vous l'allusion de Paul dans la Lettre aux Galates) puis à la mort par Cybèle, et l'on porte son deuil autour de son tombeau. Dans les deux cas Firmicus Maternus dénonce l'identification artificielle de ces deuils au cycle naturel des moissons et de la germination.
Dans le culte de l'air, il critique l'idéal d'androgynie (condamné par la Bible) des prêtres qui se maquillent et invoquent des démons avec des voix féminines pour être possédés, des hommes qui se prostituent comme des femmes.
Pour les Perses, Firmicus Maternus raille leur culte de la femme aux trois visages enserrée dans des lacs de monstrueux serpents. Pour Attilio Mastrocinque, dans The Mysteries of Mithra : A different account p. 123, il s'agit d'un des mystères de ce culte en vogue à l'époque dans l'armée romaine. Puis il manque des pages et l'auteur latin ensuite s'en prend à la division de l'âme dans le culte de Mithra.
Dans les cultes de Liber et Libera, on vénère aussi des morts puisqu'on célèbre le meurtre de l'enfant Liber déchiqueté par les sbires de Junon : en souvenir de cela, les Crétois déchirent avec leurs dents un taureau symbolisant le bambin (p. 90). Firmicus Maternus lui trouve un homonyme et équivalent en la personne d'un tyran de Thèbes vaincu par Lycurgue (peut-être une synthèse de l'épopée de Dionysos, Lycurgue roi des Edoniens et Penthée de Thèbes). Le culte de Perséphone aussi, pour l'auteur, n'est qu'une affaire de crimes humains puisque Pluton est un riche paysan qui enlève Proserpine fille de Cérès qui n'est elle-même que la femme d'Henna (une ville de Sicile). "La frivolité des Grecs aime à donner le titre de dieux à ceux qui leur ont rendu quelque service" - si bien que les Crétois adorent le tombeau d'un mort : Jupiter - on sait combien ce fait avéré fascina Nietzsche (p. 95).
L'identification de ces êtres aux astres - Liber au soleil et Proserpine à la lune - est plus absurde encore à ses yeux et ridiculise ceux-ci.
Puis dans un style très rhétorique digne des plaidoiries, l'auteur s'en prend aux traditions locales de renom : Cyniras de Chypre prostituait pour un as sa maîtresse dans le temple de Vénus à Paphos (c'est la version que Clément d'Alexandrie avait répandue dans les années 200 d'un des mythes sur la fondation de Paphos). On fait glisser un serpent le long d'un sein dans le culte phrygien ou thrace de Zeus Sabazios ("le tonnant"). Le culte des corybantes célèbre le meurtre, celui de Jupiter ou d'Apollon l'adultère. Celui de Sérapis, explique Firmicus Maternus, en Egypte, fut à l'origine celui de Joseph de la Bible, intendant du Pharaon, qui avait rendu me pays prospère et que les Egyptiens ont nommé ainsi parce qu'il était descendant de Sara, la femme d'Abraham. Les sacrifices de bétail dans ce culte aujourd'hui nourrissent des démons - l'auteur se réfère alors au passage du Livre des oracles de Porphyre (qu'il qualifie de "defensor sacrorum, hostis dei, ueritatis inimicus, sceleratarum artium magister) qui décrit un "Serapis" qui entre par le corps d'un homme et parle par sa bouche (une canalisation) (p. 106). Au passage Firmicus Maternus relève l'humiliation pour un dieu de pouvoir ainsi parler sur commande.
Les pénates, eux, ont été inventés par ceux qui ne vivent que pour boire et manger, pour déifier la nourriture, contre le commandement de Jésus Christ qui objecte à Satan que l'homme ne vit pas que de pain. Vesta, ce n'est que la déesse du feu domestique, au service duquel on devrait préposer des cuisinier et non des jeunes filles vierges dont on humilie ainsi la virginité (et dont beaucoup se prostituent). Le palladium, statue d'Athèna, est fait des os de Pélops tué par le brigand scythe Abaris qui le vendit aux Troyens. En le vénérant les hommes adorent les os d'un criminel. Si la statue a résisté aux incendies de Troie par les Grecs et de Rome par les Gaulois, elle le doit à l'action des hommes et non à ses pouvoirs magiques. Firmicus Maternus appelle d'ailleurs à la brûler maintenant (Matth 13:40). La tradition retient cinq Minerves. Celle qu'on nomma Pallas fut une femme qui tua son père Titanis (p. 111). Les temples ne sot que des cimetières, estime l'auteur, où l'on ne célèbre que les dépouulles de criminels.
Il exhorte les "très saints empereurs" à les détruire. "Ces pratiques, on doit les supprimer radicalement et les anéantir" et prendre un édit contre elles (amputada sunt haec, penitus atque delenda et seuerissimis edictorum uestrorum legibus corrigenda). Beaucoup tiennent à ces traditions et "aspirent à leur propre ruine avec une ardeur passionnée", "délivrez les, lance-t-il aux empereurs, car ils sont à la mort". C'est pour traiter cette gangrène que les souverains ont reçu la direction de l'Empire." Mieux vaut délivrer ces gens malgré eux que les laisser se perdre volontairement" car "lorsqu'un état pathologique a pris possession de l'organisme humain, le patient réclame pour son malheur ce qui va à l'encontre de sa guérison" (p. 113). Plus loin l'auteur mobilisera l'Ancien Testament pour appeler à détruire les idoles (p. 147-148).
Je passe dans ce compte-rendu les dernières pages du livre qui détaillent encore d'autres usages cultuels, avec les statues, les arbres, etc auxquels Firmicus Maternus oppose des extraits de la Bible, au nom d'une promesse plus haute faite à l'humanité, promesse de vie et d'éternité.
Evidemment un chrétien de nos jours ne peut que donner raison à l'auteur (alors qu'au contraire, bien sûr, tous les rationalistes anti-chrétiens blâment son intolérance et son incompréhension des soi-disant "connaissances anthropologiques" que l'athéisme contemporain a glissé dans nos veines). C'est un tableau très poignant et spirituellement juste que ce rhéteur du Bas Empire nous livre de la morbidité profonde du paganisme antique, et un contrepoint très utile à cette espèce d'idéalisation du monde païen pré-chrétien qu'on trouve sous la plume d'un Paul Veyne ou d'un Jerphagnon. La morbidité de l'époque actuelle, fille du désespoir dans lequel elle vit de n'avoir plus aucun accès possible (ou de croire ne plus avoir d'accès possible) à la Nouvelle Jérusalem, rend hommage à celle d'autrefois en la parant de lumières artificielles. Même si, sans doute ,ses thèses sur l'origine humaine des dieux païens sont historiquement fausses, son analyse de la noirceur des cultes qui leur étaient rendus est juste, et la lecture de Firmicus Maternus est ainsi bien utile pour démystifier les idées fausses que l'enseignement soi-disant laïque a mis dans nos têtes à ce sujet.
La "Lettre aux Ephésiens" et les pouvoirs occultes
On a déjà cité ici Clinton Arnold à propos de la Lettre de Paul aux Galates et des fameuses "stoicheia" dont je parle beaucoup sur ce blog depuis deux mois.
J'ai reçu aujourd'hui la thèse de cet auteur sur la Lettre aux Ephésiens, thèse qu'il a soutenue en 1986 dans une université chrétienne d'Aberdeen, et publiée en 1989 sous le titre "Power and magic, The concept of Power in Ephesians". Un sujet qui concerne, comme on va le voir, les pouvoirs occultes.
Les mots sur ces pouvoirs occultes sont très concentrés dans cette lettre sous divers vocalobles : iskhus, kratos, exousia, dunamis ou energeia (deux termes qui évoquent les forces et énergies, ce qui devrait nous faire craindre un peu les "énergies subtiles" que les yogis, et adeptes des sagesses médecines douces prétendent manipuler impunément). Ces mots sont opposés au pouvoir cosmique du Christ. Arnold essaie de comprendre les préoccupations historiques auxquelles ce propos répondait en son temps.
L'exégèse historique admet que le texte s'adressait à plusieurs églises d'Asie mineure occidentale et non seulement une église spécifique d'Ephèse. Cette ville de 250 000 habitants à l'époque avait été pendant 2 ans et demi un centre de prédication important pour Paul.
Pendant longtemps les historiens se sont demandés si cette lettre n'était pas inspirée par une forme d'hérésie gnostique locale liée au manichéisme iranien (le grand combat des forces du Bien contre celles du Mal). Mais la Gnose est apparue plus tard, d'ailleurs avec un fort contenu juif après la chute du Temple, si bien que cela militerait pour une datation tardive (postérieure à 70) du texte et il est vrai que des manichéens ultérieurement (notamment le manuscrit de Nag Hammadi l'Hypostase des Archontes) ont beaucoup cité Ephésiens 6:12 "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants (/esprits du mal) dans les lieux célestes." Arnold estime qu'il a pu exister des formes de proto-gnosticisme juif qui ont influencé Paul, mais il s'intéresse davantage au contexte de magie qui caractérisait Ephèse et sa région à ce moment-là.
Metzger a insisté sur le fait qu'Ephèse était la ville la plus infestée de sorcellerie de tout l'empire romain. Les "lettres éphésiennes" (ephesia grammata) étaient des formules rituelles magiques (à base de six mots liés à Artémis) citées par Clément d'Alexandrie, Hesychius, mais aussi une tablette crétoise du IVe siècle av JC. Anaxilas le Comique (IVe s av JC) en son poème "Le fabriquant de harpes" cité par Athénée de Naucratis décrit ainsi le philosophe Anaxarchos d'Abdère : "Huilant sa peau avec des onguents jaunes, étalant ses délicates chlamydes, traînant ses pieds dans de fins escarpins, mâchant des oignons, dévorant des morceaux de fromage, gobant des œufs, mangeant des bigorneaux, buvant du vin de Chios, et, c'est le comble, portant sur des pièces d'étoffes cousues les jolies lettres d'Éphèse" - Arnold traduit par "jolis charmes d'Ephèse", puisqu'on utilisait ces mots comme des formules apotropaïque (un combattant à Olympie les avait inscrites sur ses chevilles, et selon Plutarque les mages exorcisaient les possédés en faisant réciter les mots de ces lettres°. On connaît la magie de l'époque à travers des papyrus d'Egypte et le Testament de Salomon. Rappelons qu'en 13 av JC Auguste avait fait brûler 2 000 rouleaux de parchemins à finalité magique selon Suétone.
La peur du royaume des démons était une raison majeure de l'usage de la magie : dans les papyrus égyptiens de ce temps on invoque contre les démons des dieux grecs comme Kronos, Zeus, Aphrodite, égyptiens comme Osiris, Isis, Serapis et même des noms du Dieu des Juifs (p. 18). L'Artemis d'Ephèse (affublée des titres de sauveuse/soteira, seigneur/kuriar, et reine du Cosmos/basileis kosmon) joue aussi un rôle très important dans les protections surnaturelles. Comme Isis dans l'Ane d'Or d'Apulée (qui d'ailleurs l'assimile explicitement à l'Artémis d'Ephèse comme à l'Aphrodite de Paphos), elle a un pouvoir au dessus du destin qui se manifeste par son collier représentant les signes du Zodiaque qu'elle maîtrise (sur une gemme magique trouvée près de Paris elle est représentée avec le soleil et la lune, ce qui en fait une divinité astrale). Les Ephesia Grammata selon Pausanias étaient écrites mais de façon illisible sur les pieds, la ceinture et la couronne de la déesse. Elle est reine du monde souterrain et ses seins avaient aussi une fonction magique, comme souvent les organes sexuels dans l'Antiquité (cf Lichtenecker).
Les Actes apocryphes de Jean identifient clairement Artemis à un démon, et ce n'est pas un hasard si un des rares exorcismes des Actes des Apôtres se passe à Ephèse. On a retrouvé des papyrus chrétiens invoquant la vierge Marie, Sabaoth et Salomon pour "lier le scorpion Artemis".
La vision paulinienne des "pouvoirs" que le Chrétien doit affronter a fait débat. Le vocabulaire (le mot arkhè) emprunte à l'esprit juif de l'époque. Le mot dunamis se réfère aux anges dans l'ancien testament, tout comme kuristès (ennemis) (p. 54).
Les versets "1. 20. Cette puissance, il l'a déployée en Christ quand il l'a ressuscité et l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, 21 au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir." montrent une suprématie sur les noms d'entités invoqués dans les rituels magiques. En écho à Psaume 110 " Yahweh a dit à mon Seigneur: "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds."
La référence à la descente de Jésus sous Terre (Ephes 4:9) peut rassurer ceux qui craignent les puissances de l'Hadès. La description de Satan comme "le prince de la puissance de l'air " en 2:2 est commune à l'époque. Les papyrus magiques parlent beaucoup des esprits de l'air. A plusieurs reprises (notamment les prières de l'épître) le pouvoir de Dieu est placé au dessus de celui de ces forces des Ténèbres (p. 72). Arnold analyse en quels termes ce pouvoir est décrit par Paul.
Au total j'ai été un peu déçu par ce livre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes, et paraphrase souvent le texte de Paul en ne donnant que quelques éléments sur le contexte culturel des mots choisis. C'est beaucoup moins impressionnant que les trouvailles faites par Kevin von Duuglas-Ittu dans son cocktail sur la "Lettre aux Galates" élaboré sur la base des travaux d'Arnold et de Susan Elliott. L'idée que la soumission au Nomos juif et païen vous asservit aux stoicheia du zodiaque et des éléments naturels était quand même plus contre-intuitive que celle selon laquelle les puissances auxquelles Saint Paul oppose la suprématie du Christ sont (en partie) les sortilèges magiques liés à l'Artémison d'Ephèse.
Je retiens cependant deux points importants : 1) le nom de Jésus comme nom au dessus des noms devient quelque chose de très concret quand on comprend l'usage des noms dans la magie ésotérique (notamment dans les Ephesia Grammata) 2) le fameux "tu marcheras sur le lion et sur l'aspic" du Psaume 91 ne désigne pas une marche horizontale mais une ascension : le lion et l'aspic deviennent l'escabeau du chrétien.
Retour sur la question des pyramides

En juillet dernier, un article dans le Journal of Applied Physics, révélait les résultats d'une étude faite par un équipe russe sur le comportement des ondes électro-magnétiques la Grande Pyramide de Gizeh. Tout en posant comme présupposé (nécessaire à la fiabilité des conclusions) "qu’il n’existait aucune cavité inconnue à l’intérieur, et que le matériau du bâtiment aux propriétés d’un calcaire ordinaire était distribué uniformément à l’intérieur et à l’extérieur de la pyramide", les chercheurs ont pu démontrer que les champs électromagnétiques se trouvent concentrés en plusieurs points de la construction antique, situés à sa base mais aussi au niveau des chambres aménagées en son cœur.
Evidemment nos revues de vulgarisation à l'instar de Maxisciences se sont hâtées de préciser que "cela ne signifie pas pour autant que les bâtisseurs de pyramides maîtrisaient déjà toutes les subtilités de l’électromagnétisme… Il s’agirait plutôt d’un heureux hasard qui pourrait amener à des découvertes inédites". Le hasard "Dieu des imbéciles" comme disait Léon Bloy : surtout n'allez pas croire que les Egyptiens ont fait exprès de construire une pyramide qui justement concentre les champs magnétiques aux bons endroits !
Cette découverte recoupe le fait que la pyramide ait été construite avec des matériaux conducteurs (en granite) qui conduit l'électricité des aquifères souterrains. Le champ électromagnétique qui se forme à la base de la pyramide est conduit vers le sommet où se trouvait un dispositif en or qui transférait les ions négatifs dans l'ionosphère, ce qui produisait du courant électrique. NiKola Tesla l'inventeur du courant alternatif, du laser, du moteur électrique, du radar etc construisit aussi sa tour sur un aquifère sur le même modèle que la pyramide. Les Egyptiens maîtrisaient donc l'énergie sans fil.
Cette nouvelle me donne envie de relancer les recherches que j'ai commencées à ce sujet en août 2014 (tandis que j'enquêtais sur les médiums). J'avais alors été impressionné par un documentaire sur les travaux de Grimault sur La Grande Pyramide alignée sur le pôle nord, et sur les quatre points cardinaux située au milieu géométrique des terres émergées, à la latitude 30 par rapport à l'équateur, dont les faces sont légèrement concaves (en réalité elle a huit faces) pour permettre des jeux de lumière au solstice et dont la température intérieure est constante et égale à la température moyenne de la terre, 20 degrés Celsius (68 degrés Fahrenheit).
L'ingénieur Christopher Dunn, qui ne croit ni aux extraterrestres, ni à l'Atlantide, dans le sillage de William Flinders Petrie, confirme que les Egyptiens avaient des outils que nous ignorons.
Aucune fresque ni aucun papyrus égyptienne ne représentent la construction des pyramides ou du sphynx, ce qui peut laisser penser que celle-ci est très antérieure aux périodes admises par l'égyptologie classique qui ne raisonne que d'après l'environnement de ces monuments (puisque le carbone 14 ne permet pas de dater les constructions ne pierre). Pour mémoire, l'hypothèse de l'érosion du sphinx par l'eau défendue notamment par Robert Schoch soutient que le principal type d'altération évidente sur les murs d'enceinte du Grand Sphinx a été causé par une exposition prolongée et importante aux précipitations qui auraient été antérieures au règne de Djédefrê et Khéphren, les pharaons auxquels les égyptologues les plus modernes attribuent la construction du Grand Sphinx et de la Deuxième Pyramide de Gizeh autour de 2500 avant notre ère. Or Robert Schoch estime qu'une structure plus ancienne que la grande pyramide, notamment celle des sous-terrains, plus ancienne que l'époque dynastique, se trouve à l'intérieur de la pyramide, ce qui autoriserait à remonter très loin dans le temps.
Robert Temple et quelques autres (Robert Bauval par exemple) défendent l'idée que les pyramides furent construites en lien avec Orion, ce qui encourage des hypothèses autour des néphilim (chez les chrétiens) ou des extra-terrestres chez les néo-païens (voir la Théorie des anciens astronautes - l'alignement des pyramides sur Orion situerait la construction vers - 2450).
J'avais rapproché l'été dernier les travaux sur les pyramides d'Egypte de ceux du chrétien américain L. A. Marzulli qui a analysé les crânes de squelettes géants du Pérou et les constructions mégalithiques de Huaytara sous l'église catholique Saint Jean le baptiste qui sont un ancien temple inca. Ces pierres, conductrices d'électricité, sont agencées au millimètre près alors que les Incas étaient censés ne pas avoir la roue.
Marzulli évoque une connexion énergétique entre les divers sites mégalithiques comme le faisait Klaus Dona interviewé en 2009 à Vienne par Bill Ryan et Kerry Cassidy du Projet Camelot.
Celui-ci mettait en relation 1) la pyramide mégalithique découverte en 1984 au Japon à 25 mètres au dessous du niveau de la mer sur l’île Yonaguni (archipel des Ryukyu) où Pr Masaaki Kimura,géologue de l’université de Ryukyu a trouvé aussi une énorme tortue et des aigles de pierre ; 2) la Pyramide à l’œil à 13 degrés de La Maná munie d'un œil phosphorescent dans la lumière noire avec sur le font de la pyramide la constellation d’Orion et quatre signes incrustés en langue inconnue traduits par le Pr Kurt Schildmann (1909-2005) et d'artéfacts qui brillent dans le noir ; 3) l'Atlantide, 4) les découvertes du Pr Pitoni .
Le rapprochement avec les sumériens donne aussi à réfléchir. Graham Hancock, auteur de Fingerprints of the Gods, sur les sages anté-diluviens avec leurs sacs à main, qu'il connecte à ceux de Gobekli Tepe qui ont 11 000 ans, et d'autres l'assimilent à l'ankh (d'où l'assimilation d'Osiris et d'Enki).
Andrew Collins pour sa part, dans The Cygnus Key la relie à la musique des sphères pythagoricienne : la doctrine de Pythagore des harmonies célestes, explique-t-il, se reflète dans chaque mesure de la Grande Pyramide et du complexe de Gizeh. Ce dernier utilise les triangles de façon à refléter l'influence de deux intervalles musicaux spécifiques : la quarte parfaite et la quinte parfaite. La grande pyramide a aussi beaucoup à voir avec les nombres sacrés. Le périmètre de la base mesure 921,45 mètres. Si on multiplie ce chiffre par 43 200 (le nombre de secondes qu'il y a dans 12 heures), on trouve, à 1, 4 mètre près, le rayon de courbure de la Terre à l'équateur (on suppose que les Egyptiens connaissaient déjà le mètre). Ce qui ferait de la pyramide une représentation en miniature de la planète. Et si l'on mesure la hauteur de la pyramide multipliée par 43 200, on a la longueur du rayon polaire (celle du méridien). La représentation est donc en trois dimensions.
On n'a jamais rencontré de momie à l'intérieur, ni aucune fresque. Le coffre trouvé à l'intérieur était vide alors que l'entrée avait été obturée par d'énormes blocs de granite qui n'ont été mis à jour que par les ouvriers du calife Al-Mamoun eu IXe siècle.
Sur un plan scientifique, il est en tout cas peu probable que la pyramide ait servi de centrale électrique car elle était recouverte de calcaire non conducteur et n'était reliée à rien. A quoi donc sa fonction énergétique servait-elle ?
Encore et toujours les stoicheia (esprits du feu, de l'air etc)

Désolé, j'évolue un peu en boucle en ce moment autour de ce que je vous ai dit sur la Lettre aux Galates de Saint Paul, et sur les stoicheia. Mais le sujet en vaut la peine car il parle de notre temps autant que de l'Empire romain, et je n'ai pas fini de vous assommer avec Paul, car je compte bientôt disserter un peu, à partir d'un livre de l'historien Clinton Arnold, sur sa Lettre aux Corinthiens, qui, elle aussi, parle beaucoup de magie.
Je vous ai dit que pour St Paul le légalisme vous rend soumis aux stoicheia comme des enfants, et que les stoicheia, ce sont les esprits des éléments (aussi bien le feu, l'air, que les décans du zodiaque). Et, en lisant le début de l'autobiographie de l'alchimiste Burensteinas, et ses considérations sur l'esprit du feu, j'ai trouvé qu'on était en plein dans le sujet.
Voici une page du même Burensteinas ("Un alchimiste raconte", p. 224-225) qui me confirme complètement dans cette intuition, et qui, en même temps, aide à comprendre ce que sont ces "éléments" ou "élémentaux" auxquels selon Saint Paul (et l'Esprit saint qui lui dicte sa lettre), nos vies sont soumises quand nous nous soumettons aux lois de la nature :
"Il faut d'abord que je vous explique ce sont les 'élémentaux'. Ce sont des esprits qui ont choisi comme corps des éléments. De la terre, de l'eau, de l'air et du feu. Pour moi, ce sont des âmes, qui ont choisi de s'incarner non pas dans la chair comme nous, mais dans d'autres véhicules. Aussi diverses que les âmes des humains. Certaines sont des brutes, d'autres des philosophes. Elles aussi, comme n'importe quelle forme de l'univers, cherchent à dissiper leur agitation.
N'avez-vous jamais vu dans un cours d'eau un élémental ? Il se remarque par une masse d'eau remontant le courant ou à une tache d'eau qui semble d'une intensité différente, comme de l'huile. En outre, elle est délimitée par un fil. J'ai même vu, un jour, une tache émeraude remontant une cascade. Dans une maison, quand vous avez une zone qui reste inexplicablement humide, alors qu'il n'y a pas de fuite, et ce, malgré tous les efforts que vous avez faits pour assainir les murs, il est possible qu'un élémental de l'eau ait élu domicile. On peut convaincre cet élémental de rejoindre une bassine d'eau pour pouvoir ensuite le ramener dans une rivière et ainsi libérer les lieux. Même si ça peut paraître étrange, c'est un rituel utilisé depuis la nuit des temps.
Un élémental de terre peut s'installer dans une pierre. On peut supposer que, quand il veut communiquer, il finit par prendre la forme de l'espèce à qui il veut s'adresser : un homme, un ours ou un lézard...
L'élément du feu, j'en ai déjà parlé, c'est la salamandre. Je l'invoque au creuset, mais aussi lors des cérémonies d'équinoxe, que je fais chaque année avec une quarantaine de personnes. Il n'est pas rare qu'il se manifeste par des serpents de feu tournant autour des participants.
Quant à l'élémental de l'air, c'est un sylphe. S'il s'attache à un bosquet, on a coutume de l'appeler un sylvestre ou une dryade. En font partie aussi les djinns qui déclenchent les tourbillons de sable dans le désert ou de neige en montagne.
(...) J'ai appris à communiquer avec les intercesseurs que sont les élémentaux, et notamment à déclencher des orages. J'ai même appris à des élèves à le faire avec moi, à l'aide d'un 'bâton-tonnerre' ".
Comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums, lorsque j'ai eu l'infiltration d'une entité en 2015, c'est un vieux sourcier belge qui, à Sainte Baume, en Provence, l'a fait savoir à ma secrétaire qui s'y était rendue en pèlerinage (il a même tenté de m'exorciser à distance avec sa fourche en caoutchouc). J'ai eu pas mal de discussions avec des gens qui avaient des rapports étranges avec des esprits des eaux (notamment une masseuse). Il y a aussi probablement des démons attachés aux élémentaux comme les sirènes ou les ondines pour l'eau. Je n'entrerai pas dans cette discussion, mais oui, les salamandres, les sylphes, les ondines, sont ce dont il est question quand on parle des stoicheia. Ces entités sont elles forcément soumises à Satan comme le prétendent certains évangéliques, ou peuvent-elles être neutres, voire favorables comme ceux qui prétendent pouvoir faire de la "magie blanche" sans se compromettre avec les Ténèbres, c'est une question qui existe au sein du christianisme et qui fait débat.
Je crois qu'avant de s'abandonner à un écologisme naïf hérité de Rousseau, il faut, quand on marche dans une forêt ou au bord d'un étang, garder à l'esprit que tout ce monde invisible existe. Il fait partie des "mille qui tombent à ton côté et dix mille à ta droite" dans le combat spirituel qu'évoque le psaume d'exorcisme 91 au verset 7 (voir l'interprétation de Rachi de Troyes à ce sujet).
Erreurs de la Bible

Aldo Schiavone, l'auteur du célèbre livre sur l'invention du droit romain, qui analyse - dans son "Ponce Pilate" de 2016 - le face à face entre Pilate et Jésus (il refuse le mot "procès") dans les quatre évangiles canoniques, tout en menant le plus loin possible l'hypothèse de la fidélité du récit des apôtres, relève cependant quelques contradictions, et quelques absurdités du point de vue du droit juif et du droit romain de l'époque. Pour autant ces détails n'invalident pas à ses yeux la plausibilité de la trame psychologique du rapport du préfet romain au messie telle qu'elle nous est restituée par la mémoire chrétienne.
Ces petites lacunes du récit évangélique, comme les contradictions parfois relevées dans l'Ancien Testament (il en existe des listes sur Internet), interdisent que l'on s'appuie sur tous les détails de la Parole de Dieu, comme le recommandent les fondamentalistes, pour régler sa vie sur elle. J'en arrive à cette conclusion en dépit de beaucoup de lectures ingénieuses faites par les évangéliques pour montrer que les lacunes ou les contradictions parfois ne sont que des imperfections apparentes qui cachent des cohérences plus profondes, à d'autres niveaux de lecture.
On ne peut pas suivre tout à la lettre, à la virgule près, sans verser dans la naïveté ridicule et la mauvaise foi. Cela ne rend pas service à la vérité. Mais alors se pose la question terrible : dans les erreurs de la Bible qu'est-ce qui relève du détail et qu'est-ce qui est essentiel ? On voit bien dans cette question toutes les voies des hérésies s'engouffrent et qu'on peut ensuite se retrouver avec un pseudo-christianisme qui ne respecte plus une once des commandements divins. 90 % des versions du christianisme aujourd'hui prennent beaucoup de libertés avec le texte biblique. Sans doute beaucoup trop.
Je ne pense pas qu'il soit dans le projet de Dieu d'encourager les gens à s'en remettre à l'autorité de prêtres pour l'interprétation des textes. Ca n'apparaît nulle part dans le Nouveau Testament. En revanche il est sans doute prévu dès le départ que le texte biblique serait imparfait et que les gens resteraient dans la confusion à son sujet, comme ils sont dans la confusion au sujet de tant d'aspects de leur vie et du monde dans lequel ils évoluent, afin que nul ne puisse s'enorgueillir. Cela fait partie de notre déchéance collective. L'important est sans doute de continuer à tenter honnêtement, au niveau de l'intention, de comprendre et de rester fidèle.