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Un ancien temple maçonnique près de Lourdes

3 Décembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #down.under

Voilà un sujet qui permet de prolonger la réflexion autour de mon livre "Le Complotisme protestant contemporain" autour des traditions de la franc-maçonnerie.

Cela se sait peu, mais il y a eu des polémiques sur les réseaux sociaux il y a quelques années autour de la maison du franc-maçon père fondateur des Etats-Unis Benjamin Franklin dans laquelle ont été retrouvés des cadavres d'enfant. "Benjamin Franklin était un scientifique, les ossements correspondaient peut-être à des cadavres d'enfant qu'on lui aurait amenés", disaient les défenseurs de la mémoire du grand homme. "Pourquoi lui aurait-on amené des enfants morts ou vivants, rétorquaient les sceptiques, n'était-il pas plutôt impliqué dans une sorte de culte de Moloch comme on en trouve tant d'illustrations dans nos productions culturelles ?"

En lisant La République des Pyrénées des 3-4 décembre 2022 en p. 4, je tombe sur une histoire qui peut susciter le même genre de controverse. Jugez en plutôt.

L'article relate une nouvelle de la Dépêche du Midi du 29 novembre, selon laquelle, dans un château abandonné sur la commune de Trébons près de Lourdes trois explorateurs ont trouvé les vestiges d'un temple maçonnique avec au centre d'une pièce deux petits piliers sur une dalle marquée d'un cercle tracé à la peinture blanche "comme s'il s'agissait d'un autel sur lequel auraient pu avoir lieu des rites païens... ou maçonniques". Ils ont aussi trouvé à des symboles liés à la franc-maçonnerie comme le compas... et plus tard ils ont aussi averti les gendarmes de la présence d'un "crâne et des os probablement humains... disposés et éparpillés à la façon des pièces d'un puzzle à même le sol".

Les ossements ont été transmis à l'Institut de recherche de la gendarmerie nationale à Pontoise et l'héritière du propriétaire des lieux décédé il y a deux mois a annoncé qu'elle portera plainte contre toute nouvelle intrusion dans sa propriété, ce qui laisse entendre que le secret risque de se refermer rapidement sur cette affaire. Toutefois la dame a confirmé que son père était franc-maçon.

La Dépêche du Midi du 30 novembre en dit plus. A la tête des trois explorateurs se trouvait le Youtbeur avignonnais Jonathan, 32 ans dit Joe Urbex spécialisé dans l'exploration des lieux abandonnés. Dans Le Parisien, il précise ce qu'il a vu : "Il y avait plusieurs salles immenses. Sur la gauche, dans une petite galerie creusée plus profond, nous sommes tombés sur un autel. Il y avait une boîte marron où était inscrite la formule V.I.T.R.I.O.L, (Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem / Visite l’Intérieur de la Terre et en Rectifiant tu Trouveras la Pierre Cachée), au-dessus une pancarte "Persévérance et vigilance". Au fond de la pièce, un tombeau en pierre où il y avait des os d’animaux."

"Des symboles qui évoquent un cabinet de réflexion, pièce dédiée à la méditation et au rituel initiatique des candidats qui espèrent intégrer la franc-maçonnerie", précise le journal.

Concernant les ossements :

"Dans l’une des salles, il y avait d’autres escaliers qui descendaient plus profond. Là, derrière une porte en bois, nous avons trouvé une immense salle dont le plafond voûté doit au moins atteindre les 10 mètres de hauteur. Au centre, un cercle blanc avec des bougies, des inscriptions aux murs, le compas des maçons et énormément de documents en lien avec la maçonnerie. Des noms, des rituels, l’emplacement d’au moins 200 temples de la sorte en France." Et lorsqu’ils remontent à l’étage du dessus, c’est l’effroi : au milieu des décombres, un crâne humain. "Il y avait plusieurs autres mandibules avec des dents, des fémurs, des vertèbres. Les os n’étaient pas propres. Il restait de la peau dessus, comme s’ils avaient été extraits d’un cercueil. Dans un coin, il y avait des instruments chirurgicaux, un microscope avec les lames couvertes de matière."

Tout est possible. Y compris que les lieux abandonnés aient été visités et que ces ossements aient été ajoutés par d'autres sans rapport avec les pratiques du franc-maçon propriétaire des lieux. Et d'ailleurs on ne sait pas si les ossements sont humains (seul le crâne l'est).

Le franc-maçon de rite écossais qui vivait là, selon "un ancien chirurgien et collègue (sic) s'y était installé dans les années 1970, y avait aménagé une cave, puis aurait abandonné les travaux. Le Temple maçonnique de Tarbes le présente comme "un ancien maçon de Tarbes qui avait bâti son propre temple"

Sud-Ouest du 1er décembre est plus précis sur les restes en citant la gendarmerie : ils "sont érodés et très usés. Ils datent peut-être de plus d'un siècle". Donc bien avant l'installation du propriétaire (ancien médecin de la clinique de Tarbes, décédé en septembre à 90 ans) il y a 50 ans...

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Sainte Thècle : de la Cilicie à Tarragone

19 Novembre 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Christophe, #Histoire des idées, #down.under

J'ai déjà parlé sur ce blog de l'arrière-grand-père de ma grand-mère paternelle, Pedro Aguilar (1819-1881), franciscain de l'ordre tertiaire. Sa  propre grand-mère Tecla Cañizar était décédée à Valjunquera (province de Teruel, dans le Bas-Aragon, à la limite de la Catalogne), en 1844, quand il avait 25 ans. Elle s'appelait donc Thècle, comme la compagne légendaire de Saint Paul, dont personnellement j'ai découvert l'existence dans les années 1990 en lisant "Le Renoncement à la Chair" de P. Brown. J'ai été surpris en l'apprenant car ce prénom était peu usité en France à la même époque. C'est un  prénom qui fait miroiter l'Aragon avec la chrétienté d'Orient.

En lisant ce texte de Valentina Calzolari, de l'université de Genève, spécialiste de l'Arménie, The Legend of St Thecla in the Armenian Tradition from Asia Minor to Tarragona through Armenia on apprend comment la spiritualité autour de Thècle s'est nourrie d'un aller-retour avec la culture arménienne. L'article raconte en effet comment Les Actes de Paul et Thècle, qui narrent la vie de la première femme martyr chrétienne, texte syriaque du IIe siècle, ont été traduits en Arménie au début du Ve siècle (l'Arménie était chrétienne depuis le début du IVe siècle). Fauste de Byzance au Ve siècle, dans son Histoire de l'Arménie, fit de Sainte Thècle la gardienne de l'orthodoxie chrétienne face à l'arianisme (une hérésie de l'Arménie, inféodée à l'Empire romain) n'adopta jamais. Selon lui, en 378, quand l'empereur romain arien Flavius Valens (qui succéda à Julien l'Apostat et à Jovien) meurt, ce n'est pas entre les mains des Goths à la bataille d'Andrinople,  mais tué par St Théodore et St Serge, sur ordre d'une assemblée de martyrs à l'initiative de Ste Thècle, ce dont un sophiste fut témoin en vision dans le sanctuaire de la sainte. Ste Thècle est ainsi érigée en protectrice du Crédo de Nicée.

Il semble que l'épisode renvoie au fait qu'il y avait un sanctuaire d'incubation dédié à Ste Thècle à Séleucie au sud de l'actuelle Turquie, où, selon La vie et les  Miracles de Thècle du pseudo-Basile de Séleucie la sainte aurait vaincu le démon d'Athéna.

En 1320, Séleucie en Cilicie est dirigée par une dynastie arménienne car une communauté arménienne s'y était installée fuyant les seldjoukides. C'était un des ports où faisaient halte les marchands catalans sur le chemin de l'Orient. Grâce aux bonnes relations entre le roi arménien Oshin (4 lettres de lui sur la question sont gardées aux Archives générales de la Couronne d'Aragon à Barcelone, copie des authentiques) puis son fils Levon IV et le roi d'Aragon Jacques II, évoquent le transfert des reliques de Sainte-Thècle de Séleucie à Tarragone. Dans une lettre du 4 septembre 1319, Jacques II annonce l'arrivée prochaine en Cilicie de la mission diplomatique aragonaise, qui remettra des dons au roi arménien. Dans la seconde  du même jour, il évoque la création récente de la cathédrale de Tarragone et demande pour elle des reliques "le corps de la bienheureuse Thècle ou une partie"... pourvue que c'en soit une assez grande. Le 4 décembre 1320 le roi signale que le bras de la sainte est arrivé à Valence, et précise qu'aucune autre partie de la sainte n'a été trouvée en Cilicie ni ailleurs dans le monde. La quatrième lettre averti le prévôt de Tarragone Raymond d'Avignon de l'intronisation des reliques à la cathédrale de la ville à la Pentecôte de 1321.

Au Ve siècle il n'y avait pas de reliques ou de tombe de Ste Thècle à Séleucie. Le pseudo-Basile dit d'ailleurs qu'elle n'est jamais morte. Comment en est-on venu, demande Valentina Calzolari, à ce bras comme relqiue ? Un manuscrit latin du XIV s. archivé à la cathédrale de Barcelone, De Sancta Tecla Virgine, fait état d'une légende arménienne traduite en latin par un notaire du roi Oshin, Nicolas de Ray. Cette légende tardive raconte que Ste Thècle poursuivie par ses agresseurs fut hébergée dans un rocher que Dieu ouvrit pour la sauver (ce qui correspond aussi à la tradition de Maaloula en Syrie). Puis quand le patriarche de Séleucie voulut une relique, un ange le conduisit dans les montagnes et l'avant bras droit de la sainte avec sa main apparut au milieu de parfums sublimes, et le bras fut placé dans une église grecque construite pour l'occasion.

Il existe à la cathédrale de Tarragone un retable sculpté par Johan Vallfogana entre 1426 et 1436 montrant l'apparition du bras à Séleucie.

L'importance de Sainte Thècle pour Tarragone s'illustre dans cet épisode de la vie de l'archevêque Pedro Clasquier (ou Pere de Clasqueri/Pedro de Clasquerin). Alors que le roi Pierre IV d'Aragon dit le Cérémonieux réclame la propriété de la ville de Tarragone, l'archevêque s'y oppose. Le souverain dépêche des hommes de troupes sous la direction de Don Raimond Alaman. L'archevêque excommunie les usurpateurs puis s'en va prier à la l'église dédiée à la sainte. Puis Sainte Thècle apparaît au roi, le gifle, il en tombe malade et, plein de repentir, restitue alors à l'archevêque sa ville et ses biens avant d'expirer. Pedro Clasqueri, qui fut aussi patriarche d'Antioche, mourut en 1380. Pedro IV décéda le 5 janvier 1387 (source : Histoire générale d'Espagne, traduite de Juan de Ferreras par d'Hermilly, Paris, 1751, t. 5,p. 529). Il semble que l'intervention de la sainte ait été postérieure à la mort de l'archevêque.

Saint Vincent Ferrer fit une allusion à cette gifle (1350-1419) dans une lettre au roi Martin l'humain (qui régna de 1396-1410), et sa mention la plus ancienne est dans la Chronique d'Aragon du cistercien Gauberto Fabricio de Vagad. On notera que dans le récit de Vagad qu'a restitué Eduard Juncosa Bonet de l'Universidad Complutense de Madrid, le roi d'Aragon dit seulement qu'une très belle "donzelle" le gifle et que les clercs autour de lui en déduisent que c'est Ste Thècle. Amadeo-J. Soberanas (en 1965), lui, date précisément l'apparition de la sainte du 29 décembre 1386, quand le roi est déjà malade, et précise qu'elle ne le gifle que parce que lui même a tenté de la blesser.

Même dans cette gifle, on voit encore en arrière-plan le thème de sa main droite. Déjà dabs La Vie et les Miracles de Thècle elle avait giflé en magistrat d'Antioche qui l'offensait.

Dans "El Triunfo Milagroso de la Omnipotencia, en la Vida, Martyrios, y Milagros de la Esclarecida Virgen, e Invicta Prothomartyr de las Mugeres, Santa Tecla Escrivele, y le dedica a la misma Santa el Padre Iayme Vilar de la Compañia de Iesus" / Jaime Vilar (1697) p. 162 et suiv on peut lire de longues conjectures sur la mort de Ste Thèce à 90 ans, alors qu'elle serait née en l'an 29. Il affirme que Saint Paul vint évangéliser l'Espagne en 61, ce qui pourrait être 14 ans après la mort de la sainte, si, au contraire, on retient qu'elle fut martyrisée à 18 ans (en 47). Saint Paul aurait lui-même présidé à l'érection de l'église de Tarragone. Il n'hésite pas non plus à parler (p. 173) d'un sépulcre de la sainte à Séleucie sur lequel Saint Grégoire de Nazanze se serait rendu en pèlerinage.

La liste des miracles de sainte Thècle en Aragon-Catalogne que répertorie Jaime Vilar, il y a l'apparition en 1644 à la prieure du couvent de Sainte Thècle de Valence de la sainte en compagnie de la défunte Doña Isabelle de Bourbon, première épouse du roi Philippe IV, toutes deux portant des colombes à la main. Thècle lui annonce que la reine consort a atteint le paradis après trois jours de purgatoire et que le roi gagnera la guerre qui l'oppose au roi de France (qui vient de prendre Lerida). L'archevêque recommanda le silence, jusqu'à ce que Philippe IV effectivement pût reprendre Flix, Monzon et Lerida.

Elle est aussi apparue à un prêtre de son église de Tarragone et à l'évêque pour leur reprocher d'autoriser un laïc à y être enterré (p. 198).

Le mérite de l'échec des opérations françaises contre Tarragone de 1641 et 1644 fut attribué à la sainte. En 1644 elle aurait atténué l'impact des boulets français, même dans sa propre église. Le commerçant Esteban Fontanet, qui avait subi deux sévères tempêtes en deux ans, le portant au bord de la faillite, dans ses allers-retours entre Tarragone et Barcelone, se sauva d'une troisième par l'invocation de Sainte Thècle (p. 232). En 1656 trois musiciens embarqués à Barcelone pour se rendre à la fête de la sainte à Tarragone furent capturés par des maures. Ceux-ci filaient vers la Côte des Barbaresques pour les y maintenir en esclavage mais les musiciens invoquèrent la sainte et la galère royale espagnole qui passait à proximité prit en chasse leur bateau de captivité et les libéra.

En 1652 le bras de la sainte transporté en procession sur les champs mit fin à la sècheresse à Tarragone (p. 237). A  Torralba dans la province de Huesca, confrontés à la même sècherese, les habitants décidèrent d'envoyer une procession à l'église Sainte Thècle à Cervera (province de Saragosse) et obtinrent immédiatement la pluie. Le bras de Sainte Thècle à Tarragone rendit la vue à un prêtre aveugle depuis 16 ans (p. 244), ses "reliques" du couvent Sainte Thècle de Valence produisirent aussi des guérisons, un enfant d'Alcogujate (Cuenca en Castille) guérit de ses fractures après une neuvaine de ses parents dédiée à la protomartyre, etc.

Le souvenir de la sainte en Aragon est associé à un mélange de douceur et de rigueur.

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25 Décembre 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #down.under

J'ai évoqué dans mon livre sur les Médiums (paru chez l'Harmattan en 2017) l'expérience de ma découverte du monde invisible, puis je l'ai racontée d'une façon plus détaillée ici. Mais, devant l'indifférence avec laquelle a été accueillie cette expérience dans mon entourage et chez les lecteurs de mes blogs, j'en suis venu à la conclusion qu'au fond les enseignements que j'ai reçus, à chaque étape, au cours des cinq dernières années, n'étaient valables que pour moi, et que je n'avais pas à chercher à les transmettre. Dès avant ma conversion d'ailleurs je savais que je n'étais pas fait pour devenir un pédagogue, et cela s'est confirmé depuis lors, Je n'ai rien à enseigner dans le domaine spirituel, je suppose. Mes tentatives de comprendre les textes sacrés des religions monothéistes n'ont du reste pas été très fructueuses. Certes, elles m'ont aidé personnellement à situer mes propres expériences par rapport à telle ou telle théologie, et à comparer les discours des uns et des autres en les rattachant à telle ou telle tradition exégétique, ou telle ou telle "hérésie". Mais je ressors de tout cela finalement assez sceptique sur le contenu de ces textes sacrés, dont on voit bien au terme de quelles vicissitudes historiques ils ont été écrits, et quelles contradictions internes ils recèlent tous.

Je pense qu'il y a beaucoup de choses très vraies dans la Bible, au delà même de sa trame générale que je crois juste (sans quoi je ne serais pas chrétien), et même que la profondeur de certaines de ses vérités, sur certains points cruciaux, reste à découvrir. Mais il y a beaucoup de passages aussi à ne pas saisir à la lettre, et beaucoup de "zones grises" à cheval avec le paganisme, voire avec l'astrologie, la numérologie etc, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, dont, au fond, on ne sait pas trop quoi faire.

Somme toute, je ne suis pas sûr qu'en 2021 je développerai autant dans ce blog des sujets religieux que je l'ai fait cette année (tel n'est peut-être pas mon rôle, finalement...). En tout cas, si je le fais, je pense que ce sera avec beaucoup de prudence et d'humilité. Peut-être même avec un brin de réticence.

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Le prince de Montpensier à Pau

10 Octobre 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Otium cum dignitate, #down.under

Extrait de S. A. R. monseigneur le duc de Montpensier dans le département des Basses-Pyrénées (23-28 août 1843) :

 

(p. 15 et suiv). La ville de Pau présentait hier un de ces spectacles qui font époque dans les souvenirs d'une population. Après dé longs jours d'attente, elle voyait enfin arriver le jeune Prince qui va livrer à son amour une image dont la vénération s'est transmise de génération en généralion dans le Béarn ; elle venait assister à ces fêtes qui inaugureront si brillamment notre monument le plus populaire, le plus national,

Dès le matin, un grand nombre" de maisons avaient été pavoiséés des couleurs nationales ; on entendait battre lerappel: les tambours, les clairons, les musiques militaires, se répondaient d'une rue à l'autre, et à ce bruit, des masses d'habitans se portaient sur le passage du cortège.

La garde nationale et la troupe de ligne étaient échelonnées depuis la place Henri IV, jusqu'au milieu du pont de Jurançon, limite de la ville. Des détachemens d'infanterie stationnaient sur différents points, et notamment sur la place Henri IV. La garde nationale à cheval, chargée d'escorter la voiture du Prince, la gendarmerie, l'escadron de chasseurs étaient allés à la rencontre de S. A. R. précédés, d'un nombreux étatmajor à là tête duquel se faisait remarquer notre brave et illustre compatriote, M. le lieutenant-Général Harispe, entouré de MM. les maréchaux-de-camp baron Jacobi, commandant le département des Basses-Pyrénées , Rachis, commandant le département des Landes, Simon Lorière, commandant le département des Hautes-Pyrénées, et de plusieurs autres officiers-généraux.

M. le Préfet, qui était allé, comme nous l'avons

annoncé, recevoir S. A. R. aux Eaux-Bonnes, sur les limites du département, faisait aussi partie, de ce cortège.

Nous ne saurions donner trop d'éloges à la tenue parfaite et au zèle des gardes nationaux qui étaient venus répondre à l'attente de la cité.

Les gardes nationales des communes voisines étaient aussi accourues. Elles marchaient précédées de leurs autorités municipales, les maires et adjoinds ceints de leurs écharpes. Chacune d'elles avait sa bannière tricolore portant le nom de la commune et ses tambours ou sa musique rustique. Ce n'était pas là le coup d'oeil le moins pittoresque de la fête.

Le corps municipal de Pau et MM. les officiers en retraite s'étaient rendus à l'entrée de la ville pour attendre S. A. R.

A 11 heures et demie, des, cris d'allégresse ont annoncé que le Prince traversait le village de Jurançon, et quelques instans après on a vu déboucher le cortège à la tête duquel s'avançait M.gr le duc de Montpensier, monté sur un cheval blanc et en costume de Capitaine d'artillerie. — Aussitôt, le Prince s'étant arrêté, les cris de vive le Roi, ont éclaté, et M. le Maire a dit :

« Monseigneur,

« Henri de Béarn entrait dans Nérac. Désolées par la guerre civile, les campagnes s'étaient appauvries ; de nombreux agriculteurs, chassés par la faim, racontaient leur misère aux portes de la ville. « — Suivez-moi, dit le jeune Prince. » Il s'enquiert de la somme destinée aux solennités qui l'attendent, et, compatissant, la fait verser dans la main nécessiteuse. — Plus heureuse que Nérac, sauvée, comme le Pays, d'affreuses luttes par une haute sagesse, la ville de Pau peut à la fois vous offrir un hommage et soulager l'infortune. Oui, Prince, c'est ici la fête de tous, et ce rêve de votre Aïeul, à la simple et touchante formule, la poule au pot, est au-

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jourd'hui du moins , une réalité. Le pauvre le sait déjà. — Henri avait vingt ans alors ; Monseigneur, c'est votre âge. Laissez-nous dire que nous aimons à pressentir une heureuse ressemblance. Oui, vous aurez son humanité, l'exemple vous en vient chaque jour de bien près. Comme en lui, l'égalité vous sera une facile règle. Votre éducation libérale, cet accueil à tous dont nos Pyrénées garderont le récent souvenir, garantissent en vous ce sentiment. Vous aurez enfin ses vertus, guerrières; votre sérieux apprentissage de l'art militaire vous y prépare; et n'êtes-vous pas d'ailleurs de ce faisceau de jeunes et nobles Princes qui se battent en soldais et commandent en généraux ? — Entrez, Monseigneur, dans la Ville de votre Aïeul ; ses portes vous sont ouvertes ; nous vous y serrerons de près. »

Nous regrettons, de n'avoir pû recueillir toutes les réponses pleines de bonheur et d'à-propos, que le Prince a faites à chacun des discours qui lui ont été adressés. Nous croyons du moins pouvoir reproduire avec fidélité le sens des paroles du Prince, en réponse à la harangue de M. le Maire :

« C'est avec le plus grand plaisir, Monsieur le Maire, que je viens au milieu de vous assister à l'inauguration du Roi Béarnais, que je suis fier de compter parmi mes ancêtres. Ces souvenirs si vivans parmi vous que vous venez de me retracer avec bonheur, me causent une' émotion profonde. — J'espère que les habitans de ce beau pays voudront bien reporter sur les Fils une partie de l'affection qu'ils conservent loujours pour la mémoire d'Henri IV. — Je vous remercie, M. le Maire, de tous les voeux que vous venez de m'exprimer au nom duconseil municipal de la ville dé Pau. »

Pendant ce temps, une salve de 21 coups de canon annonçait l'entrée du petit fils d'Henri IV dans la cité Béarnaise ! L'effet de cette marche lente et solennelle présentait

quelque chose d'imposant ; l'émotion était grande à la vue de ce jeune rejeton du Béarnais s'avançant au milieu des flots pressés de la population vers l'antique demeure de son Aïeul. — Le Prince saluait de la manière - la plus gracieuse, la foule avide de contempler ses traits, sa taille svelte et élégante, sa tournure aisée, son air affable comme celui d'Henri. Il paraissait éprouver une vive satisfaction de se voir l'objet d'un pareil empressement.

Certes, M.gr le duc de Montpensier ne pouvait choisir pour faire son entrée à Pau , une route qui pût mieux réveiller en lui les souvenirs du grand-Roi. Bien avant la Croix du Prince , où il a quitté sa voiture pour monter à cheval, sa vue a dû se porter constamment sur le Manoir de Gaston-Phoebus. Delà, cet édifice se présente dans toute sa majesté. Le vieux donjon s'était paré pour le recevoir des couleurs tricolores. Un immense drapeau flottait à son sommet et de larges banderoles ondulaient sur ses murs. — L'entrée de Pau , par celle route, offre un aspect très-pittoresque} et jamais assurément cet aspect n'avait été pins beau qu'hier, avec toutes les terrasses chargées de spectateurs , des milliers de dames aux croisées et le bruit retentissant et continuel des symphonies militaires.

Le Prince a traversé ainsi la partie de la ville qui s'étend sur les terrains formant autrefois les dépendances du Château, et est allé meure pied à terre au lieu où naquit son Aïeul, il y a 290 ans.

Les autorités ont été admises quelque temps après à lui présenter leurs hommages.

Les présentations ont eu lieu dans l'ordre suivant :

Le lieutenant-général Harispe , commandant la division, avec son état-major. — La Cour Royale. — Le Préfet.— Le Conseil-général. — L'Evêque et le clergé. — L'Etat-major de la garde-nationale. — L'Etat-major

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de la division et les officiers du génie. — Les SousPréfets des arrondissemens et les conseillers de préfecture. — Le tribunal de première instance. — Le tribunal de commerce. — Le Conseil-Municipal. — Les officiers en retraite. — L'Université et le Collège. — Les Consuls, étrangers. — MM. les ingénieurs. — Les administrations des Forêts ; — des Finances ; — de l'Enregistrement ; — des Postes ; — Du Haras ; — Des Contributions directes et indirectes. — MM. les officiers de la garde nationale de Lescar. — M. le secrétaire-général de la HauteGaronne. — M. le Sous-Préfet de S.t-Gaudens.

Discours de M. Amilhau, premier présidant de la Cour royale.

« Monseigneur,

» Après les révolutions profondes qui renouvellent la face des nations, les peuples éprouvent le besoin de faire un retour vers le passé et de consacrer par les Lettres et les Arts les grandes époques de leur histoire.

» Placé entre deux mondes que séparent la Réforme et la Renaissance, un Prince né dans ces contrées fut élevé au trône par l'élément, moderne luttant au seizième siècle, La politique habile qui lui en fraya le chemin, contribua plus que tout autre cause à la chute du moyen-âge. Le vainqueur de Mayenne, le héros de la bataille d'Ivry, cette âme noble et fière sut allier au courage les vertus les plus généreuses ; il sut vaincre et pardonner, et fut de ses sujets et le Père et le Roi.

» Associé à tous les intérêts, à toutes les gloires de la France, le Roi ne pouvait céder qu'à ses fils l'honneur d'inaugurer la statue d'Henri le Grand ; dominant, à son exemple, les événemens par sa sagesse au milieu des troubles et des malheurs de la Patrie, il a eu, comme lui, le bonheur de rétablir l'ordre et d'assurer les bienfaits de la paix.

» Dans ce Palais fut le berceau de votre famille, Monseigneur ;

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chacun de vos pas foule une terre pleine de glorieux et brillans souvenirs. Deux Princes, vos frères, la parcoururent naguère au milieu des plus nobles et des plus vives sympathies. Dieu a rappelé à lui une puissante intelligence ; la France s'en est émue, l'histoire redira sa douleur et ses regrets. Là haute raison, et les qualités éminentés du Prince qui lui survit, nous donnent une légitime confiance dans notre avenir.

» Vous êtes mêlé à toutes nos espérances, Monseigneur ; animé de l'amour de la patrie, vous portez son drapeau et vous vous préparez à verser votre sang pour elle. Aux qualités de vos frères, vous joignez la bonté de votre aïeul ; vous êtes tout à nous, et dans ce solennel tribut payé par les Béarnais à la mémoire de leur Roi, vous retrouvez une fête de famille.

» La Cour Royale vient toute entière vous offrir son respectueux hommage. Dites au Roi, Monseigneur, que le plus jeune de ses Fils n'a trouvé au sein de ces populations loyales et fidèles que des sentimens d'admiration , d'amour et de reconnaissance. Dites-lui que la Magistrature , dont je suis l'organe , ne forme qu'un voeu , celui de lui exprimer plus dignement ces pensées dans le palais de son Aïeul. »

Discours de M. le comte de S.t-Cricq, Pair de France, président du Conseil-général.

« MONSEIGNEUR ,

« Le Conseil Général de ce département est heureux de se trouver appelé dans ce moment à ses travaux annuels, puisqu'il lui est ainsi donné d'apporter à V. A. R. l'hommage de son respect et de son dévouement. Il lui est doux de saluer l'un des premiers votre entrée dans cet antique palais de vos pères, restauré par une munificence toute filiale , et dont vous semblez venir reprendre aujourd'hui possession au nom de votre royale maison.

» C'est toujours pour, les Béarnais une fête de famille que la présence de leurs Princes : la vôtre, Monseigneur, nous

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devient plus chère en ce jour, par la mission que vous venez accomplir au milieu de nous.

« Le Roi, nous, le savons de lui-même, aurait vivement

désiré de présider en personne à la solennité qui se prépare. Retenu par les devoirs, si souvent amers, de la Couronne, il

a voulu être représenté par le plus jeune de ses fils , comme pour nous dire: celui-là aussi sera digne de sa race !

» Et nous, Monseigneur, témoins heureux, avec tous les Français, des brillants services déjà rendus à la Patrie par vos nobles frères ; charmés de cette ardeur que vous faites paraître, de cette grâce" chevaleresque qui déjà vous a fait aimer dans nos contrées, nous . disons avec Votre Auguste Père : tous, ils sauront continuer notre Henri. »

Discours de Monseigneur l'Evêque.

« Monseigneur,

» Votre présence dans la cité d'Henri IV et dans le palais de ce bon Roi, fait tressaillir tous les coeurs Béarnais. Le Clergé s'associe avec empressement à cette manifestation de voeux et de sentimeus dont vous êtes l'objet, car il sait ce que promettent à la Religion et à la Patrie les éminentes qualités de Votre Altesse. Elle a reçu du Ciel, comme le premier des bienfaits, un esprit élevé, un coeur noble et généreux ; la sagesse du Roi l'a entourée de ses conseils, et par les soins d'une Mère auguste, modèle de douceur et de piété , elle a connu de bonne heure le prix de la foi et la pratique des vertus. La voix publique n'a pas tardé à nous apprendre , parce qu'une épreuve solennelle et rigoureuse l'avait constaté, combien vos progrès dans les sciences humaines ont été brillants et rapides. Ce sont là , Prince , comme de belles fleurs au printemps de votre âge; déjà elles portent leurs fruits, et la France les recueille avec bonheur. Honorez toujours la Religion comme elle vous honore ; aimez noire beau Pays comme vous en êtes aimé ! que l'Ange du Seigneur qui a délivré le Roi de tant de périls, veille sur vos destinées ,

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et qu'il sbit donné à Votre Altesse de voir jusqu'aux limites les plus reculées de la vie, la France toujours en paix et toujours heureuse ! »

Le Prince a remercié M.gr l'Évêque et s'est recommandé aux bonnes prières de sa Grandeur et de tout son Clergé. Puis, il à ajouté avec une grâce parfaite. « Le Roi m'a chargé de vous remettre ce témoi» gnage de son estime : Je suis heureux de m'acquitler » de cette mission. » Et en disant ces mots, Son Altesse déposait dans les mains du Prélat la Croix de la Légion-d'Honneur.

Discours de M. Puyào, commandant de la garde nationale.

« Chaque fois que nos Princes honorent la ville de Pau de leur présence, nous nous empressons de leur offrir nos hommages et l'expression de notre dévouement et de nos sympathies pour le Roi.

» C'est avec le même bonheur aujourd'hui que nous prions V. A. R. d'agréer la nouvelle et plus vive expression de ces mêmes sentimens qui animeront toujours la garde nationale de Pau.

» Je me sens heureux et fier d'être son interprête auprès de vous, Monseigneur, dans une circonstance aussi mémorable pour la cité qui a vu naître notre bon et grand Roi Béarnais. »

Discours de M. Lacortiade, au nom du tribunal de première instance.

« Monseigneur,

» Le tribunal de première instance de Pau vient s'associer avec empressement au sentiment général d'allégresse, et de sympathie qu'inspire la présence dé votre Altesse Royale dans nos contrées.

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» Nous sommes heureux et fiers de présenter nos hommages, auprès du Berceau du Grand Henri, à un descendant de ce bon Roi , dont le nom, cher à tous les coeurs Français, réveille dans cette enceinte de si doux , souvenirs, à un de ces jeunes Princes qui sont l'orgueil de la Patrie, la joie, la consolation de leur auguste Père, et se montrent dignes, chaque jour, de marcher à la tête d'une grande nation.

» La solennité que vous venez célébrer en l'honneur de la plus grande gloire du Béarn, a remué ici trop profondément tous les coeurs, pour ne pas y laisser des traces ineffaçables.

» Chacun de nous se rappellera avec bonheur le Prince qui en aura été le plus bel ornement, et ne , cessera de l'accompagner, de ses voeux et de son amour, dans la brillante carrière qu'il est destiné à parcourir.

» Nous n'oublierons pas, Monseigneur, que votre présence au milieu de nous, pendant ces jours de fête, est une insigne faveur, qui met le comble à toutes celles que la bienveillance Royale se plaît à répandre sur cette Cité.

» Daignez, Monseigneur, mettre aux pieds du trône, la respectueuse expression de notre reconnaissance, ainsi que les protestations bien sincères de notre fidélité et de notre dévouement. »

Discours de M. Bégué, président du tribunal de commerce.

Monseigneur ,

« Le Béarn a vu enfin ériger la Statue du plus grand de ses Rois.

» Puissant homme de guerre , négociateur heureux et habile, plus grand administrateur, Henri IV, né Roi d'un pays libre, se montra digne de gouverner une grande nation ; il comprit que le bonheur des peuples ne se consolide que par la paix, la concorde et la tolérance.

» Habitans du Midi, nous n'avons pas oublié que sous

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l'égide de son édit de Nantes, nous eûmes d'immenses prospérités, que long-temps alors nous avons été en possession de la suprématie commerciale et industrielle. » Nous n'avons pas oublié qu'après la révocation de cette sage et grande mesure, notre pays fut couvert de ruines douloureuses et imméritées.

» Retirer dé l'oubli la mémoire du grand, du bon Henri, était digne du Roi, qui, lui aussi, a su ne rien préférer à la paix que l'honneur.

» De ce Roi, qui , protecteur éclairé du travail, apprit à ses fils que s'ils sont les premiers dans l'Etat, ils ont aussi envers lui les plus grands devoirs.

» Monseigneur , dites au Roi notre profonde gratitude pour la munificence qui dota notre ville, de l'image du plus illustre de ses enfans.

» Dites-lui qu'à côté du souvenir que nos coeurs garderont de ce don, vivra tout aussi impérissable celui du Prince qu'il envoya présider à cette grande solennité. »

Discours de M. Balencie, inspecteur de l'Académie. « Monseigneur,

» Le corps Académique et les fonctionnaires du Collége royal de Pau viennent vous présenter l'hommage de leur respect et de leurs voeux.

» La présence si désirée de votre Altesse Royale dans là cité qui se glorifie d'avoir vu naître le meilleur de, nos rois, a excité , parmi ses habitans, des élans d'amour et des transports d'allégresse.

» Le malheur des temps nous avait ravi l'image chérie, de ce prince vaillant. Son digne et immortel descendant nous l'a rendue , et pour ajouter encore à notre bonheur , Sa Majesté a délégué à un de ses augustes Fils la, pieuse mission de l'inaugurer, comme si elle avait voulu nous montrer , par cette double faveur, ce que déjà nous savions tous, qu'elle a pris pour modèle son illustre aïeul, ce Roi si connu pour sa paternelle

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sollicitude pour le, peuple, et dont le peuple reconnaissant a gardé la mémoire.

» Le premier bienfait, je dirai plus , Monseigneur, la première dette de tout Gouvernement envers le peuple, c'est l'instruction primaire; qui a pour objet de le rendre meilleur, et, par conséquent, plus heureux.

» La loi qui a fait pénétrer cette instruction jusques dans les plus petits hameaux du Royaume , est une loi éminemment morale et philantropique. Elle suffirait, à elle seule , pour immortaliser le règne de Louis-Philippe.

» Je me félicite, Monseigneur, de pouvoir annoncer à V. A. R. que, dans notre contrée, cette loi a déjà porté ses fruits, au-delà de toute espérance.

» Dans, une région plus élevée , l'instruction secondaire, sous la sainte influence de la religion , sous les lois d'une sage et ferme discipline, suit aussi, parmi nous, le mouvement progressif que l'Université imprime chaque jour de plus en plus aux études classiques.

» A mesuré que les lumières s'étendent et se propagent, le besoin des études se fait vivement sentir. Aussi, jamais la nombreuse jeunesse de nos écoles ne montra tant d'émulation et d'ardeur pour le travail ; jamais elle ne fut si sérieusement préoccupée de son avenir.

Et comment n'en sérait-il point ainsi, lorsqu'on voit les dignes fils de notre Roi, après avoir reçu avec elle, au sein de l'Université , la même éducation nationale, se soumettre à la loi commune, et ne vouloir tenir un grade , dans la carrière des armes, que du mérite personnel et des épreuves publiques d'un concours.

» Je m'estime heureux, Monseigneur, qu'il m'ait été donné , en l'absence du chef de l'Académie , de rendre devant V. A. R. , ce public et juste témoignage , que dans les trois départemens du ressort, élèves et maîtres, tous rivalisent de zèle et d'efforts, pour répondre dignement à l'attente du Roi et du Pays. »

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Le général Larriu, en présentant MM. les officiers retraités au Prince, s'est exprimé en ces termes :

« Monseigneur, les officiers retraités vous présentent leur respect et prient Votre Altesse de recevoir , par mon organe, la nouvelle assurance de leur dévoûment sans borne à votre auguste famille.»

Le Prince a répondu :

« Je la reçois avec plaisir de votre bouché. »

Ensuite M. le lieutenant-général Harispe a présenté au Prince MM. les colonels Oiivet et Lèbre.

Immédiatement après les réceptions , le Prince s'est rendu aux Courses, dans une calèche escortée par la garde nationale à cheval. A sa rentrée au Château , S. A. R. a présidé un banquet offert par Elle aux principaux fonctionnaires et notabilités du Département.

A 9 heures du soir, le Duc de Montpensier a assisté au Concert et au Bal donnés, par la ville.

C'était dans la vaste enceinte de la Halle que le Concert avait été disposé. Une immense estrade en gradins avait été dressée pour l'orchestre. Près de trois cents exécutans, choristes et instrumentistes, conduits par M. Habeneck, étaient là attendant le signal. L'auditoire se composait d'environ dix mille personnes.

Tout l'intérieur de la Halle était éclairé comme une salle de théâtre. Un lustre occupait le milieu de la voute. Les murs étaient tapissés de guirlandes de feuillage ; c'était partout de la verdure, de la lumière. Les personnes invitées pour le bal occupaient les galeries et les escaliers. Au bas se pressait une foule innombrable. C'était un océan de têtes !

Deux transparens , représentant les portraits en pied d'Henri IV et du Roi des Français, occupaient le fond de ce tableau.

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A l'arrivée du Prince, des acclamations enthousiastes, et répétées à dix ou douze reprises différentes, par ces dix mille spectateurs, ont salué le descendant du Béarnais. S. A. R. témoignait par des gestes d'affectueuse reconnaissance toute sa satisfaction, son bonheur, et les cris de vive le Roi ! vive le Duc de Montpensier ! retentissaient aussitôt avec plus de force.

Un roulement de tambour a donné le signal du concert. L'orchestre a exécuté d'abord la Bataille d'Ivry. Puis les voix et les instrumens ont dit avec un magnifique ensemble le choeur de Judas Macchabée et la Cantate de MM. Liadières et Auber.

L'effet de ces deux derniers morceaux a été surtout admirable. Nous en appelons à M. Habeneck lui-même, et nous sommes persuadés que ce sera là un des souvenirs les plus précieux de sa vie artistique,

La Cantate est, sons le rapport musical, digne de l'auteur de tant de chefs-d'oeuvre. Elle porte le cachet de son style. Les paroles sont dignes de la circonstance ; on voit qu'elles partent du coeur d'un véritable Poëte, d'un bon Béarnais. Les strophes en ont été chantées avec une chaleureuse énergie par M. Lafage, de Tarbes, lauréat du conservatoire de Paris.

Le Bal du Cercle offrait un coup-d'oeil magnifique ; mais les salons,, décorés avec autant de goût que d'élégance, étaient tellement encombrés , il y avait tant d'empressement pour suivre les pas du Prince, que la chaleur était accablante.

A 10 heures, les quadrilles se sont formés.

Le Bal a été ouvert par un quadrille dans lequel figuraient : LE PRINCE ; M.lle Azevedo, — M. le Préfet ; M.me Mezin. — M. Daguenet, député ; M.me Lamothe-d'In-

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camps. — M. Pèdré La Caze, ancien député ; M.lle d'Uhart. — M. Lacoste, sous-préfet d'Orlhez ; M.llee Viard. — M. le général Janin ; M.lle La Gaze.

Lé Prince a ensuite dansé plusieurs contredanses avec M.lle Drouin de Luiz , M.me Pardeilhan-Mezin ; M.lle Lamarque; M.lle Pèdre La Caze ; M.lle Lavielle.

S. A. R. s'est retirée à une heure.

Le portique de la Halle était orné avec beaucoup d'élégance. De belles illuminations, que le vent a malheureusement contrariées, décoraient cette façade. On lisait sur un transparent : Vive M. le Prince de Montpensier !

Dans l'après-midi, des orchestres et des tréteaux de bateleurs avaient été dressés à la Haute-Plante et à la Porte-Neuve.

Lorsque le Conseil municipal a été admis au Château à, présenter ses hommages au Prince-, S. A. R. lui a témoigné à plusieurs reprises toute la satisfaction que lui faisait éprouver l'accueil cordial et sympathique de la Cité Béarnaise. Le Prince s'est fait ensuite présenter M. Raggi, et il l'a félicité sur la beauté de son oeuvre. C'est M. Raggi qui a sculpté la Statue. M. Latapie, architecte du département, lui ayant été présenté ensuite, S. A. R. l'a complimenté sur sa participation à l'érection dé ce monument, ainsi que sur les magnifiques travaux exécutés aux établissemens des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes.

La Garde nationale à cheval d'Oloron est venue se joindre à celle de Pau, pour servir d'escorte au Prince durant les fêtes de l'inauguration.

Le Prince est parti ce matin pour Coarraze.

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JOURNEE DU 26.

Excursion a Coarraze. — Nay. — Gelos.

Le Prince est parti vers les 9 heures pour aller parcourir la belle plaine de Nay, et déjeuner au Château de Coarraze, chez M.Dufau, procureur-général de la cour royale. S. A. R. était escortée de la garde nationale à cheval , qui l'a constamment accompagnée dans toutes ses courses, et suivie de plusieurs voitures.

En passant à Bizanos, le prince s'est détourné de sa route pour visiter la fabrique à la Jacquart et la blanchisserie de M. Bégué. Tous les ouvriers étaient à leur poste ; le Prince a tout examiné avec la plus grande attention , et après avoir témoigné toute sa salis-, faction, à M. Bégùé , il s'est retiré en lui disant qu'il serait charmé de pouvoir dire au Roi qu'il avait vu dans tous ses détails la fabrique qui fournissait le plus beau linge de sa table.

Le Prince a continué sa route rapidement au milieu des flots empressés des populations, en traversant ces jolis villages à l'entrée desquels ou avait élevé des arcs de triomphe de verdure ; S. A. R. à remarqué surtout là forme élégante de: celui de Coarraze, autour duquel était rangée la garde nationale avec le conseil municipal, et une affluence encore plus considérable. M.gr le duc de Montpensier avait exprimé le désir de déjeuner à dix heures ; il est arrivé à l'heure précise ; il a été reçu au bas du perron par M. et M.me Dufau.

Entré un moment au Château, le Prince en est ressorti presqu'aussitôt pour examiner les environs; il s'est informé avec empressement de la vieille-tour , et a voulu y monter; parvenue sur la plate-forme, S. A. R. a té-

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moigné toute son admiration à plusieurs reprises sur la beauté dit paysage; profondément émue à la vue de ces lieux tout remplis des souvenirs de la jeunesse de son Aïeul, elle ne se lassait pas d'entendre les moindres particularités, et sa piété filiale se manifestait par les expressions les plus touchantes.

Le Prince a dû s'arracher à ces douces contemplations, lorsqu'on est venu lui, annoncer que le déjeûner était servi. — S.A. R. avait à sa droite M.me Dufau, et à sa gauche M. le général Harispe. — M. Dufau était vis-àvis le Prince , ayant à sa droite M. le comte de S.tCricq, et à sa gauche M. Amilhau , premier président de la cour royale. — La table était de 25 couverts. On y comptait : M. Azevedo , préfet du département ; — M. le général Jacobi, commandant du département des BasSesPyrénées ; — MM. La Gaze et Daguenet, députés du département ; — M. Fould, député des Hautes-Pyrénées ; — M. le général Rachis ; — M. de Latour, secrétaire des commandemens ; — M. le vicomte Daru , député ; — M. Manescau, maire de Pau ; — M. de Boisle-Comte , aide-de-camp de M. le général Harispe ; — M. Puyoo , commandant de la garde nationale de Pau ; — M. le baron Bernadotte, commandant de la garde nationale à cheval de Pau ; — M. Palengat, maire de Coarraze ; — M. Pujoulet, curé de Coarraze.

A une autre table, se trouvaient avec les fils de M. Dufau, les officiers de service et les gardes nationaux à cheval de l'escorte.

M. et Mme Dufau ont fait les honneurs de leur château avec une magnificence splendide ; le Prince leur en a témoigné tous ses remerciemens, de la manière la plus aimable. — il s'est ensuite rendu à Nay.

Là, S. A. R., après avoir été reçue par M. le maire , à la tête du conseil municipal, est allée à l'hôtel-de-

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ville, où M. le curé l'a complimentée. Elle a visité ensuite la fabrique de calicot de M. Lombré ; la fabrique de berrets béarnais de M. Fouard, et celle de MM. Lussagnet et Fould pour la filature du coton. — Le Prince s'est long-temps entretenu avec ces honorables industriels , a examiné avec le plus grand soin les produits de ces divers établissemens, et a prouvé par des paroles pleines de bienveillance tout l'intérêt que sa famille prend aux progrès du commerce.

Le Prince s'est ensuite retiré par la rive gauche du Gave; il a trouvé partout sur son passage les mêmes préparatifs et le même empressement. Arrivé au haras départemental de Lezons, M. de Perpigna, directeur de cet établissement, a fait passer sous ses yeux nos belles jumens et quelques-uns de leurs produits. S. A. B. a mar nifesté tout ce qu'une pareille fondation pouvait exercer d'influence pour la régénération de la race Navarrine ; il a surtout remarqué Valetine qui a déjà remporté de si beaux triomphes.

De là, le Prince s'est rendu au dépôt d'étalons de Gelos, qu'il a examiné dans les mêmes détails. Il a paru satisfait de la tenue de cet établissement, et a fait espérer qu'il contribuerait de toute son influence à lui faire obtenir d'autres beaux chevaux qui, réunis à ceux que nous avons obtenu depuis quelque temps, auront pour résultat de placer bientôt ce dépôt à là hauteur qu'il mérité d'occuper dans nos contrées.

Rentré à Pau vers trois heures après-midi, S. A. R. après s'être reposée pendant quelques instans, a fait prévenir M. le Proviseur du Collége que la distribution des Prix pour laquelle on l'avait attendue, pouvait commencer, qu'elle ne tarderait pas à s'y rendre. Aussitôt, M. le Proviseur a prononcé d'une voix ferme et sonore

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un discours élégamment écrit, où se trouvent ramenées, avec un rare' bonheur de pensées, les principales considérations qui doivent graver à jamais, dans le souvenir de la jeunesse Béarnaise, le souvenir des journées mémorables dont notre Pays vient d'être le témoin. — M. le Proviseur venait à peine d'achever une allocution aux élèves, lorsqu'un mouvement électrique qui s'est manifesté dans l'assemblées annoncé l'approche de Monseigneur. Aussitôt la musique du régiment a fait entendre une marche mititaire, les principaux chefs du Collége sont allés audevant du Prince , et bientôt il a paru accompagné du même cortège de notabilités, auxquelles était venu se joindre M. le duc Decazes , qui a voulu venir de Bordeaux pour assister à nos solennités. S. A. R. a dû être agréablement surprise, après des courses si fatigantes, de se trouver, sous la voûte d'un grand bosquet de chênes séculaires, où l'on avait ménagé, avec beaucoup de goût, une salle d'un nouveau genre, pour la distribution. Plus de douze cents dames, des pères de famille, s'y trouvaient commodément assis. Toute l'assemblée s'est levée à l'arrivée de S. A. R. , et l'a saluée des cris de vive le Roi ! Parvenue à la place qui lui avait été préparée, le Prince a. daigné décerner de sa main le Prix d'honneur de Philosophie. D'autres élèves ont été couronnés par les, principaux dignitaires qui accompagnaient le Prince. Après avoir assisté à la distribution des prix jusqu'à la 3.e, et témoigné toute sa satisfaction de ce qu'il avait vu, le Prince s'est retiré avec le même cérémonial.

Son Altesse est allée ensuite visiter l'Hospice, et là, elle a donné de nouvelles preuves, auprès du lit des malades, de sa générosité, de la bonté de son coeur. C'est surtout dans cet asile des souffrances, en s'entretenant avec les soeurs respectables de St-Vincent de Paule, qu'on a pu reconnaître un petit-fils d'Henri IV.

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Une dernière visite: restait à faire à celui qui vient nous rendre son image vénérée ; c'était l'humble maisonriette où ce grand : prince suça d'une paysanne de Bilhère le lait des héros. Après avoir rempli ce devoir religieux avec tout le respect que peut inspirer la piété filiale ; S. A. R. s'est rendue à la caserne et enfin est rentrée pour dîner à la Préfecture, pouvant dire qu'elle n'avait pas perdu sa journée.

Dans la matinée, M. Castetnau, adjoint, avait réuni au Cercle tous les enfans des Ecoles de la ville, afin de distribuer aux 4 sujets de ces écoles reconnus les plus mérilaus , les livrets de la caisse d'épargne accordés par le Conseil Municipal. Cette cérémonie a été fort intéressante. M. Gastetnau a adressé à ces enfans une touchante allocution, dans laquelle il leur a donné de: sages conseils, d'excellens préceptes, qui certainement ne seront pas perdus pour l'avenir.

Dans raprès-midi, il y a eu spectacle gratis, orchestres de danse à la Porte-Neuve et à la Haute-Plante, exercices de saltimbanques, mât de cocagne sur la place Henri IV, et ascension de ballon, dans. la. soirée. Tous ces divertissemens avaient attiré de nombreux spectateurs.

Bal du Château.

Parmi les fêtes brillantes auxquelles l'inauguration de là statue d'Henri IV vient de donner lieu, celle-ci a été une des plus magnifiques.

Quand on songe au délabrement dont le Château de Pau donna pendant tant d'années l'affligeant spectacle, et à la riche transformation qu'il a subie, grâce à la munificence d'un Roi, protecteur éclairé de tout ce qui

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se recommande au culte des souvenirs nationaux, on est amené à une bien respectueuse reconnaissance envers le souverain qui a déjà tant fait: pour notre ville.

C'était en 1787 , que fut donnée au Château la dernière dès: fêles qui précédèrent la révolution. Elle avait eu lieu à la rentrée d'exil du Parlement de Navarre. Entre cette fête et celle offerte aux habilans de Pau par le prince de Montpensier, 60 ans s'étaient écoulés , toute une génération s'était éteinte.

 

 

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La duchesse du Berry et Dieppe

2 Juillet 2020 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Otium cum dignitate, #down.under

 

Récit du baron d'Haussez (ancien député, préfet et conseiller d'Etat) sur le départ de la duchesse du Berry de France en 1830 (dont feu Jean Raspail a immortalisé le rocambolesque retour deux ans plus tard) :

"La Révolution marchait : elle s'était organisée sous la protection de lois insuffisantes pour en arrêter les progrès, et de tribunaux qui refusaient ouvertement de faire l'application de leurs dispositions, toutes précises qu'elles fussent. Elle éclata enfin.

Trois jours d'attaques préparées de longue main et habilement dirigées, trois jours d'une défense faible et mal combinée suffirent à renverser une dynastie de huit siècles 1 Dans ce trouble universel, dans la confusion d'idées et d'irrésolution que produisait cet événement terrible, une tête conservait du calme, de la détermination, de l'énergie; une tête jugeant le mal, son étendue, les moyens d'y remédier, une tête qui avait une volonté : c'était celle de la duchesse de Berry. Tout n'eût peut-être pas été perdu pour la monarchie, si l'on avait suivi la conduite que traçait cette princesse dont le courage semblait se réserver pour les grandes circonstances où il devait être mis à l'épreuve, et se montrait, en juillet 1830 comme en février, en septembre 1820, supérieur à l'adversité.

Calme dans la délibération, chaleureuse dans les conseils qu'elle donnait en raison des obstacles qu'ils rencontraient, on devinait tout ce qu'elle aurait été capable de faire, si elle eût eu la faculté d'agir. Confiante dans la générosité du peuple, elle proposait d'aller lui montrer son fils. Ce projet, qui se recommandait par la hardiesse plus que par la prudence, dut être abandonné. Les autres avis qu'elle ouvrit ne furent pas mieux accueillis ; et cette force d'âme qu'elle voulait employer au salut de la monarchie, à la conservation du trône, il lui fallut la faire servir à dominer sa volonté de résister, ses regrets, ses douleurs.
Elle suivit avec soumission la route de Cherbourg, au milieu d'une garde fidèle qui, des yeux, semblait lui demander le signal d'une désobéissance à des ordres qui l'humiliaient, d'une population dont, tout comprimés qu'ils étaient par une faction enivrée de son triomphe, les sentiments se manifestaient d'une manière non équivoque. Il lui fallut quitter cette France qu'elle aimait tant, où elle était tant aimée, où elle avait fait tant de bien ; il lui fallut abandonner des amis qu'elle s'était créés dans toutes les classes, des pauvres qu'elle secourait partout où ils sollicitaient ses bontés ; ces fêtes auxquelles elle ne manquait jamais d'associer la bienfaisance, ce Rosny et tous les genres d'enchantements qu'elle y avait rassemblés. Le souvenir de ce qu'elle avait fait la soutenait, et ce souvenir, ce n'était pas dans son cœur seul qu'il se trouvait; elle en acquit la preuve, au moment même où son pied cessait de fouler le sol de la France. 

A peine montée sur le bâtiment qui devait emporter la famille exilée, elle s'aperçut que sa chienne favorite n'était plus près d'elle. Quel fut son étonnement en la voyant passer de main en main parmi les matelots de l'équipage et recevoir leurs caresses I Le nom de la pauvre bête leur était connu. — « Ne craignez rien pour Foolish, dit un matelot; ne craignez rien pour vous », ajouta-t-il en baissant la voix. Et en pressant de sa main rude le bras délicat de la princesse : « Nous sommes presque tous de Dieppe ; dites un mot, et nous faisons passer par dessus bord nos officiers et tous ceux qui voudraient nous résister. Nous vous conduirons ensuite. où vous voudrez aller. »

Cette preuve d'affection, cette marque de reconnaissance fut la première des rares consolations que la Providence réservait à la duchesse de Berry. Le nom de Dieppe lui rappelait une ville embellie, enrichie par ses soins ; où sa présence attirait un concours inaccoutumé d'étrangers ; où ses secours pénétraient dans les plus pauvres maisons pour y soulager le malheur ; où son exemple et ses largesses avaient plus d'une fois procuré le salut des marins menacés du naufrage. Sans doute elle se rappelait ce jour où, bravant les horreurs de la tempête et les torrents d'une pluie glacée qui avait pénétré ses vêtements, son chapeau enlevé par le vent, et cramponnée à l'un des canons de la jetée, elle excitait les matelots à porter à leurs frères en péril des secours qui eussent été vainement réclamés si Madame n'avait été là pour communiquer son courage parmi ceux qui en manquaient.

Quelque temps après le départ de Cherbourg, Dieppe, la ville fidèle, vit arriver les voitures de sa bienfaitrice. Cette fois, elles étaient vides. Les habitants voulurent les traîner jusqu'au bâtiment qui devait les transporter : hommage désintéressé qu'ils rendaient à la bonté malheureuse ; pieuse fiction qui leur rappelait les époques où ils couraient à la rencontre de celle qui, chaque année, leur apportait le bonheur ! ! !"

La duchesse pleine de joie de vivre avait introduit en France la mode des bains de mer et avait fait de Dieppe en 1820 la première ville balnéaire de l'histoire de notre pays.

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Du public pour tout le monde

13 Octobre 2019 , Rédigé par CC Publié dans #down.under, #Otium cum dignitate, #Médiums

Marrant comme dans le domaine spirituel il y a du public pour tout le monde, y compris pour cet improbable papy qui mêle Allan Kardec, théorie de la réincarnation et catholicisme. Voir par exemple sa vidéo ici.

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Impossibilité d'aider autrui à s'améliorer

1 Mars 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #down.under

Voici deux versets de la Bible très difficiles à appliquer à l'époque actuelle où l'égocentrisme est roi :

Matth 18:15 Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.

Galates 6:1  Frères et sœurs, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le dans un esprit de douceur. Veille sur toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois tenté. 

Hier une propagandiste youtubeuse qui se dit protestante et auteure de livres s'est liguée avec son mari pour me maudire parce qu'en application de ces versets j'essayais poliment de l'inviter à changer son regard sur ses interlocuteurs. Ce genre de personne n'a aucune limite...

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Remarque

11 Février 2019 , Rédigé par CC Publié dans #down.under

Je suis très frappé par la méchanceté des commentaires que je reçois sur ce blog depuis quelques mois, notamment de la part d'esprits religieux (récemment une jeune protestante fraîchement convertie, et une franciscaine tertiaire). Je serai donc assez réservé, dorénavant, à l'égard des gens qui tentent de me contacter via le formulaire de contact de ce blog ou via la section de commentaire des articles.

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