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Le voile des cheveux et les anges
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Il y a quelques années (2013), un spécialiste des textes sacrés, James D. Tabor, de l'université d'Etat de Pennsylvanie dans "Paul and Jesus" (p. 162), examinait la première lettre de St Paul aux Corinthiens et expliquait que dans cette lettre quand l'apôtre écrit (1 Cor 11-15) que la femme ne doit pas avoir les cheveux longs par respect pour son mari, car ses cheveux sont son voile, il condamne la mode romaine de relever les cheveux pour exposer le cou et les boucles d'oreille. Voir aussi 1 Tim 2:9 qu'elles "ne se parent ni de tresses, ni d'or, ni de perles, ni d'habits somptueux", les tresses "braided hair" renvoient à cette mode et 1 Pierre 3:3. On sait jusqu'où allait l'exhibitionnisme des aristocrates gréco-romaines dans le monde méditerranéen antique : voyez au Ve siècle le cas de Sainte Pélagie, qui avant de se convertir, passait dans les rues d’Antioche - « ne portant sur elle que de l’or, des perles et des pierres préciseuses, même ses pieds nus étaient couverts d’or et de perles » (adornata ita, ut nihil videretur super ea nisi aurum et margaritae et lapides pretiosi; nuditas vero pedum ejus ex auro et margaritis erat cooperta), ce qui émut l’évêque Nonnos. L'importation de la soie translucide notamment avait terriblement contribué à cette dérive.
Le pouvoir que la femme doit garder sur sa tête est une protection contre les anges déchus de Genèse 6:1-4 qui, croyait Paul, étaient présents dans toutes les assemblées (notamment quand des gens qui avaient participé aux sacrifices païens venaient à la table chrétienne) ou pouvaient s'introduire dans les groupes exerçant des dons charismatiques. Il existe une autre hypothèse. Les manuscrits de la Mer Morte ont montré que diverses sectes juives pensaient que les anges saints pouvaient être présents dans les assemblées. Le théologien catholique Joseph A. Fritzmyer (1920-2016) dans "A Feature of Qumrân Angelology and the Angels of I Cor. xi. 10," a avancé que la recommandation pouvait valoir seulement pour ne pas faire fuir les anges purs qui n'auraient pas supporté l'impudeur. Tabor précise que les règles de soumission des femmes ne sont valables que sous l'ancienne loi lié au péché originel d'Adam et Eve dans l'attente que l'homme retrouve son androgynéité première en Christ (cf nos remarques sur Antoinette Bourignon).
Tantrisme et christianisme
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Il y a quelques années, j'étais tombé sur les travaux du théologien catholique John Dupuche sur le tantra chrétien. J'y avais fait allusion en 2019.
L'expérience chez les médiums que j'ai évoquée dans mon livre de 2017, m'ayant convaincu de l'existence des entités invisibles et des démons, je suis maintenant très prudent sur les questions sexuelles, qui sont un terrain d'appropriation privilégié de ces entités. Saint Paul est très clair à ce sujet quand il évoque l'unité de chair avec la prostituée ou l'impudicité, et l'on ne peut pas se prévaloir trop commodément du "tout est pur pour ceux qui sont purs" de Tite 1:15 (comme le firent quelques possédés du genre de Frithjof Schuon)... Mais c'est vrai qu'il reste des interrogations : pourquoi le Christ, que le chrétien doit imiter, se laisse-t-il caresser le pied par une prostituée ? et pourquoi dit-il que les prostituées (qui d'après la logique de Paul ne devraient pas avoir leur place dans le Royaume) seront-elles selon lui sauvées avec les publicain plus vite que les prêtres ? Y a t il là un propos purement rhétorique.
Mes derniers travaux sur la nudité et le sacré m'ont fait repérer des ponts inattendus entre le rapport des premiers franciscains à la dénudation et sont pendant chez les mystiques néo-shivaïtes féminines indiennes comme Akka Mahadevi ou Lalla Yogiswari... Est-ce que le pont serait concevable aussi dans la sexualité à travers le tantrisme ?
Je ne pense pas que John Dupuche aille aussi loin. Pour lui, c'est plus le travail sur le souffle et le détachement du tantrisme qui l'intéresse. Pas la sexualité, donc pas le tantrisme "de la main gauche", comme on l'a parfois appelé... J'ai un peu échangé naguère avec une tantrika qui avait pratiqué ce dernier intensément dans des ashram. Mais je n'en ai pas retiré l'impression qu'elle en avait obtenu des "énergies" vraiment supérieures et pures, bien au contraire.
Au total, sur la question de la sexualité, je suis convaincu que tout ce qui relève de l'image (le fantasme, les images érotiques) est mauvais, donc tout ce qui est onanisme, et a fortiori échange avec les succubes dans le sommeil aussi. C'est une économie de jeux de miroirs et de sorcellerie. Et tout ce qui est dans la logique de la "décharge" hormonale aussi (et qui est pourtant valorisé par notre époque), car cela relève de l'addiction comme une drogue destructrice. A peine l'a-t-on fait que quelques heures plus tard il faut recommencer.
Y a t il un troisième aspect, quelque chose de plus puissant, de plus pur, dans un érotisme retenu entre deux partenaires particulièrement initiés à cet "art" ? Je ne sais (n'ayant pas conduit l'expérience avec des partenaires qui auraient une visée mystique).
La question de fond me semble être celle-ci : si le corps est appelé à être le temple de l'Esprit saint, comment peut-on y parvenir ? La répression des instincts sexuels est souvent nécessaire, faute de mieux, mais ce n'est pas une fin en soi. Car puisque le corps ne se limite pas à la chair (condamnée par le christianisme), la sexualité n'est peut-être non plus purement charnelle et tournée vers la mort (et je ne parle pas ici seulement de sexualité dans le cadre conjugal).
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Dans son dernier livre paru en 2020, J. Dupuche met en valeur cette citation de Tertullien "La Chair est le gond du salut", caro salutis cardo est. Beaucoup de gens se méfient avec raison de l'aspect luciférien de l'ouverture des chakras (et de la méditation ou du yoga qui conduisent). Si une illumination est possible à travers eux, il me semble que ce doit être dans une visée de total désintéressement. Dupuche fidèle à l'héritage du catholique Sir John Woodroffe (1865-1936), juge à la cour suprême de Calcutta étudie dans son dernier livre les chakras à travers le Ṣaṭ Cakra Nirūpaṇa. L'introduction de son livre qui veut éviter le pélagianisme autant que le gnosticisme, paraît assez prometteuse. Je vous en dirai plus quand j'aurai lu l'ouvrage en entier.
Les Nephilim et les pyramides mayas : deux hypothèses chrétiennes
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Dans mon livre sur les Nephilim (cf ici) j'ai évoqué les travaux de LA Marzulli sur les pyramides. Cette veine d'interprétation chrétienne part du principe que les géants issus de la descendance des Fils de Dieu mentionnés en Genèse 6:1-4 ont construit les pyramides et divers autres mégalithes en Egypte, en Amérique centrale et ailleurs. En général, les chrétiens qui suivent ce schéma d'interprétation contournent le fait que les historiens laïques attribuent aux pyramides une naissance très postérieure aux temps qu'est censée évoquer la Genèse par le fait qu'il n'y a pas de datation possible au carbone 14 pour les pierres de sorte que l'agencement de celles-ci serait antérieur aux civilisations auxquelles on l'attribue.
Il existe une autre voie exégétique chrétienne possible que mentionne ici le prédicateur protestant Gene Kim (cf ci-dessous). Il explique que, puisqu'on a retrouvé des pièces phéniciennes en Amérique latine, on peut concevoir que des géants cananéen survivants de la lignée enfantée en Genèse 6:1-4 mentionnés en Nombres 13.1-33 ont pu naviguer à travers l'Atlantique, par les airs ou par la mer, et y installer les pyramides à l'époque de Moïse voire ultérieurement pour qu'ensuite Satan puisse prendre appui sur cette civilisation "nephilimique" pour contrer l'influence christique en Europe à travers la figure de Quetzalcoatl.
Une petite originalité...
Profil bas
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J'ai évoqué dans mon livre sur les Médiums (paru chez l'Harmattan en 2017) l'expérience de ma découverte du monde invisible, puis je l'ai racontée d'une façon plus détaillée ici. Mais, devant l'indifférence avec laquelle a été accueillie cette expérience dans mon entourage et chez les lecteurs de mes blogs, j'en suis venu à la conclusion qu'au fond les enseignements que j'ai reçus, à chaque étape, au cours des cinq dernières années, n'étaient valables que pour moi, et que je n'avais pas à chercher à les transmettre. Dès avant ma conversion d'ailleurs je savais que je n'étais pas fait pour devenir un pédagogue, et cela s'est confirmé depuis lors, Je n'ai rien à enseigner dans le domaine spirituel, je suppose. Mes tentatives de comprendre les textes sacrés des religions monothéistes n'ont du reste pas été très fructueuses. Certes, elles m'ont aidé personnellement à situer mes propres expériences par rapport à telle ou telle théologie, et à comparer les discours des uns et des autres en les rattachant à telle ou telle tradition exégétique, ou telle ou telle "hérésie". Mais je ressors de tout cela finalement assez sceptique sur le contenu de ces textes sacrés, dont on voit bien au terme de quelles vicissitudes historiques ils ont été écrits, et quelles contradictions internes ils recèlent tous.
Je pense qu'il y a beaucoup de choses très vraies dans la Bible, au delà même de sa trame générale que je crois juste (sans quoi je ne serais pas chrétien), et même que la profondeur de certaines de ses vérités, sur certains points cruciaux, reste à découvrir. Mais il y a beaucoup de passages aussi à ne pas saisir à la lettre, et beaucoup de "zones grises" à cheval avec le paganisme, voire avec l'astrologie, la numérologie etc, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, dont, au fond, on ne sait pas trop quoi faire.
Somme toute, je ne suis pas sûr qu'en 2021 je développerai autant dans ce blog des sujets religieux que je l'ai fait cette année (tel n'est peut-être pas mon rôle, finalement...). En tout cas, si je le fais, je pense que ce sera avec beaucoup de prudence et d'humilité. Peut-être même avec un brin de réticence.
Ce 16 décembre, le miracle de Saint Janvier n'a pas eu lieu à Naples
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Saint Janvier (San Gennaro en italien), fut évêque de Naples au troisième siècle. Mort martyr en 305 pendant la persécution de l’empereur romain Dioclétien, ses os et son sang sont conservés dans la cathédrale. A Naples le sang du saint patron de la ville, saint janvier, se liquéfie trois fois par an depuis 1389, le 19 septembre, jour de sa fête, le samedi précédant le premier dimanche de mai (anniversaire du transfert du corps du saint du cimetière Pouzzoles, où il avait affronté les bêtes du cirque, à Naples) et le 16 décembre, anniversaire de l'éruption du Vésuve en 1631 (qu'il apaisa cette année là mais aussi en 1698 et 1707 comme il vainquit la peste en 1527), un phénomène de liquéfaction qui n'a pas pu être étudié scientifiquement et donne seulement lieu à des spéculations. L'analyse spectrale effectuée le 26 septembre 1802 par l'abbé Sperindeo semble bien avoir prouvé en tout cas qu'il s'agit effectivement de sang et non d'un autre liquide, l'abbé ayant aussi prouvé que la masse du liquide augmente dans l'ampoule pendant le miracle d'après ce qu'en a rapporté dans un bulletin paroissial breton de novembre 1917 le professeur Léon Cavène (mais il ne cite pas la source de son information).
"Pendant le miracle, explique cette année Vatican News, la masse séchée de couleur rouge confinée au fond du reliquaire devient du sang liquide qui recouvre la totalité du verre. Selon la tradition locale, si le miracle ne se produit pas, c’est le signe d’une catastrophe à venir pour la région. "
Dans "La tres curieuse et chevaleresque histoire de la conqueste de Naples" qui se rapporte au 1er mai de l'année 1495, on peut lire :
"Dimanche Ille jour de may le roi ouyt messe a Sainct Genny a Naples qui est la feste de la grant église cathedrale ou il y eut grant assemblee de prelats tant cardinaulx evesques et autres preslats constitues en dignités. Et en icelle eglise fut montre au roy lechief de sainct Genuy qui est une moult riche chose a veoir, digne et saincte. Quand le roy fut devant le grant autel, on alla querir de son precieux sang en une grant ampole de voirre et fut monstre au roy, et on luy bailla une petite verge dargent pour toucher ledict sang qui estoit dedans l'ampole dur comme pierre a ce que le roy le touchast de la verge dargent, la quelle fut mise sur lautel devant le glorieux sainct, incontinent commenca a eschauffer et a amolir comme le sang dung homme bouillant et frémissant qui est ung des grans miracles que on puisse veoir a present, dont tout le peuple français tant nobles que autres se donnoient grant merveille. Et disoient les seigneurs de Naples tant deglise que de la ville que par ce precieux chief et sang avoient cognoissance de beaucoup de requestes envers Dieu, car quant ils faisoient leurs prieres si elles estoient bonnes le sang amolissoit, et si elles nestoieut de juste requeste il demeuroit dur. Aussi par ce sang avoient la cognoissance de leur prince sil devoit estre leur seigneur ou non. " Charles VIII saisit cette occasion de montrer au peuple napolitain que les rois de France avaient aussi le pouvoir de faire des miracles Il toucha les malades des écrouelles pour les guérir.
L'auteur fantastique Alfred Driou alias Alfonse d'Augerot dans "Naples, les magnificences de son golfe" en 1877 précise que le sang du martyr ayant été renfermé dans trois fioles , par les fidèles de Ravenne, l’une de ces fioles fut portée en Espagne, par le roi Charles III (qui régna de 1759 à 1788). Or, on dit encore que le miracle du sang s’accomplit également en Espagne, au moment où il s’opère à Naples. Un ordre royal de Saint Janvier avait été créé par la maison des Bourbon des deux Siciles en 1738. Le successeur de Charles III, Charles IV est représenté à cheval avec la médaille de l'Ordre de St Janvier sur un tableau de 1801.
D'Augerot, mais aussi Louis Joseph Lefort, étudient en droit mort à 24 ans, dans un récit de voyage paru en 1857, ont témoigné que les femmes du peuple de Naples avaient un rapport très familier au miracle les jours où il devait avoir lieu quand le buste était mené en procession. "Allons San Gennaro, écoute tes amis, fais le miracle, ne nous fais pas attendre", lui disaient-elles.
De façon analogue Pierre Saintyves président de la Société du folklore français note dans "Les reliques et les Images légendaires" (1912) que jusqu'à la fin du XVIIe siècle il y avait à l'église des Frères Prêcheurs de St Maximin en Provence des petites pierres teintes du sang de Jésus ramenées par Marie Madeleine, et ces pierres devenaient plus rouges le Vendredi saint de midi à 13h mais l'auteur doute de la véracité de l'anecdote. On montrait aussi une relique de sang de Jésus qui se liquéfiait à la Sainte Madeleine aux ecclésiastiques qui visitaient la collégiale de Neuvy-Saint-Sepulchre dans l'Indre, mais l'abbé de Marolles (1600-1681) ne vit rien se liquéfier quand on la lui présenta. Tous les 3 mai à Billom (Auvergne) on portait en procession un flacon qu'on disait être du sang du Christ et dont on montrait qu'il était encore liquide, mais Saintyves estime qu'il s'agissait d'une supercherie et de Marolles dans l'Indre avait rappelé que sur le plan théologique Jésus est censé avoir ramené tout son sang dans le Ciel après son ascension, "de sorte qu'il n'en est resté tout au plus des marques sur la terre" ce sur quoi la cardinal jésuite toscan Bellarmin (1542-1621) avait écrit diverses choses. En Belgique, on disait que Thierry d'Alsace avait rapporté de Terre Sainte à l'abbaye St Basile les Brues du sang de Jésus qui se liquéfiait tous les vendredis de l'aube à 15 h entre 1148 et 1310, et plus jamais par la suite. Du sang de St Patrick et St Wit ferait de même en Hollande, et le sang d'un moine martyrisé par les vikings de St Armand en Flandres tous les ans à la troisième fête de la Pentecôte. Le sang de Jacques de Compostelle à Rome dans la basilique des Douze Apôtres est toujours liquide. Le sang de St Laurent se liquéfiait à la cathédrale de Tivoli et dans une église d'Amaseno tous les 9 août, et il en allait de même une fois par an du sang du même saint à St Laurent-hors-les-Murs à Rome.
Saintyves relève bien d'autres cas de liquéfaction en Italie. Concernant le sang de St Janvier à Naples il observe qu'il se liquéfie aussi "solitairement dans sa niche en dehors des dates cultuelles consacrées à la vénération de la relique", ce qui tout de même pose un petit problème théologique. Et il cite Cavène qu'on évoquait plus haut, selon lequel dans ce cas là on ne peut considérer qu'il y ait miracle. Les cas d'inventions de matières rouges susceptibles de se liquéfier sont fréquents depuis celle du docteur berlinois Newmann en 1734. Pour autant cela ne permet pas de liquéfaction à date fixe. Et le liquide obtenu alors n'a pas forcément la même ressemblance avec du sang.
En mars 2015, le miracle de Saint Janvier s’était produit en présence du Pape François en déplacement à Naples. Il rencontrait les prêtres et religieux de la ville en la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, et venait de bénir les reliques de saint Janvier, lorsque le sang de ce dernier s’est liquéfié dans l’ampoule en verre."
Cette année, le 16 décembre, le miracle n'a pas eu lieu.
"Grand saint Janvier ! Lorsqu'on était croyant
Ton sang se liquéfiait sans peine :
Mais aujourd'hui, le Français clairvoyant
A pour toujours glacé ta veine".
A écrit le prêtre défroqué statisticien Sébastien Bottin - 1764-1853 - (l'inventeur de l'annuaire) dans une brochure de 8 pages qui dort sur les étagères de la Bibliothèque nationale de France. On se demande cette année ce qui a empêché le miracle d'avoir lieu, et quel malheur cela annonce.
Les travaux de Joseph Davidovits sur le patriarche Joseph
En réponse à mon billet sur les travaux Douglas Petrovich qui identifient le patriarche Joseph au vizir Sobekemhat, le blogueur JiDé de "Des Trésors cachés dans le Sable", me fait remarquer que Joseph Davidovits l'identifie pour sa part au scribe Amenhotep (ce qui se prononce Amenophis) fils de Hapou mort vers 1350 av JC, c'est à dire 500 ans après Sobekemhat.
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J'ai tenté de creuser un peu le sujet. J. Davidovits, né en 1935, inventeur du concept de géopolymère, spécialiste des bétons romains, se présente comme un égyptologue francophone. Son fils Frédéric Davidovits a découvert, en 2003, à la bibliothèque universitaire de l'UFR de lettres de Caen un livre "Le Temple du scribe royal Amenhotep, fils de Hapou (Fouilles de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire) " (1936) d'Alexandre Varille (1909-1951). Ce livre permet à Joseph Davidovits de compléter sa recherche menée depuis vingt ans pour identifier le patriarche Joseph. Le livre de Varille, occulté par l'égyptologie officielle, comprend une fresque de 3 m X 4 m dont on ignore où elle se trouve alors qu'elle devrait être la plus grande découverte archéologique du XXe siècle, affirme le Pr Davidovits dans cette vidéo du 17 juillet 2013. Est-elle délibérément cachée ? S'agit-il d'une volonté du gouvernement égyptien d'occulter l'histoire d'Amenhotep III (1386-1353 av JC le pharaon représenté en colosse de Memnon) et d'Akhenaton (1365-1338) dont l'administration locale empêche l'accès aux document ?
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La fresque démontre l'historicité d'Amenophis fils de Hapou (1437-1356 av JC), de son origine sémitique. Joseph Davidovits a retrouvé trois frères ce cet Amenophis. Descendant d'un de ses frères Hévy (et non Lévy) comme l'indique le Bible, Moïse aurait été administrateur du temple mémorial d'Amenophis (dans la nécropole de Thèbes, près de la Vallée des Rois) qui aurait été une sorte de "grande abbaye" où l'on stockait la sagesse de l'époque. Après des troubles sociaux des hébreux (artisans égyptiens, selon Davidovits, enrôlés dans la construction de la ville hérétique d'Amarna par Akhenaton) , Moïse se serait réfugié dans la région de Madian, zone minière autour du golfe d'Aqaba liée au temple d'Aménophis (qui l'approvisionnait en cuivre). Moïse aurait été accueilli à Madian par les "ouroub", artisans de la même famille que les hébreux (oubrous), exilés à Madian, et qui seraient les ancêtres des Arabes. L'Exode aurait eu lieu vers 1060 av. JC (200 ans après la date retenue par les historiens bibliques).
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Joseph Davidovits veut pour preuve de ses allégations le fait que le texte de cette fresque trouvée par Varille est repris mot pour mot dans la Bible, Genèse 41:41 : "vois je te mets à la tête de toute l’Egypte. ", puis en 42 "Pharaon ôta son anneau de la main, et le mit à la main de Joseph; il le revêtit d'habits de fin lin, et lui mit un collier d'or au cou" : Au bas de la fresque il est écrit "Il reçut des ornements en or et en toutes sortes de minerais précieux. Son corps fut habillé d'étoffe délicate et de lin de première qualité. Un collier en or pur et en toutes sortes de matières a été passé à son cou". Genèse 41:46 dit encore : "Joseph était âgé de trente ans lorsqu'il se présenta devant Pharaon, roi d'Egypte". Le texte de la fresque dit"An 30, le grand scribe royal Amenophis, s'est incliné devant sa Majesté". Pharaon y nomme Joseph (Gen 41:45) : çaphenat-paneah (sapnath-panéakh), un nom qui ne signifie rien en hebreux, mais qui doit être d’origine égyptienne. Or selon l’auteur çaphenat-paneah est le nom égyptien Amenophis Fils de Hapou. Si on l'écrit en hébreu de droite à gauche : hnap snphts cela donne en rajoutant voyelles Hanapu Senophits ou Hanapu Amenophits. Le détail surprenant de la fresque est que, précisément, le nom d’Amenophis est aussi écrit en hiéroglyphe de gauche à droite. Il y a donc concordance entre le texte de la fresque et celui de la Bible.
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Ce texte de 1 100 ou 1 400 av JC serait le plus ancien document égyptien copié dans la Bible.
Il faudrait organiser un dialogue entre le Pr Davidovits et le Dr Douglas Petrovich...
Miracles eucharistiques : Un cardiologue rend visite à Jésus
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Nous nous sommes déjà penchés sur les découvertes que les moyens scientifiques les plus récents permettent de faire sur les "miracles eucharistiques" à travers le monde. J'avais cité les travaux du Dr Ricardo Castañón Gomez, chercheur en neurosciences et ceux de Pietro Pescetelli, chirurgien intermédiaire, spécialiste en cardiologie et médecine interne, directeur émérite des unités opératoires de gériatrie et de soins de longue durée de l'hôpital d'Agnone. Ces gens montrent que plus on avance dans les découvertes scientifiques, plus les miracles eucharistiques, spécialement celui des maculations d'hosties par du sang humain (il existe d'autres miracles eucharistiques comme des phénomènes de lévitation surnaturelle d'hosties - comme à la messe du Lourdes du 7 novembre 1999 à l'assemblée épiscopale, mais le label de "miracle" est contesté sur cet événement, ou l'histoire survenue en 1959 au couvent de ND des Grâces de San Giovanni Rotondo que raconte le frère Alessio Parente dans "Mandami il tuo angelo custode, Padre Pio" (voir min 8'03 de cette vidéo).
Je vous conseille aussi la lecture du livre "Un cardiologo visita Gesu" de Franco Serafini, livre qui, malheureusement, n'a pas été traduit en français. Il passe en revue les miracles eucharistiques de Lanciano (VIIIe siècle, mais consigné en 1631), de Buenos Aires (1992), de Tixtla (2006), Sokolka (2008), Legnica (2013), le suaire de Turin et celui d'Oviedo, la tunique d'Argenteuil (tous avec du sang de groupe AB). Il fait aussi le point sur les découvertes d'ADN sur ces reliques et les hosties.
Les traces de la présence de Jacob et Joseph en Egypte selon Douglas Petrovich
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Si vous avez lu mon livre sur les Nephilim, vous avez remarqué qu'on y parle, entre autre, d'archéologie, principalement babylonienne, mais on y parlait un peu aussi de l'Egypte, et j'y mettais en valeur les travaux impressionnants de l'américain Michael S. Heiser. L'heure est venue maintenant de présenter les recherches d'un autre historien Douglas Petrovich (Doug Petrovich). Je précise que mon propos n'est pas de dire s'il a raison ou s'il a tort, ou s'il faut partager toutes ses convictions (par exemple sur le créationnisme) ou seulement une partie. Je vous présente simplement ses travaux, ou ce que, pauvre Béotien, j'en comprends, et je réserve tout jugement pour plus tard (pour dans quelques années).
Un des intérêts immédiats pour moi est de m'aider à concevoir sur un mode plus concret, plus matériel, le rapport possible entre la culture proto-israélite et la culture égyptienne, même si un jour il pourra s'avérer que les interprétations de Petrovich à ce sujet étaient complètement fausse (cela dit il n' y a peut-être jamais de démenti définitif en matière d'archéologie, même laïque, lorsqu'il s'agit de périodes très reculées). C'est comme une béquille à l'imagination, non pas une béquille subjective qui peut partir dans tous les sens comme celle de ces ésotéristes qui finissent par nous faire arriver chez les "civilisations extra-terrestres", mais une béquille armée d'objectivité, puisque Petrovich, pourvu d'une formation de théologie a, comme Heiser, fait l'effort d'obtenir un doctorat d'histoire ancienne dans une université "laïque" et aujourd'hui fait l'effort d'intégrer des instruments rationnels à la confrontation avec les textes sacrés inspirés.
Je vais ici résumer le contenu des deux conférences ci-dessous qui portent sur la présence des patriarches de l'Ancien testament en Egypte : Jacob, Joseph, Manassé (Genèse 41:50) et Ephraim. Lorsque le sujet mérite quelques éclaircissements, je procèderai à quelques ajouts.
Jacob est mort en Egypte. Selon D. Petrovich il est arrivé à Avaris (Tell El-Dab'a, à l'entrée du delta du Nil en venant de Canaan) en 1876 av JC selon la chronologie biblique à l'époque de la grande famine de 7 ans. Il y est resté jusqu'en 1859, soit 17 ans (Genèse 47:11). En 1859, on est dans la phase de transition où le pharaon de la XIIe dynastie Sesostris III Khakaourê qui régnait depuis 1878 porte son fils Amenemhat III au statut de co-régent.
Dans les fouilles du site d'Avaris, la phase H (strate D2) est celle qui correspond à la XIIe dynastie. Elle est celle de la première occupation de peuples en provenance du Levant (Palestine-Phénicie).
Au nord d'Avaris (cf carte ci dessous) se trouve le temple d'Amenamhat Ier, fondateur de la dynastie, où les Hébreux construisirent une digue comme cela est indiqué dans la Bible.
Tandis que les Hébreux vivaient au sud-ouest (cf les zones explorées en noir).
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Les tombes dans cette zone sont des superstructures élevées car la nappe phréatique relativement superficielle empêchait d'enterrer les morts en profondeur. On a trouvé une maison d'architecture typiquement lévantine. C'est une maison tripartite avec quatre pièces qu'on retrouvera en Israël à partir de 950 av. JC - voir ici. D. Petrovich n'a aucun doute sur le fait qu'il s'agit de la maison du patriarche Jacob. Ce style architectural aurait été conservé pendant mille ans. L'historien envisage même d'explorer le véritable site de Béthel (il semble que les archéologues hésitent entre plusieurs sites) et espère y découvrir une maison de même plan, celle où vivait Jacob avant de venir en Egypte, ce qui pourrait tendre à prouver selon lui que les fondations retrouvées à Avaris sont bien celles de la nouvelle maison de Jacob.
Joseph a pris pour nom en Egypte Sasobek, "fils du dieu qui procure la prospérité du Nil" et aussi "Hohemhat Junior" ("Le roi des dieux est au premier rang" - ce qui correspond à la parole de Joseph dans Genèse 41:16 "ce n'est pas en moi"). Les deux noms auraient été contractés : Sobekemhat.
Le nom de Sobekemhat est connu par une mastaba trouvée à Dahchour (dans la vallée du Nil) où se trouvent plusieurs tombes de la XIIe dynastie, juste à côté de la pyramide de Sesostris III. Joseph a grandi en pays de Canaan au moment où régnait le pharaon de l'abondance Sesostris II (1897-1878) et sa fonction de vizir décrite dans la Bible peut avoir correspondu à la totalité du règne de Sesostris III.
On trouve sur la tombe de Sobekemhat le titre qui ne revient nulle part ailleurs dans les vestiges égyptiens de "contrôleur/commandant de tout le pays", ce qui est le titre que le pharaon donne à Joseph dans Genèse 41:41. Ce titre (encadré en vert ci dessous) n'a jamais été donné à aucune autorité égyptienne, c'est pourquoi les égyptologues se sont carrément abstenus de le traduire quand ils reproduisent toute la formule, en estimant que c'est une erreur de scribe. Le titre dans le rectangle rouge aussi correspond mot pour mot à ce que dit la Bible de l'autorité de Joseph.
Les Français qui ont découvert cette mastaba au début du XXe siècle, ont indiqué que le sarcophage a été enlevé. Or selon la Bible, son corps fut ramené en Canaan en 1446 av JC. Il a donc pu être enterré là à sa mort (en 1805 selon certaines datations) et amené près 350 ans plus tard en Terre Promise (min 36 de la première vidéo).
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A la mort de Jacob, quand son fils Joseph lui amène ses deux fils Manassé et Ephraim (fils d'une mère égyptienne) pour les faire bénir par son père, Jacob dit dans la Bible que Dieu lui était apparu à Luz et lui avait dit que ces deux enfants nés en Egypte (de mère égyptienne) seraient à lui (Genèse 48-5), ce qui signifiait qu'il fallait égyptianiser la culture hébraïque.
Selon D. Petrovich, les deux chambres retrouvées au dessus de la maison tripartite peuvent être celles de Manassé et Ephraim, qui se sont installés dans la maison de leur grand père à Avaris puis l'ont agrandie jusqu'à lui donner une dimension palatiale : la forme en rouge ci-dessous représente la maison tripartite originelle, les traits noirs ceux de l’agrandissement palatial (20 mn de la seconde vidéo).
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Une autre preuve de l'implantation d'une culture proto-israélite à Avaris est, pour Doug Petrovich, le fait qu'on y ait retrouvé une hache à bec de canard (duckbill axe) typiquement cananéenne de cette période. On y a aussi trouvé (F/1-p/19 tombe 1) la sculpture d'une tête, dont la coiffure est typique du Levant de cette époque. Dans la même tombe un morceau de la statue d'un homme correspondant à l'épaule droite avec des restes de pigmentation rouge, noir et blanc, ce qui, selon la reconstitution d'un artiste, pouvait correspondre aux motifs ci-dessous et peut donner une idée de la tenue d'apparat des hommes de la famille de Joseph.
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Sur le fragment de piédestal de la statuer figure le mot qui signifie en égyptien "encens" ce qui indique qu'elle a été faite en l'honneur d'un mort. L'égyptologue Dorothea Arnold a montré que le style de cette statue correspond exactement à celui des productions statuaires du règne d'Amenemhat III contemporain de Joseph (qui est mort après le règne de ce pharaon). Cela plaide dans le sens que la statue représente Jacob (mort en 1859 av JC) et non Joseph.
Ont été retrouvées dans le Sinaï (à Sarabit al-Khadim près d'une mine de turquoise) les premières lettres d'un alphabet qui est sémitique et conçu à partir des hiéroglyphes. Dans les années 1920, un égyptologue allemand a affirmé que c'était de l'hébreu. Il a été méprisé pour cela. Il est vrai que certaines de ses interprétations étaient fausses. D. Petrovich a examiné divers mots non élucidés jusqu'à comprendre toutes les lettres et les images qu'il y avait derrière. Fin 2016 il a publié "The World's oldest alphabet", qui lui a valu avant même sa publication, avant même d'avoir pu lire son argumentaire, une dénonciation par trois pontes (tout cela est cité dans le site Patterns of Evidence et le film du même nom). Une des inscriptions tardives de la série (Sinaï 361) mentionne Moïse (Mem-shin). Une de ces inscription sur des stèles, Sinaï 115 (qu'on date de 1842 av JC, année 18 du règne d'Amanemhat III), renvoie à la deuxième phase d'occupation cananéenne d'Avaris. On repère en haut à gauche une plume (cf ci dessous), à gauche de la plume une bouche, et au milieu une boîte non identifiée. Il y a aussi une sorte de sablier. Il a interrogé un spécialiste des langues sémitiques retraités, il a estimé que le sablier était un syllabique cananéen bien connu correspondant au son "oui". La boite est appartient au plus ancien alphabet. Le mot avec la plume est "Itchenoui", mot par lequel les Lévantin se désignent (équivalent de Rétjénou quand il est vu par les Egyptiens). Un autre terme peut se traduire par "maison du dieu de la terre" soit Bethel, qui a pu marquer ces Lévantins qui s'identifiaient à cette ville. Cela ferait une référence à Israel plus ancienne que le mot "Israel" trouvé sur la stèle de Merenptah de 1219 av JC ou celui du piédestal de Berlin de 1446 av JC (la période de l'exode).
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Si l'on regarde cette deuxième phase d'occupation asiatique d'Avaris (d/1), elle correspond à la vie de Manassé et Ephraim. Dans la nécropole au sud du complexe palatial (ou de la villa, puisqu'il n'y a pas de salle du trône) correspondant à cette période (F/1-m/18), plus précisément dans la tombe 3 la plus grande de celle de la zone, où furent découverts aussi des restes de moutons, chèvres et ânes, se trouvait la trace du principal occupant de la tombe, dont sa hache à lame étroite, qui est aussi cananéenne et non égyptienne, contre son fémur. La tombe comprend un bracelet en or, un bracelet en argent, un récipient en albâtre. Autant de signes de richesse. et surtout une bague dorée avec un scarabée en améthyste qui servait de sceau. Il est écrit dessus "the ruler of Retjenu Di-Sobek-em.hat", "le dirigeant de Rétjénou Di-Sobekemhat". Rétjénou est la région du Levant. L'inscription pourrait se lire comme le dirigeant "qui vient du Levant". Di-Sobekemhat veut dire qu'il a été nommé par Sobekemhat. Ce peut donc être la tombe d'Ephraim.
Si l'on se reporte à l'inscription égyptienne sur la stèle 112 du Sinaï (cf ci dessous), on y voit une scène représentant deux personnages, un intendant avec, sur un âne, son maître, "frère du chef de Rétjénou, Hebeded, qui est un participe passé: "celui qui a été défavorisé".
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Dans Genèse 48 quand Jacob bénit les deux fils de Joseph, il pose sa main droite sur le plus jeune Ephraim et lui accorde donc la priorité dans l'héritage. La même représentation sur la stèle 405 où les personnages portent un kilt qui évoque un lien avec la culture cananéenne fait figurer pour l'homme devant l'âne à la lance sur l'épaule (un personnage qui grandit d'une stèle à l'autre, comme un enfant), le nom de "Skm", qui se lit Shekam, mot qui figure dans Josué 17:2 en hébreu sous la forme de francisé de Sichem (Sekem en anglais), désignant un des fils de Manassé, ce qui est une raison de plus de penser que le "défavorisé" sur l'âne, qui fut chargé de gouverner cette petite ville du Sinaï est Manassé, et l'homme à la lance son fils.
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Identifying Joseph and Early Hebrew. November 12, 2019
Conférence de 2017 : "Is There Evidence for Manessah and Ephraim in Egypt? "
Antoinette Bourignon et l'hermaphroditisme d'Adam
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L'idée qu'Adam ait été à l'origine un androgyne (Genèse 1:27) et qu'Eve soit née d'une séparation de sa personnalité et de ses sexes est ancienne. On la trouve déjà chez Philon d'Alexandrie (-20/+45) et la rabbine Horvilleur dans "En tenue d'Eve" accorde du crédit à cette lecture de la Bible en se fondant sur la traduction du mot Tzela comme côté et non côte.
Voltaire connaissait cette tradition que, dans son Dictionnaire philosophique (article Adam), il attribue aux rabbins. et il attribue aussi la défense de cette idée à Mme Bourignon (1616-1680) : "La pieuse Mme Bourignon était sûre qu'Adam avait été hermaphrodite, comme les premiers hommes du divin Platon". (Il aurait pu ajouter qu'une secte sous le pape Innocent III l'avait affirmé aussi ainsi que Jakob Boehme).
Effectivement on lit dans « La Vie continuée de Mademoiselle Bourignon » :
« Adam, le premier homme, dont le corps était pur et plus transparent que le cristal, tout léger et volant pour ainsi dire ; dans lequel et au travers duquel on voyait des vaisseaux et des ruisseaux de lumière qui pénétraient de dedans en dehors par tous ses pores, des vaisseaux qui roulaient en eux des liquides de toutes sortes ; très vives et toutes diaphanes, non seulement d’eau, de lait, mais de feu, d’air et d’autres…
« Il était de stature plus grande que les hommes d’à présent ; les cheveux courts, annelés, tirant sur le noir, la lèvre de dessus couverte d’un petit poil ; et, au lieu des parties bestiales que l’on ne nomme pas, il était fait comme seront établis nos corps dans la vie éternelle, et que je ne sais si je dois dire : il avait dans cette région la structure d’un nez, de même forme que celui du visage ; et c’était là une source d’odeurs et de parfums admirables. De là devaient aussi sortir les hommes dont il avait tous les principes en soi, car il avait dans son ventre un vaisseau où naissaient de petits œufs et un autre vaisseau plein de liqueur qui rendait ces œufs féconds… Et cet œuf, rendu fécond, sortait quelque temps après par ce canal hors de l’homme, en forme d’œuf et venait peu après à éclore en homme parfait ».
Le Monde illustré du 18 mai 1935 présentait ainsi Mme Bourignon :
"Antoinette Bourignon, vers 1640 est une lilloise illuminée, qui s'imagine n'être plus une femme tout en n'étant pas un homme. Antoinette devient une sorte d'idole villageoise, encensée par la comtesse, les paysans et le jeune curé Clergeot, que les jurassiens ont emmené avec eux. Le hasard fait que Clergeot n'est point aussi très bien fixé sur sa véritable nature. Antoinette Bourignon et la comtesse se le disputent. Antoinette emmène l'Eliacin à Lille où (déguisées en femmes), ils ou" elles dirigent un orphelinat, lequel «orphelinat se peuple bientôt d'enfants, ce qui donne à penser que Clergeot a choisi entre ses deux possibilités. Chassés de Lille, chassés de Flandre, Antoinette et ses paysans se réfugient en Hollande. "
Ce que ne dit pas le résumé c'est que son orphelinat de filles fut frappé d'un cas de possessions collectives, ce que nous apprend Reinach. Un mémoire de le Société des sciences de l'agriculture et des arts de Lille de 1853 a un avis plus nuancé sur la question, tout comme sur l'ensemble du personnage de Mlle Bourignon.
Celle-ci voulait en elle-même incarner le premier Adam hermaphrodite. C'est un de ses aspects les plus pittoresques.
Voltaire avait entendu parler de cette visionnaire par le Dictionnaire de Bayle. Le critique d'art Louis de Fourcaud l'avait appréciée, au même titre que Mme Guyon.
J'aime bien à son propos cette anecdote relevée par Bayle qu'elle avait eu en 1666 une vision de Bruxelles en feu, qui la persuada de quitter la ville (alors que la capitale belge n'allait être bombardée qu'en 1695). Et encore cette remarque de l'encyclopédie catholique disant qu'elle " était d'une difformité et d'une laideur tellement repoussante, qu'à sa naissance une assemblée de famille discuta si elle ne devait être étouffée. Antoinette s'exila du monde, vécut dans la solitude où elle se livra avec passion à la lecture, séduisante pour elle, des livres mystiques." Dans un livre d'histoire du Dr Bouquet il est question de son bec de lièvre qui aurait disparu avec l'âge. Etait-elle vraiment si laide que cela ?
Dans les années 30 (en 1934 précisément) André Thérive dans le roman "Le Troupeau galeux" essaie de rendre compte de l'épopée de cette cheffe de secte à travers le regard que porte sur elle un prêtre rescapé de l'incendie du village de Saint Claude dans le Jura par les troupes de Richelieu... Mais le roman a le défaut de toutes les approches "savantes" du XXe siècle. Il réduit le surnaturel à la psychologie. Cette Mlle Bourignon aux yeux de Thérive n'est plus qu'une solitaire à la fois géniale et détraquée qui aurait forgé son idéal androgynique après avoir été violée par un capitaine de l'armée, pour dépasser le traumatisme.
Si tel était le cas, elle n'aurait pas séduit autant d'esprits brillants de son époque qui ont tout abandonné pour sa prédication religieuse. Il y a autre chose, mais quoi ? Qui lui souffle ces idées sur Adam qui recoupent si étrangement une certaine mystique juive ? Qui lui dicte les centaines de pages qu'elle écrit ?
J'ai parcouru les témoignages de "Toutes les Oeuvres d'Antoinette Bourignon", un recueil de courriers détaillés de Flamands contemporains d'Antoinette qui certifient qu'elle était la plus honnête des personnes et la plus charitable. Ce sont pour la plupart des protestants qui saturent leurs commentaires de références bibliques pour assurer que rien chez "la Bourignon" ne dépassait de ce cadre et que c'était une vraie sainte. Une sainte ou une possédée ? Probe elle l'était, au point de rester attachée au catholicisme romain en terre réforme, malgré son excommunication : on ne peut pas lui reprocher de chercher à s'adapter à son auditoire, ce qui ne l'empêche pas de fasciner les calvinistes. Son austérité à l'égard de l'argent et des plaisirs de la chair ne fait pas de doute non plus - mais Hilaire Belloc ne disait-il pas que les hérétiques faisaient toujours surenchère de vertu, qu'ils étaient inspirés par le diable pour ce faire ? Dans le cas de Bourignon, on hésite tout de même, un peu comme à propos d'Origène. Comment tant de vertus et tant d'intuitions bibliques pourraient-elles n'avoir comme fin que la perte de la chrétienté ? Alors quoi ? Un christianisme alternatif, ou simplement "autre", qui aurait dû se voir reconnaître une place parmi d'autres options bibliques ? On ne sait. Antoinette Bourignon était convaincue d'être la voix du vrai christianisme, du seul, et pour elle toutes les églises protestantes comme catholiques mouraient d'hypocrisie et de dépravation, c'était la fin des temps, seuls ses disciples seraient sauvés. Orgueil des fondateurs de secte. Sans doute la plus grande preuve du luciférisme de cette dame. Mais faut-il mettre au compte aussi d'une inspiration sulfureuse les dons de discernement qu'elle avait qui lui faisaient voir qu'une femme avait épousé son mari seulement sous l'inspiration d'un démon (ce que ladite femme devait avouer spontanément à son curé en confession peu de temps après) ou repérer qui était son ennemi ou son allié au moindre coup d'oeil ? Avec le même discernement et la même foi elle pouvait prédire à quelqu'un qu'il guérirait bientôt, et à quelle condition ou qu'il mourrait. Cependant point de miracles à son actif comme à celui du Padre Pio. Pas de lévitation, pas de dédoublement, pas de guérisons spectaculaires. A ceux qui le regrettent les témoins répondent "sa personnalité seule, sa douceur, sa patience, son humilité et sa persévérance à elles seules valaient tous les miracles".
Etrange phénomène tout de même. Et ses disciples qui l'accompagnèrent d'une ville à l'autre aux Pays-bas fuyant les persécutions que sont-ils devenus après sa mort ? Croyaient-ils tous en l'idéal androgyne aussi fermement qu'elle même ? Il y aurait un livre à écrire sur eux.
Les visionnaires hérétiques sont toujours embarrassants. Parfois ils avancent des questions nouvelles voire des intuitions sur les textes sacrés qui peuvent stimuler les recherches. Il arrive souvent que des exégètes canoniques aillent regarder les "trouvailles" des hérétiques. Par exemple dans cette conférence à l'Ecole nationale des Chartes de 2015 (minute), l'historien de l'art Yves Christe rappelle que le donatiste Tyconius (IVe siècle) dans ses commentaires de l'Apocalypse était utilisé par les auteurs "orthodoxes", quoiqu'avec réticence : Primase évêque d'Hadrumète au milieu du VIe siècle dit à son propos qu'il l'a utilisé mais qu'il a été "chercher des perles dans du fumier". Bède le Vénérable dit qu'il est allé chercher "des roses parmi les épines". En se penchant sur certaines intuitions d'Antoinette Bourignon, risque-t-on de trouver des perles dans du fumier ?
Les Kerubîm jumeaux, gardiens du divin au rôle paradoxal
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L'arche d'alliance dans le temple de Jérusalem jadis était surmontée de deux chérubins qui n'ont rien à voir avec les bébés joufflus de la culture latine mais, si l'on en croit Ezechiel 1 seraient plutôt des créatures humanoïdes à quatre ailes et quatre visages (voir la vidéo de 33rd book).
Pour comprendre la fonction de ces figures, il faut remonter à celle du Karibu qui, en Mésopotamie, gardait l'accès des temples. D'après les briques de Tepti-ahar (roi de Suse au XV e s av JC), il intercèdait par ses prières pour le visiteur. Dans le même esprit à Babylone les déesses lamasti (souvent représentées dorées) qui sont doubles ont la même fonction autour de la statue de la divinité. Un sceau retrouvé à Beth Shemesh en Palestine ainsi qu'un autre à Meggido les représentent de la sorte.
A l'époque assyrienne (à partir de 1 300 av JC - voir nos remarques sur le livre de Nahoum ici), ces orantes sont remplacées par des êtres ailés en partie animaux : sphynx ou Kerubim. A Qatna au nord de Damas, la princesse Ita fille d'Amenemhat II (1938-1904), troisième pharaon de la 12ème dynastie, dédie deux sphynx ailés à une déesse locale et Amenemhat III envoie deux sphynx ailés qu'il fait dresser à l'entrée du temple de Baal d'Ougarit (au nord de la Syrie).
Les Kérubim de la Bible (chérubins) ont gardé cette fonction de gardiens des portes. Dans Genèse 3:24, ils sont placés par Dieu à l'entrée d'Eden après l'éviction d'Adam, pour garder l'arbre de vie, comme les deux sphynx gardant l'arbre sur le pectoral d'Enkomi trouvé à Chypre (XIV e s. av JC). Voir aussi à propos du roi de Tyr : "Tu étais un chérubin protecteur, aux ailes déployées" (Ez 28:15, qui souligne aussi qu'il était fait de pierres étincelantes) et la description du temple de Salomon dans 1 Roi 6 : "Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage, ayant dix coudées de hauteur.(...)La hauteur de chacun des deux chérubins était de dix coudées. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison, dans l'intérieur. Leurs ailes étaient déployées: l'aile du premier touchait à l'un des murs, et l'aile du second touchait à l'autre mur; et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrémité au milieu de la maison".
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Hérodote parle des deux piliers d'or fin et d'émeraude devant le temple de Melkart à Tyr ce qui évoque les pierres précieuses du chérubin prince de Tyr. André Dessenne en 1957, a noté à propos des sphynx égyptiens qu'il y a eu une transition entre les sphynx gardiens de la déesse reine des animaux sauvages, et les sphynx gardiens de l'arbre de vie.
Fernand Chapouthier dans "Les dioscures au service d'une déesse" en 1934, rapproche les dieux jumeaux grecs des Sphynx proche-orientaux, dans la mesure où dans la mythologie grecque ils encadrent souvent, comme en Syrie, une divinité féminine. J'avoue que j'ai été ravi de découvrir cela, moi qui me suis demandé depuis des années pourquoi l'auteur des Actes des Apôtres précise (dans Actes 28:11) : "C’est au bout de trois mois que nous avons repris la mer à bord d’un navire d’Alexandrie, portant comme emblème les Dioscures, et qui avait passé l’hiver dans l’île." L'allusion aux Dioscures ne pouvait être gratuite. On voit que là elle renvoie aux sphynx, aux keroubim gardiens d'une vérité supérieure (arbre de vie).
Raymond Kuntzmann dans Le symbolisme des jumeaux au Proche-Orient ancien. Naissance, fonction et évolution d'un symbole, chapitre 4, souligne que ces jumeaux ont donc une fonction d'interdiction de l'initiation (ils barrent la voie à l'arbre de vie), mais ils sont aussi le support du trône de Dieu, et à ce titre, associés à l'orage et aux nuées. C'est le cas dans les textes ougaritiques à propos de Yahwé. ils peuvent aussi être le char de Dieu comme les Ophannîm (êtres angéliques) sont les roues du char dans Ezechiel 10:9-17. C'est pourquoi Dieu siège sur et entre les Keroubim (Ps 99:1, Is 37:16, Is 4:4). Ceux-ci donc, comme les lions de Cybèle, à la fois empêchent l'accès au divin et permettent sa manifestation en se faisant les reflets de sa puissance.
Remerciements à "Des Trésors cachés dans le sable"
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Tous mes remerciements au blog "Des trésors cachés dans le sable" pour avoir bien voulu signaler la publication de mon dernier livre sur les Nephilim.
Je vous conseille vivement la lecture de ce blog pour approfondir votre connaissance de la Bible (notamment l'Ancien Testament).
La fraude mystique de Marthe Robin
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J'ai évoqué il y a peu la connexion bizarre entre Marthe Robin et les Ovnis soulignée par feu l'occultiste Sylvie Simon, et j'ai aussi signalé ailleurs combien la bienveillance de Marthe Robin pour la très athée Simone de Beauvoir, dont témoigne Jean Guitton, était des plus suspectes. Je voudrais aujourd'hui dire un mot du livre La fraude mystique de Marthe Robin écrit par le carme déchaux Conrad de Meeste. Le youtubeur Arnaud Dumouch a essayé en vain selon moi (ce n'est pas mon premier désaccord avec lui) de le discréditer (ici), mais il mérite qu'on s'y intéresse. Car Conrad de Meeste dresse une liste impressionnante des auteurs (pour la plupart des mystiques), que Marthe Robin a purement et simplement plagiés, dans ses livres et dans sa correspondance, en montrant très minutieusement les paragraphes entiers qu'elle a recopiés sans jamais révéler qu'elle les leur volait. Le procédé est d'autant plus choquant de la part de la pieuse paralytique que celle-ci prétend évoquer ses propres sentiments et sa propre expérience, en recopiant en fait les mots des autres, comme un Bernard-l'Hermite. Ici croyez vous que Marthe raconte une de ses descentes aux enfers dans un récits qu'elle a écrit? Hé bien non ! Elle a seulement recopié dans le livre celle de la capucine italienne Véronique Giuliani telle qu'elle l'a trouvée dans son journal. Là pensez-vous qu'elle évoque les élans de son coeur, et ses prières intimes à Dieu ? Non, ce sont des paragraphes recopiés des carnets de la mystique Gemma Galgani... à laquelle Marthe Robin pourtant ne rendra jamais justice puisqu'elle ne cite pas son nom. Et l'imposture se prolonge sur des centaines de pages.
Conrad de Meeste s'est aussi penché sur le mystère de la "secrétaire" de Marthe Robin, puisque celle-ci, paralyse des quatre membres, était censée ne plus pouvoir écrire ni manipuler un livre depuis 1929, secrétaire que personne n'a jamais pu identifier. Par delà les nuances graphologiques, les constantes détaillées par Conrad de Meeste, y compris dans les fautes d'orthographe, persuadent l'auteur que c'est bien Marthe Robin qui a écrit la plupart de ses textes à la main : elle n'était donc pas paralysée des quatre membres ! L'étude des brouillons des lettres ou des annotations du volume des Lettres à une carmélite de Marie-Antoinette Greuser retrouvé au sous-sol du Foyer de Charité de Châteauneuf (plagié par Marthe Robin en 1936) confirment cela.
Le père de Meeste au fil de son enquête découvre ainsi une femme manipulatrices, qui a adopté quatre ou cinq styles d'écriture, manipule le père Finet son protecteur, s'adapte à toutes les situations, une psychologie que l'auteur impute à la naissance illégitime de la sainte,fille d'un commis agricole qui ne l'a jamais reconnue (et elle le savait), et à sa relation difficile à son père "officiel".
Le père Marie-Bernard qui fut l'accompagnateur de Marthe comme tertiaire capucine en 1926-28, intrigué par les largesses de la baronne de Baÿ envers la jeune femme mit à l'épreuve le caractère de la mystique en utilisant des règles classiques que lui recommandèrent des théologiens. Il découvrit son manque d'humilité en la faisant prendre en photo, puis son amour de l'argent. Il écrit d'ailleurs : "Elle réclama d'abord des douceurs... les meilleurs que fabriquait un pâtissier et confiseur de Lyon. On prétendait plus tard qu'elle ne vivait que de l'hostie consacrée. J'ai la preuve évidente du contraire".
Le père de Meeste creuse aussi le volet médical, montre que les médecins choisis par Marthe ont tous des préjugés favorables. Certes Marthe Robin était handicapée : l'hyperesthésie n'est constatée qu'à partir des déclarations de la malade ; la thèse de sa cécité après 1939 est contredite par le fait même que les médecins trouvent aux yeux une apparence normale, ; le sang constaté sur le corps a coulé mais n'est pas en train de couler. Il n'y eut jamais de vérifications cliniques sans cesse reportées. Et les chaussons trouvés au pied du lit à sa mort posent problème... Un des signes de l'imposture : les ongles de Marthe qui s'useraient "spontanément" au contact du chapelet qu'elle arrive quand même à égrainer avec ses doigts... alors qu'on a trouvé des coupe-ongles chez elle à sa mort...
A sa mort le corps de Marthe n'avait pas d'escarres propres aux paralytiques. Le père de Meeste a pu reconstituer le mouvement par lequel la mystique pouvait glisser sur le sol avec les jambes repliées, pour sortir de sa chambre. Pour le père de Meester toute la vie de Marthe Robin après 1929 est donc une supercherie, à part le fait qu'elle était partiellement paralysée. Et la façon dont elle emprunte les mots des autres pour décrire ses transes (sans signaler qu'elle plagie) est la preuve que le coeur même de sa vie spirituelle était faux et tourné vers l'intention d'attirer l'attention des gens, et leur argent...
Le Saint Suaire et le décès de Jésus par infarctus
J'ai présenté il y a plus de trois ans les travaux d'Arnaud-Aaron Upinsky sur le Suaire de Turin. Il faut aussi se reporter à la intervention du Dr Piero Pescetelli à la conférence "La Sindone: un mosaico di ricerche", le 11 mars 2017.
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Il s'agissait d'une conférence dont l'intitulé peut se traduire par "Le Suaire: une mosaïque de recherches - Approche multidisciplinaire de l'étude du Linceul". Elle était organisée par l'Académie Pontificale Alphonsienne (une académie pontificale romaine qui dispense une formation en théologie morale, qui était la puissance invitante), les Amis romains du Linceul et In Novitate Radix.
Pietro Pescetelli, chirurgien intermédiaire, est diplômé de l'Université catholique du Sacré-Cœur de Rome, spécialiste en cardiologie et médecine interne, directeur émérite des unités opératoires de gériatrie et de soins de longue durée de l'hôpital d'Agnone.
La conférence est en italien, mais se comprend assez bien avec une oreille française. Un des apports intéressants de la conférence est le décès par infarctus sur la croix et non par étouffement de Jésus, qu'on déduit du suaire de Turin, comme il se manifeste aussi dans les maculations de sang des hosties consacrées (il est maintenant possible de savoir de quoi est mort celui dont les cellules sanguines sont prélevées sur les hosties). Je vous laisse écouter la conférence ci-dessous.
Les Cercles qui se réclament du Padre Pio
On a évoqué il y a six mois sur ce blog les Cercles Bruno Gröning (1906-1959) qui organisent une sorte de présence du grand médium guérisseur dans les assemblées qui se réclament de lui et par lesquelles le fondateur mort poursuit son oeuvre de guérison. Sans doute les chrétiens diraient-ils que les hérétiques ne font qu'imiter les oeuvres de Dieu, mais j'ai été surpris d'apprendre hier en écoutant une émission sur You Tube de l'association "Le Sentier de la Croix Glorieuse" (lié à Dozulé) que, dans le giron de l'Eglise catholique il existe autour de Padre Pio (1887-1968), le même genre de cercle très discret et confidentiel qui se réunit dans les monastères de capucins à travers le monde (par exemple, à date fixe à Paris, le deuxième samedi de chaque mois dans l'après midi, 32 Rue Boissonade, dans le 14ème arrondissement et le 3ème vendredi de chaque mois à St Nicolas des Champs).
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L'émission renvoyait au livre "Le Secret de Padre Pio", paru en 2013, que je me suis empressé d'acheter.
Comme le met en exergue la quatrième de couverture du livre, «le 13 mai 1981, Ali Agca tire sur Jean-Paul II. C'est un excellent tireur et pourtant cet assassinat échoue. Le tueur turc révèle alors : " (...) à côté de moi, il y avait une sœur qui, à un certain moment, m'a pris le bras droit, c'est pourquoi je n'ai pu continuer à tirer. Autrement, j'aurais tué le Pape."
Antonio Socci, en lisant ces mots, est saisi : qui est cette sœur ? Il mène alors l'enquête et remonte à sœur Rita, fille spirituelle de Padre Pio. Comment obtint-elle le « salut » d'un grand pape ?».
Antonio Socci, journaliste à la RAI, rappelle qu'une des deux premières balles, celle qui a touché le pape, a filé en zigzag dans le ventre et a évité de très peu l'aorte du pape. Ce que le pape a attribué à l'intervention de Notre Dame de Fatima, dont on célébrait l'anniversaire de la première apparition.
Socci s'est intéressé à la religieuse qu'Agca a vue à côté de lui au moment où il tirait. En rangeant des dossiers, il tombe sur l'histoire de Cristina Montella (soeur Rita Montella), "la petite fille du Padre Pio", stigmatisée en 1935, décédée en 1992 et qui avait le même âge que le pape. Il a enquêté en Toscane auprès du père Franco d'Anastasio, recteur du sanctuaire de Saint Gabriel de l'Addolorata (le saint patron des Abruzzes, mort en 1862). Tout de suite après 1981, soeur Rita confia au père Franco, lors d'un entretien - en lui faisant promettre d'en garder le secret jusqu'à sa mort), qu'elle avait été présente, en bilocation, sur la place Saint-Pierre, le 13 mai 1981. Elle avait ajouté : "Avec la Sainte Vierge, je déviai le coup de l'auteur de l'attentat contre le pape". Ce témoignage a déjà été cité dans 3 livres en Italie dans les années 2000).
Une autre fois soeur Rita dit à son amie Gabriella Panzani : "Comme il me fut difficile de faire en sorte que ce ne soit pas plus grave." Socci l'interprète ainsi (p. 18) : c'est à force de prières et de lourdes pénitences que soeur Rita obtint de pouvoir empêcher l'assassinat du pape, parce que la souffrance volontaire peut "faire violence à la justice de Dieu" (Mt 11:12, Romains 12:1).
Ali Agca a parlé de cette soeur qui retenu son bras, et Adriano Sofri dans la revue Panorama en 1997 a aussi évoqué cette religieuse qui s'est ensuite volatilisée.
Dans l'Echo de Bergame du 10 janvier 2006, Soeur Lucia Giudici, la soeur qui a arrêté le tueur et que Socci a pu interviewer en 2007, a confirmé qu'elle était à 10 m derrière lui quand il a tiré et que donc ce n'est pas elle qui a retenu son bras.
L'histoire de Soeur Rita permet de mieux comprendre la postérité du Padre Pio et son secret. Lucia Forentino, tertiaire franciscaine, morte en 1934 à 45 ans, qui avait des locutions intérieures et s'était offerte comme victime pour l'apostolat de Padre Pio a témoigné que Jésus en 1923 lui a dit que Padre Pio était l'arbre qui recouvrirait le monde entier qu'il lui avait annoncé en 1906. Maria Francesca Foresti (1878-1953), franciscaine qui connut Padre Pio en 1919, affirme que Jésus en rêve lui dit qu'il sauva l'Italie d'une révolution communiste grâce à la prière de Padre Pio (qu'il qualifie de "parfait imitateur" de sa vie) en 1920 (p. 27). Padre Pio lui-même a fait savoir à Giovanni Bardazzi (un ancien communiste qui amenait toutes les semaines des gens au Padre Pio) qu'il donnerait plus après sa mort. Le rôle de Soeur Rita s'explique d'autant plus qu'en avril 1948, Padre Pio avait dit à Wojtyla, 30 ans avant qu'il ne devînt pape : "Tu deviendras pape, mais je vois aussi sur toi du sang et de la violence".
Avant sa disciple Rita, Padre Pio avait été un habitué des bilocations. Il avait même précisé ceci à ses frères en 1922, veille de la fête de St Antoine : sans savoir si c'est le corps ou l'âme qui se déplace (bilocation objective/subjective), ils se sentent se déplacer. Resté à San Giovani Rotondo, en méditation, il avait été vu ailleurs et des gens avaient parlé avec lui. Le 18 janvier 1905, alors qu'il est étudiant en philosophie dans un couvent de Pianisi, vers 23 h tout en discutant avec un frère il est transporté das une maison seigneuriale où un père meurt et une enfant nait. La Sainte vierge la lui confie en disant que cette enfant très pure ira vers lui à Saint Pierre de Rome. Le Padre Pio le note dans son journal un mois plus tard (que le père Agostino de San Marco allait conserver).
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C'est la marquise Rizzani Boschi. Sa mère lui raconta qu'effectivement quand elle accoucha dans la cour de leur château en 1905 avant le dernier soupir de son mari, elle aperçut un capucin. La marquise chercha à se confesser en vain auprès d'un capucin (qui était Padre Pio mais elle l'ignorait) en 1922 à Saint Pierre de Rome puis alla le voir à San Giovani Rotondo. Quand elle devint franciscaine tertiaire Padre Pio la nomma Jacopa du nom d'une femme qui avait vu mourir St François d'Assise, et lui annonça qu'elle assisterait à sa mort, ce qui se passa en septembre 1968 (puisqu'elle entendit la voix du père, ce qui la poussa à se rendre à San Giovani Rotondo, puis le 22 septembre elle eut la vision de la mort du capucin, avec les gens qui y étaient présents, elle se réveilla brusquement, se rendit à sa cellule et apprit qu'il était mort. Elle avait donc assisté elle aussi à son décès par une forme de bilocation.
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Le Padre Pio avait fait plusieurs bilocations à Lourdes sans jamais sortir de son couvent, et pouvait en décrire le sanctuaire. Il priait fréquemment en bilocation avec soeur Rita Montella. Il apparut au général Cardona, chef d'Etat major catholique de l'armée italienne en Vénétie quand celui-ci voulut se suicider après la défaite de Caporetto. A partir de 1949 il assista aussi le primat de Hongrie incarcéré par les communistes dans sa geôle et lui apporta ce qui était nécessaire pour qu'il dise sa messe.
Les disciples du Padre Pio partagent les mêmes charismes. Mais à la différence des cercles de Bruno Gröning, ils le paient d'un prix élevé : ils se font "victimes" expiatoires pour le reste de l'humanité, comme Antonietta Vona (1886-1949) qui vivait allongée sur un lit, le corps recouvert de multiples plaies, ou une certaine "Laura" (pseudonyme), née en 1988, future mère de famille que le journaliste a rencontrée en 2005. Ces charismes se payent au prix fort : des souffrances horribles notamment au moment des célébrations des messes où les "victimes" revivent les souffrances de Jésus-Christ sur la croix.
A l'été 1994, une femme "victime", et employée d'un hôpital, qui était sous la guidance spirituelle du père Gabriele Amorth (1925-2016), exorciste du diocèse de Rome, annonça qu'aux portes de Rome une statuette de la Sainte Cierge (celle qu'avait achetée à Medjugorje le curé de Pantano et qu'il offrit à une famille de Civitavecchia en septembre 1994) pleurerait des larmes de sang, ce qu'elle fit à plusieurs reprises à partir du 2 février 1995, mais qu'avec des prières l'Italie éviterait la guerre civile. Selon Socci, le sacrifice de ces victimes joue un rôle cosmique spécial pour l'Italie, la papauté, et le monde. C'est, à n'en pas douter, un des aspects les moins connus de l'histoire contemporaine, et même de celle qui s'enseigne dans les milieux catholiques.
"Une souris verte" : lecture alchimique/lecture nazaréenne
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Il existe au moins deux versions de la comptine "Une souris verte" que chantent nos enfants depuis le XVIIIe siècle. L'une est alchimique (démoniaque, d'un point de vue chrétien), l'autre biblique (divine) explicitement conçue pour neutraliser les effets pervers de l'occultisme actuel sur les âmes jeunes.
Commençons par la version alchimique, présentée notamment par Patrick Burensteinas et reprise sur You Tube par l'auteur du Blog Mysteria (cf ci dessous) en octobre 2018.
En alchimie le vert est la connaissance des choses cachées. "Une souris verte", c'est "le vert vous sourit" (dans la "langue des oiseaux") . La première phrase signifie donc : "il y a une chose cachée, ça se situe à tes pieds".
"Je l'attrape par la queue" : attrape la pierre (dans les cuisines il y avait des maîtres queue, qui aiguisaient les couteaux avec une queue de rat, en pierre, donc la queue c'est une pierre).
"Je la montre à ces messieurs" : regarde la nature et apprends d'elle (car messieurs, ce sont mes cieux, c'est à dire le divin naturel)
"Ces messieurs me disent" : la nature te dit
Trempez la dans l'huile, trempez la dans l'eau : travaille sur tes émotions, élève ton esprit l'huile est un soufre, visqueux, et l'eau un mercure, donc l'une symbolise les émotions, l'autre l'esprit)
"Ca fera un escargot tout chaud" : tu trouveras la pierre philosophale. Une escarre c'est une brûlure. Gal veut dire pierre, comme dans galet. La pierre brûlée est la pierre des philosophes quête ultime des alchimistes.
Qu'en disent les nazaréens (qui veulent restaurer le christianisme hébraïque des apôtres - en fait ils récusent même l'expression christianisme) ? L'enseignant Ezra de Nevilot Olam précise qu'il cherche à contrer là le "conditionnement" par les alchimistes et par les francs-maçons (notamment leurs jeux de mot sur le "colimaçon bâtisseur" qui est souvent avancé par eux).
La souris du point de vue de la Torah n'est pas un rongeur, mais un ruminant, comme tout animal qui remange plusieurs fois sa nourriture, or la souris mange ses excréments. Elle symbolise les gens dans le monde : les gens pas sauvés. Elle est dite verte, qui est la couleur associée à la mort, à ce qui pourrit, comme le cavalier vert pâle de l'Apocalypse. Elle est verte dans une herbe verte, donc complètement indiscernable, spirituellement perdue dans un monde qui va vers sa mort.
En hébreu la nature se dit en hébreu talmudique "teva' " ou hateva si l'on en croit le site judaïsme.sdv.fr (les nazaréen rejetant le talmud il est bizarre qu'ils aient recours à ce terme, mais bon...) dont la racine est "tb" qui dans diverses langues sémitiques fonde le verbe qui renvoie à l'idée de se noyer (Exode 15:4), s'enfoncer (I Samuel 17: 49).
La souris est l'incroyant mort dans cette eau du monde. D'où le sens de la tevila ou t'vilah (immersion au mikveh dans l'Ancien testament, baptême d'eau chez les chrétiens), qui symbolise la sortie de l'eau (Colossiens 2:12), c'est pourquoi Yeshoua/Jésus dit que les apôtres doivent être des pêcheurs d'hommes (Matth 4:19) parce que l'homme doit être sorti de l'océan où il meurt : noyé dans la nature, il devient surnaturel en en sortant. C'est pourquoi Jésus marche sur l'eau tandis que Pierre coule lorsqu'il ne croit pas. La souris court parce qu'elle est perdue, elle n'a pas le temps d'écouter. C'est pourquoi la voix de Dieu s'entend dans le désert où on ne court pas.
"Je l'attrape par la queue" est symbole de la conversion, de la techouva, תשובה (metanoia en grec). techouva signifie qu'on se retourne (שׁוּב (shuv). La souris est retournée avec la tête en bas. L'évangélisateur (insiré par l'Esprit) qui attrapé par la queue, va la montrer à ces messieurs : le Beit Din ( בית דין) tribunal religieux (Deutéronome 16:18) qui évalue la sincérité du repentir et de la conversion.
Le Beit Din dit à l'évangélisateur de la tremper dans l'huile et dans l'eau. Normalement c'est l'inverse, on commence par l'eau sauf dans Actes 10 où le centurion Corneille reçoit le baptême de l'esprit avant celui de l'eau. L'huile est le baptême de l'esprit, après la tevila d'eau qui correspond à la repentance.
Ezra reprend ensuite escarre-gal comme l'alchimiste, et lui donne le sens de pierre blessée (qui est plus rigoureux que pierre brûlée chez l'alchimiste car une escarre est une blessure et non une brûlure). Cela renvoie à Nombres 10:11 : "Puis Moïse leva la main et frappa deux fois le rocher avec sa verge. Il sortit de l'eau en abondance. L'assemblée - kehilla קהילה - but, et le bétail aussi." "Ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ" (1 Cor 10:4). L'escargot ressemble à une pierre, et il laisse de la bave derrière lui, qui est de l'eau et d'ailleurs la bave de l'escargot redonne vie aux cellules, elle les regénère. L'escargot ne court plus, il est posé. Et il est chaud comme du pain frais est chaud. Il est tout nouveau, comme le pain de vie qui descend du ciel. Le rocher est comme le pain (le pain hébraïque avait la forme d'un rocher).
L'interprétation de l'enseignant nazaréen porte aussi sur la strophe suivante que n'examinait pas l'alchimiste : elle est dans un tiroir obscur qui est la nuit spirituelle, la tentation, la confrontation aux Ténèbres, comme Jésus au désert pour tester la teshouva. Elle a chaud dans le chapeau : ça c'est le test physique par les persécutions. Les trois petites crottes dans la culotte ne sont plus mangées, la souris ne mange plus ses excréments comme au début. Trois crottes parce qu'il y a une triple sanctification "esprit-âme-corps" (1 Thessalonicien 5:23). Ezra remarque aussi que la spirale de la coquille de l'escargot est aussi celle de la galaxie ("pierre de l'axe", pierre de fondation du Temple dans Psaume 118:22 qui est Jésus rejeté par les francs-maçons bâtisseurs).