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Articles avec #christianisme tag

Le nom de Marie Madeleine supprimé dans un exemplaire de l'Evangile de Jean

22 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire secrète, #Sainte-Baume

Une étude de 2016 d'une doctorante de l'Université Duke, Elizabeth Schrader (interviewée ici par le youtubeur Andrew Mark Henry), montre que les copieurs de l'Évangile de Jean ont peut-être diminué le rôle de Marie-Madeleine.

En regardant de près une image numérique du papyrus 66 -  un manuscrit grec du XIIe siècle généralement considéré comme le plus ancien manuscrit presque complet de l'Évangile de Jean - Elizabeth Schrader a remarqué quelque chose d'étrange.

Dans Jean 11:21 ("Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort."), le mot « Maria » (ou Marie) avait été modifié : le symbole grec iota - le « i » - a été rayé et remplacé par un « th » qui a changé le nom en « Martha » (Marthe). Et dans Jean 11:3, le nom d'une femme a été remplacé par « les sœurs » : Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.

Marthe est présente dans l'Evangile de Luc, mais il y aurait, selon Schrader, une volonté délibérée des copistes d'en faire dans l'Evangile de Jean la soeur de Lazare en lieu et place de Marie-Madeleine.

Dans Jean 11:27, c'est Marthe qui dit "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde", phrase très importante. Dans Tertullien (150-220), c'est Marie.

Le prédicateur James Snapp Jr a objecté que Schrader allait trop loin dans l'interprétation des  ratures observées dans le P66.

Dans Jean 11:1, explique-t-il, le copiste de P66 a d'abord écrit l'équivalent grec de "Or un certain homme était malade, Lazare de Béthanie, le village de Marie et de Marie sa sœur.   Puis, s'apercevant qu'il avait écrit « Marie » deux fois », il est revenu en arrière pour corriger le texte en effaçant la lettre iota dans la seconde Μαρ ι ας et en la remplaçant par la lettre thêta , de manière à écrire Μαρ θ ας.   Ce genre d'erreur n'est pas particulièrement inhabituel pour ce copiste ; il a commis au moins 15 autres erreurs de dittographie (écrire deux fois ce qui devrait être écrit une fois) dans le texte de Jean.  Pour lui, la plupart des points soulevés par Schrader sont des erreurs d'inattention, comme il en existe beaucoup dans les manuscrits.

On observera aussi que sur le Net, à part les objections de Snapp, il n'y a pratiquement pas de reprise de la thèse de Schrader sauf dans des gender studies (voyez sur Google Scholar), ce qui laisse entendre que celle-ci a sans doute tiré des conclusions hâtives  sous l'influence de l'air du temps...

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Où Jean Cassien rejoint Jean Climaque

16 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

Un extrait des Collations de Jean Cassien qui recoupe la position de Jean Climaque, sur le fait que la purification intérieure compte plus que les miracles extérieurs. Le travail intérieur contre soi est une forme de charité supérieure...

 

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Quelques bons conseils de Saint Jean Climaque

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Parmi les suggestions intéressantes du moine hésychaste syrien St Jean Climaque (VIIe siècle), je trouve ceci (L'Echelle sainte 725D) : "Selon la nature de nos passions, discernons à qui nous devons nous soumettre. Si tu es porté à la luxure, choisis un entraîneur ascète qui ne fasse aucune concession quant à la nourriture, plutôt qu'un thaumaturge qui serait toujours prêt à accueillir des hôtes et à les restaurer. Si tu es d'un naturel hautain, choisis le plus accommodant, et non pas doux et indulgent. Ne recherchons pas ceux qui sont doués de prescience et de prévision mais plutôt ceux qui sont parfaitement humbles et qui seront mieux qualifiés, tant par leur caractère que par leur lieu de résidence, pour guérir nos maladies".

On peut noter ici le lien intéressant qui est tracé entre luxure et nourriture : le remède à la première, c'est le jeûne. Un autre lien inattendu aussi : le don de faire des miracles est associé à la disposition à accueillir des gens (à la charité). Or comme souvent dans l'hésychasme, ce versant n'est pas particulièrement valorisé - malgré tous les débats que cela a suscité dans le christianisme oriental, de saints moines ont soutenu jusqu'au bout que celui qui a réussi à vaincre ses sens retournerait en arrière s'il abandonnait son ascèse solitaire pour retourner vers les pauvres : évidemment le précepte ne vaut que pour ces ascètes là, mais c'est quand même dans l'absolu une mise en garde contre l' "autrisme" comme dirait Mattei.

Autre point intéressant, valable pour tous, le fait que même chez les moines il était déconseillé de se précipiter vers ceux qui avaient des dons surnaturels, notamment des donc prophétiques, parce que cela pouvait soustraire à une certaine dynamique de l'humilité.

Je trouve aussi dans Jean Climaque des avertissements à ceux qui se satisferaient trop d'avoir une bonhommie naturelle, et aussi à ceux qui seraient trop impatients de progresser spirituellement. Ainsi en 725B il qualifie de "cénobites frelatés" ceux qui recherchent le jeûne le plus strict ou encore "la prière sans distraction", la "libération de la vaine gloire" ou "une chasteté surhumaine". "L'adversaire leur persuade de rechercher tout cela avant le temps, écrit-il, pour les empêcher de l'obtenir en temps voulu par leur persévérance". Voilà qui consolera par exemple ceux qui ne parviennent pas à réciter leur chapelet sans penser à autre chose (même si bien sûr l'absence de distraction doit rester l'objectif à terme).

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Mon article "nudité et spiritualité" dans la revue "La Vie au Soleil"

11 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur, #Christianisme, #Publications et commentaires, #Histoire des idées

Dans la revue "La Vie au Soleil" de mai 2022, je publie un article d'une page qui rebondit sur mon enquête consacrée aux médiums publiée en 2017 et pose quelques questions sur le rapport entre nudité et sorcellerie, nudité et ascèse etc. Il est accessible in extenso en cliquant sur ce lien.

 

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Un livre boycotté

10 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Publications et commentaires

Un livre boycotté par les institutions catholiques (notamment par les dominicains) :

 

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Ambroise de Sienne

8 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Sainte-Baume

A propos de l'arbre dominicain, nous avons déjà évoqué, concernant Ste Catherine de Sienne, le bienheureux Ambroise de Sienne (Frater Ambrosius de Sansedonids Senensis), représenté  dans le choeur de l'église de St Maximin sous le règne de Louis XIV par le frère convers Vincent Funel. Dans la génération qui avait précédé Funel, le prédicateur dominicain Paul Garra avait composé une vie d'Ambroise de Sienne,de même que le dominicain gênois Agostino Alessi en 1623. Ils avaient été précédés dans cette œuvre vers 1500 par Sébastien Flaminius. On s'intéressait beaucoup à Ambroise de Sienne au XVIIe siècle semble-t-il puisqu'en 1623 le dominicain Louis Marissal, natif de St Omer (mort en 1637) avait aussi traduit un "Tableau des vertus et miracles du B. Ambroise de Sienne et du B. Jacques Salomoni vénitien de l'ordre des Frères Prêcheurs", ouvrage publié à Mons (Flandres). Ambrogio est aussi représenté à Sienne dans un tableau de Ventura Salimbeni (début du XVIIe siècle), et quelques années plus tard un tableau de Raffaello Vanni.

Nous avons vu dans le précédent billet que ses reliques étaient dotées d'un pouvoir d'exorcisme selon les habitants de Sienne.

Issu de l'illustre famille de Sansedoni/Saint Sidoine (dont on peut voir encore le palais dans sa ville natale), il naquit à Sienne en Toscane le 16 avril 1220. Il était atteint d'une grave malformation congénitale : les bras collés au corps, les jambes aux cuisses, le visage sombre et disproportionné. Cette malformation lui valut d'être tenu à l'écart de sa famille chez une pieuse nourrisse, mais un pèlerin avait dit à celle-ci “Femme, ne cache pas le visage de cet enfant, car un jour il sera la lumière et la gloire de cette ville”.

Il en fut guéri dans l'église dominicaine de Sainte Marie-Madeleine.  Les petits Bollandistes : vies des saints. T. III, racontent ainsi sa guérison :

"Il y avait dans cette église une chapelle pleine de reliques, devant lesquelles elle allait prier pour la santé de l'enfant. Bientôt elle remarqua, ainsi que les religieux et les voisins, que quand elle se mettait dans un autre endroit de l'église, l'enfant pleurait toujours, et qu'il ne disait rien tant qu'elle demeurait dans la chapelle. Un jour que la nourrice sortait de l'église, l'enfant se mit à pleurer extraordinairement et à tourner le visage du côté de la chapelle avec de grands efforts. Les religieux et les assistants, étonnés, obligèrent la nourrice de retourner à la chapelle. Dès qu'elle y fut, l'enfant tira des langes ses mains et ses bras, jusque-là collés au côté, et, les élevant vers le ciel; invoqua trois fois, d'une voix très distincte, le nom de Jésus. A ce miracle, accoururent les personnes qui savaient combien l'enfant était contrefait. Les religieux font ôter les langes, et l'enfant commence à étendre les jambes, jusqu'alors collées aux cuisses son visage, jusqu'alors si sombre, commence à devenir tout serein et à resplendir de beauté, à la grande admiration de tous les assistants. La nouvelle d'un si grand miracle causa une joie extrême, non-seulement à la mère de l'enfant, mais à tous les habitants de Sienne tous firent des prières et des aumônes pour en bénir Dieu."

A trois ans il retourna vivre dans sa maison familiale (qui n'était pas encore le palais qu'on connaît aujourd'hui) et fut gratifié de vertus chrétiennes pendant toute son enfance :

"Dès que le petit enfant voyait un livre, il voulait l'avoir pour le feuilleter, comme s'il y entendait quelque chose, à tel point que sa mère ne pouvait dire devant lui ses heures de la sainte Vierge; car, si on ne lui donnait pas le livre, il se mettait à pleurer, même toute la nuit; dès qu'il l'avait entre les mains, il était content. Le père fit faire deux petits volumes avec des images, l'un de personnages du siècle, l'autre de personnages de religion, pour voir si c'étaient les figures ou les lettres qui faisaient plaisir à l'enfant. Il lui présenta d'abord le volume avec les images du siècle l'enfant refusait de les voir. Il prit au contraire un grand plaisir à regarder le volume des images religieuses, mais plus encore les lettres que les images. Il apprit promptement à lire. Sa plus grande joie fut dès lors de lire et d'entendre les psaumes, que sa mère avait coutume de réciter dans son office de la sainte Vierge. Dès l'âge de sept ans, il le récita lui-même chaque jour. Il n'avait encore que sept ans, qu'il se prescrivit une forme de vie très parfaite car, dès lors, il commença à dire tous les jours le petit office de Notre-Dame, à jeûner les veilles de plusieurs saints, et à se lever à minuit pour étudier leur vie. Etant plus âgé, il fit paraître une inclination merveilleuse pour assister les pauvres pèlerins, et il obtint même permission de son père d'en loger cinq, tous les samedis, dans un appartement qu'il avait fait meubler exprès. Il allait les attendre à la porte de la ville, et les amenait à la maison, où, après leur avoir fait beaucoup de caresses, il leur lavait et baisait les pieds avec une humilité et une tendresse admirables. Le lendemain, il tes menait entendre la messe, leur faisait visiter les lieux de dévotion de la ville, et enfin, quand ils étaient près de partir, il leur donnait une bonne aumône. Tous les vendredis il allait aux prisons consoler ceux que leurs crimes ou leurs dettes y tenaient renfermés. Les dimanches, après Vêpres, il se rendait à l'hôpital pour y servir les malades" (Petits Bollandistes op cit)

Il prit l'habit de Dominicain à l'âge de 17 ans malgré l'hostilité de ses parents et des tentations diaboliques de renoncer. Le diable lui apparut même sous les traits d'une jeune fille : " il se fit voir au milieu d'un bois, sous la figure d'une jeune fille d'une beauté ravissante, qui implorait son assistance; mais le saint jeune homme, découvrant le piège caché sous ces artifices, se munit l'une et l'autre fois du signe de la croix, et aussitôt ces spectres et ces fantômes disparurent."

Il fut envoyé à Paris pour y faire ses études (St Thomas d'Aquin est son condisciple), et après y avoir reçu son diplôme de bachelier, il alla à Cologne en 1248 étudier encore la théologie sous la direction d'Albert le Grand. Il contribua aussi à la conversion de la Hongrie dans les années 1260.

"On vit plusieurs fois, durant ses sermons, le Saint-Esprit descendre sur lui en forme de colombe et se reposer sur sa tête ce qui donna une telle autorité à ses paroles, que les pécheurs les plus endurcis étaient touchés de componction, et que les plus opiniâtres lui remettaient leurs intérêts entre les mains et se réconciliaient avec leurs ennemis. "

Sienne l'ayant rappelé car elle était frappée d'interdit pour avoir soutenu l'empereur Frédéric II , elle l'envoya vers le Pape Clément IV pour faire la paix avec le Saint Père et restaura les études théologiques dans la Ville Sainte. Il fut encore envoyé une seconde fois à Rome sous le Pontificat de Grégoire X (1271-1276) et obtint une seconde fois la réconciliation de sa patrie avec le saint Siège.

Son image de faiseur de paix était célèbre. Il disait que la vengeance était un péché d'idolâtrie "attendu que la vengeance appartient à Dieu seul, et que, par conséquent, celui qui se venge usurpe la place de Dieu".

"Un jour, malgré toutes ses exhortations, un homme de Sienne s'obstinait à ne point pardonner. Alors le Saint lui dit « Je prierai pour vous. Je n'ai que faire de prières, répliqua durement le vindicatif a. Le Saint ne laissa pas de faire pour lui la prière suivante " Seigneur Jésus-Christ, par la très-grande providence et sollicitude que vous avez sans cesse pour le genre humain, je vous prie d'interposer votre puissance dans cette vengeance projetée, et de vous la réserver, afin que tous connaissent que la punition des offenseurs n'appartient qu'à vous seul, et afin que la sensualité n'empêche point la connaissance de votre justice ". Ambroise enseigna publiquement cette prière aux peuples, les exhortant à la dire pour ceux qu'ils trouveraient obstinés à ne point pardonner les injures. A l'heure même que le saint homme faisait pour lui cette prière, le vindicatif se concertait avec ses amis et ses parents pour ne point faire de paix ni écouter Ambroise. Mais la prière du juste fut plus puissante. Tout à coup cet homme si dur se sent pénétrer de componction, toutes les raisons du saint homme lui reviennent à la mémoire, il passe deux jours sans presque ni manger ni dormir. Enfin il vient avec ses amis trouver le bienheureux Ambroise, pour le prier de faire la paix entre eux et de lui pardonner sa faute. "

Il refusa les prélatures que le Pape lui offrit, et finit sa vie saintement comme prieur du couvent de Camporegio à Sienne.

Sa prédication demeura toujours très populaire et entraîna des conversions profondes, alors qu'il était pourtant d'un naturel timide. Parfois, quand il prêchait, il lévitait et un cercle de gloire, dans lequel voletaient des oiseaux au plumage brillant, l'entourait, disent ses hagiographes.

A 66 ans, à Sienne, prononçant un discours contre l'usure, sa véhémence fut telle qu'une artère se rompit "ce qui lui fit rendre beaucoup de sang par la bouche. Le lendemain, le sang s'étant arrêté, il voulut continuer le même sermon; mais la veine se rouvrit, et il vomit une telle abondance de sang, qu'il vit bien que sa fin approchait." Il put quand même se confesser une dernière fois et mourut le 20 mars 1286 ou 1287, ce qui lui valut d'être inscrit au martyrologe. A ce titre il peut être considéré comme un des grands militants de la lutte contre le capitalisme et la financiarisation de l'économie, comme l'Eglise en compta tant avant de glisser sur la pente du modernisme.

La dévotion à son corps fut immédiate et les guérisons prodigieuses autour de son sépulcre furent immédiates. Immédiatement, avant même l' approbation épiscopale (9 mai 1287), les frères de Camporegio avaient ordonné l'enregistrement notarié des miracles attribués à son intercession (une trentaine d'actes dressés entre le 13 avril et le 9 juillet 1287 attestent d'événements surnaturels, vingt-huit à Sienne et deux à Bolsena) : un précieux dossier récemment étudié par la médiéviste Odile Redon (1936-3007) - cf O. Redon, Una famiglia, un santo, una città. A. S. e Siena, Une famille, un saint, une ville. AS e Siena , édité par S. Boesch Gajano, Rome 2015.

Le pape Honorius IV travailla à sa canonisation et chargea quatre religieux d'enquêter sur sa vie ; quoiqu'il ne pût l'achever (car il est mort en 1287) on fit néanmoins sa fête à Sienne ailleurs. Il n'a jamais été canonisé, on ne sait pourquoi. Au XVIe siècle, le chroniqueur Antoine de Portugal l'attribue à la négligence de l'Ordre dominicain à promouvoir les talents de ses moines : "Laboratum est interdum ut inter divos referretur, sed quae nostra solet esse in rebus cunctis decus ordinis concernentibus neligentia et socordia, minus quam fuerat nessitarium".

Les dominicains célèbrent la fête du bienheureux Ambroise en octobre, à l'occasion de l'anniversaire de sa béatification. On peut voir sur YouTube la messe célébrée par le cardinal Paolo Lojudice en son honneur le 20 mars 2022 au Palais Sansedoni.

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Catherine de Sienne exorciste

8 Mai 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme

Extrait de Histoire de sainte Catherine de Sienne et de sa famille religieuse / par la T. Rde M. A. T. Drane, T. 1 (1892) -- p. 171 et suiv

 La légende en anglais de Sainte Catherine raconte à ce sujet le trait suivant. Il y avait à Sienne un notaire, nommé Ser Michel di  Monaldi. C’était un homme pieux et honnête qui avait résolu de consacrer ses deux filles au service de Die dans le couvent de Saint-Jean-Baptiste. Les religieuses de ce couvent suivaient la règle de saint Augustin et se consacraient à l’éducation des jeunes filles. Monaldi ôtait un des bienfaiteurs de leur communauté, dont il gérait du reste les affaires temporelles. Ce fut donc avec Joie que les religieuses reçurent ses deux enfants pour les élever jusqu’à l’âge où elles recevraient l’habit religieux. « Les deux petites filles étaient depuis peu de temps  au couvent, lorsque l’une d’elles, Laurentia, se trouva, par un secret jugement de Dieu, possédée d’un esprit malin. Tout le couvent en fut troublé et l’on s’empressa de faire venir Michel Monaldi pour lui rendre sa fille. Lorsque l’enfant fut revenue chez son père, l’esprit malin proféra par sa bouche les choses les plus étonnantes et répondit à plusieurs questions obscures et difficiles. Il révéla en outre les vices cachés et scandaleux de plusieurs personnes, à leur grande confusion et, chose étrange, il s’exprimait correctement en latin. Le père et la mère de Laurentia, d’autres de ses parents n’épargnèrent rien pour la soulager. Ils la conduisirent en pèlerinage à divers sanctuaires de la ville où l’on vénérait les reliques de quelques Saints ; ils la menèrent en particulier à la tombe du B. Ambroise de Sienne, de l’Ordre de Saint-Dominique, à qui Dieu avait accordé pendant sa vie un si grand pouvoir sur les démons que le simple attouchement de son manteau ou de son scapulaire suffisait souvent à délivrer les possédés. Laurentia fut donc couchée sur cette tombe bénie, et tandis que l’on plaçait sur elle les saintes reliques, ses parents suppliaient avec ardeur Notre-Seigneur, par l’intercession du Bienheureux, d’avoir pitié de leur enfant. Mais Dieu en avait disposé autrement dans son infinie sagesse, et, bien qu’ils n’eussent aucun péché à se reprocher, il n’exauça pas leur prière. Toutefois, le Seigneur inspira à quelques-uns de leurs amis de leur suggérer la pensée de conduire leur fille vers Catherine. Les parents de Laurentia firent d’abord conjurer la Sainte de venir de tout son pouvoir au secours de l’enfant. Mais Catherine répondit qu’elle les suppliait de ne pas lui demander d’intervenir dans cette affaire, ayant, disait-elle, assez à lutter pour son propre compte contre les esprits mauvais. Accablés de douleur par le triste état de leur innocente petite tille, les parents de Laurentia n'admirent pas cette excuse et portèrent l’entant chez Alexia Saraceni où demeurait alors Catherine. Ils entrèrent s ans prévenir pour qu’elle ne pût les éviter. La Sainte essaya cependant de sortir par la fenêtre, mais n’y pouvant. réussir, elle se cacha de façon qu’on ne put la trouver. Après avoir vainement tenté d’arriver jusqu a elle, car elle avait formellement interdit à ses compagnes 4e chercher à l’influencer dans cette affaire, les pauvres Parents se rendirent chez le Père Thomas della Fonte, e t le conjurèrent d’obliger Catherine, par obéissance, à garder Laurentia auprès d’elle pendant quelque temps. Père, touché de leur douleur promit de les aider; mais, sachant bien que s’il faisait lui-même la proposition l’humilité de Catherine ne manquerait pas de lui opposer un refus, il eut recours à un stratagème. <( Le soir, à l’heure où Catherine sortait tous les jours, ,e père conduisit chez Alexia la petite possédée et la laissa dans la chambre de la Sainte, après avoir recommandé aux Tertiaires qui étaient là de dire à Catherine, u son retour, qu’en vertu de l’obéissance il lui ordonnait de garder l’enfant auprès d’elle jusqu’au lendemain matin. En rentrant, la Sainte demanda qui avait introduit Laurentia dans sa chambre. Sur la réponse que c était le Père Thomas délia Fonte et qu’il lui était enjoint de la garder près d’elle, elle ne résista plus et se mit aussitôt à prier. Elle lit agenouiller l’enfant et lui r commanda de s’unir à sa prière. Elles passèrent toute m nuit à lutter ainsi contre le mauvais esprit qui, vers le matin, se vit contraint, par la force de la foi et de la Prière, de quitter Laurentia, sans lui faire aucun mal.

Aussitôt, Alexia courut chez le Père Thomas délia Fonte lui porter la bonne nouvelle, et celui-ci, tout heureux, alla chercher le père et la mère de l’enfant et les introduisit dans fa chambre de Catherine, où ils pleurèrent de joie à la vue de leur fille délivrée enfin du démon, et glorifièrent le Seigneur d’avoir donné un tel pouvoir à son humble épouse. « Catherine, cependant, savait que l’esprit du mal n’avait pas quitté définitivement la petite Laurentia, et pria ses parents de la lui laisser encore un peu de temps. Ils y consentirent volontiers, et la Sainte se mit à instruire la pauvre enfant, lui recommandant surtout de prier sans relâche. Elle lui défendit en outre de sortir de la maison avant que ses parents vinssent la reprendre. Laurentia obéit docilement. Tout ceci, nous l’avons dit, se passait chez Alexia Saraceni. Or, Catherine ayant eu besoin de retourner à la Fullonica, elle confia l’enfant aux soins d’une servante. Le soir, après une journée entière passée dans sa propre demeure, où l’avaient retenue des allaires urgentes, elle pria Alexia qui l’accompagnait de lui donner son manteau pour s’en retourner avec elle. Celle-ci lui représenta qu’il était fort lard et qu’il n’était guère convenable que des femmes et surtout des religieuses, fussent dehors à cette heure avancée. « O Alexia, reprit la Sainte, il faut bien que nous retournions chez vous, car le méchant loup va me reprendre mon petit agneau ». Elles trouvèrent en effet Laurentia toute changée, le visage enflammé et l’esprit troublé. A cette vue, Catherine s’écria: « Horrible suppôt de l’enfer, comment as-tu osé rentrer dans cette pauvre innocente ? J’espère bien de la bonté de mon miséricordieux Sauveur et Seigneur, que tu en sortiras cette fois pour n’y plus rentrer». Elle emmena Laurentia dans sa chambre et se remit à prier. L’esprit du mal tint bon, et Catherine ne remporta la victoire que vers la quatrième heure de la nuit. Alors, vaincu par les prières de la Sainte et par la puissance que Dieu lui avait donnée sur les esprits infernaux, le démon lui dit : « S’il faut que je sorte de cet enfant, j’entrerai en toi ». « Si tel est le bon plaisir de Dieu, sans la permission de qui tu ne peux rien, répondit Catherine, que Notre-Seigneur me garde de m’opposer en rien à sa divine volonté ». Terrassé par cette parole si humble, si soumise, l’esprit d’orgueil perdit tout pouvoir sur l’enfant. Toutefois, en la quittant, il lui causa à la gorge une grande enflure. La Sainte la guérit par un signe de Croix, dont la vertu chassa pour toujours le démon du corps de Laurentia. Le lendemain Catherine fit appeler les parents : « Au nom de Dieu, leur dit-elle, reprenez votre enfant; désormais l’esprit du mal ne viendra plus la tourmenter ». Tout joyeux, ils emmenèrent Laurentia et la remirent au couvent ou elle mena une vie sainte et ne fut plus jamais inquiétée jusqu’au jour de sa mort. Quant à son père, Ser Michel di Monaldi, il ne pouvait raconter ce fait sans verser des larmes de joie, et, dans son cœur, il honorait Catherine comme un ange du Seigneur ».

Points intéressants dans cette narration :

- Les démons possèdent parfois les croyants (ce que démentent certains exorcistes actuels).

- Même si au Moyen-Age on possède plusieurs voies d'exorcisme (plus qu'aujourd'hui, à travers notamment les reliques), toutes ne fonctionnent pas, loin s'en faut.

- S. Ambroise de Sienne avait des pouvoirs voisins de ceux des apôtres.

- S. Catherine de Sienne refuse d'exorciser, sans qu'on sache si c'est par humilité ou pour une autre raison

- L'entité exorcisée revient sans raison apparente (alors que de nos jours les exorcistes dans les milieux charismatiques ont tendance à trouver des raisons - des rationalisations - à ce genre d'échec. Au Moyen-Age tout cela semble dépendre uniquement d'une volonté divine totalement insondable.

- L'humilité et l'abnégation (le sacrifice de soi) sont la clé d'un exorcisme réussi. Ste Catherine de Sienne ne se sent munie d'aucune garantie contre le risque que l'exorcisme se retourne contre elle, ce qui finalement ne se produit pas, mais on comprend que dès le début, malgré son rapport privilégié à Jésus elle prenait un très gros risque en acceptant de s'en charger.

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Hypnose dangereuse

30 Avril 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Médiums, #Christianisme, #Shivaïsme yoga tantrisme

Hier (29 avril) l'ex-médium repentie Doreen Virtue invitait sur sa chaine YouTube une autre ex-médiums "sauvée en Jésus-Christ" Jenn Nizza pour évoquer la question de l'hypnose thérapeutique, un sujet qui suscite autant de polémiques en milieu chrétien que les massages.

Jenn Nizza y explique que tranquilliser l'esprit l'ouvre à des influences spirituelles potentiellement dangereuses (il en va de même pour la méditation) et raconte notamment l'expérience à laquelle fut soumise en 2013 Theresa Caputo, très médiatique médium quinquagénaire (née en 1967) de Long Island (et catholique pratiquante), lorsque le Dr Daniel Amen a scanné son cerveau avec un dispositif de tomographie par émission monophotonique (TEMP, SPECT en anglais), une expérience qui a été ensuite reproduite sur des plateaux de télévision, notamment par le célèbre Dr Ozz. Les scanners ont montré que lorsqu'elle canalise des messages de l'au-delà et du monde invisible, son cerveau est dans le même état de passivité qu'au cours de la méditation ou de l'hypnose. Cela prouve selon Jenn Nizza que l'inactivité du cerveau fait entrer des éléments que nous ne maîtrisons pas, des éléments potentiellement dangereux, ce qui explique que la Bible prône la vigilance et l'éveil permanent dans la prière.

Au passage notons quand même que l'analyse de la voyante Maud Kristen par le spécialiste américain de la parapsychologie Normand Don en 2001 n'avait pas donné les mêmes résultats : fonctionnement en symbiose des deux hémisphères cérébraux, relaxation mais pas d'inactivité (mais avec Kristen c'était un test d' "intuition", de clairvoyance, pas de nécromancie).

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Jour de la Sainte Catherine de Sienne

29 Avril 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

"En supportant dans cette vie les peines avec patience on expie et on acquiert des mérites. Il n'en va pas de même pour les châtiments que l'âme supporte dans l'autre. En effet, si elle subit les peines du purgatoire, elle expie mais elle n'acquiert pas. Nous devons donc supporter joyeusement et avec bonne volonté ces petites épreuves" (Catherine de Sienne, Lettre à Marco Bindi négociant).

Le RP dominicain Ollivier dans une préface à une biographie de la sainte écrite par une prieure générale des dominicaines d'Angleterre résumera ainsi sa vie : "Une jeune fille sans naissance et sans lettres occupe, à vingt ans, la pensée des hommes les plus graves et les plus renommés ; à vingt-cinq, elle est l’âme de l’Italie, pour ainsi dire ; à vingt-huit, elle inspire les papes et les rois, s’impose à Rome et à l’Europe ; à trente-deux, elle meurt dans une sorte d’apothéose".

Extrait du Fouet des Paillards :

 

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Recension du livre "Le Secret de Mélanie falsifié"

24 Avril 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète, #Notes de lecture

Recension initialement destinée à être publiée sur le site Parutions.com auquel j'ai occasionnellement collaboré jadis et donc adaptée à son lectorat, mais je viens d'apprendre que ce site est désormais archivé et suspendu. Je la publie donc ici.

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Paul-Etienne Pierrecourt, Le Secret de Mélanie falsifié
Editions Pierrecourtoises 2022 /  19 €  / 254 pages
ISBN : 978-2-9581145-9-6
FORMAT : 21 X 15 cm

Au XIXe siècle, l’opinion publique catholique française s’est passionnée pour les secrets livrés par une apparition de 1846, celle de Notre Dame de La Salette, dans l’Isère, à deux jeunes bergers, Mélanie Calvat et Maximin Giraud. Les milieux catholiques en attente d’une restauration des Bourbons y étaient particulièrement sensibles car dans les révélations de la Sainte Vierge, il était question, disait-on, du futur Grand Monarque, ce qui émut au premier chef le comte de Chambord, prétendant au trône. Si d’autres secrets, ceux de Notre-Dame de Fatima, ont quelque peu éclipsé au XXe siècle ceux de La Salette, ceux-ci rencontrent un regain d’intérêt aujourd’hui dans les cercles traditionalistes, en ces temps où les tribulations de la mondialisation réveillent les anticipations apocalyptiques et où le Pape accueille au Vatican des idoles pré-colombiennes. Notre Dame sur les contreforts des Alpes n’a-t-elle pas en effet annoncé que Rome ne serait bientôt ni plus ni moins que le siège de l’Antéchrist ?

Dans un petit livre d’enquête récemment publié, l’écrivain musicien Paul-Etienne Pierrecourt entreprend d’écrire une nouvelle page de la saga de ce secret, à la manière de Sherlock Holmes, en s’appuyant sur un constat troublant : si en 2002 chez Fayard le père Michel Corteville (qui avait consacré sa thèse de doctorat au sujet) et l’abbé René Laurentin s’étaient fait l’écho de la découverte en octobre 1999 de la soi-disant toute première rédaction du secret confié par la Saint Vierge aux deux bergers (une lettre remise au Pape Pie IX en 1851), des éléments peuvent laisser sérieusement croire que ce document serait un faux. Selon la voyante Mélanie, en effet, il comportait la date d’un événement prophétisé, alors que le papier de 1999 n’en porte pas ; il mentionnait aussi un reproche au clergé absent du nouveau manuscrit ; toujours selon des souvenirs rapportés par Mélanie et d’autres témoins d’il y a plus d’un siècle le secret tenait en trois grandes pages, celui de 1999 n’en fait que deux petites etc. Il s’agirait donc d’un faux.

A qui profite le crime ? se demande alors Pierrecourt avant de pointer du doigt le cardinal Ratzinger futur Benoît XVI, alors préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi (ex-Saint Office) dont il dénonce pêle-mêle le modernisme à l’époque du concile de Vatican II, et une supposée allégeance au culte du dieu païen Pan (dont nous avions nous-même dans notre livre Le Complotisme protestant contemporain rappelé l’importance dans l’occultisme classique et dans la pop-culture crowleysienne anglo-saxonne des années 1960-70), allégeance manifestée selon l’auteur par une image sur sa mitre d’intronisation, et qui renvoie à une possible prise de pouvoir des francs-maçons (voire de leur volet le plus sataniques, version Illuminati…) à la tête de l’Eglise moderne (une thèse très répandue de nos jours, voir par exemple Infiltration du youtubeur catholique texan Taylor Marshall, aux éditions Crisis), ce qui vérifierait après-coup la prédiction de Notre Dame de La Salette sur le siège de l’Antéchrist.

Sans être nécessairement d’accord avec toutes les thèses qui sous-tendent le regard de l’auteur sur le sujet qu’il aborde (notamment en ce qui concerne le rôle du judaïsme dans l’avènement de l’Antéchrist, qui part d’une lecture contestable du livre de l’Apocalypse et fait l’impasse de la spécificité de la tribu de Dan dans l’économie de la dictature de l’Impie), on reconnaîtra à ce travail de recherche beaucoup d’érudition et de précision dans l’argumentaire, ainsi qu’une indépendance d’esprit salutaire qui ne peut manquer de ranimer les discussions aujourd’hui à tort censurées sur la véritable nature de l’Eglise catholique contemporaine et sa capacité à garder les âmes de ses fidèles dans les enseignements du Christ.

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Précision sur Diana Vaughan

31 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Christianisme, #Histoire des idées, #Histoire secrète

Dans mon livre intitulé "Le complotisme protestant contemporain" (eds L'Harmattan), j'ai écrit en note de bas de page, j'écrivais : « En 1893, la presse française se perdait en polémiques autour d’un article du journal La Croix de Reims  à propos des messes noires de la loge maçonnique "La Regénérée". Son existence, ainsi que celle de complots de grande envergure impliquant les Républicains et Bismarck aurait été dévoilée par une certaine Barbe Bilger, fille adultérine du comte Calvé (et à ce titre demi-sœur de la cantatrice Emma Calvé qui fut liée à l'abbé Bérenger Saunière, et à la saga occultiste de Rennes-le-Château), et par une Diana Vaughan rivale de la médium  Sophie Walder (dite Sophie-Sapho), prétendue fille du pasteur suisse devenu anabaptiste Philéas Walder puis disciple du franc-maçon américain Albert Pike (« palladiste », et luciférien). Cette série de pseudo-révélations qui passionna les milieux catholiques s’avéra n’être qu’une vaste supercherie inventée par un libre penseur Léo Taxil qu’il finit par révéler en 1897. Elle discrédita pour trente ans l’Union anti-maçonnique fondée par le pape Léon XIII qui avait appuyé ses dires (cf Le Radical 21 avril 1897. Le Figaro 16 septembre 1932) ».

Je tiens à préciser qu'un chercheur chrétien, Paul-Étienne Pierrecourt, dans "De La Salette à Diana Vaughan, ou le "siège de l'Antéchrist" dévoilé" " (Éditions Saint-Rémi) soutient que Diana Vaughan a réellement existé. Il avance comme argument le fait que l'ex-médium palladiste avait publié, avant sa conversion, et qu'un témoignage d'Alfred Pierret, son éditeur, évoquait sa rencontre avec Mme Vaughan,  témoignage qui dans la version papier figurait à partir de la p. 704 de la version scannée, laquelle l'a remplacé par des publicités.

La supercherie n'est donc pas forcément où l'on croit...

 

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La Sainte-Baume à La Bouille

20 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Sainte-Baume, #Christianisme

A l'église Sainte Marie-Madeleine de La Bouille (Normandie) se trouve un vitrail de Jules Boulanger qui représente de bas en haut la rencontre du Ressuscité avec Marie-Madeleine, l'arrivée de cette dernières aux Saintes Maries de la Mer, et sa présence à la Sainte-Baume.

En 1986, Denis Lavalle, conservateur général du patrimoine, expliquait que ce verrier du XIXe siècle s'inspirait de la Renaissance normande.

La première pierre de l'église, construite à la place d'une chapelle où Blanche de Castille se serait rendue en pèlerinage, fut bénie le 22 juillet 1423 ainsi que l'indique la note qui précise :

« Le 22 juillet 1423 , une pieuse cérémonie amenait un grand concours à la Bouille. Tous les gens de Caumont, de Moulineaux et les voisins des hautes terres, avec les habitants de la plaine boisée qui s'étend devant ce bourg, étaient là réunis dès six heures du matin pour assister à la bénédiction de la première pierre d'une église. Ils avaient mis tous les habits du dimanche, car le seigneur de la contrée les honorait de sa visite. Messire Jacques-Antoine marquis d'Etampes, vicomte de la Ferté-Imbault et baron de Mauni, seigneur et patron de la Bouille, qui dotait le pays d'une nouvelle église, était attendu avec impatience, et avec lui Monseigneur Jean de la Rochetaillée, lors archevêque de Rouen.

« Leur arrivée avait été fixée pour neuf heures du matin, mais onze heures avaient sonné au beffroi de la vieille chapelle qu'ils n'étaient pas encore là, et déjà des cris de mécontentement se faisaient entendre du milieu de la foule impatiente ; tout à coup ces clameurs font place aux accents joyeux de la multitude, les cris de : Noël ! Noël ! répétés par mille voix, frappent l'écho des carrières; une voiture magnifiquement empanachée traverse au pas les rangs serrés du peuple, portant l'archevêque et ses chapelains, et avec eux le noble et magnanime seigneur quo toute la contrée avait appris à révérer et à bénir.

Messire d'Etampes tendit la main au prélat à la descente de la voiture, et la cérémonie commença au chant du Veni Creator.

« A deux années de là,1425, il y avait encore grand concours à la Bouille, mais, hélas I ce n'était plus un jour de fête : le bienfaiteur du pays, le fondateur de l'église, Messire de la Ferté-Imbault était mort, et avec lui sa générosité et sa bienfaisance.

« Conformément à ses désirs, on rapportait sa dépouille glacée dans l'église qu'il avait entrepris do bâtir, et que la mort seule l'avait empêché d'achever. On croit que son corps fut mis dans un caveau près do l'autel du sanctuaire, y attendant en paix le grand jour du Seigneur.

« L'église de la Bouille fut ceinte d'une litre ou ceinture noire, sur laquelle sont peintes les armes des marquis d'Etampes, seigneurs et patrons du lieu, ayant droit de nomination à la cure. »

L'ouvrage est resté inachevé jusqu'au XIXe siècle, et tombait en ruine dans les années 1860. Le sculpteur Albert Lambert (1847-1917) participa à la construction du clocher en 1863. Avant 1880 (date de la fermeture de son atelier selon mes informations (et non pas vers 1890 comme indiqué ici), l'église fut dotée de ses vitraux de Boulanger (au moment de ce récit pittoresque  où le  jeune écrivain parisien et bientôt gendre de Pasteur, René Vallery-Radot dresse dans les colonnes du Temps du 16 septembre 1879 un portrait de deux vieilles filles pieuses de la famille des notaires de la bourgade, les Flairac).

Le 15 août 1906 Lady Laura Zohrab, épouse italienne d'un général égyptien retraité à Paris, y chanta l'Ave Maria de Gounod en présence des châtelains des environs.

Outre Marie-Madeleine, Sainte Clothilde et... Saint Hermès, sont les patrons de cette petite église...

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Joseph de Maistre et l'Age d'Or (des Nephilim)

13 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Histoire des idées, #Christianisme

A la différence des Lumières, Joseph de Maistre estimait qu'à l'origine étaient le Savoir et non l'ignorance, et c'est pourquoi l'humanité fut balayée par le Déluge. Cela se trouve dans sa Cinquième Soirée de Saint-Pétersbourg :

Voilà qui évoque l'Age d'Or, et cette révélation du Livre d'Henoch selon laquelle les Veilleurs avaient donné aux humains un savoir caché.

Comme je l'ai indiqué dans mon livre sur les Nephilim, Jacques Devîmes, dans Nouvelles recherches sur l’origine et la destination des pyramides en 1812, un homme qui jugeait Swedenborg "digne de la plus grande Confiance" (p. 57) parce qu'il situait des signes de conservation des savoirs anté-diluviens en Tartarie, croyait aussi à cette époque de savoir supérieur :

"Ce fut encore vers ces temps que les enfans qui étaient provenus du mariage des vaillans  avec les filles des hommes, et qui par cette raison participaient à la puissance de leurs pères, tels que Membrod , Og, les Goliath, Osymandué , et tous ceux enfin dont parlent les anciens historiens , tant sacrés que profanes , et dont Hérodote, Pausanias et Pline , disent qu'ils ont vu dans un lieu de l'Egypte, appelé Litris, un grand nombre de squelettes qu'on voyait à découvert, et dont les os qui étaient rangés sur la terre chacun à sa place, tels qu'ils sont dans l'habitude du corps humain, étaient d'une grandeur démesurée.

Ce fut dans ces temps, dis-je, qu'on vit s'élever la tour de Babel, le colosse de Rhodes, cette foule d'obélisques qui couvraient l'Egypte et la Lybie (sic) , toutes ces villes et ces temples si magnifiques que le temps a détruits, parce qu'ils étaient l'ouvrage d'une puissance secondaire de géans, naturels, matériels, tandis que les Pyramides ont été l'ouvrage des Nephilim, ou géans d'une substance spirituelle.

Cette première période, depuis la création jusqu'au Déluge, a dû être et a été en effet la plus fatale au genre humain, parce que les esprits, malins, jouissant de toute l'étendue de leur puissance, ont dû employer tous les moyens possibles pour tenter, séduire, et pervertir une créature que l'éternel s'était plu à former, et pour l'entraîner dans leur propre chute (...)

Combien n'avons-nous pas à regretter d'être privés des ouvrages qui auraient pu nous transmettre les détails de l'histoire de ces temps, tels que le livre de Jaschar, les guerres de Jéhova,le livre des Justes, et les Enoncés prophétiques qui sont tous cités par Moïse et Josué. Que d'événemens extraordinaires, que de choses nous paraîtraient aujourd'hui inconcevables, et qu'il serait intéressant pour nous de voir les efforts de l'enfer chercher à réagir contre la puissance de l'Etre suprême, de connaître les prodiges que ces fameux géans ont dû opérer pour fasciner l'intelligence humaine, et insulter de nouveau à la divinité ?"

Selon Ferraz, l'idée d'une grande connaissance et d'un grand crime des hommes avant le déluge, De Maistre la tenait de l'Illuminé panthéiste Saint-Martin. J'ai retrouvé dans "Le ministère de l'homme-esprit" p. 250 une référence à leurs crimes mais pas à leurs connaissances.

"Qu'on se rappelle la prévarication du premier homme, dont les suites ont été un changement absolu pour lui, t et l'ont fait passer de la région de la lumières à demeure ténébreuse que nous habitons qu'on se rappelle les abominations de sa postérité jusqu'au déluge et qu'on juge par l'immensité des coupables que ce déluge a engloutis, combien de crimes énormes ont été dérobés par notre connoissance".

Si l'on en croit l'abbé Barruel, tout cela aurait un rapport avec les rosicruciens.

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Mon dernier livre "Henri Lacordaire (1802-1861)"

6 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Publications et commentaires, #Histoire des idées, #Christianisme, #Sainte-Baume, #Médiums

Vient de paraître chez L'Harmattan mon dernier livre "Henri Lacordaire (1802-1861), Forces et faiblesses d'un combat pour un renouveau chrétien". Il peut être commandé directement chez l'éditeur, chez un libraire de votre ville, sur une plateforme de vente quelconque en ligne (Amazon, Fnac etc).

Ce livre prolonge certaines interrogations (sur les magnétiseurs, sur la Sainte-Baume etc) ouvertes par mon livre de 2017 sur les médiums.

Voici la présentation de la quatrième de couverture :

Célèbre orateur sous la Monarchie de Juillet et la Seconde République, que le Tout-Paris se pressait pour entendre à la cathédrale Notre Dame, Lacordaire aura joué un rôle de premier plan pour réconcilier l’héritage catholique médiéval et la modernité laïque libérale héritée de 1789, dans un siècle progressiste et romantique partagé entre besoin de religiosité, nostalgie médiévale, humanisme néo-païen et confiance en la science.


Le présent ouvrage retrace l’itinéraire original de ce restaurateur de l’Ordre des Dominicains en France, initialement promis à une brillante carrière d’avocat, en le resituant dans le contexte des luttes politiques et philosophiques de son époque. Il examine les paradoxes de son engagement, ses succès pour le retour de l’Eglise dans une culture française déjà largement déchristianisée, mais aussi certains dangers des compromis qu’il passa avec les modes de son temps (comme la pratique du magnétisme ou la dévotion à Sainte Marie-Madeleine).

PS : Pour les gens qui habitent dans le Nord-Ouest de la France, je précise qu'une librairie à Rouen a décidé de le prendre en dépôt, il s'agit de La Procure, 20 rue Percière. Vous pouvez bien sûr pousser les libraires près de chez vous à le prendre en dépôt également, et à faire de même pour d'autres livres que j'ai écrits, l'éditeur ne fournissant guère d'efforts en la matière.

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Le professeur Montagnier et la mémoire de l'eau

5 Mars 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Philosophie, #Christianisme, #Médiums, #Sainte-Baume

Le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine 2008 décédé le mois dernier, était connu pour ses travaux de pointe sur la mémoire de l'eau. Ce sujet, je m'en souviens, animait déjà des débats lorsque j'étais en Terminale, en 1988, autour des travaux du Pr Benveniste, et il a bien évolué depuis. Ce chercheur s'était exprimé au premier colloque scientifique international organisé par le sanctuaire de Lourdes les 8-9 juin 2012. Le lieu s'y prêtait car on sait que les apparitions mariales s'accompagnent souvent de l'apparition de sources, ce qui n'est pas sans poser de questions dans l'explication des miracles (et ceux qui ont lu mon livre sur les médiums se souviennent peut-être du rôle que joua la source de la Saint-Baume, une source pourtant peu accessible aux visiteurs, dans ma "guérison" de 2015).

Je vais essayer de retranscrire ici en le résumant le propos du professeur Montagnier, en essayant de rester assez clair.

La physique, explique le professeur, fonctionne sur le paradigme qui prend en compte à la fois la matière et l'énergie. La biologie, elle, considère toujours les intéractions moléculaires comme des intéractions de contact uniquement, sans intégrer les ondes électro-magnétiques.

L'eau est un médium extraordinaire. C'est un ensemble de structures assorties de champs magnétiques.

Toute eau de source comprend du calcaire, qui est le cristal le plus connu dans le monde. Il existe aussi, notamment en Espagne, de l'aragonite

Une série d'expériences de croissance d'aragonite, qui est un polymorphe de carbonate de calcium (CaCO3), a été réalisée dans un cristalliseur à lit fluidisé sous l'influence d'un champ magnétique (voir Revue du génie chimique de 2010). Dans le processus de croissance, les propriétés de la solution, y compris la sursaturation relative (σ), le pH, la force ionique (I) et le rapport d'activité Ca2+ à CO32− (R), ont été maintenues presque constantes dans le processus de croissance à l'aide d'un auto-titreur. Différents types et intensités de champ magnétique, y compris un aimant permanent (PM) et un dispositif magnétique commercial de traitement de l'eau (MWTD) avec une intensité effective de 212,6 et 1800,0G, respectivement, ont été testés. Les germes cristallins d'aragonite ne se sont pas développés sans magnétisation à température ambiante, mais se sont développés sous l'influence du champ magnétique.

Ainsi donc la calcite (calcaire) sous  l'effet du champ magnétique se transforme en aragonite, comme l'avait le premier montré en 2008 le dr Alkiviadis-Constantinos Cefalas. L'eau elle-même dirige la cristallisation.

L'équipe du Pr Montagnier a observé que la molécule d'ADN aussi crée des structures dans l'eau. Certaines séquences d'ADN émettent des signaux électro-magnétiques dans des solutions aqueuses. Des nanostructures durables se forment dans l'eau et s'y maintiennent. Les séquences d'ADN de nos bactéries et virus ont des émissions de basse fréquence (mais cela est transposable à notre ADN).

On mesure ces signaux dans une solution d'ADN en enregistrant la composante électrique du champ électro-magnétique qu'on amplifie et analyse sur ordinateur. Or il y a une résonance. L'énergie vient de l'extérieur. Nous sommes exposés depuis toujours à un champ électro-magnétique faible, les résonances de Schumann, qui entourent la terre, elles commencent à 7 Hz, et qui proviennent probablement des orages. L'homme en a apporté récemment d'autres par ses télécommunications dont on ne peut prévoir les effets à long terme.

Ces fréquences excitent les virus et les bactéries. Si on les dilue de dix en dix, avec très peu de molécules. On identifie les fréquences qui répondent aux sollicitations de l'extérieur (à la résonance de Schumann et à nos propre générateurs) par la formation d'ondes électro-magnétiques.  Des ondes électromagnétiques à ultra basse fréquence (ULF 500−3000 Hz) ont été détectées dans certaines dilutions de filtrats et dans le sang des gens atteints par des maladies chroniques.

On peut par des techniques biophysiques mettre en évidence ces structures dans l'eau. L'eau peut être à certains stades formatées par les ondes émises par l'ADN ou par d'autres molécules et les structures qu'elle porte alors peuvent être détectées par des techniques de spectométrie. Ces structures ne sont pas des impuretés, mais bien des composantes de l'eau elle-même, et cela peut avoir une explication quantique semble-t-il.

Les structures dans l'eau portent une information spécifique de l'ADN. Plusieurs laboratoires ont pu le constater. Le SIDA est un virus ARN qui grâce à l'enzyme de la transcriptase inverse produit un ADN complémentaire, les gènes de cet ADN sont bien connus. Les séquences de 104 paire de bases de répétition terminale à chaque extrémité, qui se conservent bien,  que l'on conduit à émettre des signaux électro-magnétiques dans une solution appropriée sont émis dans un tube d'eau en plastique. L'on pose à côté un tube qui ne contient que de l'eau non formatée. En générant une fréquence d'excitation de 7 Hz pendant une nuit, tout en protégeant les tubes des radiations extérieures, on découvre dans le nouveau tube qu'il émet lui aussi des signaux électro-magnétique, par induction du premier tube. Et par la technique PCR (polymerase chain reaction) découverte par Kary Mullis qui permet d'amplifier des millions de fois une séquence d'ADN, des tubes A et B, on retrouve dans le tube B la même séquence que dans le A, ce qui prouve bien l'existence d'un transfert.

Les enzymes qui synthétisent l'ADN depuis les origines de la vie ont pu utiliser la même structure de l'eau pour lire et répliquer la séquence, sans qu'il y ait une lecture directe base contre base.

Pour rendre la démonstration encore plus inattaquable, les EMS transportant les informations ADN ont été enregistrées sous forme numérique de fichier et envoyé via Internet à un laboratoire destinataire où un travail sur cet ADN ou sur la bactérie ou le virus qui a été la source de cet ADN n'avait jamais été faite. Des laboratoires destinataires ont été choisis en Italie (Salerne) et en Allemagne (Göttingen). Dans le laboratoire allemand, le courant électrique issu du fichier numérique communiqué par notre laboratoire a été converti et amplifié. Le courant était alors connecté à un solénoïde. Un tube d'eau a été inséré dans le solénoïde et a ainsi été soumis au champ magnétique modulé induit pendant une heure. Puis les ingrédients ont été introduits dans une aliquote d'eau du tube, et après 40 cycles PCR d'amplification l'ADN originel a été détecté. Cela s'est confirmé en Italie et en Allemagne avec une séquence du virus du SIDA et de la bactérie borrelia à l'origine de la maladie de Lyme.

L'eau garde donc la mémoire d'une structure chimique complexe. Est-ce que cela joue un rôle dans le fonctionnement physiologique normal ?

On détecte des signaux de l'ADN dans beaucoup de maladies chroniques. Connaître le mécanisme de reproduction dans l'eau peut permettre de neutraliser des maladies nosocomiales ou des maladies dégénératives ou l'autisme qui peuvent venir de signaux d'origine bactérienne dans le sang (qu'on détecte même dans des structures associées à des globules rouges, lesquelles sont censées ne plus avoir d'ADN). Les médecines traditionnelles peu toxiques peuvent éventuellement compléter les thérapies modernes.

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