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Jim Osman et l'exorcisme
Jim Osman, pasteur dans l'Idaho, défend une lecture des Ecritures qui condamne les soi-disant dons d'exorcisme, qui sont très à la mode dans les milieux évangéliques charismatiques, et que déploient "sur commande" en France divers prédicateurs comme Allan Rich ou Michelle d'Astier). Pour lui ce don était réservé aux apôtres (à rapprocher de l'approche dispensationaliste d'un Gene Kim). Sans doute la logique de sa remarque s'applique-t-elle aussi au don de guérison, et cela peut aller jusqu'à remettre en cause dans une certaine mesure non seulement le mouvement charismatique actuel, mais aussi les exorcismes catholiques "classiques" dont parlait brillamment Bérulle dans son Traité des énergumènes.
Extrait de son livre "Truth or Territory" publié en 2015 (p. 172-173) :
"Si notre compréhension des Ecritures est correcte, et je crois qu'elle l'est, alors il existe une contradiction évidente entre ce qu'enseignent les Ecritures et ce dont certains ont proclamé avoir fait l'expérience ou dont ils se sont dits témoins. D'aucuns objectent avec aplomb en citant telle de leur expérience personnelle ou plus anecdotique. Moi aussi je connais des gens qui sont censés avoir pratiqué des exorcismes, qui en ont été témoins, ou qui ont eu un démon exorcisé en eux. Que faire de ces expériences ?
Comme je l'ai déjà dit, on ne construit pas une théologie sur des expériences, quels que soient leur degré de réalité et leur capacité à nous convaincre. Nous bâtissons notre pensée sur les Ecritures, et donc demandez vous : "Comment est-ce que je comprends ce que j'ai vécu à la lumière des Ecritures ?"
Si la Bible dit que les exorcismes véritables sont des miracles, et si le Bible dit que ces miracles étaient accomplis par Jésus et les apôtres, et si les apôtres ne sont plus vivants, et si la Bible ne nous ordonne pas d'exorciser des démons, ni même ne donne d'instructions sur comment le faire, alors on ne peut tirer qu'une seule conclusion : les soi-disant exorcisme de notre époque n'ont rien de véritable.
Pourrais-je suggérer même qu'il est au moins possible d'un point de vue théorique que le père des mensonges, le grand trompeur, l'ange de lumière, puisse tromper les gens jusqu'à leur faire croire qu'ils peuvent le contrôler ? Est-il possible que Satan conduise les gens, pour aussi bien intentionnés qu'ils soient, à s'adonner à des pratique complètement superflues (utterly useless) ? Est-il possible qu'il puisse vouloir que des gens se concentrent ainsi sur des activités qui ne changent rien (make no difference) et qui distrayent le peuple de Dieu des vraies questions, c'est-à-dire la proclamation et la défense de l'évangile ? Je pense avec certitude que c'est là une explication valable.
Les Chrétiens d'aujourd'hui n'ont plus le pouvoir de chasser les démons ni celui de changer l'eau en vin ou de ressusciter les morts. Nous ne pouvons plus accomplir des prodiges et des miracles (signs and wonders). Les exorcismes modernes ne sont rien d'autre que des tromperies démoniaques savamment conçues pour dévier les Chrétiens de la guerre véritable, qui est une guerre de la vérité.
Les expériences d'exorcisme modernes sont créées par quelque chose d'autre que le pouvoir de Dieu. Les religions païennes ont aussi des exorcismes. Les gourous hindous accomplissent des exorcismes et les gens sont apparemment délivrés par eux des démons. Ces exorcismes là ne sont clairement pas réalisés par la puissance de Dieu. Jésus a dit que certains pourraient effectuer des exorcismes et ne seraient pas sauvés (Matt 7:21-23). Comment rendre compte de ces exorcismes ? Sont-ils la chose authentique (real McCoy) ? Ou est-ce que Satan trompe ces religions païennes et les cultes hindous ? Si Satan trompe ces religions païennes et ces cultes hindous en fabriquant de faux exorcismes, qu'est-ce qui nous fait penser qu'il ne peut pas faire la même chose aux Chrétiens ?"
Le Padre Pio et "Mademoiselle Bouvier"
J'avais déjà relevé une bizarrerie dans mon billet sur l'Italodance ici l'an dernier : que la chanteuse pop Ivana Spagna (rappelez vous "Easy Lady"), qui dialogue avec les fantômes, avait confié dans un livre récent qu'elle vénérait le saint thaumaturge Padre Pio à qui elle devait une guérison de sa mère, et gardait une photo de lui dans son portefeuille et chez elle.
Dans la série des rapports obscurs du Padre Pio avec le milieu des spirites, il y a aussi la vidéo ci-dessous mise en ligne le 3 novembre 2019 : le médium spirite Reynald Roussel - que j'ai d'ailleurs cité dans mon livre - y raconte, à la minute 9'24, que la spirite parisienne célèbre Hélène Bouvier (1901-1999), ascète réincarnationniste (avec qui Roussel a travaillé pendant quatre ans), a rencontré de son vivant le Padre Pio en Italie alors qu'elle avait "des doutes sur sa médiumnité" et que le Padre Pio lui a fait comprendre "qu'elle était sur le bon chemin" (sic).
Je me demande ce que l'Eglise catholique, qui condamne la médiumnité, en pense.
A propos de Marthe Robin
Dialogue entre un internaute et le prédicateur catholique Arnaud Dumouch sur la page YouTube de celui-ci à propos de la visionnaire stigmatisée française Marthe Robin (1902-1981) :
L'Internaute (I) (30 novembre 2019) : L' enseignement de Marthe Robin sur le salut dans un "processus final de mort" est absolument anti-biblique. Dans la Bible il y a une notion de persévérance tout au long de la vie qui elle seule sauve "celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" (Matth 10:22), et le fait qu'il ne suffira pas de dire "Jésus Jésus" à la fin pour être sauvé. Matth 7:21 "Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux." Bien sûr il y aura des exceptions, car la miséricorde du Seigneur est grande. Mais en déduire qu'il y a aura une majorité de sauvés est diabolique. "Car il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus" (Matth 22:14)
Arnaud Dumouch (AD) : C'est parce que vous ne regardez pas TOUTE la Bible. Par exemple, la parabole des ouvriers de la 11° heure. Mais regardez ces deux textes Ils montrent que l'homme droit qui entre dans l'évangile jusque face à sa venue est sauvé. Au contraire le chrétien qui fait des miracles mais dont le coeur est méchant peut se perdre : Matthieu 25, 34 Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus me voir.
Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, Matthieu 25, 39 malade ou prisonnier et de venir te voir ? Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. Alors il dira encore à ceux de gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Matthieu 7, 23 Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons ? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? Alors je leur dirai en face : Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.
I : Arnaud, je lis ceci dans "Portrait de Marthe Robin" par Jean Guitton p. 74 de la version en livre de poche : "Je lui parlais de mes collègues. Oserai-je dire qu'elle avait une préférence pour Jean-Paul Sartre ? Elle exigeait des détails sur 'Madame Simone de Beauvoir', dont elle ne savait rien, si ce n'est ce qu'elle a raconté elle même dans ses livres. De celle-ci, elle me disait : 'Je prie pour elle, car elle n'a pas achevé son oeuvre'. " Me direz vous Arnaud en quoi l'existentialisme athée et le féminisme révolutionnaire ont servi la cause de notre Seigneur ?
AD : C'est uniquement au terme, lorsque sera manifesté la victoire de l'amour, que vous verrez que tout ce que permet le Seigneur a été utile.Pour la génération de Jean-Paul Sartre, regardez : http://eschatologie.free.fr/contes/tome_2_la_fin_des_generations/19_la_generation_de_mai_68.html
I : Je sais bien qu'il faut aimer nos ennemis et persécuteurs, mais de là à faire l'éloge de leur oeuvre ! Imagine-t-on les chrétiens dans l'arène faisant l'éloge de la politique de Néron et de Dioclétien ? Notre Seigneur en Luc 13:32 a traité Hérode de "renard", il n'a pas dit qu'il se réjouissait de le voir développer son oeuvre, même si cette oeuvre du point de vue de la fin des temps était peut-être utile... Avec ce genre de "modèle chrétien" on ne s'oppose à rien, et, comme le pape, on invite des conseillers proches du financier occultiste George Soros au synode sur l'Amazonie...
AD : On fait honneur à Dieu qui met des préparations au salut dans tout ce qu'il se passe en ce monde (sauf le blasphème contre l'Esprit).
I (4 décembre 2019) : A mon humble avis Marthe Robin est inspirée par l'Antéchrist, parce qu'elle annonce un renouveau de l'Eglise de France alors que notre Seigneur lui nous disait de faire comme si la fin était proche et de nous préparer aux persécutions du règne de l'Antéchrist. En promettant un renouveau catholique français, elle cherche à démobiliser les chrétiens, à les désarmer face à l'Antéchrist. D'après la Bible, le vrai renouveau sera seulement avec le règne de notre Seigneur Jésus-Christ sur Terre.
AD : Pourquoi un renouveau pourrait-il nous démobiliser ?
I (6 décembre) ! Parce que les chrétiens vont se dire : "Pas la peine d'être trop vigilants aujourd'hui même puisqu'il va y avoir encore une ou deux générations de renouveau catholique en France - le règne de l'Antéchrist et les temps de la fin ne sont pas pour demain".
Jessica Smith à propos du yoga et du reiki
Jessica Smith a étudié dans un ashram en Inde et vécu dans un centre bouddhiste à Berkeley. Elle a enseigné le yoga et pratiqué le reiki à un niveau supérieur jusqu'à ce qu'une expérience profonde révèle la réalité spirituelle ténébreuse qui se cache derrière ces pratiques. Elle explique tout cela sur son site Truthbehindyoga. Doreen Virtue l'ex-spécialiste des anges New Age convertie à la Bible - dont on a parlé l'a invitée le 23 novembre sur sa page You Tube. Voici ci-dessous l'interview en anglais.
"Bien sûr ces choses (le yoga, le reiki) marchent, dit-elle notamment à la minute 34, parce que Satan ne veut pas de votre corps, mais de votre âme. Il guérira votre dos, votre coude, parce que vous désobéissez à Dieu dans ce processus, et vous avez plus confiance en vos sensations et vos expériences que dans la parole de Dieu qui interdit ces pratiques. Et donc de cette manière il vous a. Il contrefait les miracles de Jésus et se fait passer pour un ange de lumière en manipulant le monde invisible en vous soignant provisoirement, mais c'est uniquement pour vous perdre".
Jessica Smith recommande les études de l'ethnologue et historienne des religions à l'université de l'Indiana Candy Gunther Brown, qui montrent que tout engagement dans les médecines alternatives conduit à une adhésion spirituelle. Ce n'est jamais spirituellement neutre.
-- Jérémie 17:9 "Le coeur est trompeur par-dessus tout, et mauvais"
"L'erreur des religions païennes" de Firmicus Maternus
Parmi mes dettes à l'égard de Clinton Arnold, je reconnais qu'il m'a fait découvrir à travers ses conférences Julius Firmicus Maternus, auteur romain en 348 de notre ère (entre la mort de Constantin et le règne de Julien l'Apostat) d'un traité intitulé par les Belles Lettres "L'erreur des religions païennes" - Wikipedia préfère Traité de la fausseté des religions profanes (De errore profanarum religionum).
Arnold s'intéressait à Firmicus parce qu'il a d'abord trempé dans l'astrologie avant de se repentir et devenir chrétien. Il avait en effet publié vers 340 un traité d'astrologie, la "Mathésis" ou Livre des Mathématiques qui synthétisait diverses sources anciennes. Robert Turcan (1929-2018), professeur à Lyon III, dans son introduction à l'édition de 2002 aux Belles Lettres estime que l'auteur n'a pas dû être un très bon astrologue car il compilait dans un style verbeux des textes de l'Egypte ptolémaïque un peu daté (mais n'est ce pas un préjugé de ponte académique contemporain pour qui la qualité d'un savoir suppose qu'il se situe à la pointe de la recherche contemporaine ?). Pour lui il s'agirait d'un avocat, probablement devenu chef de bureau de l'administration impériale grâce au futur consul Lollianus Mavortius dans les années 330 (ce qui lui permit d'étudier l'astrologie), décurion local en Sicile, qui a pu accéder au rang sénatorial en fin de vie.
Ses hommages au néo-platonicien Porphyre situaient sa Mathesis dans cette école. Quand il a écrit ce traité, comme les néo-platoniciens de son temps il tenait l'astrologie pour une science noble qui permettait d'adorer les dieux supérieurs, au dessus des rituels magiques populaires. L'astrologie était pour lui une technique d'adoration qui impliquait de la part de celui qui s'y adonnait probité et ascèse (on est loin de l'éthique des voyants actuels).
Turcan estime que, dès lors qu'à la mort de Constantin en 317, ses successeurs ont été des contempteurs plus radicaux du paganisme (notamment contre la magie et la divination) son implication dans l'astrologie, même si elle était très légitimiste à l'égard de l'empereur et très tournée vers les sphères "élevées" de l'hénothéisme, a pu paraître suspecte (raison pour laquelle l'accession de son protecteur Mavortius au consulat a été retardée), sa conversion au christianisme serait un acte bassement intéressé. Firmicus, écrit Turcan (p. 21), "n'avait rien, semble-t-il, d'un homme indépendant, tenace et courageux. Au travers de l'emphase et des redondances affectées, la Mathesis nous révèle un auteur mal assuré de sa position dans le monde et qui cherche un peu trop l'ostentation et le pouvoir" (mais n'est(ce pas à mettre au compte de ses erreurs de jeunesse ?). Ce "rhéteur peureux, impressionnable, soucieux d'appuis puissants" aurait voulu "ménager les susceptibilités de Constant et de Constance II, lorsque la loi de 341 fit éclater contre les païens un bruit d'orage".
Voilà un réquisitoire bien sévère de la part d'un universitaire dont le seul mérite (en fait de courage) aura été de cultiver tranquillement sa carrière, à l'ombre des potentats locaux de l'institution qu'il servait, comme on le fait dans toutes les facultés... Mais bon, il est vrai que dans la même veine le philologue belge Franz Cumont au XIXe siècle le traitait de "pédant borné". Peut-être y a t il derrière ce mépris pour Firmicus Maternus un préjugé anti-chrétien, quand, au contraire, la Bibliographie catholique jugeait le traité sur les religions profanes "pas indigne de figurer à côté des chefs d'oeuvres épistolaires et dogmatiques du grand évêque saint Cyprien".
"De errore" parut entre 343 et 350 et fut imprimé pour la première fois en Allemagne en 1559 à partir d'un manuscrit retrouvé en Westphalie (le seul dont on dispose) par l'historien protestant d'Istrie Flacius Illyricus. Conrad Bursian le retrouva à la bibliothèque vaticane en 1856 et le réédita.
Venons en au contenu du livre. On comprend que beaucoup de commentateurs athées de notre époque n'y voient qu'une polémique stérile de plus contre le paganisme, comme celles qu'ont lancées bien des saints ou des rhéteurs célèbres comme Tertullien.J'y trouve pourtant quelque parenté avec des sujets de réflexion de ce blog, à commencer par le fait que le paganisme soit rattaché aux stoicheia : chaque religion profane est soumise à un élément naturel, nous dit l'auteur. En Egypte on vénère l'eau, les Phrygiens (Galates) adorent la Terre, les Assyriens et une partie des Africains idolâtrent l'air sous le nom de Junon ou de Venus "vierge". Les Perses "et tous les mages" vénèrent le feu.
Et tout cela est tourné vers la mort. On se scarifie pour Osiris dont on cherche le corps déchiqueté alors qu'il existe un tombeau du dieu au corps calciné en Egypte, au lieu de se tourner vers le vrai Sauveur. En Phrygie, on partage le sort d'Attis acculé à l'émasculation (rappelez vous l'allusion de Paul dans la Lettre aux Galates) puis à la mort par Cybèle, et l'on porte son deuil autour de son tombeau. Dans les deux cas Firmicus Maternus dénonce l'identification artificielle de ces deuils au cycle naturel des moissons et de la germination.
Dans le culte de l'air, il critique l'idéal d'androgynie (condamné par la Bible) des prêtres qui se maquillent et invoquent des démons avec des voix féminines pour être possédés, des hommes qui se prostituent comme des femmes.
Pour les Perses, Firmicus Maternus raille leur culte de la femme aux trois visages enserrée dans des lacs de monstrueux serpents. Pour Attilio Mastrocinque, dans The Mysteries of Mithra : A different account p. 123, il s'agit d'un des mystères de ce culte en vogue à l'époque dans l'armée romaine. Puis il manque des pages et l'auteur latin ensuite s'en prend à la division de l'âme dans le culte de Mithra.
Dans les cultes de Liber et Libera, on vénère aussi des morts puisqu'on célèbre le meurtre de l'enfant Liber déchiqueté par les sbires de Junon : en souvenir de cela, les Crétois déchirent avec leurs dents un taureau symbolisant le bambin (p. 90). Firmicus Maternus lui trouve un homonyme et équivalent en la personne d'un tyran de Thèbes vaincu par Lycurgue (peut-être une synthèse de l'épopée de Dionysos, Lycurgue roi des Edoniens et Penthée de Thèbes). Le culte de Perséphone aussi, pour l'auteur, n'est qu'une affaire de crimes humains puisque Pluton est un riche paysan qui enlève Proserpine fille de Cérès qui n'est elle-même que la femme d'Henna (une ville de Sicile). "La frivolité des Grecs aime à donner le titre de dieux à ceux qui leur ont rendu quelque service" - si bien que les Crétois adorent le tombeau d'un mort : Jupiter - on sait combien ce fait avéré fascina Nietzsche (p. 95).
L'identification de ces êtres aux astres - Liber au soleil et Proserpine à la lune - est plus absurde encore à ses yeux et ridiculise ceux-ci.
Puis dans un style très rhétorique digne des plaidoiries, l'auteur s'en prend aux traditions locales de renom : Cyniras de Chypre prostituait pour un as sa maîtresse dans le temple de Vénus à Paphos (c'est la version que Clément d'Alexandrie avait répandue dans les années 200 d'un des mythes sur la fondation de Paphos). On fait glisser un serpent le long d'un sein dans le culte phrygien ou thrace de Zeus Sabazios ("le tonnant"). Le culte des corybantes célèbre le meurtre, celui de Jupiter ou d'Apollon l'adultère. Celui de Sérapis, explique Firmicus Maternus, en Egypte, fut à l'origine celui de Joseph de la Bible, intendant du Pharaon, qui avait rendu me pays prospère et que les Egyptiens ont nommé ainsi parce qu'il était descendant de Sara, la femme d'Abraham. Les sacrifices de bétail dans ce culte aujourd'hui nourrissent des démons - l'auteur se réfère alors au passage du Livre des oracles de Porphyre (qu'il qualifie de "defensor sacrorum, hostis dei, ueritatis inimicus, sceleratarum artium magister) qui décrit un "Serapis" qui entre par le corps d'un homme et parle par sa bouche (une canalisation) (p. 106). Au passage Firmicus Maternus relève l'humiliation pour un dieu de pouvoir ainsi parler sur commande.
Les pénates, eux, ont été inventés par ceux qui ne vivent que pour boire et manger, pour déifier la nourriture, contre le commandement de Jésus Christ qui objecte à Satan que l'homme ne vit pas que de pain. Vesta, ce n'est que la déesse du feu domestique, au service duquel on devrait préposer des cuisinier et non des jeunes filles vierges dont on humilie ainsi la virginité (et dont beaucoup se prostituent). Le palladium, statue d'Athèna, est fait des os de Pélops tué par le brigand scythe Abaris qui le vendit aux Troyens. En le vénérant les hommes adorent les os d'un criminel. Si la statue a résisté aux incendies de Troie par les Grecs et de Rome par les Gaulois, elle le doit à l'action des hommes et non à ses pouvoirs magiques. Firmicus Maternus appelle d'ailleurs à la brûler maintenant (Matth 13:40). La tradition retient cinq Minerves. Celle qu'on nomma Pallas fut une femme qui tua son père Titanis (p. 111). Les temples ne sot que des cimetières, estime l'auteur, où l'on ne célèbre que les dépouulles de criminels.
Il exhorte les "très saints empereurs" à les détruire. "Ces pratiques, on doit les supprimer radicalement et les anéantir" et prendre un édit contre elles (amputada sunt haec, penitus atque delenda et seuerissimis edictorum uestrorum legibus corrigenda). Beaucoup tiennent à ces traditions et "aspirent à leur propre ruine avec une ardeur passionnée", "délivrez les, lance-t-il aux empereurs, car ils sont à la mort". C'est pour traiter cette gangrène que les souverains ont reçu la direction de l'Empire." Mieux vaut délivrer ces gens malgré eux que les laisser se perdre volontairement" car "lorsqu'un état pathologique a pris possession de l'organisme humain, le patient réclame pour son malheur ce qui va à l'encontre de sa guérison" (p. 113). Plus loin l'auteur mobilisera l'Ancien Testament pour appeler à détruire les idoles (p. 147-148).
Je passe dans ce compte-rendu les dernières pages du livre qui détaillent encore d'autres usages cultuels, avec les statues, les arbres, etc auxquels Firmicus Maternus oppose des extraits de la Bible, au nom d'une promesse plus haute faite à l'humanité, promesse de vie et d'éternité.
Evidemment un chrétien de nos jours ne peut que donner raison à l'auteur (alors qu'au contraire, bien sûr, tous les rationalistes anti-chrétiens blâment son intolérance et son incompréhension des soi-disant "connaissances anthropologiques" que l'athéisme contemporain a glissé dans nos veines). C'est un tableau très poignant et spirituellement juste que ce rhéteur du Bas Empire nous livre de la morbidité profonde du paganisme antique, et un contrepoint très utile à cette espèce d'idéalisation du monde païen pré-chrétien qu'on trouve sous la plume d'un Paul Veyne ou d'un Jerphagnon. La morbidité de l'époque actuelle, fille du désespoir dans lequel elle vit de n'avoir plus aucun accès possible (ou de croire ne plus avoir d'accès possible) à la Nouvelle Jérusalem, rend hommage à celle d'autrefois en la parant de lumières artificielles. Même si, sans doute ,ses thèses sur l'origine humaine des dieux païens sont historiquement fausses, son analyse de la noirceur des cultes qui leur étaient rendus est juste, et la lecture de Firmicus Maternus est ainsi bien utile pour démystifier les idées fausses que l'enseignement soi-disant laïque a mis dans nos têtes à ce sujet.
La "Lettre aux Ephésiens" et les pouvoirs occultes
On a déjà cité ici Clinton Arnold à propos de la Lettre de Paul aux Galates et des fameuses "stoicheia" dont je parle beaucoup sur ce blog depuis deux mois.
J'ai reçu aujourd'hui la thèse de cet auteur sur la Lettre aux Ephésiens, thèse qu'il a soutenue en 1986 dans une université chrétienne d'Aberdeen, et publiée en 1989 sous le titre "Power and magic, The concept of Power in Ephesians". Un sujet qui concerne, comme on va le voir, les pouvoirs occultes.
Les mots sur ces pouvoirs occultes sont très concentrés dans cette lettre sous divers vocalobles : iskhus, kratos, exousia, dunamis ou energeia (deux termes qui évoquent les forces et énergies, ce qui devrait nous faire craindre un peu les "énergies subtiles" que les yogis, et adeptes des sagesses médecines douces prétendent manipuler impunément). Ces mots sont opposés au pouvoir cosmique du Christ. Arnold essaie de comprendre les préoccupations historiques auxquelles ce propos répondait en son temps.
L'exégèse historique admet que le texte s'adressait à plusieurs églises d'Asie mineure occidentale et non seulement une église spécifique d'Ephèse. Cette ville de 250 000 habitants à l'époque avait été pendant 2 ans et demi un centre de prédication important pour Paul.
Pendant longtemps les historiens se sont demandés si cette lettre n'était pas inspirée par une forme d'hérésie gnostique locale liée au manichéisme iranien (le grand combat des forces du Bien contre celles du Mal). Mais la Gnose est apparue plus tard, d'ailleurs avec un fort contenu juif après la chute du Temple, si bien que cela militerait pour une datation tardive (postérieure à 70) du texte et il est vrai que des manichéens ultérieurement (notamment le manuscrit de Nag Hammadi l'Hypostase des Archontes) ont beaucoup cité Ephésiens 6:12 "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants (/esprits du mal) dans les lieux célestes." Arnold estime qu'il a pu exister des formes de proto-gnosticisme juif qui ont influencé Paul, mais il s'intéresse davantage au contexte de magie qui caractérisait Ephèse et sa région à ce moment-là.
Metzger a insisté sur le fait qu'Ephèse était la ville la plus infestée de sorcellerie de tout l'empire romain. Les "lettres éphésiennes" (ephesia grammata) étaient des formules rituelles magiques (à base de six mots liés à Artémis) citées par Clément d'Alexandrie, Hesychius, mais aussi une tablette crétoise du IVe siècle av JC. Anaxilas le Comique (IVe s av JC) en son poème "Le fabriquant de harpes" cité par Athénée de Naucratis décrit ainsi le philosophe Anaxarchos d'Abdère : "Huilant sa peau avec des onguents jaunes, étalant ses délicates chlamydes, traînant ses pieds dans de fins escarpins, mâchant des oignons, dévorant des morceaux de fromage, gobant des œufs, mangeant des bigorneaux, buvant du vin de Chios, et, c'est le comble, portant sur des pièces d'étoffes cousues les jolies lettres d'Éphèse" - Arnold traduit par "jolis charmes d'Ephèse", puisqu'on utilisait ces mots comme des formules apotropaïque (un combattant à Olympie les avait inscrites sur ses chevilles, et selon Plutarque les mages exorcisaient les possédés en faisant réciter les mots de ces lettres°. On connaît la magie de l'époque à travers des papyrus d'Egypte et le Testament de Salomon. Rappelons qu'en 13 av JC Auguste avait fait brûler 2 000 rouleaux de parchemins à finalité magique selon Suétone.
La peur du royaume des démons était une raison majeure de l'usage de la magie : dans les papyrus égyptiens de ce temps on invoque contre les démons des dieux grecs comme Kronos, Zeus, Aphrodite, égyptiens comme Osiris, Isis, Serapis et même des noms du Dieu des Juifs (p. 18). L'Artemis d'Ephèse (affublée des titres de sauveuse/soteira, seigneur/kuriar, et reine du Cosmos/basileis kosmon) joue aussi un rôle très important dans les protections surnaturelles. Comme Isis dans l'Ane d'Or d'Apulée (qui d'ailleurs l'assimile explicitement à l'Artémis d'Ephèse comme à l'Aphrodite de Paphos), elle a un pouvoir au dessus du destin qui se manifeste par son collier représentant les signes du Zodiaque qu'elle maîtrise (sur une gemme magique trouvée près de Paris elle est représentée avec le soleil et la lune, ce qui en fait une divinité astrale). Les Ephesia Grammata selon Pausanias étaient écrites mais de façon illisible sur les pieds, la ceinture et la couronne de la déesse. Elle est reine du monde souterrain et ses seins avaient aussi une fonction magique, comme souvent les organes sexuels dans l'Antiquité (cf Lichtenecker).
Les Actes apocryphes de Jean identifient clairement Artemis à un démon, et ce n'est pas un hasard si un des rares exorcismes des Actes des Apôtres se passe à Ephèse. On a retrouvé des papyrus chrétiens invoquant la vierge Marie, Sabaoth et Salomon pour "lier le scorpion Artemis".
La vision paulinienne des "pouvoirs" que le Chrétien doit affronter a fait débat. Le vocabulaire (le mot arkhè) emprunte à l'esprit juif de l'époque. Le mot dunamis se réfère aux anges dans l'ancien testament, tout comme kuristès (ennemis) (p. 54).
Les versets "1. 20. Cette puissance, il l'a déployée en Christ quand il l'a ressuscité et l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, 21 au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir." montrent une suprématie sur les noms d'entités invoqués dans les rituels magiques. En écho à Psaume 110 " Yahweh a dit à mon Seigneur: "Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds."
La référence à la descente de Jésus sous Terre (Ephes 4:9) peut rassurer ceux qui craignent les puissances de l'Hadès. La description de Satan comme "le prince de la puissance de l'air " en 2:2 est commune à l'époque. Les papyrus magiques parlent beaucoup des esprits de l'air. A plusieurs reprises (notamment les prières de l'épître) le pouvoir de Dieu est placé au dessus de celui de ces forces des Ténèbres (p. 72). Arnold analyse en quels termes ce pouvoir est décrit par Paul.
Au total j'ai été un peu déçu par ce livre qui enfonce beaucoup de portes ouvertes, et paraphrase souvent le texte de Paul en ne donnant que quelques éléments sur le contexte culturel des mots choisis. C'est beaucoup moins impressionnant que les trouvailles faites par Kevin von Duuglas-Ittu dans son cocktail sur la "Lettre aux Galates" élaboré sur la base des travaux d'Arnold et de Susan Elliott. L'idée que la soumission au Nomos juif et païen vous asservit aux stoicheia du zodiaque et des éléments naturels était quand même plus contre-intuitive que celle selon laquelle les puissances auxquelles Saint Paul oppose la suprématie du Christ sont (en partie) les sortilèges magiques liés à l'Artémison d'Ephèse.
Je retiens cependant deux points importants : 1) le nom de Jésus comme nom au dessus des noms devient quelque chose de très concret quand on comprend l'usage des noms dans la magie ésotérique (notamment dans les Ephesia Grammata) 2) le fameux "tu marcheras sur le lion et sur l'aspic" du Psaume 91 ne désigne pas une marche horizontale mais une ascension : le lion et l'aspic deviennent l'escabeau du chrétien.
Encore et toujours les stoicheia (esprits du feu, de l'air etc)
Désolé, j'évolue un peu en boucle en ce moment autour de ce que je vous ai dit sur la Lettre aux Galates de Saint Paul, et sur les stoicheia. Mais le sujet en vaut la peine car il parle de notre temps autant que de l'Empire romain, et je n'ai pas fini de vous assommer avec Paul, car je compte bientôt disserter un peu, à partir d'un livre de l'historien Clinton Arnold, sur sa Lettre aux Corinthiens, qui, elle aussi, parle beaucoup de magie.
Je vous ai dit que pour St Paul le légalisme vous rend soumis aux stoicheia comme des enfants, et que les stoicheia, ce sont les esprits des éléments (aussi bien le feu, l'air, que les décans du zodiaque). Et, en lisant le début de l'autobiographie de l'alchimiste Burensteinas, et ses considérations sur l'esprit du feu, j'ai trouvé qu'on était en plein dans le sujet.
Voici une page du même Burensteinas ("Un alchimiste raconte", p. 224-225) qui me confirme complètement dans cette intuition, et qui, en même temps, aide à comprendre ce que sont ces "éléments" ou "élémentaux" auxquels selon Saint Paul (et l'Esprit saint qui lui dicte sa lettre), nos vies sont soumises quand nous nous soumettons aux lois de la nature :
"Il faut d'abord que je vous explique ce sont les 'élémentaux'. Ce sont des esprits qui ont choisi comme corps des éléments. De la terre, de l'eau, de l'air et du feu. Pour moi, ce sont des âmes, qui ont choisi de s'incarner non pas dans la chair comme nous, mais dans d'autres véhicules. Aussi diverses que les âmes des humains. Certaines sont des brutes, d'autres des philosophes. Elles aussi, comme n'importe quelle forme de l'univers, cherchent à dissiper leur agitation.
N'avez-vous jamais vu dans un cours d'eau un élémental ? Il se remarque par une masse d'eau remontant le courant ou à une tache d'eau qui semble d'une intensité différente, comme de l'huile. En outre, elle est délimitée par un fil. J'ai même vu, un jour, une tache émeraude remontant une cascade. Dans une maison, quand vous avez une zone qui reste inexplicablement humide, alors qu'il n'y a pas de fuite, et ce, malgré tous les efforts que vous avez faits pour assainir les murs, il est possible qu'un élémental de l'eau ait élu domicile. On peut convaincre cet élémental de rejoindre une bassine d'eau pour pouvoir ensuite le ramener dans une rivière et ainsi libérer les lieux. Même si ça peut paraître étrange, c'est un rituel utilisé depuis la nuit des temps.
Un élémental de terre peut s'installer dans une pierre. On peut supposer que, quand il veut communiquer, il finit par prendre la forme de l'espèce à qui il veut s'adresser : un homme, un ours ou un lézard...
L'élément du feu, j'en ai déjà parlé, c'est la salamandre. Je l'invoque au creuset, mais aussi lors des cérémonies d'équinoxe, que je fais chaque année avec une quarantaine de personnes. Il n'est pas rare qu'il se manifeste par des serpents de feu tournant autour des participants.
Quant à l'élémental de l'air, c'est un sylphe. S'il s'attache à un bosquet, on a coutume de l'appeler un sylvestre ou une dryade. En font partie aussi les djinns qui déclenchent les tourbillons de sable dans le désert ou de neige en montagne.
(...) J'ai appris à communiquer avec les intercesseurs que sont les élémentaux, et notamment à déclencher des orages. J'ai même appris à des élèves à le faire avec moi, à l'aide d'un 'bâton-tonnerre' ".
Comme je l'ai raconté dans mon livre sur les médiums, lorsque j'ai eu l'infiltration d'une entité en 2015, c'est un vieux sourcier belge qui, à Sainte Baume, en Provence, l'a fait savoir à ma secrétaire qui s'y était rendue en pèlerinage (il a même tenté de m'exorciser à distance avec sa fourche en caoutchouc). J'ai eu pas mal de discussions avec des gens qui avaient des rapports étranges avec des esprits des eaux (notamment une masseuse). Il y a aussi probablement des démons attachés aux élémentaux comme les sirènes ou les ondines pour l'eau. Je n'entrerai pas dans cette discussion, mais oui, les salamandres, les sylphes, les ondines, sont ce dont il est question quand on parle des stoicheia. Ces entités sont elles forcément soumises à Satan comme le prétendent certains évangéliques, ou peuvent-elles être neutres, voire favorables comme ceux qui prétendent pouvoir faire de la "magie blanche" sans se compromettre avec les Ténèbres, c'est une question qui existe au sein du christianisme et qui fait débat.
Je crois qu'avant de s'abandonner à un écologisme naïf hérité de Rousseau, il faut, quand on marche dans une forêt ou au bord d'un étang, garder à l'esprit que tout ce monde invisible existe. Il fait partie des "mille qui tombent à ton côté et dix mille à ta droite" dans le combat spirituel qu'évoque le psaume d'exorcisme 91 au verset 7 (voir l'interprétation de Rachi de Troyes à ce sujet).
Dominer les stoicheia ?
Je réfléchissais ce matin au livre autobiographique de l'alchimiste Patrick Burensteinas, son témoignage vibrant sur ses expériences avec l'esprit du feu ou l'esprit du métal.
Je pense que, comme l'astrologie (avec laquelle d'ailleurs elle travaille), l'alchimie est de l'ordre des stoicheia (au sens de St Paul, voir ici), et de la soumission à ceux-ci.
St Paul dans sa lettre aux Galates dit bien que le légalisme et la soumission à un nomos (pas seulement à la Torah) implique qu'on reste un enfant soumis aux intendants du domaine (les esprits des éléments naturels, les stoicheia) alors que nous avons vocation à diriger ce domaine que nous tenons de notre Père.
Cela signifie-t-il que, si nous devenons esclaves de la Nouvelle Jérusalem selon les mots de St Paul (ou esclaves de l'obéissance selon St Pierre) et prenons ainsi le pouvoir sur le domaine au nom de notre Père nous chassons les intendants ou est-ce que nous prenons autorité sur eux ?
L'Evangile dit que nous chasserons les démons, mais les stoicheia ne sont pas exactement des démons. Ce sont des esprits des choses, des esprits des éléments. Si je me fie au passage où Jésus maîtrise les tempêtes et marche sur l'eau, passage qui implique la promesse pour tout chrétien d'accomplir les mêmes prodiges pour peu qu'il ait une foi comme un grain de moutarde (sauf si dans une approche dispensationnaliste on estime la promesse réservée aux seuls apôtres), alors la soumission à la Jérusalem céleste impliquera que l'on gouverne les esprits des éléments au lieu de les chasser. Je suppose que la légitimité des tentative d'alchimie et d'astrologie chrétienne si seulement elle existe doit se déduire de cela...
En tout cas en parlant d'alchimie vous avez vu que l'attaque à la voiture bélier de la cathédrale d'Oloron Ste Marie en Béarn cette semaine a permis de dérober des tenues liturgiques à effigie de salamandre, symbole de François Ier, que le roi de France avait offertes à l'évêque (je suppose que ce fut Gérard Roussel, membre du cercle de Meaux nommé là par sa soeur Marguerite d'Angoulême reine de Navarre, la célèbre auteure de l'Heptaméron, mais la presse ne le précise pas). Burensteinas est très éloquent sur cette salamandre, esprit du feu, que les alchimistes arrivent à visualiser et qui fit sauter les feux grégeois d'un bateau arabe l'autre d'une façon prodigieuse lors des deux sièges de Byzance, sauvant la ville, qui abritait semble-t-il elle aussi des alchimistes de haute volée...
Mais bon, à titre personnel, comme St Vincent de Paul, je préfère éviter ce monde là.