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Athanasios le gyrovague
Je ne suis pas enthousiaste du ivre de feu le béarnais Jean Biès sur le mont Athos (eds Dervy-livres), car il mélange christianisme et hindouïsme, ce que des ascètes du lieu, notamment Saint Païssios, ont toujours fermement condamné. Mais il s'y trouve le portrait intéressant d'un des derniers moines gyrovagues qui s'y trouvaient dans les années 1970, Athanasios.
"Nous l'avions remarqué dans la chapelle, debout toute la nuit, écrit-il p. 231, le visage contre le mur (...) Nous le regardions. Âgé d'une soixantaine d'années, il était de taille moyenne, un peu voûté. Du monde intérieur où il habitait, il semblait ne pas avoir de vue sur l'extérieur, et ne portait sur nous nul regard : un aveugle qui eût des yeux normaux. Ces yeux, d'un bleu profond, fixaient le centre de notre poitrine sans se lever vers notre visage ; ils demeuraient à ce niveau, comme légèrement noyés de brume".
Il raconte leur descente ensemble de l'Athos à la skite de Sainte-Anne. "Nous fûmes bien surpris en remarquant qu'Athanasios devinait nos pensées. Comme, au bout de quelques heures, nous éprouvions, sans le lui formuler, le désir de nous aider d'un bâton, dans une marche incertaine au milieu d'éboulis, nous le vîmes au même moment entrer dans un bosquet de vernes, et en ressortir tenant à la main deux branches, qu'il avait coupées. Il s'assit sans mot dire sur une pierre et, à l'aide d'un couteau, les effeuilla, en tailla l'extrémité, ôta l'écorce et vint nous les tendre, une à chacun, en riant."
Vous trouverez la suite du portrait ci-dessous :
Saint Isaac le Syrien
Dans "Saint Paisios of Mount Athos" de Hiéromoine Isaac, je lis p. 226 que le saint moine Païssios avait œuvré activement de son vivant à réhabiliter Abba Isaac le Syrien (évêque de Ninive au VIIe siècle), faussement accusé par certains selon lui de nestorianisme, dont il appréciait beaucoup les Discours ascétiques. Il avait même, après avoir polémiqué avec un théologien sur ce point, vu apparaître le choeur des saints et, parmi eux, Abba Isaac lui conformer qu'il avait bien toujours été orthodoxe. Cela l'avait conduit à consacrer un jour de sa communauté à ce saint.
Il existe une traduction de ces discours en français de 2011 par l'archimandrite Placide Deseille (1926-2018), accessible sur Internet en version gratuite. Le traducteur y explique que ce saint influença Syméon le Nouveau Théologien au XIème siècle, le mouvement hésychaste au XIVe siècle. Abba Isaac et né dans la région du Beit Qatrayé (au niveau du Qatar actuel) vers 613, c'est à dire dans l'empire zoroastrien des sassanides. Nommé évêque de Ninive en Mésopotamie probablement vers 676 (après la conquête musulmane), il renonça à l'épiscopat au bout de cinq mois préféra rejoindre les ermites de la montagne de Matout dans la région du Beit Houzayé, dans l'actuel Khouzistan, à l'Est de Bassora. La hiérarchie chrétienne à l'époque était officiellement nestorienne mais beaucoup de prêtres et moines ne l'étaient pas, et Saint Isaac, explique Placide Deseille, resta à l'écart des querelles théologiques.
Ses discours furent traduits en grec au IXe siècle par des moines en Palestine. Inutile de les résumer, mieux vaut simplement les télécharger et les lire : ils sont la clé du parcours pour la sainteté, non pas la sainteté de l'intellect mais celle du coeur. Tous les mystiques décrivent à peu près le cheminement de la même manière, et c'est pourquoi personne ne pourra dire au jour du Jugement qu'il ne savait pas : les témoignages étaient tous livrés. Pour Isaac le Syrien la purification du coeur est un stade très supérieur de sainteté aux luttes psychiques ordinaires du chrétien pour accéder à la vertu qui restent au niveau de l'intellect et de la contrainte. A ce niveau de purification toute l'âme est embrasée d'amour, mais cela passe par une ascèse très dure, une crucifixion complète de la chair, et une rupture totale avec le monde.
De Profundis, la Terre creuse et le forage de Zapoliarny
Il y a beaucoup de références aux abîmes (tehom en hébreu, tartaros en grec) dans la Bible : le Déluge est venu des abîmes, non de la pluie : "Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol." (Genèse 2:6). "N'est-ce pas toi qui as fait tarir la mer, les eaux du grand abîme?" (Esaie 51:10). "Car, si Dieu n'a pas épargné les anges qui ont péché, mais s'il les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement;" (2 Pierre 2:4) "Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main" (Apocalypse, 20:1) (sans parler de Henoch 66:6 "Et quand tout cela s'effectua, de la masse fluide du feu, et de la perturbation qui régnait en ce lieu, il s'éleva une forte odeur de soufre, qui se mêla aux eaux ; et la vallée des anges, coupables de séduction, brûla sous son sol").
Les théories de la terre creuse ont aussi inspiré des occultistes qui pensaient pouvoir trouver au centre de la Terre le royaume bienheureux d’Agartha ou Shamballa, peuplé d’êtres magiques, thème auquel sont associés les noms de Saint Yves d'Alveydre, Ferdynand Ossendowski, René Guénon, Willis Emerson ou plus indirectement Edgar Rice Burroughs (l’inventeur de Tarzan), Edgar Allen Poe, TS Eliot (Hollow earth, hollow men) Jules Verne, et que le mouvement théosophique a contribué à diffuser.
Comme je l'ai rappelé dans mon livre sur le complotisme (p. 92), en 2002 un certain Dallas Thompson (voir le très sérieux Telegraph à ce sujet), disciple d’un sorcier hawaïen (kehuna), avait suscité l’engouement du public américain en annonçant qu’inspiré par une révélation liée à une expérience de mort imminente il irait explorer en hélicoptère l’entrée de la Terre creuse en Arctique en suivant les pas de l’amiral Richard E. Byrd (1888-1957). Cet explorateur proche de la Science chrétienne (voir Life Magazine du 30 octobre 1939) aurait, selon lui, exploré la Terre dans une bulle magnétique dans le cadre de l’opération « High Jump » de 1947.
Dans un livre paru en 1986, « Le voyage à Shambhalla », les médiums français Daniel Meurois et Anne Givaudan ont raconté leur incursion, à la faveur d’une « décorporation » dans le monde souterrain de l’Agartha qu’ils décrivent comme l’articulation de sept mondes. Selon eux, Jésus-Christ y pénétra en un éclair à l’issue de son supplice, et « c’est là que son travail de régénération éthérique de la planète prit forme définitive ». Dans une vidéo vue un million de fois sur Internet, un physicien bulgare passé à l’Ouest en 1984, Vladimir Terziski, qui se dit ufologue et cofondateur de l’American Academy of Dissident Scientists, affirme que des nazis ont été accueillis par une civilisation extraterrestre vivant au centre de la Terre qui y auraient construit (selon un Américain de Floride dont Terzisky prétend rapporter le propos) une ville de deux millions d’habitants, la « Nouvelle Berlin ». Les « Illuminati » sont censés devoir l’utiliser un jour pour remplacer l’humanité (la vidéo n’est pas datée, mais Terzisky avait déjà tenu ces propos dans une émission radio, le « talk-show » de Sam Russell sur K-TALK Radio à Salt Lake City, dans l’Utah le 5 juin 1993, où il avait affirmé que les nazis avaient aussi accédé aux entrailles de la Terre par le Tibet). Ce thème est aussi lié à celui du peuple mythique des Hyperboréens, prétendus ancêtres des Indo-européens, développé par des auteurs comme Jean-Sylvain Bailly (1736-1793), William Fairfield Warren (1833-1929), Bal Gangadhar Tilak (1856-1929), Julius Evola (1898-1974) et actuellement par le gnostique crowleysien russe Alexandre Douguine.
Pour les occultistes, le centre de la Terre est le royaume de races mystérieuses ou d'extra-terrestres. Pour certains chrétiens fidèles aux Epitres de Jude et Pierre 2, c'est la prison des Nephilim qui en sortiront à la fin des temps.
Parmi ces derniers, certains, comme EnterTheStars (Casey Brown), trouvent des arguments empiriques qui vont dans le sens de la Bible du côté d'une entreprise d'exploration menée en Russie dans le dernier quart du siècle dernier.
De mai 1970 à 1989, les Soviétiques ont tenté de creuser la terre autant qu'ils le pouvaient pour l'exploitation pétrolière (ou pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Lénine) dans la péninsule de Kola : le forage de Zapoliarny sur 12 km de profondeur. Pendant deux décennies, il s'est agi plus long trou de forage du monde en profondeur mesurée le long du puits, jusqu'à ce qu'il soit dépassé en 2008 par le puits de pétrole Al Shaheen qui l'a battu seulement de quelques mètres.
A 7 km fut trouvée de l'eau liquide, ce qui a surpris les chercheurs. Ils ont affirmé qu'elle pouvait être issue de la roche, mais cela en laisse plus d'un sceptique. Cela fait penser en ce qui concerne les eaux profondes sans contact avec l'air au lac subglaciaire sous la station antarctique russe de Vostok, qui se situe à sous une souche de glace de 3,5 km, et environ à 500 m sous le niveau de la mer). N'oublions pas que beaucoup soupçonnent qu'un portique vers l'au-delà se trouverait dans l'Antarctique : voyez les spéculations sur le voyage du patriarche russe orthodoxe Kirill en Antarctique en février 2016 avec l' "arche de Gabriel" (une information de la congrégation Sorcha Faal qu'on a aussi citée à propos de l'Afghanistan), et sur le voyage du président américain Obama en Patagonie la même année. En janvier 2017, la journaliste Linda Moulton Howe a affirmé qu’un an et demi plus tôt un officier mécanicien navigant retraité après vingt ans de service (1977-1997) lui a confié avoir vu, quand il travaillait dans l’unité Escadron Six Antarctique Développement à une dizaine de kilomètres du point du pôle austral, dans une zone d’exclusion aérienne, un trou qui ressemblait à l’entrée d’une installation souterraine.
Les Russes ont été aussi étonnés de trouver dans leur forage de la presqu’île de Kola à 12 km des températures plus élevées que prévu (180 °C au lieu des 100 °C attendus). Il a été fermé en 2005.
Dans les années 1990, des rumeurs commencèrent à entourer ce forage. On dit qu'avaient été enregistrés dans le gouffre avec un microphone des sons qui faisaient penser aux supplices de l'enfer. Cela évoque les rumeurs autour du Puits "démoniaque" de Barhout au Yémen, près de la frontière avec le sultanat d'Oman, puits qui ferait 100 à 250 mètres de profondeur (mais personne n'ose aller vérifier) d'où se dégageraient des odeurs mystérieuses et qui attirerait des objets à lui comme le triangle des Bermudes.
Les spirales descendantes de Lamartine
J'entendais hier Henri Guillemin dans la vidéo de 1959 ci-dessous expliquer en quoi Lamartine lui semblait être un homme "de bonne volonté". C'est peut-être vrai sur le plan moral, mais sur le plan spirituel je suis surtout frappé par le très faible ancrage en Dieu de toutes les élites littéraires de sa génération, lui y compris naturellement. On mesure à travers chacun des grands écrivains romantiques (leur "père" Chateaubriand y compris d'ailleurs) les ravages causés par la déchristianisation révolutionnaire. Dans les années 1930, l’abbé Claudius Grillet avait d'ailleurs montré comment le salon de Charles Nodier, bibliothécaire du roi Charles X où la plupart (Hugo, Vigny, Lamartine) se réunissaient sous la Restauration tous les samedis soir - le salon de l'Arsenal à Paris -, et qui fut une sorte de "rampe de lancement" pour eux, fonctionnait comme une sorte de société secrète avec ses rituels codés, où circulaient des forces spirituelles bien peu recommandables. Je crois qu'ils s'intoxiquaient ainsi de la sorte, ce qui les tirait vers les "cîmes du désespoir" comme eût dit Cioran, et traînait leurs esprits vers la déréliction sans même qu'ils en aient conscience. L'orgueil intellectuel était pour beaucoup dans cette déchéance. Il est dommage que Guillemin ne l'ait pas vu, peut-être parce qu'il était lui-même aussi victime de ce travers.
Aliya victime de harcèlement en ligne : une leçon pour les adultes
En 2014 l'Obs m'avait interviewé sur le "revenge porn". Depuis lors les choses ne se sont pas arrangées. Un bel exemple d'engagement contre le harcèlement en ligne est fourni par la jeune Aliya qui s'exprime sur Konbini ici.
Sans qu'elle en ait conscience, elle renvoie aux adultes par effet de miroir de son témoignage, toute leur hypocrisie. Ce sont eux qui enferment les jeunes dans le mythe de l'amour-romantique, mythe dont ils savent pourtant qu'il n'est qu'un feu de paille émotionnel, et qu'aujourd'hui les prédateurs peuvent instrumentaliser à loisir pour placer des âmes fragiles sous leur emprise. Ce sont eux aussi qui les enferment dans le virtuel. Combien de profs, dès avant le Covid, en école primaire, ont-ils enseigné qu'Internet valait mieux que les livres pour s'instruire, qu'aujourd'hui il ne fallait pas apprendre par soi même mais seulement apprendre à apprendre en navigant sur les sites ! Plus on capitule devant l'idée que les écrans sont plus utiles à la vie que le monde physique, plus on isole les ados et les jeunes adultes et les fait tomber dans les spirales mortifères de la dématérialisation des relations (et, bien sûr, cet isolement fut même gravé dans la loi quand à partir de 2020 les autorités, pour protéger les personnes âgées, ont fermé les universités et sacrifié tous les lieux de sociabilité des plus jeunes, pourtant pour la plupart asymptomatiques au Covid). Et je ne parle même pas du fait que, bien sûr, on barre l'accès des âmes à la transcendance, et qu'on remplace la spiritualité par le consumérisme, ce qui les voue à un sentiment d'inconsistance de la vie, et, parfois, de haine de soi plus ou moins consciente.
Après cela, les larmes de crocodiles que l'on verse sur les victimes du cyber-harcèlement, ou les cris d'indignation, sont dignes de l'hypocrisie bourgeoise du XIXe siècle. Il faudrait commencer par revoir complètement d'éducation que nous donnons à nos enfants.
Les Chrétiens face aux persécutions zoroastriennes
Je travaille en ce moment sur le zoroastrisme, première religion à découvrir le monothéisme, l'existence du diable, la notion de salut individuel après un jugement post mortem, le paradis et l'enfer, la naissance d'un sauveur d'une vierge, un combat eschatologique avec un dragon à la fin des temps, l'avènement d'une nouvelle Terre après le jugement dernier en forme de purification finale. Toutes ces notions importées dans le judaïsme après la prise de Babylone par Cyrus et la mise en ordre du canon hébraïque par Esdras en tant que commis du roi des rois. Le christianisme tel que nous le connaissons n'aurait jamais vu le jour sans le zoroastrisme (pas plus d'ailleurs que le judaïsme pharisien). L'histoire des mages dans l'Evangile de Matthieu lui rend hommage. Les Chrétiens voient d'ailleurs dans le zoroastrisme une des manifestations premières de l'Esprit saint parmi les nations, comme Saint Paul la voyait dans l'annonce du Dieu inconnu aux Athéniens par Epiménide le Crétois.
Il n'empêche qu'un danger pour les Chrétiens en découvrant cette origine pourrait être de chercher de ce côté des sources d'inspirations "alternatives" dans le culte des éléments naturels que propose le zoroastrisme. Un antidote à ce risque est peut-être une méditation sur le récit Le Martyre de Péthion, Adurohrmazd et Anahid , écrit à la fin du Ve siècle ou au début du VIe (un récit qui voyagea beaucoup puisqu'on l'a même retrouvé dans l'oasis de Tourfan à l'Ouest de la Chine). Le livre raconte la conversion de quatre aristocrates zoroastriens (Péthion, Adurohrmazd et Anahid et Yazdin) en Perse sous le règne de Yazdgard II (438-457) - à la même époque en France Sainte Geneviève faisait des miracles sur les bords de la Seine. Ces quatre saints vivaient en ascètes sur une montagne, où ils furent enterrés. Le premier Yazdin mourut de mort naturelle, les autres furent exécutés par les autorités royales et abandonnés sur une montagne.
Richard E. Payne, de l'université de Californie, estime au vu des descriptions qu'il s'agit de la montagne de Bisutun où Darius avait laissé des sculptures et des inscriptions en souvenir de son règne. Dans une contribution à Etudes Syriaques n°13 de 2017, Payne affirme que "l’auteur (de ce récit) voulait remplacer les rites zoroastriens qui reliaient les communautés humaines, l’environnement naturel et un monde de dieux et de forces divines, par un rituel chrétien complexe, centré sur le culte des martyrs. " Face aux rituel, accompli dans des paysages naturels, Le Martyre de Péthion, Adurohrmazd et Anahid présente les saints chrétiens comme des arbitres plus efficaces dans les relations des hommes avec leur environnement naturel et avec le cosmos. Les martyrs – contrairement aux prêtres zoroastriens– pouvaient contrôler les forces naturelles sources de vie, et surtout les sources d’eau indispensables à l’agriculture de la région, qui dépend des pluies".
Payne, qui préfère ne retenir des échanges christiano-zoroastriens que les aspects les plus pacifiques, comme le veut la mode universitaire de notre époque, ne croit pas en l'authenticité du récit, alors pourtant que le règne de Yazdgard II qui était en guerre contre l'empire byzantin a accompli des persécutions (et il tenta à tout prix de convertir des Chrétiens, notamment en Arménie). Pour ma part, je retiens surtout de cette histoire la notion qu'une invocation des martyrs (ou la litanie des saints) remplace avantageusement des cérémonies champêtres.
Une version plus complète de l'histoire de Pethion-Adurhormizd-Anahid, explique Ani Honarchiansaky de l'université de Californie dans un mémoire de 2018, se retrouve dans les Actes des Martyrs perses. Dans le Vark’ew Vkayanut’iwnk’ srboc’ hatentir k‘alealk‘ i carentrac (Vie et passion des saints) arménien, il est précisé que le mage Mihryar, avait deux fils, Yazdin et Dadgushnasp. Alors que Yazdin était sur le point de recevoir son éducation zoroastrienne ancestrale (mogwtiun hayrenadur), il refusa d'obtempérer et se rendit plutôt dans une église d'une ville voisine où il demanda le baptême divin. Les membres de l'église qui connaissaient son père refusèrent de le baptiser, alors il se rendit dans une autre région, près d'une ville appelée Soulq, dans un monastère appelé Beth Sahde, et là il fut baptisé par un évêque nommé John. Il y reçut son éducation dans les Saintes Écritures et les Psaumes et était un fervent adepte du jeûne et des prières. Après ces événements, il retourna dans sa ville natale et convertit son frère et son neveu Pethion, qu'il prit comme disciple. Des années plus tard, Yazdin mourut et Pethion guérit une jeune femme zoroastrienne qui ensuite se convertit au christianisme, ainsi que son père, un haut fonctionnaire mazdéen. Tous deux furent martyrisés et le cycle se termine par le martyre de Péthion. La version syriaque contient plus de détails sur la façon dont le père de Yazdin, Mihryar, a découvert la conversion de son fils, l'a sévèrement battu et l'a renvoyé à l'école zoroastrienne, dont Yazdin s'est de nouveau échappé. Après la mort de Mihryar, selon la version arménienne, Yazdin a revêtu son neveu Pethion d'un habit religieux, c'est-à-dire qu'il a fait de lui un moine. Ensemble, ils ont guéri de nombreux croyants du zoroastrisme. Après la mort de Yazdin, Pethion a emménagé dans la cellule de son professeur, s'est consacré à la vie ascétique et a suivi sa pratique de guérison. Le texte raconte ensuite leur martyre et l'accusation du grand mage contre Péthion, qui lui dit « Tu enseignes contre notre doctrine » et l'accuse d'être le chef des Nazaréens, un sorcier. Péthion soutient que son savoir est une connaissance divine, un guide et un chemin de vie. A plusieurs reprises Péthion est protégé de diverses tortures infligées par le mage, qui le fait tomber dans la rivière enchaîné , le fait passer par le feu et le jeter du haut d'une falaise, Péthion est finalement décapité.
Des miracles déguisés
Une remarque profonde du Rav Haim Dynovisz récemment sur You Tube (apparemment insirée de la tradition juive) à propos des miracles : Dieu s'arrange toujours pour que ceux-ci soient camouflés sous l'apparence d'un phénomène naturel. La Bible dit qu'avant que les eaux de la Mer de la Mer Rouge ne s'ouvrent devant le bâton de Moïse, Dieu avait fait souffler le vent toute la nuit, si bien que les Egyptiens ont pu croire à un phénomène naturel et c'est pourquoi ils se sont engouffrés à la poursuite des Hébreux. De même la manne : elle en tombe pas de façon spectaculaire du ciel. La Bible qu'elle se forme sur de la rosée au sol.Les vrais miracles ne sont jamais spectaculaires, mais intriqués dans un support matériel qui fait que l'esprit athée pourra toujours le "réduire" à une simple bizarrerie ponctuelle de la nature - par exemple quand les lions refusent de manger Daniel dans la fosse. Et ce parce que Dieu ne veut pas intervenir dans l'Histoire sous la forme d'un "super-héros".