Quotidien
15 Février 2009 , Rédigé par CC Publié dans #Notes de lecture
Et puis, je ne suis peut-être pas vraiment d'humeur à me lancer dans des considérations rationalistes en ce moment, malgré toute l'admiration que m'inspire ce courant de pensée. Peut-être suis-je en train de cultiver secrètement quelque nostalgie à l'égard de ma jeunesse abreuvée de christianisme et de superstitions diverses. Un petit documentaire sympathique sur Arte à propos des Germains hier, qui s'ouvrait sur les prophéties d'une jolie prêtresse, a peut-être contribué à raviver en moi le regret du temps où je croyais que l'humain était plus que ce qu'il est, toute cette mythologie de l'individu à mi-chemin entre animalité et divinité. Au passage je dois dire que ce documentaire sur la Germanie antique était extrêmement bien fait, et fascinant, tout comme un autre d'ailleurs, diffusé ce weekend, qui parlait longuement des persécutions des Juifs dans le Saint-Empire au Moyen-Age. L'univers allemand nous est au fond toujours assez méconnu à nous autres, Français. Il me semble que nous serons bientôt plus entraînés à voir le monde et considérer l'histoire du point de vue d'un Américain que du point de vue d'un Allemand, ce qui est somme toute bien dommage quand on sait l'apport de cette culture à l'Europe (j'ai notamment rendu compte il y a quelques mois d'un ouvrage sur l'influence germanique sur le Moyen-Age français). De toutes les disciplines que j'ai étudiées dans le cadre scolaire, la seule qui, avec sincérité, et même parfois une véritable passion, me portât à penser d'un point de vue allemand fut la philosophie. Ce ne fut pas toujours pour le meilleur, mais au moins cette matière rendait justice autant qu'il se pouvait à cette grande culture.
Je cultive plusieurs projets en ce moment, notamment celui d'écrire quelque chose sur ces guerres civiles romaines du Ier siècle avant Jésus-Christ qui m'intéressent depuis l'enfance (je pense que la série Rome m'en a donné envie). Le fait de ne plus être lié à aucun laboratoire de sociologie (après la remise en cause d'une attestation de septembre qui démontrait le contraire) peut me donner cette liberté, mais, d'un autre côté, je pense que mon jeune éditeur ne prendrait le risque financier de publier un mien essai sur Rome qu'à la seule condition que mes autres livres fassent un peu parler d'eux.
Or, pour l'heure un grand silence entoure mon ouvrage sur la nudité. Et je ne parviens toujours pas à boucler pour l'Harmattan mon bouquin sur les services juridiques (je n'ai plus l'énergie de me consacrer à la relecture orthographique).
J'ai fait une recension en janvier du dernier livre d'Agnès Giard sur le Japon. Un joli livre très intriguant. Comme je l'ai écrit, on aurait envie d'approfondir sur un plan anthropologique les pistes que son auteur esquisse. Cet ouvrage met de bonne humeur. Agnès est quelqu'un de très libre et de très enthousiaste. Et le Japon est un sujet inépuisable, qui a beaucoup marqué ma génération, à travers les dessins animés notamment. Ce Japon occidentalisé à travers lequel perce une vieille sensibilité mi-shamanique, mi-taoïste fut si bien croqué par Mishima. Son livre qui m'a le plus impressionné fut L'Ecole de la chair. Peut-être parce que je ne suis toujours pas bien revenu du fait qu'un homme homosexuel réac puisse décrire avec tant de profondeur les désirs d'une femme hétéro moderniste. Bel exemple de "devenir-autre" comme eût dit Deleuze qui a lui aussi dit et écrit du bien du Japon, et qui peut-être fut le philosophe français le plus "japonais".
Parutions.com a commandé pour moi quelques livres dont un sur les Ménades qui paraîtra en mars aux Belles Lettres. J'ai hâte de le recevoir. Dionysos m'intéresse, jusque dans ses représentations les plus conventionnelles et les plus assagies des chambres nuptiales de bourgeois à Pompéi (parce que, selon moi, il n'y a pas d'assagissement, comme dans les Aphrodites protectrices des bonnes mères, il n'y a pas de rupture entre la transe extatique et la paisible gestion quotidienne des choses insignifiantes, j'en suis profondément convaincu). Dionysos m'a poussé vers Shiva récemment. Mais j'ai envie de retrouver les cieux grecs.
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