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Le Graal en Espagne avant Chrétien de Troyes ?

22 Mars 2024 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Christianisme

Ce n'est pas la première fois qu'on s'intéresse au Graal sur ce blog, sous l'angle de Marie-Madeleine, des Templiers, ou de Joseph D'Arimathie.

Je voudrais ici revenir sur ces origines du Graal, mais cette fois d'un point de vue espagnol, à travers l'interview ci-dessous de la médiéviste léonaise Margarita Torres qui nous parle ici (minute 19) d'une relique très connue en Espagne : le calice de l'infante de León Urraca de Zamora (1033-1101). Cet objet se trouve  au musée de la collégiale de San Isidoro de León depuis le XIe siècle. Je précise à titre liminaire qu'outre son engagement politique à droite, l'historienne est aussi favorable aux Templiers (plus loin dans son interview elle dit beaucoup de bien de Jacques de Molay), ce qui peut faire signe vers des engagements maçonniques. Ses travaux sont en tout cas   ont inspiré notamment le film américaine Onyx, les rois du Graal de Jim Caviezel (2018).

Voici comment l'historienne essaie de démontrer qu'il s'agirait du Graal. Fille de Ferdinand Ier,  doña Urraca fut une héroïne de guerre qui affronta sur le champ de bataille le roi de Castille, le Cid Campeadeor (qui inspira Corneille) etc. A son époque un objet venant d'Egypte qui est une moitié de l'actuel calice (qui est en deux partie) arrive en Espagne. C'est une coupe romaine abimée (il en manque un morceau). Deux parchemins de l'époque où le Leon fait partie de la Castille ont été retrouvés à l'université d'Al-Ahzar (min 26). Les manuscrits racontent qu'à l'époque du calife fatimide Al-Mustansir (qui régna de 1035 à 1094, il avait autorité sur Jérusalem) il y eut une famine telle que de milliers de chevaux de combat il n'en resta que trois, dont le calife mangea les deux derniers.

Par charité l'empereur de Byzance lui envoya du blé. Le sultan de Dénia (près de Valence), Ali ibn Mujahid ad-Danii qui l'a également aidé (dit le premier parchemin) vers 1055 demande en retour la coupe dans laquelle Jésus a bu avec ses disciples qui se conserve à Quds (Jérusalem). Ad-Danii a précisé qu'il voulait en faire don à Ferdinand Ier de Leon et que les Chrétiens de Jérusalem n'ont accepté de le remettre au calife qu'à condition qu'il soit transporté par des mains chrétiennes. Le second parchemin, document administratif, porte un ordre de Saladin pour récupérer le fragment de la coupe qui a été enlevé par le gouverneur d'Egypte au moment du transport de celle-ci vers l'Ouest car il sivait que la coupe avait un pouvoir curatif et il voulait soigner sa fille.

Si l'on enlève les décorations ajoutées par Urraca, le calice est une coupe d'onyx, sur laquelle on voit l'impact du choc causé par le gouverneur d'Egypte pour enlever le fragment.

Au dessus de cette coupe se fixe une autre coupe en or qui a été ajoutée pour que les gens n'utilisent pas directement pour la messe une coupe où Jésus-Christ a bu mais une coupe au dessus à laquelle elle a transmis ses bénédictions (minute 34).

Ce "calix domini" est-il authentiquement celui de Jésus ? Les premiers textes sur ce calice à Jérusalem remontent au IVe siècle (le bréviaire A). Auparavant la clandestinité du christianisme ne permettait pas de noter ce genre de chose officiellement. Il y a aussi un texte d'Adomnan de l'abbaye écossaise d'Iona sur le témoignage d'Arculfe (VIIe siècle) sur ce qu'il a vu en Terre Sainte, relaté ensuite dans De Locis Sanctis qui décrit le calice comme étant d'onyx. Un document de Charlemagne aussi mentionne la présence de ce calice dans la Saint-Sépulcre dans une chapelle où deux prêtres le surveillent.

A San Isidoro de León au dessus des tombeaux des rois qui ont voulu être enterreés près du calice, se trouve une reproduction de la Cène,

Tous les apôtres y ont leur coupe personnelle en métal.

Jésus  a nécessairement eu une coupe en métal ou en pierre parce que les prescriptions juives pour la Pâque interdisaient les coupes en bois ou en céramique.

Jésus sur la fresque n'a pas de coupe. Sa coupe c'est ce personnage qui l'a en main : Marcial de Limoges, l'homme qui selon la légende servit Jésus.

Le point important est que la forme et la couleur de la coupe, et la ligne noire qui se trouve aussi sur la coupe de Dona Urraca telle qu'on peut la voir quand on la démonte aujourd'hui. Donc l'auteur de la fresque a vu le calice.

Ferdinand II  au XIIe siècle allait faire dévier le chemin du pèlerinage de St Jacques de Compostelle pour qu'il passe par la Collégiale de Saint Isidore. Il avait pour beau frère Philippe de Flandres qui avait pour chambellan Chrétien de Troyes, auteur du roman du Graal...

L'historien français Patrick Henriet qui fut le premier à remettre en question, dans un article publié en France, la théorie selon laquelle le calice de Doña Urraca était le Saint Graal, et accusant Margarita Torres et son collègue José Miguel Ortega de mélanger science et roman.

Alejandro García Sanjuán, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Huelva, dans sa critique du livre Les Rois du Graal , dénonce la confusion entre fiction et savoir dont il souffre, révélant un manque de clarté dans la découverte des parchemins du Caire, dans le contenu et la traduction des documents eux-mêmes et dans une datation vague, ce qui le rend sceptique à ce sujet. Il décrit le livre comme une « œuvre commerciale conçue de manière stratégique ».

Ces démentis universitaires seraient à examiner mais à ce stade on ne peut pas partir du principe que ceux-ci sont plus pertinents que la thèse de M. Torres.

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