Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'expédition d'Alger de 1830 et Rennes-le-Château

2 Janvier 2022 , Rédigé par CC Publié dans #Histoire secrète, #Alchimie

Je me suis amusé à faire un petit décodage ce matin du roman de Roger Facon "Nicolas Flamel est parmi nous", auteur dont j'ai déjà parlé ici. Certains noms sont faciles à décrypter.

Pierre Dron, c'est René Bonnefoy secrétaire général à l'Information et à la propagande sous Vichy qui publia des romans de science fiction aux Editions Fleuve noir sous divers pseudonymes dont Roger Blondel et BR Bruss (ce que Facon retranscrit sous la forme JR Bright). Egalement peintre et sculpteur à ses heures.

La référence au meurtre de Suresnes renvoie peut-être au double meurtre de Montfort-l'Amaury de 1955 - les victimes : Roger Labaan et Louis Robinard (Christian Soreau et Pierre Halbrar dans le roman). Mais Facon le situe en 1964. Donc sur ce point je donne ma langue au chat.

Lydie Basténi c'est bien sûr Lydie Bastien, la "diabolique de Caluire" à qui Pierre Péan a consacré un livre et dont R. Facon avait parlé en détail dans ce livre de 2017. Jean Marquès-Rivière (1903-2000), théosophe scénariste du film Forces occultes est présenté sous son vrai nom. Facon affirme que, placé sous hypnose par Lydie Bastien, Marquès-Rivière se serait "souvenu" d'avoir été dans une vie antérieure un journaliste marseillais qui aurait couvert la conquête de l'Algérie en 1830. Le Trésor de la régence, placé sous la garde du dey d'Alger aurait été récupéré par les soldats du général de Bourmont.Cette histoire du trésor de la régence n'est apparemment pas une invention de l'auteur, car je lis dans la revue de Jurisprudence générale de Dalloz comme résumé d'un arrêt du Conseil d'Etat : "La prise de possession d’un pays conquis est un fait de guerre dont les conséquences ne peuvent être appréciées par la voie contentieuse du Conseil d'Etat ; et, par suite, on ne peut attaquer par cette voie la décision du ministre des finances qui refuse la restitution de sommes déposées au Trésor de la régence d’Alger, dont le Gouvernement s’est emparé. — Cons. d’Et. 6 déc. 1836". Et l'on peut lire dans un recueil de dépêches télégraphiques militaires ici :

"Toulon 23 juillet 1830, à 8 heures du soir. Le préfet maritime de Toulon, à S. Exc. le ministre de la marine et des colonies.

Le vaisseau le Marengo parti d'Alger le 15 vient d'arriver  avec quinze millions dont deux provenant du trésor français et treize provenant du trésor de la régence d'Alger." Il existait une évaluation du montant de ce trésor en 1822 ici.

En revanche le romancier dévie de la vérité lorsqu'il prétend (p. 108) que Le Sémaphore de Marseille du 21 juillet 1830 "par la plume de son correspondant parisien, révélait que l'opération d'Alger avait été montée pour détourner in fine une partie du Trésor de la Régence au profit de la cassette personnelle de Charles X". Il suffit de lire Le Sémaphore de Marseille de ce jour là (https://www.retronews.fr/journal/le-semaphore-de-marseille/21-juillet-1830/1191/2964563/1) que je reproduis ici à droite pour constater que c'est faux : le billet sur l'Algérie ne dit rien de ce que R. Facon lui attribue.

Voilà qui affaiblit le reste de son "narratif" sur le fait que le journaliste marseillais, un certain Loiseau, parti d'Alger à bord du navire L'Orgueilleux le 16 juillet 1830 avec 24 caisses et 14 barils le 16 juillet 1830 sous la supervision du général Alphonse Henri d'Hautpoul ne revint jamais en Provence : il vécut à Londres et Paris sous des identités d'emprunt puis mourut à Madrid en 1861.

Selon le roman de Facon (p. 78), Lydie Bastien, grâce aux "régressions" de Marquès-Rivière à mettre la main dans une cave parisienne sur six lingots d'or et un collier de rubis en provenance d'Alger, et, en 1944, sur 6 autres lingots d'or dans une cave de la Casbah.

La source de cette information est Marcel Dana, le sculpteur de Montmartre que dans son roman R. Facon appelle Marcel Anad (p. 69). Dans son livre de 2017, R. Facon précisait que Dana était un petit fils de Léon Patin (décédé en 1941), maître mineur anarchiste et alchimiste, qui est lui-même l'arrière grand-père de l'auteur. Il aurait été chargé par l'ésotériste Fulcanelli (qui serait né en 1840) d'espionner Lydie Bastien et son réseau.

Fin mai 1944, selon le roman de Facon, Lydie Basténi (Lydie Bastien) et son amant "Didot" (René Hardy) étaient à Alger où celui-ci devait occuper un rôle important auprès du chef du mouvement de résistance Combat, jusqu'à fin août où il regagna la France, Lydie Bastien restant à Alger jusqu'en octobre, semaines pendant lesquelles elle avait réalisé des "fouilles archéologiques sauvages" pour retrouver une partie du trésor.

Dana aurait retrouvé fin 1945 (quelques mois avant de mourir des effets de la magie noire du Dr Alexandre Rouhier, pharmacologue versé dans la sorcellerie mexicaine que le roman appelle le Dr Hourié) une cargaison d'Alger vers la France (le Marengo cité dans la dépêche du 23 juillet 1830 ci-dessus) avec des lingots d'or, parti le 14 juillet 1830.

Auparavant Anad (Dana) inspiré par Léon Patin serait parti à Gisors (la cité templière dans l'Eure) en 1942 à la recherche d'une épée ramenée d'Angleterre par les moines d'Anchin à la veille de la fondation des templiers (en 1118), Gisors où se trouverait aussi le trésor d'Alger. Il y aurait trouvé selon Valentin Bresle des pièces d'or datant du règne de Charles le Chauve et Philippe Auguste, ainsi que des bijoux dans des sarcophages. Plantard, le fondateur du Prieuré de Sion, qui à 22-23 ans fréquentait les cercles du Dr Rouhier et de Lydie Bastien, aurait en vain orienté après-guerre les gaullistes du RPF vers Gisors pour y trouver ce trésor, tandis que l'abbé Saunière aurait trouvé 50 ans plus tôt  à Rennes-le-Château (cette cité qui nourrit tant de fantasmes dans le New Age) une partie du trésor dans la tombe de Marie de Nègre d’Ables, épouse de François d’Hautpoul, une cousine du général Alphonse Henri d'Hautpoul...

Mais, bon, comme on le disait, tout cette histoire du détournement du Trésor de la Régence relève du roman. Il n'y a donc pas de lien réel démontré entre ce trésor et Rennes-le-Château.

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article