Exo-Vaticana : le Vatican et les Ovnis
Quelques notes prises sur Exo-Vaticana - Après avoir examiné "On the path of the Immortals" (et tant pis pour l'ordre chronologique) plongeons nous dans Exo-Vaticana dans lequel Horn et Putnam se penchent sur l'observatoire international du mont Graham (Arizona) et son grand téléscope binoculaire (LBT) équipé d'un système Lucifer qu'ils sont allés voir sur place ainsi que le Vatican Advanced Technology Telescope (VATT) qui se situe juste à côté.
Ils ont interrogé un prêtre sur place, à la lumière des écrits du frère jésuite Guy Consolmago avec qui ils ont eu un échange sur Internet et qui leur a transmis le Pdf de son livre publié avec l'autorisation du St Siège en 2005 "Intelligent life in the universe : Catholic belief and the search for extraterrestrial intelligent life" qu'ils présentent (p. 17) comme introuvable ("not available anywhere") depuis son retrait par l'éditeur mais qu'aujourd'hui en réalité tout un chacun peut consulter ici.
Horn et Putnam sont (à juste titre) choqués par le fait que Consolmago ait envisagé que les Nephilim (les Géants de la Genèse) aient pu être des extraterrestes et que (p. 33 de son livre) les peuples anciens aient pu être "parfaitement heureux de la possibilité de leur existence", comme si ces êtres étaient censés pouvoir nous sauver. Dans le même livre, Consolmago envisage que le Verbe de Dieu (Jean 10:18) ait pu être "non seulement le fils de l'homme mais aussi l'enfant d'autres races" (extraterrestres (p. 19 du livre de Horn et Putnam). Dans la même veine, notent Horn et Putnam, Christopher Corbally, directeur adjoint britannique du Vatican Observatory Research Group (groupe de recherche de l'observatoire du Mont Graham) jusqu'en 2012 aurait déclaré (dans un article du Telegraph "American Association: Martian life will change God's image, says Vatican" du 17 fevrier 1997 encore en ligne ici) que l'existence d'aliens pourrait modifier notre image de Dieu, ou le père José Funes, directeur de l'observatoire du Vatican estimant dans l'Osservatore romano en 2008, que les extraterrestres pourraient être nos "frères".
Horn et Punam (p. 20) rappellent que dans les années 70 et 80 Mgr Corraldo Balducci, membre de la curie romaine, avait déclaré à la RAI plusieurs fois que les aliens intéragissaient déjà avec nous et que le Vatican en était conscient. Le père Malachi Martin (professeur à l'institut biblique pontifical, mort en 1999) avait annoncé sur AM Radio (Art Bell) en 1997 que le Vatican s'intéressait à ce qui approcherait de la Terre dans les 10 ans à venir qui pourraient être d'un grand intérêt, ce qui pouvait être une comète (mais Consolmagno a fait part de sa méfiance à l'égard de ses thèses). Consolmagno est allé jusqu'à écrire dans "Brother astronomer : Adventures of a Vatican scientist" cité par Beliefnet que le contact avec les aliens nous changera réciproquement et qu'ils auront aussi à nous évangéliser ce qui rejoint l'idée de Funes (L'osservatore romano du 14 mai 2008) selon laquelle les extraterrestres sont peut-être plus proches du créateur que nous.
Le membre de l'Opus Dei Giuseppe Tanzella-Nitti est allé jusqu'à dire que l'échange avec les aliens pourrait nous faire modifier notre théologie après vérification (dans l'Interdisciplinary enncyclopedia of religion and science, item "extraterrestrial life". Cela renvoie au propos de Corbally sur le "Logos-event" qui a pu arriver aux aliens (cité par Open minds magazine, juin juillet 2010).
Horn et Putnam repartent de la présentation officielle du VATT censé observer les planètes invisibles Nemesis et Neburu, des planètes X. Le Vatican chercherait-il comme les gouvernants à manipuler des forces invisibles ? (p. 26)
Ils notent que l'exorciste franciscain du XVIIe siècle (et professeur de philosophie - il est aussi une référence de l'ufologue Jacques Vallée dans son livre Passport to Magonia 1969, une référence à un endroit imaginaire que l'évêque de Lyon Agobard au 8e siècle dans Liber de Grandine et Tonitruis citait comme désignant un endroit que des esprits farfelus imaginaient être le lieu où des navires volaient et d'où trois hommes et une femme seraient tombés, passage déformé par Villars eu 17e s), dans son traité sur les incubes et les succubes redécouvert au 19e s. par Isidore Liseux, éditeur de la rue Bonaparte, en p.53, énumère divers théologiens (Bellarmin, Suarez, Maluenda, pour qui les enfants biologiques des femmes avec les incubes sont grands, audacieux, fiers et impies, ce qui confirme aux yeux de Putnam et Horn que les Fils de Dieu qui ont engendré les géants avec les femmes humaines dans la Bible étaient démoniaques. Nimrod constructeur de la tour de Babel fut un chasseur (Gen 10:8) géant (comme Orion chez les Grecs) doté d'une vision du monde invisible. Jésus a annoncé que la fin des temps sera semblable à ce temps là, celui d'avant Noé.
Après ce cadre posé par Horn, Punam au chap 2 retrace l'historique de l'intérêt du Vatican pour les Ovnis. L'accord entre le Vatican et l'université publique d'Arizona remonte à 1980 où il fut accordé au Groupe de recherche de l'observatoire du Vatican d'utiliser l'Observatoire Stewart à Tucson. Le groupe fut ensuite naturellement associé à l'installation sur le Mt Graham et aux contentieux à ce sujet avec ses propriétaires apaches. Le Daily Telegraph de Londres du 28 oct 1992 évoquait un partage des tâches avec la NASA : le Vatican chercherait des planètes susceptibles d'abriter des aliens et la NASA un moyen de communiquer avec eux.
Le Vatican (p. 50) a nié tout rôle dans la dénomination "Lucifer" de l'équipement à côté de leur télescope VATT. Le nom a été attribué par le Max Planck Institute qui l'a conçu. L'astronome Andreas Quirrenbach a déclaré dans une interview que le nom était un hommage au gouverneur allemand Teufel dont le nom signifie diable, mais Putnam n'en croit pas un mot. Le fait que le dispositif soit allemand et surajouté au télescope jésuite doit tout de même être pris en compte dans le débat sur cet étrange nom de baptême du dispositif.
Laissons de côté les questions techniques et notons, sur le plan théologique, si Jésus a annoncé que le monde à son retour sera comme au temps de Noé (Luc 17:26, Matthieu 24:37). Au 19 e siècle, le théologien George Hawken Pember fut le premier à recenser les similitudes entre notre époque et celle de Noé. Lui qui se confrontait aux bouddhistes et aux théosophes (ancêtres du Nouvel Age) recensait parmi les sept points communs dans Earth Earliest's Ages, and Their Connection with Modern Spiritualism and Theosophy (London: Hodder & Stoughton) les relations démons et humains dans le spiritisme (p. 38) dont il suit les traces dans la Bible et dans l'histoire (il attribue cela à une désobéissance des démons à l'interdit divin). P. 390 Pember évoque le décret du pape Innocent VIII (voir ici**) contre les rapports sexuels avec des incubes et voit le retour des Néphilims susceptibles de provoquer les mêmes échanges avec les femmes humaines (à rapprocher, postérieurement aux écrits de Pember à la tentative de Hubard et Parsons de faire naître un enfant de la déesse Babalon en 1946).
Horn et Putnam listent les chercheurs qui prennent au sérieux la part de témoignages sur les Ovnis que la science n'a pu expliquer (p. 70 et suiv) puis ils dressent un inventaire des hybrides nés d'échanges humains-démons qu'on trouve dans des livres apocryphes (Jude, Jasher) ou la littérature akkadienne, et des expériences pour créer des hybrides animaux-humains. Jacques Vallée et John Keel ont développé l'idée que ces hybrides pouvaient être en partie des "extraterrestres".
Horn en 2007 s'était penché sur les portails interdimensionnels dans Nephilim Stargates. Il a eu ensuite un échange avec Nick Redfern (p. 156) auteur de "Final Events" qui estime comme lui que les phénomènes extraterrestres correspondent à des invocations démoniaques par des groupes occultistes. Dans l'échange de mails que Horn reproduit, Redfern reprend les propos qu'il a recueillis en 2007 auprès de Ray Boeche, prêtre anglican ancien directeur du Mutual UFO Network. Boeche disait avoir rencontré en 1991, dans un hôtel de Lincoln (Nebraska) deux savants du ministère de la défense qui travaillaient sur le contact avec les entités non humaines, non human entities, NHEs. Ce serait un programme classé secret défense du Pentagone. Ces chercheurs appartenaient au groupe "Collins Elite" qui serait convaincu que ce programme, loin de chercher le contact avec des extraterrestres, rechercherait en fait l'échange avec des démons.
A partir des données qu’il avait reçues de Boeche (p. 157) Redfern aurait pris des contacts avec des gens en leur disant ouvertement qu’il cherchait des hauts fonctionnaires qui souscrivent à l’idée que les Ovnis sont démoniaques, et serait ainsi entré en contact avec des membres de « Collins Elite ». Ces gens sont certains que les aliens sont des démons. L’alliance entre Parsons qui était branché sur les fusées, et Crowley qui avait fait une œuvre démoniaque en 1918 (l’Amalantrah Work) s’est poursuivie à travers George Adamski (1891-1965) et l’utilisation par George Hunt Williamson des tables de Ouija pour contacter des extraterrestres. Redfern n’a pas pu livrer tous les documents de Boeche dans son livre car le Collins Elite (CE) veut les garder secrets. Ceux-ci ne sont pas une agence gouvernementale, ce sont des employés fédéraux (certains haut placés dans l’administration et les services secrets) subventionnés par le gouvernement mais ce n’est pas un service étatique. Redfern n’a pas pu poser de question, seulement recueillir les déclarations qu’on voulait bien lui faire. Il est donc incapable par exemple de dire s’il y a des catholiques dans ce Collins Elite ou pas. Parmi eux il y eut « Richard Duke » (CE) qu'il a rencontré entre 2007 et 2010 mais sans jamais pouvoir prendre l'initiative des questions. Horn l'interroge aussi sur le rapport "Collins Report" écrit par le groupe mais qui est censé rester confidentiel.
Horn reproche à Redfern d'avoir cité le livre du Lieutenant colonel Pacheco - actuellement à 500 dollars sur Amazon -"Unmasking the ennemy" auquel il reproche de diviniser Marie. Mais Redfern en défend le contenu factuel.
Horn a trouvé confirmation de l'existence du Collins Elite auprès de Nick Pope, ex directeur au ministère de la défense britannique. I D E Thomas, qui fut professeur dans une université (college) chrétienne et correspondant de la BBC a aussi relié les aliens aux Nephilim et dans « The Omega Conspiracy » il s’est penché comme Vallée dans « The Invisible College » sur les mutilations d’animaux dans les zones d’apparition des Ovnis qui soulignent que les aliens ont besoin d’ADN biologique. Le lieutenant colonel Philip J Corso (1915-1998), connu pour son livre sur Roswell, travaillait avant sa mort sur un manuscrit qu’il intitulait « Dawn of a New Age » qui étudiait la façon très particulière dont les organes génitaux ou les cerveaux des animaux étaient prélevés dans ces circonstances.
Au contraire du Collins Group, le Vatican avec des gens comme Tanzella-Nitti prépare la rencontre avec les aliens et Adamski qui dit avoir effectué des voyages inter-galactiques avec les aliens a été reçu par Jean XXIII qui lui a décerné la médaille d'or d'honneur de l'Eglise (p. 242).
L'hypothèse des mondes parallèles remonte à l'hérésie de Philastrius au IVe s dont parle St Hippolyte. Origène lui-même avait cru à la création de plusieurs mondes avant la Génèse parce que Dieu n'a pu rester inactif au début, mais la dérive officielle de l'Eglise a commencé avec un "pacte faustien" du pape avec les carolingiens (p. 255) et les thèsse d'Agobard de Lyon (779-840) sur Magolia, le pays où les navires voguent sur les nuages. On appela les extra-terrestres des "sylphes" dans le Comte de Gabalis (1670). La thèse de la pluralité des mondes avait aussi été soutenue par Albert le Grand (1193-1280) auteur de traités d'astrologie et minéralogie que, disent Putnam et Horn, les papes ont eu le tort de béatifier (en 1622) et canoniser (en 1931). En 1277 Etienne Tempier évêque de Paeis dans ses 219 condamnations de l'aristotélisme au point 34 condamne l'hypothèse que Dieu n'ait pas été en mesure de créer plusieurs mondes, ce qui renforçait la légitimité de ceux qui prétendaient qu'il l'avait fait. Nicolas de Cues (1401-1464) avec sa vision sur un bateau au retour de Constantinople qui lui fit proner la "docte ignorance" contre l'aristotélisme et dynamiter les théorie du Dieu sphérique dont le centre est partout et la circonférence nulle part, bousculant l'idée d'un lieu pour chaque chose et ouvrant la voie à un univers infini dans son traité de 1440 le premier parle de régions de l'univers habitées comme le nôtre. L'occultiste Giordano Bruno (cf Yates), hermétiste ou kabbaliste (p. 264) allait poursuivre dans cette veine.
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