Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Culte solaire et éloge de la possession

9 Juin 2019 , Rédigé par CC Publié dans #Anthropologie du corps, #Généralités Nudité et Pudeur, #Nudité-Pudeur en Europe

Dans "La Saison des apparences, naissance des corps d'été" (eds Anamosa), le sociologue Christophe Granger cible bien la dimension de possession par des entités que revêt le corps estival au contact du soleil aux yeux des auteurs de l'entre-deux guerres.

Il note p. 105-106 que Pierre Laurier dans un article intitulé "Soleil" de la luxueuse "Revue Ford des Sports du monde" (juin 1935, p. 38-39) écrit qu'au soleil "nous devenons parsis, ou, si vous préférez, disciples de Zoroastre, nous adorons le soleil" (pour mémoire c'était là la religion du chanteur Freddy Mercury, de Queen, qui déclarait sur scène avoir passé un pacte avec le diable). Laurier y vante la "douce anesthésie" du cerveau. Roger Ribérac dans Amours de Plage (Gribiche aux bains de mer, 1934, p. 29-30) décrit le fait que  "Le soleil brûle, pénètre la peau, le sang ; on dirait une vie nouvelle qui s'infiltre". Alice Ducaen dans la même veine "Quand il fait bien chaud, quand le soleil tape fort vous fatigue et vous exalte à la fois (....) comme ces choses là vous remuent, vous agitent délicieusement, sans qu'on sache au juste pourquoi,lorsque le soleil vous monte à la tête".

DH Lawrence chantre de l'adultère, en 1926 dans "Soleil" : « Elle sentait le soleil qui pénétrait jusqu’à la moelle de ses os, plus loin encore jusqu’à ses émotions et ses pensées. La sombre tension de ses sentiments se relâcha, les caillots sombres et froids de ses pensées commencèrent à se fondre. Elle sentait enfin la chaleur envahir son être. Elle se retourna pour laisser ses épaules, ses reins, ses cuisses et même ses talons se dissoudre au soleil. Et elle demeurait stupéfaite de la transformation qui s’opérait en elle. Son cœur las et glacé se fondait et s’évaporait au soleil. » La chaleur abolit la lucidité, ajoute le poête Philippe Huc alias Tristan Derème (écrivain d'origine béarnaise) dans Marianne du 10 août 1938, sous le titre "La sirène des vacances" (jetez un oeil aux témoignages sur les esprits de sirènes sur Youtube...)

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article